Nous souffrons tous, par moment, de solitude. Dans un peu plus d’un mois, ce sera Noël, et comme chaque année, il y aura un pic de dépressions et d’appels sur les plateformes d’écoute dédiées aux personnes en détresse. Et ce n’est pas parce qu’on est tout le temps entouré de gens qu’on ne se sent pas seul pour autant. On peut se sentir seul à son travail. On peut se sentir seul dans sa famille. On peut se sentir seul dans son mariage. On peut avoir 5000 amis sur Facebook et se sentir très seul.
Dans un article du magazine Le Point, paru il y a quelques années (2012), une psychiatre explique que « l’hyper-connexion masque notre vide intérieur », et elle parle du nombre croissant de jeunes qui sont « très seuls face à leur écran ». En philosophie, on parle de « solitude existentielle ».
Et peut-être que vous avez déjà ressenti cette angoisse profonde, qui vient quand on regarde autour de soi et qu’on se rend compte qu’on est tout seul derrière ses yeux, tout seul en soi-même, et qu’il n’y a personne autour de nous, si grand soit notre entourage, si nombreux soient nos amis, nos collègues et nos voisins, personne qui puisse vraiment nous connaître, nous comprendre, et s’attacher à nous de façon à être toujours avec nous. Personne avec qui on puisse partager vraiment, intimement, l’expérience que nous faisons de notre existence.
Au fond, notre solitude existentielle, c’est l’envie que nous avons que quelqu’un s’intéresse vraiment à nous.
Et ce qu’on va voir aujourd’hui, c’est que par Jésus-Christ, Dieu résout notre solitude existentielle. Par Jésus-Christ, Dieu se présente à toi comme quelqu’un qui veut et qui peut vraiment te connaître, te comprendre, et s’attacher à toi de façon à être toujours avec toi.
En lisant le texte dans quelques instants, vous allez peut-être avoir du mal à voir le rapport… Le reste de cette prédication est là pour vous aider ! Pour l’instant, sachez simplement qu’on va lire un texte où Dieu donne des instructions à Moïse qui concernent principalement son frère Aaron, que Dieu appelle à être le premier d’une longue lignée de personnes qui vont occuper une fonction très particulière dans la religion d’Israël, tout au long de son histoire, à savoir la fonction de « souverain sacrificateur ». Et le Nouveau Testament nous fait comprendre que cette fonction, c’est aussi une des fonctions que Jésus a accomplies en son temps, mais de façon parfaite, ou complète, ou idéale. C’est pourquoi on peut dire que le texte qu’on va lire dans un instant parle vraiment, en fin de compte, de Jésus-Christ.
Et toute la leçon de ce passage, c’est la suivante : en t’attachant à Jésus-Christ, tu peux savoir pour sûr que tu as personnellement l’attention et la faveur constantes de Dieu. Et il y a là le seul remède à notre solitude.
La première chose qu’on voit dans ce passage, c’est que Dieu veut nous aider à avoir une relation avec lui.
C’est un passage très important, parce que c’est là que Dieu institue formellement ce qu’on appelle le « sacerdoce » d’Aaron et de ses fils. C’est-à-dire le rôle d’Aaron et de ses descendants en tant que prêtres pour le peuple d’Israël. Un prêtre, c’est un intermédiaire entre Dieu et les hommes. Et on remarque dans le texte que c’est un travail qui implique un « rang » et une « dignité » à part (représentés par des vêtements sacrés). C’est donc une fonction très importante pour Dieu.
Dieu sait que les hommes ont besoin d’un intermédiaire qui puisse les aider à s’approcher de lui, et donc il institue un ordre (un office) qui pourra perpétuer cette fonction d’intermédiaire entre lui et le peuple, au fil du temps. Et Dieu appelle un homme à cette fonction, parce que qui mieux qu’un être humain peut représenter d’autres êtres humains ? Cette démarche de Dieu est une démarche de grâce envers son peuple. Il veut les aider à avoir une relation avec lui.
Dans la vie, des fois, on voudrait que quelqu’un fasse quelque chose à notre place, parce qu’on ne se sent pas capable de le faire nous-même. Or c’est une tâche qu’on ne peut pas déléguer à un animal ou à une machine. C’est forcément un être humain qui doit le faire. Par exemple, je pense à certains de mes enfants au MacDo qui voudraient un peu plus de ketchup avec leurs frites, mais qui n’osent pas aller demander à la personne au comptoir. Ils ont besoin d’un « prêtre » pour le faire à leur place.
