Le mariage théocentrique

Par Alexandre Sarranle 21 juin 2015

Levez la main si de toute votre vie, vous n’avez jamais éprouvé d’attirance amoureuse pour qui que ce soit. Je pense que l’écrasante majorité d’entre nous, nous avons conscience que la question des relations conjugales (des relations dites « romantiques » entre deux personnes) occupe une place importante dans la vie d’un être humain.

Déjà à l’école primaire, les enfants se taquinent mutu-ellement (et bêtement) pour savoir qui est amoureux de qui. Les ados éprouvent des sentiments pour tel ou tel camarade de classe avec qui ils aimeraient « sortir », comme on dit. La puberté n’aidant pas, le sentiment amoureux se mêle bientôt à de l’attirance physique. Les jeunes adultes, pour beaucoup d’entre eux, passent beaucoup de temps à se demander, et à chercher, qui sera leur âme-sœur, c’est-à-dire la personne avec qui ils vont s’installer en couple pour le long terme. Pour les chrétiens, il s’agit de savoir avec qui on va se marier et fonder une famille. Et honnêtement, la plupart des célibataires reconnaîtraient que cette question les habite, voire même, pour certains, les obsède.

Mais même une fois marié, la question des relations conjugales continue d’occuper une place importante dans notre vie. Maintenant, je vis avec cette autre personne ; elle est incontournable, je dois tenir compte d’elle dans pratiquement tout ce que je fais. Et donc quand on parle de relations conjugales, qu’on soit célibataire, en couple, fiancé ou marié, qu’on soit croyant ou non-croyant, presque tout le monde se sent intimement concerné. Tout simplement parce que c’est une question qui occupe une place importante dans la vie d’un être humain.

Mais ce que le texte d’aujourd’hui va nous inciter à examiner en particulier, c’est pourquoi cette question est importante pour nous. Qu’est-ce qu’elle soulève comme enjeux dans notre vie, cette question des relations conjugales ? Si vous êtes célibataire (parce que vous n’avez jamais été marié, ou parce que vous êtes veuf ou divorcé), il y a peut-être au cœur de cette question un sentiment de solitude, ou un besoin d’affection, ou une impression d’incomplétude, ou des désirs physiques brûlants, ou un projet de vie particulier. Si vous êtes en couple ou marié, il y a peut-être au cœur de cette question des frustrations quotidiennes, ou des blessures, ou un sentiment pesant de responsabilité, ou peut-être, plus positivement, une grande fierté et de grandes ambitions.

Mais vous allez voir que bien souvent, ce qui est au centre de la question des relations conjugales, dans notre esprit, ce n’est pas ce qui devrait y être. Le texte qu’on va lire veut corriger notre perception des relations conjugales, et sans doute aussi nos attentes vis-à-vis des relations conjugales, en nous adressant un message simple, c’est le suivant : les relations conjugales selon Dieu c’est tellement exigeant que ce qui devrait principalement nous motiver à vivre en couple, c’est Dieu lui-même. Et le texte va nous expliquer cela en attirant notre attention successivement sur trois choses : d’abord sur l’égo-centrisme des Pharisiens, puis sur l’égocentrisme des disciples de Jésus, et enfin non pas sur l’égocentrisme mais sur le théocentrisme de Jésus.

L’égocentrisme des Pharisiens (v. 1-8)

Premièrement, le texte souligne l’égocentrisme des Pharisiens, pour nous montrer la tentation qui existe, au niveau des relations conjugales, de corrompre le plan de Dieu dans le but d’assouvir nos propres désirs. Au début de ce passage, il y a Jésus qui poursuit efficacement son ministère en faisant du bien à des foules (v. 1-2), et c’est dans ce contexte que les Pharisiens, les spécialistes religieux de l’époque, abordent Jésus pour « l’éprouver », c’est-à-dire pour le piéger, pour essayer de saboter son ministère (v. 3).

Le texte révèle, dès le départ, la disposition mauvaise du cœur des Pharisiens. Ils posent une question qui concerne le plan de Dieu pour les relations conjugales, mais est-ce qu’ils sont vraiment intéressés par le plan de Dieu ? Ils sont bien plutôt préoccupés de savoir comment ils pourraient décrédibiliser Jésus. Mais Jésus répond quand même à la question ; seulement il fait de manière à retourner le piège contre les Pharisiens. Les Pharisiens demandent donc s’il est permis de divorcer ; Jésus répond non, car le plan de Dieu est manifeste dans la façon dont il a créé, au commencement, un homme et une femme pour qu’ils s’attachent l’un à l’autre et deviennent ainsi « une seule chair » indivisible. Il ne faut pas divorcer, car il ne faut pas séparer ce que Dieu a voulu unir. Voilà le plan de Dieu.

