Motivés à servir Dieu !

Par Alexandre Sarranle 20 août 2017

Quelle place Dieu occupe-t-il dans votre vie ? Bien sûr, si Dieu existe, par définition il occupe toute la place dans votre vie, et même dans l’univers, puisqu’il est omniprésent ; il est toujours là, tout le temps, dans tout ce que vous faites, partout où vous allez. Ce que je veux dire, c’est plutôt : quelle part de votre vie lui est consacrée, de manière pratique et visible ? Si vous êtes croyant, ça veut dire par exemple : à quel point est-ce que vous cherchez activement à connaître Dieu par l’étude personnelle de la Bible ? À quel point est-ce que vous cherchez à prendre part au projet de Dieu pour le monde, par la prière, par le témoignage, par le soutien de l’église ? À quel point est-ce que vous cherchez à aligner, délibérément, vos priorités dans la vie sur celles de Dieu ? Et si vous n’êtes pas croyant, la question que je vous pose, tout simplement, c’est : quelle part de votre vie consacrez-vous à la question de savoir s’il y a un Dieu ; et s’il y a un Dieu, qui il est et ce qu’il attend de nous ? Je crois que nous avons tous, croyants ou non-croyants, tendance à sous-estimer, dans la pratique, l’importance de ces questions. Intellectuellement, il n’y a pas de problème : bien sûr que Dieu, c’est un sujet important ! Mais au quotidien ? Dieu, c’est plus ou moins important que… ma petite amie ? Que les sorties avec les copains le weekend ? Que l’argent qui entre et qui sort de mon compte en banque ? Ce sont des questions rhétoriques auxquelles nous avons tous les bonnes réponses. Mais au niveau pratique et visible, est-ce que ma vie reflète ces bonnes réponses ? C’est à cela que le texte d’aujourd’hui veut nous faire réfléchir. Le prophète Aggée est envoyé auprès des Israélites à un moment de leur histoire où ils ont la chance de pouvoir revenir en terre promise (après avoir été déportés par une puissance étrangère, pendant de nombreuses années). Mais le problème, c’est qu’une fois de retour, ils s’occupent surtout de reconstruire leurs maisons plutôt que de reconstruire le temple de Dieu. Et tout le message d’Aggée (réparti en quatre prophéties) consiste à corriger les priorités des Israélites, pour qu’ils recherchent un peu plus les intérêts de Dieu et un peu moins leurs propres intérêts personnels. Ce qui va être particulièrement intéressant pour nous, c’est de voir comment Dieu s’y prend, par l’intermédiaire de son prophète, pour motiver les gens à le servir. Et peut-être que cet après-midi, à l’approche de la rentrée et du début d’une nouvelle année scolaire, Dieu veut nous inciter à notre tour à réévaluer nos priorités, et renouveler notre motivation à le servir.

Dieu reproche à son peuple ses priorités

Alors comment Dieu s’y prend-il pour motiver les gens à le servir ? Eh bien la première chose qu’on peut remarquer dans ce texte, ce sont les reproches que fait Dieu à son peuple, dans le but de pousser les gens à se remettre en question. Dans le premier message d’Aggée (ch. 1), Dieu explique à son peuple que s’ils sont frustrés matériellement, c’est parce que Dieu est en train de les corriger ; et que s’il les corrige, c’est parce que ces gens délaissent la reconstruction du temple, au profit de leur propres maisons luxueuses. Alors le texte dit que les gens se mettent au travail (v. 14). Mais quelque temps plus tard, dans le troisième message d’Aggée, Dieu dit au peuple qu’il n’approuve pas le travail qu’ils font (2.10-19). Pourquoi ? Parce qu’ils se sont mis au travail, mais sans être « venus vers Dieu » (v. 17). Autrement dit, leur emploi du temps a changé, mais leur cœur n’a pas changé. Et ce que Dieu veut pointer en particulier, c’est justement le cœur des gens. Pourquoi s’intéressent-ils à leurs maisons plutôt qu’à la maison de Dieu ? Parce que leur cœur n’est pas attaché à Dieu. Et s’ils se mettent au travail pour réparer le temple, c’est peut-être parce qu’ils espèrent quelque chose en retour, ou peut-être parce qu’ils ont peur, mais ce n’est pas parce que leur cœur est revenu à Dieu.