Je pense à ces ados qui voudraient déclarer leur flamme à la personne dont ils sont amoureux, mais qui sont trop timides pour le faire, alors ils passent par un copain ou une copine.
Je pense à l’employé qui voudrait demander une faveur à son patron, mais qui a trop peur de lui, alors il demande à un collègue qui connaît mieux le patron de lui dire un mot de sa part.
De la même façon, le prêtre (ou le sacrificateur) dans la Bible, c’est quelqu’un qui nous représente… auprès de Dieu. Et Dieu décide, dans ce texte, de donner quelqu’un comme ça à son peuple. Et parce que c’est Dieu qui prend l’initiative de donner des prêtres à son peuple (plutôt que le peuple qui se dit que ce serait une bonne idée), on voit que c’est Dieu qui veut nous aider à avoir une relation avec lui. Ce n’est pas nous qui nous donnons les moyens d’avoir une relation avec lui, mais c’est lui qui nous en donne les moyens, par les prêtres qu’il a établis, et notamment par le grand prêtre (ou le souverain sacrificateur) qui est le chef des prêtres, le seul qui, au nom du peuple, peut s’approcher de Dieu jusque dans le lieu très saint, au cœur du sanctuaire.
Aaron était le premier de ces souverains sacrificateurs dans l’histoire. Mais le Nouveau Testament nous dit que quelqu’un a été un souverain sacrificateur meilleur que tous les autres, c’est Jésus-Christ.
L’auteur de l’épître aux Hébreux dit qu’il nous a été donné comme « grand » (méga) souverain sacrificateur (Hé 4.14). Jésus est l’intermédiaire parfait, bien meilleur que tous les autres. Pourquoi ? Parce qu’il est un homme comme nous, mais aussi Dieu. Par conséquent, il nous comprend parfaitement, et il comprend parfaitement Dieu. Il peut parfaitement communiquer à Dieu nos souffrances, nos faiblesses et nos besoins.
Et donc c’est le premier point, ici : Dieu veut nous aider à avoir une relation avec lui, et pour cela, il nous a donné comme « méga-souverain-sacrificateur » Jésus, Dieu fait homme. Dieu nous a donné Jésus pour nous permettre de sortir de notre solitude en connaissant Dieu.
La deuxième chose qu’on voit dans ce passage, c’est que Dieu veut nous montrer qu’il pense à nous.
Dieu commence à décrire les vêtements sacrés que devront porter les prêtres, et il s’attache surtout aux vêtements d’Aaron, le souverain sacrificateur. Et dans un premier temps, il y a deux objets qui retiennent l’attention : l’éphod et le pectoral. L’éphod est un genre de tablier magnifique porté par-dessus la tunique, et le pectoral est une pièce supplémentaire de tissu (25 x 25 cm) garnie de pierres précieuses, qui vient s’attacher par-dessus l’éphod, sur le devant. (Le pectoral contient aussi deux objets mystérieux appelés « l’ourim » et « le toummim », qui servaient à consulter Dieu et à obtenir son avis, ou son jugement, sur certaines situations exceptionnelles.)
L’éphod et le pectoral sont des éléments manifestement très importants, mais ce qu’il faut surtout remarquer, c’est leur fonction. Par les pierres précieuses serties dans les épaulettes de l’éphod et dans le pectoral, et qui portent les noms des tribus d’Israël, Dieu dit que le souverain sacrificateur va porter « sur ses épaules » et « sur son cœur » les noms d’Israël « comme souvenir devant l’Éternel ».
Je me répète, mais ce ne sont pas les Israélites qui se sont dit qu’il fallait trouver un moyen pour que Dieu pense à eux. C’est Dieu qui invente l’éphod et le pectoral. Mais Dieu ne met pas non plus en place ces choses parce qu’il aurait peur d’oublier Israël ! Dieu n’a pas besoin de l’éphod et du pectoral (ni des prêtres). Dieu donne ces choses à son peuple pour montrer à son peuple que Dieu pense à lui en permanence.
Si vous deviez rendre visite à ma mère, vous verriez chez elle une horloge accrochée au mur, et à l’emplacement des douze heures, il y a la place pour douze photos. Ma mère a commencé à mettre des photos individuelles de ses petits-enfants dans ces douze emplacements. Ma mère n’est pas Dieu, donc peut-être qu’elle a besoin de ces photos pour se souvenir de ses petits-enfants, mais j’en doute ! Ce qui est surtout touchant, c’est pour nos enfants de voir leur photo individuelle, dans son emplacement réservé, chez leur grand-mère. Ils se disent que leur grand-mère pense à eux.
