Où et comment rencontrer Dieu ?

Par Alexandre Sarranle 15 octobre 2017

Est-ce que vous avez envie de la présence de Dieu ? Et si oui, où la cherchez-vous, sa présence ?

Quand on regarde un peu autour de soi, on se rend compte qu’il existe beaucoup de témoignages de gens qui prétendent connaître, ou avoir connu, la présence de Dieu. Il y a des gens qui disent être connectés au divin à travers des pratiques occultes : ils ont trouvé Dieu dans les cartes, dans les étoiles, dans les arbres, dans la méditation transcendantale, etc. Il y en a qui disent qu’ils ont ressenti la présence de Dieu de façon intense et bouleversante à une occasion particulière, comme la naissance d’un enfant, un lever ou un coucher de soleil, une promenade dans la nature, une expérience de mort imminente… Il y en a d’autres encore qui disent connaître la présence de Dieu à travers des pratiques rituelles, comme le pèlerinage, le jeûne, la mortification corporelle, voire même la mutilation comme le font certains taoïstes…

Et vous ? Où cherchez-vous la présence de Dieu ? Est-ce que vous la recherchez dans un ressenti personnel et subjectif ? Par exemple, vous venez à l’église, et on chante votre chant préféré, et les musiciens l’ont plutôt bien joué, et ça vous procure des émotions agréables, et du coup vous avez la sensation intime de la présence de Dieu.

Ou bien, en tant que bon chrétien évangélique, est-ce que vous tenez pour acquis le fait que Dieu est présent dans votre vie, parce que, justement, c’est ce qu’on chante tout le temps, c’est ce qu’on dit tout le temps, la question ne se pose même plus. On arrive à l’église, et on embraye tout de suite : « Je viens dans ta présence… Près de toi, je me sens bien… Chantons, car Dieu est là… ». Etc. Mais au fond… vous ne savez plus trop pourquoi on dit ça. À part qu’on est des chrétiens évangéliques, et c’est comme ça que ça se passe chez nous !

Eh bien écoutez, si la question de la présence de Dieu est une question importante pour vous, le texte qu’on va lire dans un instant devrait être important pour vous aussi. Dans ce passage, Dieu décrit à Moïse le sanctuaire qu’il doit construire et qui doit être le lieu de sa demeure, de sa présence spéciale, au milieu du peuple d’Israël (qu’il a, peu de temps auparavant, délivré d’Égypte).

C’est un texte étonnant, mais si on lui accorde l’attention qu’il mérite, on va voir qu’il y a dans ce passage une leçon très importante pour nous, c’est qu’on ne reçoit pas la présence de Dieu n’importe comment. Pour Dieu, la question de sa présence dans notre vie est très importante, et nous devrions la prendre nous aussi avec beaucoup, beaucoup de sérieux.

Un lieu personnalisé

Quand on lit ce texte, peut-être que la première chose qui vous a frappé, c’est le côté très détaillé des instructions que Dieu donne à Moïse pour la construction du Tabernacle. Eh bien figurez-vous que c’est sans doute ça aussi qui a frappé les Israélites.

Peut-être que les Israélites se disaient : « Bon, on doit construire un sanctuaire pour Dieu. Pas la peine de faire très compliqué, surtout qu’on va devoir le transporter. On peut faire un truc générique, en s’inspirant peut-être de ce que font les autres peuples. » Mais Dieu, apparemment, ne veut pas un sanctuaire générique. Il passe une commande très détaillée, en précisant la nature des matériaux, les mesures, les couleurs, les différents motifs, et même le nombre de lacets et d’agrafes. Dieu est très attaché aux détails qui concernent le lieu de sa demeure.

Dieu est en train de passer une commande qui est très personnalisée. Il n’y a pas si longtemps, Suzanne et moi avons passé une commande pour une nouvelle cuisine. On avait une idée très précise de ce qu’on voulait. Et on a fait tourner en bourrique la vendeuse en lui expliquant qu’on voulait exactement telle taille de plans de travail, et qu’il faudrait faire des découpes spéciales, et qu’il faudrait commander des panneaux sur mesure pour habiller tel meuble, etc. On a été très difficile, parce que notre commande était éminemment personnalisée.