Mais les Pharisiens soulèvent une objection (qu’ils ont bien préparée) : à un autre endroit de la loi de Moïse, il est dit qu’un homme qui divorce doit le faire par le moyen d’un document officiel, c’est donc permis, non ? Mais Jésus leur donne ensuite une leçon d’herméneutique (d’interprétation de la Bible) en leur disant, en gros, qu’il faut tenir compte de l’intention de l’auteur et du contexte. Et c’est là que le piège des Pharisiens se retourne contre eux. Ils ont pris « un texte hors contexte pour prétexte », et Jésus leur dit, en gros : « Tiens, c’est intéressant que vous citiez ce verset. Justement, Moïse a écrit ce passage à cause de la dureté de votre cœur (littéralement : votre sclérocardie). La loi de Moïse n’autorise pas le divorce, mais plutôt, puisque vous allez divorcer à cause de votre cœur dur et incrédule et égocentrique, Moïse a prévu un moyen pour limiter au maximum les dégâts, surtout pour la personne victime de répudiation ».

Vous voyez l’ironie ? Les Pharisiens cherchaient à accuser Jésus et ce sont eux qui se retrouvent accusés par la Parole de Dieu ! Mais ce que le texte pointe en particulier, ici, c’est la façon dont une certaine tradition religieuse a été capable de détourner la loi de Dieu et de l’utiliser comme prétexte pour vivre dans l’immoralité. Les gens qui étaient insatisfaits dans leur mariage, qui recherchaient leur intérêt propre, qui s’intéressaient peut-être à quelqu’un d’autre, qui étaient frustrés dans leurs passions, ces gens-là voulaient divorcer, et donc ils ont fini par corrompre le plan de Dieu dans le but d’assouvir leurs désirs. Et le texte veut nous montrer que cette tentation existe dans notre vie aussi aujourd’hui.

C’est vraiment frappant, la façon dont nos désirs personnels brouillent notre vision du monde ; et même quand on est chrétien, nos désirs nous font facilement perdre notre lucidité sur le plan de Dieu qui est pourtant, bien souvent, assez clairement expliqué dans la Bible.

C’est un peu comme les gens qui pensent que puisqu’il est interdit d’utiliser son portable au volant, ils peuvent s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence pour le faire. Logique, non ? Répondre au téléphone, c’est justement une urgence ! Mais ne savent-ils pas que les constructeurs d’autoroute, au commencement, ont créé des aires de repos pour qu’on s’y arrête ? « Que l’homme ne gare donc pas sur l’autoroute ce qui est censé y circuler ! » Pourquoi donc, me direz-vous, existe-t-il des bandes d’arrêt d’urgence ? C’est à cause des pannes et des accidents que le code de la route vous permet d’immobiliser votre voiture sur la bande d’arrêt d’urgence. Normalement, il n’en est pas ainsi, et si vous vous arrêtez sur la bande d’arrêt d’urgence pour répondre au téléphone, vous encourez une perte de 3 points sur votre permis de conduire, et une amende de 135 EUR. Pire : on dit que l’espérance de vie sur la bande d’arrêt d’urgence est de 20 minutes !

Vous voyez : nos désirs propres brouillent notre vision du monde, et quand on est chrétien, nos désirs brouillent notre vision de ce qui est juste. Quand nos désirs commandent, ils nous incitent à trouver des prétextes pour justifier la satisfaction de nos passions. Il existe donc cette tentation, en matière de relations conjugales, de corrompre le plan de Dieu dans le but d’assouvir nos propres désirs. C’est cet égocentrisme que le texte souligne chez les Pharisiens, et dans cette tradition religieuse qui autorisait le divorce pour n’importe quel motif.

Et est-ce que j’ai besoin de vous convaincre qu’aujourd’hui, si le mariage en tant qu’institution civile est de plus en plus attaqué et affaibli, c’est parce que nous le soumettons à l’assouvissement de nos désirs ? On peut divorcer de plus en plus facilement, l’adultère est de plus en plus excusé voire même encouragé, de plus en plus de personnes renoncent au mariage et s’installent en concubinage, plus récemment le mariage a été ouvert aux couples de même sexe, la consommation de pornographie est banalisée (une atteinte grave à l’intimité du mariage), et parmi les jeunes, les relations de court terme se généralisent.

Et si on regarde les églises chrétiennes pour se rassurer, eh bien… de plus en plus d’églises ferment les yeux sur des divorces illégitimes, sur le concubinage, sur la sexualité des jeunes hors mariage, et certaines églises vont même jusqu’à bénir des couples mariés de même sexe.

Et franchement, le texte nous met en garde contre cette tentation de centrer notre perception des relations conjugales sur nos propres désirs, car cela peut nous conduire à corrompre le plan de Dieu pour les relations conjugales. Alors il y en a parmi vous qui êtes peut-être en train de vous dire : « Ouh là là, c’est quoi ce vieux discours réac ? Encore un puritain obscurantiste, moi qui croyais que les protestants étaient un peu plus ouverts sur la question des relations conjugales… » Eh bien rassurez-vous, dans le texte, il n’y a pas que les gens « modernes », « ouverts » et « progressistes » qui sont critiqués ; même les disciples de Jésus en prennent pour leur grade.