Et donc en faisant ces reproches à son peuple, Dieu veut les inciter à se remettre en question. Est-ce que vous avez remarqué le nombre de fois où Dieu leur dit : « Réfléchissez » ? Dieu veut qu’ils se rendent compte que s’ils n’ont pas les bonnes priorités, ce n’est pas juste un problème d’organisation, mais c’est un problème de cœur. Leur cœur n’est pas vraiment attaché à Dieu. Imaginez que Suzanne me demande mon aide pour faire le ménage dans la maison, et que je lui dise : « Non, vraiment, je suis désolé, mais ce n’est pas le bon moment pour moi, j’ai des trucs importants à faire dans mon bureau ». Et disons que dix minutes plus tard, elle vient me voir dans mon bureau et qu’elle me trouve en train de faire la sieste. Je pense qu’elle serait un peu mécontente, mais surtout, je pense qu’elle serait blessée, à cause du manque d’affection évident que j’aurais pour elle.

Nos priorités révèlent notre cœur. C’est une réalité que je constate tout le temps chez mes enfants (qui eux-mêmes reproduisent très bien ce qu’ils voient chez leur papa) : « J’ai jamais le temps de faire mon lit… mais j’ai toujours le temps de regarder la TV ; j’ai jamais le temps de ranger ma chambre… mais j’ai toujours le temps de jouer à un jeu vidéo ; j’ai jamais le temps de faire la vaisselle… mais j’ai toujours le temps de chatter avec les copains ». Quelles sont ces choses auxquelles vous consacrez facilement du temps, de l’énergie ou de l’argent ? Ce sont vraisemblablement ces choses auxquelles votre cœur est attaché par-dessus le reste. Comme l’a dit Jésus : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6.21).

Et c’est bien la première chose que Dieu veut nous montrer ici. Vous et moi, nous avons beaucoup de facilité à consacrer beaucoup de temps et d’énergie, et même d’argent, à beaucoup d’autres choses qu’à Dieu. Pourquoi ? Parce que notre cœur n’est pas « imprégné » de l’importance de Dieu. Si on est non-croyant, on se dit qu’il y aura bien un autre moment, plus tard, où on se posera les questions qui comptent. Si on est croyant, on se dit que notre Bible, elle ne va pas bouger, ni changer, on pourra bien la lire à un autre moment ; par contre, mes réseaux sociaux, il faut absolument que je les mette à jour et que je consulte mes notifications, sans quoi je vais être complètement à la rue. Dieu nous reproche nos mauvaises priorités ; mais ce qu’il pointe, ce n’est pas d’abord un problème de discipline, mais d’abord un problème de cœur. Dieu veut être prioritaire dans notre vie, pas parce qu’il veut que nous lui soyons asservis comme des esclaves à un tyran, mais parce qu’il veut être prioritaire dans notre cœur. Et comment fait-il pour nous encourager dans ce sens ?

Dieu rappelle à son peuple sa présence

Eh bien la deuxième chose qu’on peut remarquer dans ce texte, c’est le fait que Dieu, en même temps qu’il fait des reproches à son peuple, il lui rappelle puissamment sa grâce. C’est très frappant, en fait. Dieu dit à son peuple : « Mettez-vous au travail pour reconstruire mon temple », c’est-à-dire le lieu où je suis censé habiter au milieu de vous ; et en même temps, il dit au peuple : « Je suis avec vous, je suis déjà présent au milieu de vous, même avant que le temple ne soit construit », même avant que votre cœur ne s’attache à moi et que vous ne changiez vos priorités. Dieu aurait pu dire : « Tant que le temple ne sera pas construit, je vais me tenir à l’écart et je resterai éloigné de vous ». Mais Dieu rassure son peuple. Il lui rappelle sa présence. Il lui redit sa faveur et sa grâce. Et ce sont ces réalités qui doivent infléchir le cœur du peuple et constituer une puissante motivation pour servir Dieu (cf. 2.4-5). Même à la fin de la troisième prophétie, où Dieu a pointé plus précisément encore le problème du cœur, il affirme qu’il est quand même déterminé à bénir son peuple (2.19). C’est frappant !

Mais c’est précisément la pédagogie de Dieu. Il met en contraste les mauvaises dispositions du cœur des gens avec l’amour qu’il porte envers ces gens. Admettons, donc, que Suzanne me trouve en train de faire la sieste dans mon bureau après qu’elle m’a demandé de l’aider avec le ménage ; et que ça ne se produise pas qu’une fois, mais plein de fois ; et qu’à chaque fois, elle me réveille, et je me trouve tout penaud et confus, et qu’elle me pardonne, elle me prend dans ses bras et elle m’embrasse. À chaque fois ! Eh bien à condition que je ne sois pas complètement insensible et endurci, mon cœur devrait commencer à fléchir sous l’effet d’un tel amour, non ? Et mon amour va s’éveiller en retour de son amour. Et ma reconnaissance va grandir. Et ma motivation à servir les intérêts de Suzanne plutôt que les miens va se renouveler, tout naturellement, car mon cœur y sera de plus en plus disposé !

