Il nous faut un prêtre !

Par Alexandre Sarranle 19 novembre 2017

Chez les protestants évangéliques que nous sommes, on parle beaucoup d’avoir une « relation personnelle » avec Dieu. Et je suppose que la plupart d’entre vous ici aujourd’hui, vous diriez que vous avez une relation personnelle avec Dieu.

Mais je suppose qu’il y en a aussi qui diraient que leur relation avec Dieu est assez fluctuante (c’est-à-dire qu’il y a des hauts et des bas), et peut-être qu’aujourd’hui, vous êtes, justement, dans une période de doute. D’autres diraient peut-être qu’ils pensent avoir une relation personnelle avec Dieu, mais ils n’en sont pas sûrs. D’autres encore diraient qu’ils aimeraient avoir une relation personnelle avec Dieu, mais ils ne voient pas comment c’est possible. D’autres enfin diraient qu’ils ont une relation personnelle avec Dieu, bien sûr, puisque c’est ce qu’on dit quand on est chrétien, mais en réalité, au fond, ils n’en font pas du tout l’expérience (mais c’est gênant de le reconnaître).

Et puis il est possible, bien sûr, que vous soyez là aujourd’hui en tant qu’observateur ; vous n’êtes pas croyant, et vous ne vous êtes jamais posé la question (en tout cas jusqu’à aujourd’hui) de savoir si vous vouliez, ou pouviez, avoir une relation personnelle avec Dieu (si toutefois il y a un Dieu).

Quoi qu’il en soit, le message du texte qu’on va lire dans un instant est le même pour tout le monde. Dieu veut qu’on ait une relation personnelle, solide, avec lui ; mais pour ça, il nous faut un prêtre ! Si, si, vous m’avez bien entendu. On a besoin d’un prêtre pour avoir une relation personnelle, durable, solide avec Dieu. Et si ma relation personnelle avec Dieu n’est pas au beau fixe aujourd’hui, c’est peut-être parce que je ne comprends pas bien la fonction indispensable du prêtre que Dieu m’a donné, en la personne de… Jésus-Christ.

Le texte qu’on va lire, c’est la suite du livre de l’Exode, où Dieu est en train d’expliquer à Moïse qu’il veut être présent au milieu de son peuple, et qu’il veut avoir une relation vivante avec son peuple, et que ces choses vont être représentées par un sanctuaire (une sorte de temple, appelé le Tabernacle) et par des prêtres qui vont y faire des choses. Mais on a déjà vu que ces instructions pointaient en avant dans l’histoire vers la personne et l’œuvre de Jésus, qui lui, dans le Nouveau Testament, va accomplir parfaitement et définitivement ce qui était représenté de façon partielle, symbolique et temporaire par le temple, les prêtres et les sacrifices de l’Ancien Testament.

Et donc en lisant ces instructions qui concernent les prêtres et le service des prêtres, on doit se rappeler que ce texte nous parle, en fait, de Jésus-Christ et de son rôle dans notre vie.

Le prêtre, un spécialiste (29.1-37)

On a tous besoin d’un prêtre, premièrement, parce qu’un prêtre, c’est quelqu’un qui fait quelque chose qu’on ne peut pas faire soi-même.

Je suis sûr que vous avez tous été très attentifs à la lecture, et vous vous êtes dit : « Waouh, ça a l’air important comme métier, prêtre ! ». Toute cette procédure à suivre avant d’entrer dans sa fonction ! Se laver, mettre une tenue particulière (un genre d’uniforme), offrir des sacrifices (de trois sortes différentes), accomplir des rites d’investiture pendant sept jours… On dirait un métier à risque, technique, très spécialisé, qui exige d’être hautement qualifié et préparé.

Moi, en étudiant ce passage, j’ai pensé… aux astronautes. Vous savez, quand le moment vient d’embarquer dans la navette spatiale, les astronautes sont mis à part, ils sont soigneusement lavés, on leur met leur combinaison, on s’assure que tout est bien en place, tout bien branché, il y a vraiment une procédure très technique à suivre. Pourquoi ? Parce que leur métier est très spécialisé, il est dangereux même. Ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça !

Ou alors, pensez aux chirurgiens. Eux aussi exercent un métier de spécialistes, un métier risqué. Avant d’entrer dans la salle d’opération, ils doivent se laver soigneusement, revêtir une tenue particulière, pratiquer quelques aspersions rituelles (de produit antiseptique)… Pourquoi ? Parce que leur mission est très technique et risquée. On ne s’improvise pas chirurgien.