Et ce n’est pas une photo de groupe, où il y a tout le monde, comme si ma mère ne pensait à ses petits-enfants que de manière générale (un groupe d’enfants mignons mais bruyants). Et c’est pareil avec le pectoral : chaque tribu d’Israël a sa pierre précieuse différente des autres, et son emplacement. Ce que Dieu montre à son peuple c’est qu’il pense à lui, mais pas de manière seulement générale. Il pense à lui de manière personnelle, individualisée ; il connaît les noms des fils d’Israël. Les croyants ne se fondent pas dans la masse ; Dieu veut leur faire comprendre qu’il les connaît tous distinctement selon leur tribu.
Et c’est aussi ce genre d’attention que Dieu porte aux croyants aujourd’hui, à plus forte raison parce que nous avons un « méga-souverain-sacrificateur » en la personne de Jésus. Parce que ce qu’Aaron et ses descendants faisaient, Jésus le fait parfaitement. En tant que grand souverain sacrificateur, Jésus porte l’éphod et le pectoral, en quelque sorte, auprès de Dieu au ciel. Et si nous sommes croyants, il y a notre nom inscrit dans le ciel, à son emplacement réservé (Lc 10.20 ; Hé 12.23). Dieu a une photo de toi sur son bureau !
Jésus exerce cette fonction en ce moment-même : il porte notre nom sur ses épaules et sur son cœur, comme souvenir devant l’Éternel, et non pas seulement dans le lieu très saint (une fois par an), mais en permanence auprès du trône céleste de Dieu.
Si nous sommes croyants, rien ne peut nous séparer de l’attention constante et bienveillante de Dieu. Dieu peut vous porter une attention personnelle que personne d’autre ne pourra jamais vous porter, puisque l’attention des humains est soumise à toutes sortes de contraintes, mais pas celle de Dieu. Et on en sait quelque chose en tant que parents d’une famille nombreuse, nous qui mélangeons même les noms de nos propres enfants !
La troisième et dernière chose qu’on voit dans ce texte, c’est que Dieu veut nous encourager à nous approcher de lui.
Il y a un troisième élément important dans la tenue vestimentaire du souverain sacrificateur, c’est le turban (v. 36-38). Ce qui caractérise ce turban, c’est la « lame d’or pur » attachée au turban, où il est écrit : « Sainteté à l’Éternel ». Le texte dit que cet écriteau en or servira à montrer aux Israélites que les imperfections qui pourraient entacher leurs offrandes sont portées par le souverain sacrificateur, de façon à ce que ces imperfections (involontaires) n’empêchent pas Dieu d’être favorable aux gens qui viennent lui rendre un culte.
En fait, cet écriteau sur le front d’Aaron rappelle de façon très succincte le lien d’alliance que Dieu a déjà établi avec son peuple (un peuple saint, mis à part pour Dieu), et qui est une relation déjà fondée sur la grâce de Dieu. La délivrance d’Égypte est une grâce (Ex 12 – 15). La vocation d’Israël comme peuple de Dieu est une grâce (Ex 19). La transmission des dix commandements et du livre de l’alliance est une grâce (Ex 20 – 23). La cérémonie au Mont Sinaï est une grâce (Ex 24). L’arche de l’alliance, avec son propitiatoire, représente la grâce de Dieu, ainsi que le Tabernacle, l’autel et le parvis, comme on l’a vu la dernière fois (Ex 25 – 27).
Et donc par le turban que porte le souverain sacrificateur, Dieu rappelle constamment à son peuple qu’il y a une relation qui a été établie entre eux, fondée sur la grâce de Dieu. Le souverain sacrificateur incarne perpétuellement aux yeux du peuple les promesses de cette alliance de grâce. Et Dieu prévoit cet élément visible pour encourager les Israélites à s’approcher de lui avec confiance, en s’appuyant sur ses promesses.
C’est comme si vous veniez pour la première fois à l’église Lyon Gerland. Vous avez cherché l’adresse sur internet, l’horaire du culte, et vous vous êtes rendu à cette adresse le bon jour et à la bonne heure. Mais vous n’êtes pas trop sûr de comment entrer, ni si le culte est vraiment ouvert à quelqu’un comme vous. Heureusement, il y a un panneau sur le trottoir qui vous indique l’entrée, et en plus, sur le panneau, il est marqué : « Bienvenue à tous ». Ouf ! Ce panneau est là pour vous encourager à venir, à vous approcher, à entrer. Le panneau est là, en quelque sorte, pour rassurer les gens qui hésiteraient.
