La sagesse est une vertu reconnue par toutes les cultures et tous les peuples. Nous cherchons tous à être informés, intelligents, à jour dans nos connaissances. Personne ne veut être ignorant. Personne ne veut être fou. Ou au moins ce serait bizarre si quelqu’un cherchait l’ignorance en tant que vertu. Nous voulons tous avoir quelque chose d’intelligent à dire, un bon conseil à offrir, ou des remarques pointues et pertinentes.
La sagesse est une qualité désirable. Mais bien que la sagesse contienne l’intelligence, elle contient aussi la capacité d’appliquer cette connaissance correctement. La sagesse nous permet de savoir quand il faut parler et quand il faut être à l’écoute. La sagesse est une intelligence spirituelle, une intelligence morale qui nous guide dans la vérité et qui nous permet de guider les autres. C’est pourquoi je voudrais reprendre la question posée par l’apôtre Jacques dans Jacques 3.13-18. Je me demande : Lequel d’entre nous est sage et intelligent ? Si on tente une première réponse à cette question, on pourrait dire que nous avons tous un peu de sagesse, et un peu d’intelligence. Cette salle est remplie de gens prospères et efficaces dans le travail. Vous êtes tous des spécialistes sous une forme ou une autre : diplômés, certifiés, compétents, qualifiés, expérimentés, et capables.
Et donc, lequel d’entre nous est sage et intelligent ? Peut-être qu’en lisant le texte de Jacques nous serons en meilleure position pour répondre à cette question.
J’espère que vous avez remarqué le contraste que fait Jacques entre la sagesse céleste et la sagesse terrestre. Jacques nous dit que la sagesse qui vient d’en-haut est caractérisée par la paix, la pureté, et les bons fruits, alors que la sagesse terrestre mène aux disputes, à la jalousie, et au désordre. Encore une fois, Jacques s’intéresse plus à ce qu’on fait, qu’à ce qu’on sait. Pour Jacques, la sagesse est liée plus aux comportements, qu’à quelque chose d’intellectuel. Ça devrait nous rappeler le chapitre 2 et le lien entre la foi et les œuvres. Si ces versets sont lus à la lumière des chapitres précédents, ça devrait être évident que la sagesse fait partie de la foi. La sagesse qui compte est une grâce de Dieu qui rend gloire à Dieu et qui bénit l’église.
La première chose qu’on observe dans ce texte se trouve dans la relation entre la sagesse et la morale, et même entre la sagesse et l’amour. Le verset 13 fait un lien entre la sagesse et la bonne conduite. Puis les versets 14-16 suggèrent que la sagesse n’a rien à voir avec la jalousie, mais qu’elle est plutôt altruiste. Ensuite, dans les versets 17-18, Jacques définit la sagesse par les comportements et les vertus qu’elle incite. La sagesse céleste est pure, pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, et sans hypocrisie. Et tout ça est lié à la paix. Voilà la sagesse céleste ! Elle contient plus que l’intelligence. En fait, ici la sagesse n’est pas définie par l’intelligence. La sagesse est ce qui conduit notre caractère moral. La sagesse, c’est l’amour pour ce que Dieu aime.
Si la foi est une vocation de confiance en Dieu, à vivre activement par les chrétiens, et non pas juste une profession verbale de ce qu’on croit, cela veut dire que la sagesse fait partie de cette vocation. La sagesse qui vient d’en-haut (la sagesse divine) s’intéresse aux autres, alors que la sagesse terrestre s’intéresse à soi.
Cette description de la sagesse m’a fait penser à un autre texte célèbre de la Bible, à savoir 1 Corinthiens 13. Selon ce texte, on peut être doué dans beaucoup de domaines, mais si on n’a pas l’amour, on n’est rien.
« L’amour est patient ; L’amour est serviable ; Il n’est pas envieux ; L’amour ne se vante pas ; Il ne s’enfle pas d’orgueil ; Il ne fait rien de malhonnête ; Il ne cherche pas son intérêt, Il ne s’irrite pas, Il ne médite pas le mal ; Il ne se réjouit pas de l’injustice ; Mais il réjouit de la vérité ; Il pardonne tout ; Il croit tout ; Il espère tout ; Il supporte tout. »
Cela vous rappelle quelque chose ? Ça ressemble énormément à la sagesse de Jacques 3 qui est centrée sur l’amour et non pas sur la jalousie ou sur la rivalité.
Cet accent qui est mis sur la pratique me fait penser que lorsque Jacques parle de la sagesse, il s’intéresse plus à notre conduite qu’à notre intelligence (ce qui est cohérent avec le discours de Jacques sur la foi et les œuvres au chapitre 2). Ces versets nous indiquent que la sagesse est une union de la théorie et de la pratique, basée sur l’amour.