Il se passe la même chose dans le texte ici. Dieu ne commande pas un sanctuaire générique, sur catalogue. Le Tabernacle correspond exactement au plan de Dieu, aux préférences de Dieu. C’est personnalisé, c’est customisé, c’est du sur-mesure.

Autrement dit, on ne pouvait pas confondre le Tabernacle de l’Éternel avec le lieu de culte de n’importe quel autre dieu prétendu. Vous savez, quand on entre dans une chambre d’hôtel, on sait que c’est un endroit où des gens dorment, parce qu’il y a des signes qui ne trompent pas : il y a un lit, un placard, une salle de bain. Mais c’est un lieu impersonnel. Un lieu générique. Mais si vous entrez dans la chambre de Jonah, vous allez savoir non seulement que c’est un endroit où des gens dorment, mais en plus que c’est l’endroit où dorment Jonah et Amy, parce qu’il y a sur les murs des photos de famille, il y a une déco qui correspond à leurs goûts, il y a des meubles, des draps, des rideaux qu’ils ont choisis, etc. C’est un lieu personnalisé.

Et de la même façon, le Tabernacle montre aux Israélites que la présence de Dieu au milieu d’eux n’est pas une présence divine vague ou impersonnelle. C’est la présence très personnelle, très précise, de l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

Et il est très important pour nous aujourd’hui de nous rappeler qu’il ne suffit pas de parler de « la présence de Dieu » et de rechercher « la présence de Dieu » dans un sens impersonnel et vague, et générique. Il y a un Dieu, et ce n’est pas juste une force impersonnelle, mystique, qu’on peut trouver n’importe où, n’importe comment, dans les plantes, dans les animaux, dans les étoiles, dans les écrits de Confucius, dans n’importe quelle religion, à travers Bouddha, Mahomet, Jésus, Gandhi, Socrate, l’ange Gabriel, Nelson Mandela, Jim Carrey… Il y a un Dieu, unique et vivant, et c’est le Dieu personnel et précis de la Bible, le Dieu de Moïse et des prophètes, de Jésus et des apôtres. Le Dieu de l’Ancien Testament et du Nouveau.

À ce titre, le culte que nous devons rendre à Dieu n’est pas non plus un culte générique, une spiritualité large et inclusive ; c’est un culte personnalisé, tel que Dieu le veut et le définit lui-même, bref, un culte authentiquement chrétien et reconnaissable comme étant chrétien. C’est le seul culte agréable à Dieu.

Un lieu contraignant

Le sanctuaire que Dieu commande est donc un lieu éminemment personnalisé. Mais on devrait aussi être frappé, deuxièmement, par le caractère très contraignant de cette construction.

Honnêtement, c’est quand même une structure assez complexe à assembler, et on pourrait se demander si franchement, tout cela était vraiment nécessaire. Le Tabernacle, ce n’était pas juste une toile de tente que l’on assemblait en deux temps trois mouvements, un peu comme les tentes « deux secondes » qu’on achète chez Décathlon. Vous avez remarqué que la structure du Tabernacle était faite de grandes planches de bois longues de cinq mètres, qu’on faisait tenir debout ? Et vous avez remarqué qu’il ne fallait pas juste une couverture par-dessus, pour former le toit, ni deux, ni trois, mais quatre ? C’est-à-dire une tenture de lin, puis une tenture de poil de chèvre, puis deux couvertures de cuir (v. 1, 7, 14) !

Par cette structure complexe, par cette couverture impénétrable sur le dessus de l’édifice, le Tabernacle est en train de dire aux Israélites, et à nous par la même occasion, que ce n’est pas simple de faire habiter Dieu avec les hommes ! Ce n’est pas une chose facile.

Il y a deux semaines, je vous parlais de mon ami qui avait invité Emmanuel Macron à son mariage. Je ne pense pas qu’il s’attendait vraiment à ce que le président vienne. Et heureusement qu’il n’est pas venu, parce que je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça implique, quand le président de la République se déplace. Il y a toute une escorte qui l’accompagne, il y a un service de sécurité, des voitures blindées, on ferme les routes, il y a toute une logistique très contraignante ! Bref, ce n’est pas facile d’accueillir la présence d’Emmanuel… Macron.