C’est ça, l’effet de la grâce. Et Dieu fait pareil dans ce texte, et en fait, dans toute la Bible. Par ses reproches, Dieu nous montre le problème qu’il y a dans notre cœur. Mais pour remédier à ce problème, Dieu ne nous donne pas une liste de choses à faire, un peu comme une ordonnance : « Mets en place ces choses dans ta vie, matin, midi et soir, et tu verras, ça ira mieux ». Pour remédier au problème de notre cœur, Dieu nous donne plutôt l’Évangile, c’est-à-dire la bonne nouvelle de sa grâce, la bonne nouvelle de sa présence fidèle auprès de son peuple, la bonne nouvelle de sa faveur envers son peuple, faveur qui a été scellée par le sang du messie, le Fils de Dieu, le Seigneur Jésus. Dieu s’était déjà engagé envers son peuple, par les promesses de l’alliance au fil de l’histoire d’Israël (cf. Abraham, Moïse, David…), mais c’est surtout par la venue de Jésus, et par sa mort et sa résurrection, que Dieu a prouvé que son amour pour son peuple, et son engagement en sa faveur, étaient indéfectibles.

Et c’est cette grâce en Jésus-Christ, que Dieu nous présente aujourd’hui comme remède à notre cœur qui est centré sur nous-mêmes plutôt que sur Dieu. Dieu ne veut pas que nous pensions que sa faveur dépend de nos performances. En tant que croyants, il ne veut pas que nous pensions : « Ouh là là je dois me mettre à prier tous les matins, à lire ma Bible, à venir fidèlement au culte, à donner plus d’argent à l’église, et à m’investir dans un travail missionnaire pour que Dieu soit content ». Il veut plutôt que nous fassions ces choses parce que nous sommes touchés, et même bouleversés, par le fait qu’il nous aime déjà tellement qu’il a donné son Fils unique sur la croix pour nous délivrer de nos péchés et pour nous assurer sa présence à nos côtés et sa faveur éternelle ! Et si vous êtes non-croyants, il ne veut pas que vous imaginiez que lui, le vrai Dieu, est comme tous les faux dieux, une espèce de dictateur cosmique qui veut que nous obéissions à toutes sortes de règles pour gagner notre place dans son paradis ; il veut que vous compreniez que cette place dans son paradis, il l’a gagnée pour les croyants à ses propres dépens, et vous pouvez la recevoir gratuitement par le moyen de la foi. Il veut que vous compreniez que c’est ce Dieu de grâce qui se révèle à vous dans la Bible, et que vous pouvez connaître si seulement vous preniez le temps de le chercher.

Dieu renouvelle à son peuple ses promesses

Mais il reste encore un élément dans ce texte, une chose que Dieu fait (ou plutôt qu’il dit) pour nous motiver à le servir. Il nous parle… de l’avenir. Dans la deuxième prophétie, Dieu fait référence à un jour où il « ébranlera le ciel et la terre » (2.6), une expression qu’il emploie de nouveau dans la quatrième et dernière prophétie (2.21). C’est une expression pour désigner le jour d’un grand bouleversement. Ce jour-là, le temple de Dieu sera extraordinairement glorieux. Les nations reconnaîtront la grandeur de Dieu (2.7), les ennemis de Dieu seront vaincus (2.22), et un règne de paix sera établi dans tout l’univers (2.9 et 2.22). Dieu prend Zorobabel (descendant du roi David, héritier du trône) et en fait le « sceau » de cette promesse (qui n’est pas nouvelle). Dieu est en train de faire comprendre à son peuple que son projet millénaire est toujours valide ! Oui, par le messie promis, il va combattre et vaincre le mal, il va établir son royaume bienfaisant, et il va étendre ce royaume dans le monde entier jusqu’à ce que le mal, la souffrance et la mort soient définitivement éliminés (cf. Ép 1.10).

