Quelle est la place de Jésus dans ta vie ? La semaine dernière, on a commencé à réfléchir à cette question, et on a fait le constat que Jésus était quelqu’un de très connu, et en même temps de pas très bien connu. Même les chrétiens, qui se disent disciples de Jésus, vous et moi compris, nous avons tendance à sous-estimer certains aspects de la personne et de l’œuvre de Jésus, ce qui a pour effet de réduire en quelque sorte, ou de limiter, son importance dans notre vie.
Honnêtement, est-ce que vous pouvez dire que votre vie est tout entière, du matin au soir, conditionnée par Jésus, suspendue à lui, manifestement caractérisée par la relation que vous avez avec lui ? Ou bien Jésus dans votre vie ressemble-t-il plutôt au glaçage que l’on met sur un gâteau ? C’est bon, c’est joli, c’est important, mais ce n’est pas ce qui détermine le goût de ce qu’il y a à l’intérieur.
Le but de cette prédication en deux parties est vraiment, tout simplement, de nous faire mieux connaître Jésus pour nous faire mieux apprécier Jésus. Pour qu’il occupe plus de place dans notre vie ! C’est de nous aider à voir que cet homme qui est mort il y a deux mille ans, dans l’humiliation la plus totale, comme un bandit, sur une croix romaine—et qui est ressuscité le troisième jour—devrait retenir toute notre attention et recevoir notre adoration la plus fervente ! La leçon générale de ce passage est la suivante—des mots simples, mais un message surpuissant : Jésus a tout fait pour que nous recevions tout ce dont nous avons besoin.
Et la semaine dernière, nous avons déjà commencé à voir que le texte voulait nous faire associer deux réalités : d’une part le fait que Jésus est le messie (il est reconnu comme tel par le peuple et il remplit toutes les conditions ou les qualifications pour être le messie tant attendu), et d’autre part le fait que pour accomplir sa mission et satisfaire les attentes qui reposent sur cette fonction messianique, il va intentionnellement souffrir, mourir et ressusciter. Jésus est le messie, et sa stratégie c’est la croix.
Par conséquent la croix de Jésus-Christ et son tombeau vide représentent le dénouement de tout l’Ancien Testament et la satisfaction de toutes les attentes qui reposaient sur la venue de l’envoyé de Dieu, la semence promise dès le jardin d’Éden qui devait écraser la tête du serpent, le second Adam qui devait inverser la malédiction du premier Adam, la descendance d’Abraham par laquelle toutes les familles de la terre devaient être bénies, le lion de Juda auquel les peuples devaient obéir, le fils de David qui devait établir son règne éternel et bienveillant, le roi-libérateur, juste et victorieux et humble à la fois, qui devait délivrer le peuple de ses oppresseurs, le prophète suprême qui devait avoir les paroles de l’Éternel dans la bouche, le grand prêtre ultime selon l’ordre de Melchisédek, qui devait réconcilier la création avec le Créateur, expier nos fautes, présenter son sacrifice parfait dans le temple céleste et plaider perpétuellement en faveur des croyants. Comme le dit l’apôtre Paul :
« Pour ce qui concerne toutes les promesses de Dieu, c’est en [Jésus] qu’est le oui ! » (2 Co 1.20)
Voilà déjà pourquoi on peut dire que Jésus a tout fait pour que nous recevions tout ce dont nous avons besoin. Et la suite du passage confirme cette idée en nous montrant, troisièmement, qu’en arrivant à Jérusalem, Jésus a montré clairement qu’il comptait assumer les prérogatives du messie. Jésus ne revendique pas seulement un titre, que la foule lui attribue volontiers. Mais dans le récit, aussitôt arrivé à Jérusalem, Jésus se rend au temple et fait quelque chose qui n’appartient qu’au messie de faire. Il fait le ménage dans le temple de Dieu ! On a mentionné la fonction du messie en tant que roi, et on a fait allusion à sa fonction en tant que prophète ; maintenant, il est question de sa fonction en tant que prêtre.