Et on est content qu’il y ait des gens comme ça, qui peuvent aller sur la lune pour nous, ou qui peuvent soigner l’appendicite de nos enfants pour nous. Nous, on n’en n’est pas capable. Moi, il y a beaucoup de choses dans la vie que je ne sais pas faire, et je suis content quand quelqu’un peut les faire pour moi.

Il n’y a pas très longtemps, ma voiture avait des problèmes de batterie. Heureusement, Gilles s’y connait pas mal en mécanique, et il a remplacé la batterie pour moi. Je m’en souviendrai toujours : il a jeté un œil aux écrous qui tenaient les cosses de la batterie et il a dit à Yvette : « Tu peux me chercher une clé de 13 ? ». Moi il aurait fallu que j’essaie toutes mes clés avant de savoir que c’était une clé de 13 qu’il fallait !

Eh bien on est content qu’il y ait des gens qui sont capables de faire ce qu’on est incapable de faire soi-même. Et ce que notre texte nous montre dans un premier temps, c’est qu’on a besoin d’un spécialiste (d’un professionnel, en quelque sorte) pour nous faire approcher de Dieu. S’approcher de Dieu, c’est tellement difficile, tellement exigeant, tellement risqué, tellement dangereux, qu’il nous faut quelqu’un de hautement qualifié et préparé. Il nous faut un prêtre !

Et c’est déjà un point très important pour nous. Parce qu’à force de parler d’avoir « une relation personnelle avec Dieu », on peut s’imaginer que c’est une chose facile et légère, que de s’approcher de Dieu. On peut banaliser le concept. Et cette idée de « connaître Dieu » peut devenir le prétexte d’une spiritualité très vague et subjective.

Or, il ne suffit pas d’être sincère et rempli de bonne volonté pour soigner une appendicite. S’approcher de Dieu, et le connaître, d’après la Bible, c’est tellement compliqué et « technique » et dangereux, qu’il nous faut quelqu’un qui le fasse pour nous. C’est le rôle du prêtre. Et c’est ce que Jésus a fait pour nous en tant que prêtre par excellence. Autrement dit, il est impossible d’avoir une vraie relation personnelle avec Dieu sans passer par Jésus. On va y revenir.

Le prêtre, un représentant de Dieu (29.38-46)

Deuxièmement, on a tous besoin d’un prêtre, parce qu’un prêtre, c’est quelqu’un que Dieu nous donne pour nous assurer qu’il nous aime.

Le texte nous parle maintenant de ce que les prêtres doivent faire tous les jours. Et d’abord, ils doivent offrir un agneau en sacrifice consumé par le feu (en holocauste) tous les matins, et un autre tous les soirs. Et avec ça, du pain (ou plutôt de la pâte à pizza !) et du vin. Le texte nous fait comprendre que ce sacrifice perpétuel doit servir à rappeler constamment aux Israélites que Dieu est présent au milieu d’eux, et qu’il y a une relation qui a été établie entre eux et Dieu, une relation fondée sur la grâce de Dieu (qui les a délivrés d’Égypte, cf. v. 42-46).

Les prêtres travaillent donc tous les jours pour annoncer au peuple la faveur de Dieu. Et ils le font en leur envoyant des signaux de fumée ! Tous les matins, les Israélites se lèvent et ils voient la fumée qui monte depuis le Tabernacle, et ils en sentent l’odeur, et ils savent que les prêtres sont en train de travailler de la part de Dieu pour leur rappeler sa grâce.

Les prêtres sont un peu comme des community managers, vous savez, ces gens dont la mission est d’animer chaque jour les comptes réseaux sociaux d’une entreprise. Le but est de montrer aux gens que l’entreprise est vivante et active. De rendre l’entreprise présente à l’esprit du public. C’est une stratégie publicitaire et commerciale, bien sûr ! Mais Dieu fait un peu la même chose par l’intermédiaire des prêtres, ici.