À plus forte raison, ce n’est pas chose aisée d’accueillir la présence d’Emmanuel tout court, « Dieu avec nous », et le Tabernacle nous le montre très clairement. Pourquoi est-ce que ce n’est pas facile ? Eh bien parce que l’homme ne peut voir Dieu et vivre (Ex 33.20).

Rappelez-vous qu’au pied du Mont Sinaï, lorsque Dieu a seulement adressé sa parole aux Israélites, le texte dit que « le peuple tremblait et se tenait dans l’éloignement. Ils dirent à Moïse : Parle-nous toi-même, et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne mourions » (Ex 20.18-19) ! Il y a un abîme infranchissable entre Dieu et les hommes, parce que Dieu est pur et saint, et les hommes sont déchus et pécheurs, contaminés en quelque sorte par le mal. Dieu est un soleil ardent, et nous sommes de la paille desséchée.

Donc non, ce n’est pas facile de rapprocher les deux sans qu’il se produise un accident ! C’est très contraignant. Mais la Bible nous fait comprendre que si c’est contraignant pour les hommes d’accueillir la présence de Dieu, c’est en fin de compte Dieu qui a supporté cette contrainte, pour que nous puissions réellement nous tenir dans la présence de Dieu sans nous embraser instantanément.

La Bible dit que Jésus est venu de la part de Dieu pour s’interposer, pour brûler à notre place, en quelque sorte. Il a porté nos péchés, et en mourant sur la croix, il a rempli la fonction d’un sacrifice d’expiation. Nos péchés ont été brûlés sur l’autel, ensevelis dans la tombe, et Jésus est ressuscité en vainqueur, pour plaider perpétuellement en faveur de ceux qui lui font confiance. Et donc il y a un prix très cher qui a été payé pour que nous puissions connaître la présence de Dieu. La véritable contrainte a été supportée par Dieu (et c’est pourquoi il n’y a plus de Tabernacle aujourd’hui, ni de temple, ni de prêtres, ni d’autel).

Mais cela nous montre aussi qu’il y a un chemin très précis, très clairement identifié pour s’approcher de Dieu et pour accueillir sa présence pour de vrai. Ce chemin, c’est Jésus. Et ce n’est pas un chemin que nous devrions prendre à la légère, en sifflotant, avec témérité ; mais bien plutôt avec gravité et humilité et reconnaissance.

Un lieu très saint

D’autant plus que la troisième et dernière chose que j’aimerais que nous remarquions dans ce texte, c’est le fait que ce Tabernacle, c’est non seulement un lieu très personnalisé, et non seulement un lieu très contraignant, mais c’est aussi un lieu… très saint.

Le passage nous rappelle que le Tabernacle a une origine céleste (v. 30). Ensuite il y a beaucoup de précisions concernant le « voile » (paroketh), qui a une fonction très importante, parce que c’est par rapport à lui que les fameux trois objets qu’on a vus la dernière fois doivent être entreposés : l’arche de l’alliance (ou du Témoignage) derrière le voile (v. 33), et la table et le chandelier devant le voile (v. 35). Il y a deux espaces dans le Tabernacle : le lieu saint, et le lieu très saint (ou le Saint des saints, v. 33). On comprend à ce moment-là qu’au cœur du Tabernacle, dans un espace très retiré, difficilement accessible, caché et protégé, se trouve la « chambre particulière » de Dieu (ou le « bureau ovale » de Dieu). C’est extraordinaire !

Le Nouveau Testament confirme que le Tabernacle dans le désert était un lieu exceptionnellement sacré. L’auteur de l’épître aux Hébreux dit que c’était la représentation d’une réalité céleste (Hé 9.23), et que c’était même l’imitation du véritable sanctuaire céleste de Dieu (Hé 9.24). En recevant ces instructions, les Israélites comprennent bien que c’est un lieu exceptionnellement sacré, et le voile qui leur bloque l’accès au cœur de la présence de Dieu, renforce cette idée.