En tant que prêtre, Jésus est venu rétablir le culte de l’Éternel, c’est-à-dire la relation du peuple avec Dieu, une relation qui n’avait jamais été pleinement établie auparavant. Dans toute l’histoire d’Israël dans l’Ancien Testament, la relation du peuple avec Dieu est une relation hésitante, avec des hauts mais beaucoup de bas. Dieu a pourvu des moyens pour entretenir cette relation, comme le temple, les sacrifices, et toute une organisation cérémonielle. Mais l’histoire d’Israël atteste des limites de ce système, surtout à cause d’un problème chronique, à savoir la corruption des responsables religieux. Il fallait que le messie vienne, le prêtre ultime et parfait, qui n’a pas de péché, pour qu’un sacrifice ultime et parfait soit offert et qu’une relation indéfectible soit établie une fois pour toutes entre Dieu et les croyants.
Et pour ce qui concerne cette promesse de Dieu, comme les autres promesses, c’est en Jésus qu’est le oui ! Mais la leçon ici est plus large. C’est que Jésus compte assumer les prérogatives de ce grand prêtre ultime et parfait, oui, mais aussi toutes les prérogatives du messie, dans toutes ses fonctions. En considérant Jésus aujourd’hui, il faut que nous le voyions comme celui qui compte assumer ses fonctions ! Et parfois, la personne et l’œuvre de Jésus n’occupent pas la place qu’elles devraient dans notre vie tout simplement parce que nous ne voyons pas en Jésus le messie « en exercice », celui qui a été établi par Dieu pour agir d’une certaine manière dans notre vie et dans le monde.
Lorsque vous embauchez un artisan pour faire des travaux chez vous, et lorsqu’il se présente chez vous le jour venu, vous vous attendez naturellement à ce qu’il fasse ce qui lui appartient de faire. Si c’est un plombier, il va réparer la canalisation et faire quelques soudures et installer une nouvelle chasse d’eau ; si c’est un électricien, il va ouvrir le tableau électrique, il va dénuder des fils et remplacer le disjoncteur ; si c’est un plaquiste, il va monter des rails, visser des plaques de plâtre et faire des joints, etc. Rien de plus normal ! Et vous sauriez exactement à quoi vous attendre.
Le problème, c’est qu’avec Jésus, nous devrions savoir à quoi nous attendre, mais souvent notre compréhension de son rôle dans notre vie est limitée, et par conséquent, nous ne lui accordons pas la place qui lui revient, un peu comme si nous embauchions un plombier mais que nous l’empêchions de toucher à nos canalisations ! Or Jésus en tant que messie, est le roi qui compte déployer son autorité dans notre vie et nous conduire dans l’obéissance de la foi ; il est le prophète qui compte nous faire connaître Dieu personnellement, notamment au moyen de sa Parole ; et il est le prêtre qui intercède continuellement pour nous, de sorte que nous pouvons nous relever lorsque nous avons péché, nous approcher de Dieu avec assurance dans la prière, et vivre dans la reconnaissance et la sécurité tous les jours de notre vie, et pour l’éternité !
Du coup, l’auteur nous a fait comprendre que Jésus était le messie, l’envoyé de Dieu tant attendu dans l’histoire, qui est venu tout faire pour que nous recevions tout ce dont nous avons besoin, et cette œuvre complète, il l’a réalisée par sa mort et sa résurrection à Jérusalem. La question qui se pose maintenant, en toute logique, c’est la suivante : quelle est ma réponse à cette bonne nouvelle ? Et justement, la quatrième et dernière chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est que nos préjugés peuvent facilement nous tromper en ce qui concerne Jésus. Regardez le texte. Ce qui se passe est frappant : on vient de voir que Jésus a fait exprès d’être reconnu comme le messie au moment de son arrivée à Jérusalem, ensuite on a vu que le peuple l’a acclamé en effet comme étant le messie, et ensuite que Jésus a même montré qu’il comptait assumer les prérogatives du messie. Mais qui c’est qui a une objection ? Ce sont les plus grands spécialistes religieux de l’époque (v. 15). À l’inverse, qui sont ceux qui acclament Jésus dans le temple ? Ce sont les enfants.