Les prêtres sont constamment en train de faire le lien entre Dieu et le peuple. Les Israélites « laïcs » peuvent se lever le matin et partir au travail, et s’occuper de leurs affaires et de leur famille, tout en sachant que Dieu est avec eux, parce que les prêtres sont en train de travailler. Et ils le savent parce qu’ils voient la fumée, et ils la sentent nuit et jour. C’est la fumée d’un sacrifice, c’est-à-dire d’un animal (d’un agneau en l’occurrence) qui brûle sur l’autel, sous l’effet de la sainteté et de la justice de Dieu, à la place des croyants. Ces sacrifices servent d’expiation et de propitiation (cf. Lv 1.4), c’est-à-dire qu’ils paient pour la faute des croyants et qu’ils rendent Dieu propice (favorable) aux croyants.

Et ça, ça se passe tous les jours, matin et soir. Les prêtres sont des spécialistes hautement qualifiés pour s’approcher de Dieu pour nous ; et ce qu’ils font perpétuellement, c’est qu’ils nous tiennent la porte ouverte.

Et ça aussi, c’est un point important pour nous. Parce que : où est-ce qu’on doit regarder, si on n’est pas sûr d’avoir une relation personnelle avec lui ? Si on doute de sa faveur ? Si on cherche l’assurance d’être en bons termes avec lui ? Bien souvent, on cherche en soi-même la réponse. On fouille en soi-même à la recherche du sentiment d’être aimé de Dieu, du sentiment de sa présence, et du sentiment de notre salut. Mais c’est peine perdue ! En réalité, on doit regarder à l’extérieur de soi-même. On doit regarder la fumée qui monte du Tabernacle. On doit regarder notre prêtre, le prêtre par excellence, Jésus-Christ, et considérer son œuvre et nous appuyer sur lui, qui « nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous en offrande et en sacrifice comme un parfum de bonne odeur » (Ép 5.2).

Le remède à nos doutes, ce n’est pas l’introspection, mais la contemplation renouvelée de l’Évangile. On a tous besoin d’un prêtre, parce qu’un prêtre, c’est quelqu’un que Dieu nous donne pour nous assurer qu’il nous aime. Et ce prêtre, c’est Jésus. Notre relation à Dieu passe par lui, c’est lui qui nous tient la porte ouverte, et c’est en le contemplant, lui, qu’on peut trouver quotidiennement l’assurance de son salut.

Le prêtre, un représentant du peuple (30.1-10)

Troisièmement et dernièrement, on a tous besoin d’un prêtre, parce qu’un prêtre, c’est quelqu’un qui parle à Dieu pour nous.

Le texte vient de décrire les deux sacrifices quotidiens qui devaient être brûlés matin et soir, et maintenant, le texte parle de parfum qui doit aussi être brûlé matin et soir, mais pas au même endroit. Cette fois sur un autre autel, plus petit, situé juste devant le voile qui marque l’entrée dans le lieu très saint. Ce parfum qui brûle, et dont la fumée pénètre derrière le voile, symbolise les prières du peuple, que les prêtres « relaient » et font monter vers Dieu. Le roi David dit :

« Que ma prière monte devant ta face comme l’encens, et l’élévation de mes mains comme l’offrande du soir ! » (Ps 141.2)

Et dans le livre de l’Apocalypse, il est question de gens qui se prosternent devant Dieu en tenant « des coupes d’or remplies de parfum, qui sont les prières des saints » (Ap 5.8).

Ce qui est très intéressant dans le texte qui nous intéresse, c’est qu’il est encore question de signaux de fumée ! On l’a dit : la fumée des holocaustes, qui monte depuis le parvis, parle constamment au peuple de la présence de Dieu et de sa faveur. C’est une fumée qui parle de Dieu au peuple. Mais la fumée de l’autel des parfums, qui pénètre dans le lieu très saint, parle constamment du peuple à Dieu ! Ce parfum offert matin et soir symbolise l’intercession des prêtres, c’est-à-dire le fait que les prêtres (ici, le grand prêtre) représentent le peuple auprès de Dieu. Les prêtres ont donc un rôle extrêmement important, puisqu’ils défendent constamment auprès de Dieu les intérêts du peuple.

Et on sait combien il est important d’avoir quelqu’un qui défende nos intérêts, qui appuie nos demandes et qui nous soutienne dans nos démarches. Quand on postule pour un poste dans une entreprise, par exemple, c’est super de pouvoir présenter, avec sa candidature, une lettre de recommandation rédigée par quelqu’un de célèbre, dont la crédibilité est incontestable. Et même parfois, dans les démarches administratives, on a besoin d’une signature ou d’un tampon officiel pour valider une demande.