Et c’est la même chose avec le turban d’Aaron. Il est là pour rassurer les gens qui veulent s’approcher de Dieu par la foi, mais qui hésitent, parce qu’ils se disent que peut-être, sans qu’ils en aient conscience, il y a quelque chose dans leur vie qui pourrait empêcher Dieu de les accueillir favorablement.
Et Dieu dit : « Si tu viens par la foi, tes péchés sont portés par le souverain sacrificateur, en vertu de mes promesses de grâce. Si tu viens par la foi, tu es saint pour moi, parce que le souverain sacrificateur présente tous les jours des sacrifices pour expier tes péchés. Moi, Dieu, j’ai voulu établir une relation avec toi, fondée sur ma grâce, et je veux que tu viennes auprès de moi, que tu répondes à mon amour par un culte plein d’assurance et de joie. Tu es le bienvenu chez moi ».
Sur le panneau de notre église, il est marqué : « Bienvenue à tous », et c’est d’autant plus vrai, qu’en tant que chrétiens, nous avons le souverain sacrificateur ultime : Jésus-Christ. Il est l’intermédiaire idéal entre Dieu et les hommes. Il porte constamment sur ses épaules et sur son cœur le nom des croyants comme souvenir devant Dieu.
Mais surtout, en tant que souverain sacrificateur, il a porté nos fautes, les fautes de tous les croyants, pour nous en délivrer. Tout ce qui pouvait nous empêcher d’être accueillis favorablement par Dieu, Jésus l’a porté avec lui sur la croix où le « méga-souverain-sacrificateur » a offert le « méga-sacrifice » ; c’est-à-dire qu’il s’est offert lui-même comme expiation pour nos péchés, se substituant à nous, comme les animaux se substituaient aux Israélites sur l’autel du Tabernacle. C’est ce que dit l’auteur de l’épître aux Hébreux :
« Le Christ est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang. C’est ainsi qu’il nous a obtenu une rédemption éternelle. » (Hé 9.12)
Et l’application pratique que l’auteur de cette épître en tire :
« Ainsi donc, frères, nous avons l’assurance d’un libre accès au sanctuaire par le sang de Jésus. […] Approchons-nous donc d’un cœur sincère, avec une foi pleine et entière, le cœur purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’une eau pure. » (Hé 10.19, 22)
Par Jésus-Christ, Dieu veut nous encourager à nous approcher de lui. L’accès est ouvert à tous ceux qui veulent venir par la foi.
Alors je suppose qu’il vous arrive, comme à moi, de vous sentir seul. Peut-être parce qu’il n’y a vraiment personne dans votre vie, ou pas grand-monde en tout cas dont vous vous sentez proche. Mais peut-être qu’il y a plein de monde dans votre vie ; peut-être que vous êtes marié, que vous avez des enfants, des petits-enfants ; n’empêche que vous souffrez de solitude. Peut-être que c’est cette solitude existentielle, dont parle Blaise Pascal dans ses Pensées (1670, n° 693), quand il dit :
« En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet, et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi, comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable et qui s’éveillerait sans connaître où il est, et sans moyen d’en sortir. »
Vous vous sentez comme ça, parfois ?
Ce texte nous a parlé de la façon dont Dieu, par Jésus-Christ, résout notre solitude existentielle.
À travers le grand souverain sacrificateur qu’est Jésus-Christ, Dieu veut nous aider à avoir une relation avec lui, le seul capable de combler le « vide intérieur » que même les psychiatres non-chrétiens peuvent identifier.
À travers Jésus-Christ, Dieu veut nous montrer qu’il pense à nous et que nous avons, si nous sommes croyants, son attention constante, personnelle et individuelle. Il nous connaît vraiment, dans toute notre faiblesse et dans toutes nos souffrances, et il nous comprend comme personne d’autre ne pourrait jamais nous comprendre.
À travers Jésus-Christ enfin, Dieu veut nous encourager à nous approcher de lui avec assurance, sans avoir peur de lui, mais au contraire en sachant qu’il nous est favorable, qu’il nous aime, qu’il nous veut près de lui, et que nous pouvons rester auprès de lui pour toujours.
C’est pour cela que je disais que toute la leçon de ce passage, finalement, c’est la suivante : en t’attachant à Jésus-Christ, tu peux savoir pour sûr que tu as personnellement l’attention et la faveur constantes de Dieu. Mon souhait et ma prière, c’est que tout le monde ici s’attache ainsi à Jésus, notre grand souverain sacrificateur.