On entend parfois des histoires bien tristes de chrétiens qui abandonnent la foi, ou qui quittent l’église, ou qui se précipitent vers un mode de vie destructeur. Ça se passe rarement par un manque de connaissance biblique. C’est plutôt par un manque de sagesse. C’est par un manque d’amour pour Dieu qui conduit à lui être dépendant, et c’est par un manque de conscience que Dieu nous aime à un tel point qu’il a donné son fils pour nous.
Pour moi, depuis des années j’ai eu le privilège d’observer de bons pasteurs, des anciens, et des diacres (des serviteurs de l’église) qui font leur travail. J’ai écouté beaucoup de bonnes prédications et j’ai assisté à beaucoup d’études bibliques. J’ai passé une bonne partie de ma vie à l’église en présence d’autres chrétiens. Mais ce qui m’a formé le plus dans ma vie spirituelle, ce ne sont pas les remarques intelligentes ou les discours élégants qui viennent des pasteurs qui sont vifs d’esprit. Ce qui m’a formé le plus, et ce qui me forme toujours c’est d’être dans la présence des chrétiens humbles et disponibles qui ne calomnient pas les autres, qui prient avec sincérité, qui confessent leurs péchés dans la repentance, et qui écoutent le conseil des autres. Ce qui me forme le plus, c’est d’être accompagné par ceux qui connaissent la doctrine biblique et qui pratiquent cette doctrine.
Ce texte m’a frappé cette semaine. Je me suis rendu compte que je ne veux pas être reconnu juste pour mon travail. Bien que je veuille être un bon prédicateur, un bon écrivain, et un bon enseignant, j’espère surtout que je deviendrai quelqu’un de reconnu pour mon amour pour Dieu et pour les autres. C’est ça la sagesse que Dieu recherche. Et que sert-il à un homme de gagner une énorme connaissance biblique, s’il manque d’humilité, d’amour pour ses frères, et de sagesse pour savoir comment se comporter ? Nous devons tous rechercher cette sagesse.
Mais deuxièmement, on ne peut pas juste claquer des doigts et recevoir cette sagesse en abondance. N’oublions pas que Jacques présuppose la foi. Pour que les chrétiens aient une sagesse qui plait à Dieu et qui bénéfice à l’Église, il faut se fier à Dieu. Pour que les chrétiens aient une sagesse qui plait à Dieu et qui bénéfice à l’Église, ils doivent être prêts à confesser ce qui est fou aux yeux du monde, à savoir, la foi en Christ. Si, par la sagesse, on veut être des artisans de paix, qui recevons et qui transmettons un amour pour les autres et une paix qui dure, il faut qu’on soit prêt à se soumettre au prince de la paix, Jésus-Christ. La sagesse qui vient d’en-haut est une sagesse qui s’est manifestée parfaitement en Jésus, et qui est offerte à tous ceux qui la lui demandent par la foi.
Dans 1 Corinthiens, chapitre 1, l’apôtre Paul nous dit que, par la croix de Jésus, Dieu a frappé de folie la sagesse du monde. Par la folie et le chaos de la croix, Dieu a établi la sagesse de son plan rédempteur et la paix d’une relation restaurée entre Dieu et l’homme. Selon 1 Corinthiens 1, la sagesse de Dieu se trouve dans la folie de la prédication de l’évangile. Par contre, selon la sagesse terrestre, charnelle, et démoniaque, Dieu n’existe pas puisqu’on ne le voit pas ; les miracles sont impossibles ; notre salut et notre délivrance des problèmes du monde sont entre nos propres mains ; et notre vie et nos désirs sont plus importants que ceux des autres.
Vous voyez comment la sagesse qui vient d’en-haut est centrée sur Dieu et sur ses priorités, alors que la sagesse terrestre (qui n’est pas la vraie sagesse) est centrée sur les priorités de l’homme. Et on est d’accord que les peuples, les cultures, et les sociétés diverses sont capables de faire beaucoup de bonnes choses par leur sagesse, mais n’oublions pas que cette sagesse est asservie aux caprices des êtres humains.
En fin de compte, la sagesse est bonne en fonction de sa source. Pour prendre un exemple : Peut-être que vous vous êtes déjà trouvé dans une situation où vous deviez dépanner un appareil électroménager, et vous avez consulté la fiche d’instructions pour faire du troubleshooting. Quel est toujours le premier conseil qui est donné ? S’assurer que l’appareil est correctement branché au secteur. Il faut être branché à la bonne source. Pour nous, cela veut dire que nous devons être branchés à la bonne source, nous aussi. Cela veut dire que nous devons mettre notre confiance dans la folie de la croix, où par la mort d’un seul homme, tous les élus sont sauvés.