Cette semaine, par exemple, on a demandé le renouvellement du passeport américain d’un de nos enfants, et après avoir rempli tous les formulaires, répondu à toutes les questions, présenté toutes les pièces, juré avec la main levée que tout était conforme, on a obtenu d’un agent consulaire sa signature et son tampon sur le dossier. Maintenant, on sait que ce dossier va remonter vers l’administration américaine avec le soutien et l’approbation d’une autorité officielle et reconnue, ce qui est déterminant pour l’aboutissement positif (l’exaucement) de notre demande.

Et dans le texte, les prêtres sont établis par Dieu avec cette fonction d’agents consulaires, en quelque sorte ! Ils représentent Dieu au peuple, et ils représentent le peuple à Dieu. Ils sont le maillon perpétuel et indispensable entre les deux. Ils font remonter les intérêts du peuple vers l’administration céleste. Et c’est aussi cette fonction que Jésus est venu accomplir de manière parfaite et définitive. Dans le Nouveau Testament, il est dit :

« Le Christ-Jésus est celui qui est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » (Rm 8.34)

En tant que prêtre, Jésus parle à Dieu pour nous. Et il est une autorité célèbre, officielle, reconnue par Dieu, dont la crédibilité est incontestable, puisqu’il est le Fils-même de Dieu ! Il défend nos intérêts, si nous sommes croyants, il plaide en notre faveur, et il relaie nos prières à Dieu. C’est la raison pour laquelle Jésus dit, par exemple :

« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le [donnera]. » (Jn 15.16)

Si on veut s’approcher de Dieu, si on veut avoir une relation personnelle avec lui, si on veut être entendu et accueilli favorablement par lui, c’est par Jésus que ça se passe ! C’est sur lui qu’on doit s’appuyer. C’est pourquoi, quand on prie, on dit souvent, à la fin : « Au nom de Jésus, amen ». Ce n’est pas une formule magique. C’est juste un rappel que Jésus est le prêtre que Dieu nous a donné, et que nos prières montent vers Dieu par lui.

Pour conclure. Comment récapituler ce qu’on a vu dans ce texte ? Dieu veut qu’on ait une relation personnelle, solide, durable, avec lui ; mais pour ça, il nous faut un prêtre !

Ce prêtre nous est décrit dans le texte qu’on a lu. La fonction de ce prêtre a été remplie de façon partielle et temporaire par Aaron et par ses fils après lui. Mais elle a été remplie de manière parfaite et définitive par Jésus-Christ. C’est lui, celui qui a fait quelque chose qu’on ne pouvait pas faire nous-mêmes ; c’est lui, celui que Dieu nous a donné pour nous assurer qu’il nous aimait ; et c’est lui, celui qui aujourd’hui, et tous les jours, parle à Dieu pour nous.

On a tous besoin d’un prêtre, mais pas d’un prêtre au sens où l’entendent nos amis catholiques romains. On a tous besoin du prêtre. On a tous besoin de Jésus, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tm 2.5). Oui, on peut avoir « une relation personnelle avec Dieu ». Oui, on a raison de parler beaucoup, en tant que chrétiens, d’avoir une relation personnelle avec Dieu ! Mais cette relation n’est possible que par Jésus.

C’est donc vers Jésus qu’on doit se tourner si on traverse le doute, en considérant de nouveau ce qu’il a fait, et ce qu’il fait maintenant, pour nous. C’est sur lui qu’on doit s’appuyer pour être assuré de la faveur de Dieu. C’est en méditant sur sa personne et sur son œuvre, en étudiant sa Parole pour apprendre à le connaître, qu’on peut être renouvelé intérieurement et faire l’expérience, jusque dans nos émotions, d’une relation personnelle et vivante avec Dieu.

En parlant des prêtres à l’époque des Israélites, l’auteur de l’épître aux Hébreux résume la situation, en disant ceci :

« Ces sacrificateurs [ou prêtres] ont existé en grand nombre, parce que la mort les empêchait d’être permanents ; mais lui, Jésus, parce qu’il demeure éternellement, possède le sacerdoce non transmissible. C’est pour cela aussi qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. C’est bien un tel souverain sacrificateur qui nous convenait : saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, qui n’a pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, et ensuite pour ceux du peuple. Cela, il l’a fait une fois pour toutes, en s’offrant lui-même. » (Hé 7.23-27)

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