L’auteur dresse un contraste ici, pour nous livrer un avertissement. Cet avertissement, c’est le suivant : la vérité ne vient pas forcément de là d’où on imagine qu’elle doit venir. La réponse de Jésus aux responsables religieux, d’ailleurs, est assez incroyable. Il les renvoie à leurs propres Écritures, qui disent que Dieu a fondé sa gloire par la bouche des enfants (Ps 8) ; mais en disant cela, Jésus surenchérit dans l’offense, en quelque sorte, et il « clashe » complètement les responsables religieux, pour deux raisons : d’une part, ses interlocuteurs savent très bien quelle est la suite du verset, où le Psaume dit que Dieu a fondé sa gloire par la bouche des enfants… « pour confondre ses adversaires », et donc Jésus est en train de sous-entendre que ces gens-là sont les adversaires de Dieu. Mais surtout, ils savent aussi que ce verset dit que c’est Dieu qui fonde sa gloire par la bouche des enfants, et donc en citant ce verset, Jésus est en train de sous-entendre… qu’il est Dieu lui-même ! Donc à ces responsables religieux qui s’indignent que Jésus soit reconnu comme le messie, Jésus leur répond : vous êtes les adversaires de Dieu, et je suis Dieu. Et bim !
Mais cette affirmation qui dit que Dieu tire des louanges de la bouche des enfants, fait tout simplement référence à une vérité que l’on a déjà vue dans cet Évangile, et qui est assez commune à toute la Bible ; c’est que Dieu résiste aux orgueilleux et se fait connaître aux humbles. Vous vous souvenez de Jésus qui a dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants » (Mt 11.25). Dans ce passage, pour une fois, le dicton est vrai : la vérité sort de la bouche des enfants. L’auteur veut donc nous montrer, au moment où nous devons, à notre tour, nous faire notre opinion de Jésus, que nos préjugés peuvent facilement nous tromper.
Imaginez que je vous invite à venir chez moi un jour et que vous vous perdiez en route. Mais heureusement, dans votre voiture, vous avez quatre autres personnes. Trois d’entre elles sont des adultes, d’anciens chauffeurs de taxi, des spécialistes de la route qui ont vécu toute leur vie dans la région. Leur avis unanime, c’est qu’il faut prendre à droite. La quatrième personne, c’est… un enfant de huit ans. Lui, son avis, c’est qu’il faut prendre à gauche. Vous allez suivre les conseils de qui ? Est-ce que l’avis des adultes est forcément le bon, parce qu’ils sont adultes ? Parce qu’ils sont plusieurs ? Parce qu’ils ont de l’expérience et une certaine expertise ? Est-ce que l’avis de l’enfant est forcément mauvais, parce que c’est un enfant ? Il n’y a aucune raison logique qui nous permette de l’affirmer. Maintenant imaginez qu’avant de prendre la route, je vous avais dit, au téléphone, qu’au cas où vous vous perdiez, vous devriez suivre les indications de l’enfant de huit ans, car il s’appelle Étienne Sarran et il connait parfaitement le chemin. Ça change la donne, non ?
De la même façon dans le texte ici, l’auteur nous fait remarquer que nos préjugés peuvent facilement nous tromper en ce qui concerne Jésus. C’était le cas au premier siècle, où de manière générale et dans leur grande majorité, les responsables religieux des Juifs n’ont pas reconnu Jésus comme étant le messie, et ils ont même persécuté les chrétiens. Mais depuis toujours, Dieu dit : « Ne vous fiez pas a priori aux gens qui ont l’apparence d’être importants et intelligents. » Et aujourd’hui, est-ce que vous trouvez que c’est facile de reconnaître Jésus comme le messie et de le suivre, quand des soi-disant spécialistes de tout poil voudraient nous faire croire tout et n’importe quoi à son sujet, jusqu’à nous dire, pour certains, que Jésus n’a jamais existé ? Mais encore une fois, la Bible dit que ce ne sont pas les sages et les intelligents selon le monde qui sont sages et intelligents selon Dieu.