Et en rappelant à son peuple quel est ce projet, Dieu veut motiver son peuple à se retrousser les manches et à agir en conformité avec ce projet. Si le cœur des gens s’attache sincèrement à Dieu en raison de sa grâce, alors le cœur sincèrement attaché à Dieu va aussi s’attacher à ce que Dieu fait et à ce qu’il compte faire. Et quand on voit ce qu’il compte faire, c’est super encourageant et motivant pour le peuple de Dieu ! C’est un peu comme si vous étiez sur un terrain de bataille, en pleine guerre, et vous avez l’impression que l’ennemi est en train de prendre le dessus, et vous ne savez pas si vous allez pouvoir tenir encore très longtemps. Et là, vous entendez au loin le son du clairon, et vous reconnaissez distinctement la sonnerie de la cavalerie qui arrive pour vous délivrer. Ça ne va pas vous inciter à baisser les bras, au contraire ! Imaginez, de la même façon, que vous soyez un résistant sous l’occupation allemande. Vous apprenez, de source sûre, que le débarquement des alliés est imminent. Ça ne va pas vous inciter à vous terrer dans un trou en attendant que ça se passe ! Vous allez être motivé, au contraire, à redoubler d’efforts dans votre mission de résistant.

Et dans le texte ici, c’est pareil. Dieu rappelle à son peuple quel est son projet. Il lui renouvelle ses promesses. Il lui dit même que le bouleversement est imminent (2.6). Mais ce n’est pas pour que le peuple se dise : « Ah, ben c’est bon, on peut se tenir à l’écart en attendant que Dieu fasse son truc ». C’est plutôt pour qu’ils se disent : « OK ! On peut se consacrer à ces choses avec confiance, avec enthousiasme, avec persévérance, parce qu’on sait ce que Dieu est en train de faire ! »

Et ce bouleversement est venu. Il est venu par la personne et l’œuvre de Jésus, qui a accompli de manière parfaite ce que le Temple accomplissait de manière imparfaite : il a été, pour ainsi dire, un « meilleur Josué », en tant que prêtre parfait, mais aussi sacrifice parfait, il est devenu le temple parfait, dont la gloire est plus grande que celle du premier et du second temple ! Jésus a aussi été un « meilleur Zorobabel », en tant qu’héritier de David, le messie parfait, le Fils de Dieu ; par sa mort et sa résurrection il a triomphé des ennemis de Dieu et il est monté au ciel s’asseoir sur le trône de l’univers. Et depuis ce trône, il étend son règne par la prédication de sa Parole, étant aussi un « meilleur Aggée », le prophète ultime qui nous fait connaître Dieu par le moyen de ses saints oracles consignés dans la Bible.

Le bouleversement est venu, mais il viendra encore, comme nous le dit l’auteur de l’épître aux Hébreux. « Dieu nous fait cette promesse : Une fois encore, je ferai trembler non seulement la terre, mais aussi le ciel. Ces mots : Une fois encore, montrent que les éléments ébranlés seront mis à l’écart, en tant que créés, afin que subsiste ce qui n’est pas ébranlé. C’est pourquoi, puisque nous recevons un royaume inébranlable, ayons de la reconnaissance, en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte » (Hé 12.26). Autrement dit : nous devons vivre aujourd’hui en fonction du bouleversement passé de la venue de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, mais aussi en fonction du bouleversement futur de son retour et du parachèvement de son projet pour l’univers. Par conséquent, quelle place Dieu occupe-t-il dans votre vie ? Quelle part de votre vie lui est consacrée de manière pratique et visible ? Nous avons un problème de priorités, n’est-ce pas ? Et ce problème vient d’un autre problème, qui est celui de notre cœur. Mais la croix de Jésus nous rappelle l’engagement indéfectible de Dieu en faveur des croyants, et cette grâce éveille notre amour pour Dieu en retour, et dispose notre cœur à le chercher et à le servir. Et le tombeau vide de Jésus nous rappelle le projet de Dieu qui consiste à « réunir sous un seul chef, le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre » (Ép 1.10), et ce projet nous motive aussi puissamment à rechercher à notre tour les intérêts de Dieu plutôt que les nôtres. Pour le dire très simplement : Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de lui consacrer ma vie. Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de lire la Bible tous les jours pour apprendre à le connaître. Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de venir à l’église tous les dimanches et au groupe de maison chaque mercredi ou jeudi. Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de prier avec persévérance pour que Dieu accomplisse sa volonté. Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de m’investir dans l’église en fonction des compétences uniques que Dieu m’a données. Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de témoigner auprès de mon entourage, et d’inviter mes amis aux événements de l’église. Parce que Dieu m’aime et que Jésus va revenir, ça vaut le coup de payer pour un local pour l’église, et d’embaucher des pasteurs, et de subventionner le travail des missionnaires, et de soutenir les maisons d’édition chrétiennes, et de financer l’aide matérielle pour les frères et sœurs les plus démunis, sans parler des écoles chrétiennes, des facs de théologie, des cliniques qui défendent la vie, des radios évangéliques, des centres d’accueil, des ministères parmi les étudiants, etc. Bref, je suis motivé à servir Dieu, parce qu’il m’aime, et que Jésus va revenir !

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