Pour les Israélites, avoir le Tabernacle sous les yeux en permanence, c’était un peu comme quand nous, nous visitons un magnifique château quelque part dans la Vallée de la Loire. Vous savez comment ça se passe : on peut parcourir quelques salles, quelques couloirs, les jardins, les chambres, les salons, mais surtout, ne rien toucher ! D’ailleurs, il y a quelques endroits auxquels on n’a même pas accès, qui sont protégés par un cordon ou même par des portes closes. Et on porte nos regards sur ces endroits magiques, sur l’architecture, sur les tableaux, sur la superbe bibliothèque, et on se surprend à rêver : « Mais qu’est-ce que j’aimerais habiter ici ! ». Mais ce n’est pas possible. C’est un endroit trop saint. On n’a pas le droit de toucher les meubles. On n’a pas le droit de franchir le cordon.

Et les Israélites fidèles qui désiraient la présence de Dieu devaient se dire la même chose. La preuve : le roi David dans le Psaume 27, qui dit :

« Je demande à l’Éternel une chose, que je recherche ardemment : habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éternel et pour admirer son temple. Car il me protégera dans son tabernacle au jour du malheur, il me cachera sous l’abri de sa tente. » (Ps 27.4-5)

Vous avez ce désir, vous aussi, d’accueillir la présence de Dieu et d’être accueilli dans sa présence ? De franchir le cordon, de toucher les meubles, d’habiter avec Dieu dans le lieu très saint ? Écoutez bien : l’auteur de l’épître aux Hébreux dit que « l’accès du Saint des saints n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait » (Hé 9.8). Mais depuis la venue de Jésus, les choses ont changé, car il ajoute un peu plus loin :

« Frères, nous avons l’assurance d’un libre accès au sanctuaire par le sang de Jésus, accès que Jésus a inauguré pour nous comme un chemin nouveau et vivant au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair. » (Hé 10.19-20)

Mes amis, il y a deux semaines, je vous ai demandé si vous aviez l’impression que Dieu était présent dans votre vie. Aujourd’hui, c’est une autre question que je vous pose : est-ce que vous avez envie de la présence de Dieu dans votre vie ? Je pense que beaucoup de gens diraient oui. Beaucoup de gens seraient sans doute d’accord avec cette pensée de Blaise Pascal (1623-1662) :

« Il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que le gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même. Lui seul son véritable bien, et depuis qu’il l’a quitté, c’est une chose étrange qu’il n’y a rien dans la nature qui n’ait été capable de lui en tenir la place : astres, ciel, terre, éléments, plantes, choux, poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, famine, vices, adultère, inceste. » (Pensée 425)

Au fond, on recherche la présence de Dieu. Mais le problème que souligne Pascal, c’est que bien souvent, on ne la recherche pas de la bonne manière ni au bon endroit.

Et la leçon du texte qu’on a vu aujourd’hui, c’était justement ça : On ne reçoit pas la présence de Dieu n’importe comment. Il y a un Dieu, et c’est le Dieu précis qui se fait connaître précisément par les saintes Écritures. Il a voulu s’approcher des hommes, franchir la distance, et demeurer au milieu de son peuple. C’est à cette révélation qu’on doit se fier pour vraiment connaître Dieu.

Et cette révélation nous dit qu’on peut accueillir sa présence, non pas sur la base d’une intuition subjective, ni sur la base de rites plus ou moins sophistiqués, mais sur la base de ce qu’il a accompli par Jésus-Christ, en supportant lui-même la contrainte de ce rapprochement, en payant lui-même le prix de nos péchés qui nous séparaient de Dieu.

Vous avez envie de la présence de Dieu ? Venez à Jésus. Rappelez-vous l’Évangile. Participez au culte. Priez et lisez votre Bible. Attachez-vous à vos frères et sœurs dans la foi (cf. Hé 10.22-25). Nous sommes la famille de Dieu en Jésus-Christ, et il demeure au milieu de nous par son Saint-Esprit. Nous pouvons habiter pour toujours avec lui, par Jésus-Christ. Et le Tabernacle était la représentation de cette réalité céleste et spirituelle. C’était la représentation temporaire de notre espérance en tant que croyants, dont le Nouveau Testament dit que nous l’avons, cette espérance, « comme une ancre solide et ferme, pour notre âme ; elle pénètre au-delà du voile, là où Jésus est entré pour nous comme un précurseur » (Hé 6.19-20).

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