Ce matin encore, dans le cadre de notre weekend d’église, nous avons entendu le témoignage d’une jeune femme qui nous racontait les préjugés qu’elle avait contre la Bible, contre Dieu et contre Jésus. Elle a fini par accepter d’étudier la Bible avec son patron, qui était croyant, et son intention était de démontrer que la Bible racontait n’importe quoi. Mais au contact de la Parole de Dieu, les préjugés n’ont pas fait le poids. Le Saint-Esprit a fait son œuvre, puissamment, et par le témoignage de cet homme, et au moyen des saintes Écritures, cette jeune femme a répondu à Jésus par la foi, l’a reconnu comme celui qui avait tout fait pour qu’elle reçoive tout ce dont elle avait besoin, et depuis ce jour, elle a rejoint le camp des enfants qui crient dans le temple : « Hosanna au Fils de David ! » et par la bouche desquels Dieu a fondé sa gloire.
Alors quelle est la place de Jésus dans ta vie ? Est-ce que, à travers ce passage de la Bible, et à travers ces deux prédications, tu as pu grandir dans ta compréhension de qui est Jésus et de ce qu’il a fait ? Nous avons tous, évidemment, une vision, et donc une appréciation, limitée de qui est Jésus et des implications extraordinaires de ses souffrances à Jérusalem, de sa mort et de sa résurrection. Jésus est mort à la place des croyants, détournant sur lui le châtiment qui était destiné à nos péchés. Il s’est substitué à nous pour nous délivrer du poids de nos fautes et nous réconcilier avec Dieu, et tous ceux qui placent leur confiance en lui entrent au bénéfice de cette œuvre. C’est extraordinaire, non ?
Mais il y a tellement plus encore ! Par sa mort et sa résurrection, Jésus a établi son règne, un règne suprême et bienveillant auquel nous avons part, pour toujours, en tant que sujets de ce royaume ; ça veut dire que nous avons une sécurité éternelle, indéfectible. Rien ni personne ne peut nous ravir de la main de Dieu. Ça veut dire que Jésus compte déployer son autorité dans notre vie, pour notre bien, et du coup nous transformer petit-à-petit sous l’effet de sa Parole pour nous faire grandir en sainteté. Par sa mort et sa résurrection, Jésus a offert un sacrifice d’expiation parfait, et maintenant qu’il est monté au ciel, non seulement il siège sur son trône, mais en tant que grand prêtre, il présente en permanence ce sacrifice à Dieu, ce qui veut dire que Dieu nous voit continuellement comment étant pardonnés et justifiés. Nous allons chuter, et pécher, et nous allons regretter certains de nos actes et certaines de nos paroles et de nos pensées, mais nous pouvons toujours, si nous sommes attachés à Jésus par foi, nous relever et repartir avec Dieu sachant qu’il nous pardonne, et que sa grâce ne sera jamais épuisée !
Par sa mort et sa résurrection, Jésus a aussi vaincu toutes les forces du mal, les mauvais esprits, le diable et les démons ; nous n’avons pas à les craindre, ni maintenant ni jamais ! Par sa mort et sa résurrection, Jésus a aussi réconcilié la création elle-même avec Dieu le Créateur, de sorte que même la nature a une espérance, en quelque sorte, comme le dit l’apôtre Paul : « l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8.21). Autrement dit, il y aura un jour une nouvelle terre, libérée de tout mal, où nous habiterons éternellement dans la paix avec le Seigneur. Vous voyez : Jésus est le messie, et sa stratégie, c’est la croix. Le messie tant attendu est venu pour souffrir, mourir et ressusciter à Jérusalem, et c’est ainsi qu’il a satisfait toutes les attentes qui reposaient sur lui. Comme nous l’avons dit : « Pour ce qui concerne toutes les promesses de Dieu, c’est en [Jésus] qu’est le oui » (2 Co 1.20). Jésus a tout fait pour que nous recevions tout ce dont nous avons besoin.
(Photo by Ben Blennerhassett on Unsplash)