Encore une fois, on voit que la sagesse de Dieu se manifeste par notre amour pour lui et pour son peuple. La sagesse authentique recherche le bien de l’église et le bien du monde que Dieu a fait. La sagesse fait de nous des artisans de paix, ou comme on le voit dans Romains, chapitre 14 (v.19), la sagesse nous rend aptes à rechercher ce qui contribue à la paix et à l’édification des autres.
Pour Jacques, la sagesse est l’antithèse de la jalousie et de l’égoïsme. Jacques n’aurait pas mentionné le problème de la jalousie et de la rivalité dans l’église si ce n’était pas un problème pertinent pour son assemblée (c’est-à-dire les chrétiens dispersés dans le Moyen-Orient et en Europe à cause de la persécution). C’est triste, quand un chrétien, motivé par la jalousie vis-à-vis d’un frère, cesse d’édifier les autres parce qu’il est plus passionné par ses propres intérêts. Malheureusement, dans nos églises, la sagesse céleste n’est pas toujours ce qui nous guide.
Avez-vous déjà été jaloux d’un frère qui sert l’église plus que vous, ou qui enseigne mieux que vous, ou qui donne plus de bon conseils que vous, ou qui est plus prompt que vous à accueillir les nouvelles personnes, ou qui passe plus de temps avec les gens de l’église ? Avez-vous déjà comparé votre valeur à la valeur des autres ? Préférez-vous que votre frère n’ait pas l’occasion d’utiliser ses dons pour le service de l’église, même si cela veut dire que l’église (ou un autre projet) souffre, juste parce que vous avez peur que vous serez moins apprécié à cause du succès des autres ?
Je vous raconte une blague nulle mais qui illustre bien ce point. Dans cette blague, il y a deux archéologues qui se détestent mutuellement. Mais ils travaillent dans les mêmes fouilles archéologiques. Un jour, ils découvrent une lampe magique. Et en se disputant pour savoir qui peut avoir la lampe, un génie sort et leur accorde de faire un vœu. Un seul vœu pour les deux hommes. Mais puisqu’il y a deux mecs, le génie est gentil et leur dit que celui qui ne fait pas le vœu (qui laisse le vœu à l’autre personne) recevra deux fois de ce que demande celui qui fait le vœu. Vous voyez ? Donc, si un des archéologues désirait 1 million d’euros, son rival recevrait 2 millions d’euros. Alors, après avoir réfléchi, un des archéologues dit : « Voici mon vœu. Je veux faire don d’un de mes reins ».
Vous voyez l’implication de ce vœu. Ce gars préférait sa propre souffrance et la mort de quelqu’un d’autre, au lieu de vivre en sachant que son rival gagnerait plus que lui. De même, il y a ceux qui préféreraient que l’église souffre au lieu de voir leurs frères réussir dans leur ministère. Mais cette sagesse n’est pas celle qui vient d’en-haut.
En étudiant l’épitre de Jacques, nous voyons que Jacques s’intéresse au caractère des chrétiens. C’est ça qui montre notre engagement envers Jésus dans la foi. Jacques avait sûrement rencontré des enseignants religieux de son époque qui avaient une énorme connaissance et une énorme influence mais qui résistaient à l’amour de Dieu. Jacques a vu lui-même comment les sages Pharisiens (des docteurs de la loi, des érudits religieux), dans leur sagesse terrestre, ont rejeté et livré Jésus, leur propre messie, à la mort.
Pour être clair, la Bible ne décourage pas l’intelligence ou l’érudition. Jésus lui-même nous a incités à aimer le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre âme, et de toute notre pensée. Les pensées qui honorent Dieu sont celles qui méditent la vérité et qui recherchent une meilleure connaissance de Dieu. Mais si notre sagesse n’est pas guidée par un caractère transformé et sanctifié par la grâce de Dieu et par la foi en Jésus-Christ, ça ne mènera pas à la vie éternelle, ni à de bons fruits durables.
Pour cette semaine devant nous, nous pouvons prier pour que notre connaissance ne soit pas amputée de notre caractère. Nous pouvons prier pour que notre influence ne s’étende pas au-delà de notre compétence. Nous pouvons prier pour que notre intellect ne supplante pas notre amour, et pour que notre orgueil n’éteigne pas notre foi. Prions pour la vraie sagesse.