L’égocentrisme des disciples (v. 9-10)

En effet, deuxièmement, le texte souligne cette fois l’égocentrisme des disciples de Jésus, pour nous montrer que le plan de Dieu pour les relations conjugales (même quand il est respecté scrupuleusement dans sa forme) n’existe pas premièrement pour la satisfaction de nos personnes. Au verset 9, Jésus établit une règle précise (déjà évoquée au ch. 5) : pour faire simple, le divorce n’est jamais permis, sauf en cas d’infidélité sexuelle, là où la division du couple est, pour ainsi dire, déjà consommée. Jésus ne dit pas que le divorce est obligatoire ou conseillé dans ce cas ; il dit seulement que dans ce cas, le divorce est permis. Il y a une bande d’arrêt d’urgence, mais ce n’est pas parce que le constructeur de l’autoroute a prévu cette bande d’arrêt d’urgence qu’il veut que les gens tombent en panne au point d’être obligés de l’utiliser !

Mais ce qui est frappant dans le texte, c’est évidemment la réaction des disciples. Ils estiment que puisque c’est comme ça, il vaut mieux ne pas se marier. En fait, ce qu’ils disent, c’est que celui qui se marie n’a pas d’avantage à en tirer. Finalement, si je vis en couple selon le plan de Dieu pour les relations conjugales, le profit que je vais en tirer n’en vaudra pas la peine. Le jeu n’en vaut pas la chandelle ! Le texte pointe cette fois l’égocentrisme des disciples.

Et on est censé être surpris et choqué par cet égocentrisme qui ne vient pas des Pharisiens (des méchants), mais qui vient cette fois des croyants (des gentils). Comme l’exprime Calvin en commentant ce passage :

« Les disciples ébahis de la réponse de Christ répliquent qu’il vaut donc mieux se passer de femmes, que de se mettre sous un tel joug. Mais pourquoi ne regardent-ils aussi bien de l’autre part, combien est dure la soumission que les femmes ont à supporter ? C’est étant imbus d’eux-mêmes et de leur avantage particulier, que leurs pensées charnelles ne se préoccupent que de leur aise, sans se soucier des autres. » (Calvin)

Le problème des disciples, c’est qu’ils reconnaissent quel est le plan de Dieu pour les relations conjugales (en tout cas dans sa forme), mais ils ne reconnaissent pas quel en est le but. Ils pensent que le mariage existe pour la satisfaction de leurs personnes. Et forcément, en voyant combien le mariage est exigeant, ils se disent que c’est cher payé pour l’avantage qu’ils peuvent en retirer.

C’est un peu comme si vous étiez au chômage, et que vous refusiez les propositions d’emploi qu’on vous fait, même si elles sont plutôt bien payées, sous prétexte que vous ne pensez pas pouvoir vous épanouir dans cette branche. Les disciples, ici, se disent : « Ben dis-donc, le mariage, c’est pas ce que je croyais, finalement. Si c’est ça le plan de Dieu pour les relations conjugales, moi je ne pense pas que je puisse vraiment m’épanouir dans ce contexte ».

Les disciples nous font sourire ici. Mais je voudrais surtout vous faire remarquer que leur affirmation… est parfaitement juste. Non, « il n’est pas avantageux de se marier » ; c’est-à-dire que les relations conjugales selon Dieu n’existent pas pour que nous puissions en tirer un profit personnel. Dans nos milieux chrétiens plutôt conservateurs, beaucoup de gens ont parfaitement conscience de ce qu’est le plan de Dieu pour les relations conjugales, au niveau de la forme : on se préserve sexuellement pour le mariage, on se marie avec quelqu’un du sexe opposé, avec quelqu’un qui partage notre foi, on se marie jusqu’à ce que la mort nous sépare, on est fidèle dans le mariage, etc. Mais le problème, c’est que beaucoup de gens ne se marient pas principalement pour les bonnes raisons.

J’avoue que dans ma propre expérience, beaucoup des raisons pour lesquelles j’ai voulu épouser Suzanne n’étaient pas principalement les bonnes. Il y avait beaucoup d’égocentrisme : moi, j’étais amoureux de Suzanne ; moi, je voulais fonder une famille ; moi, j’avais des besoins affectueux et physiques ; moi, je voulais être un leader pour mon épouse ; moi, je voulais pouvoir partager mes passions (la montagne, la musique, le ministère…) avec quelqu’un qui les comprendrait et qui me soutiendrait… Moi, moi, moi !

Le problème quand on entre dans une vie de couple avec un tel égocentrisme (et par la grâce de Dieu, personnellement, on m’y avait quand même assez bien préparé), eh bien on finit par être déçu et désabusé. Finalement… « il n’est pas avantageux de se marier ». Pourquoi ? Parce qu’en fait, les relations conjugales selon Dieu, c’est hyper contraignant. C’est hyper exigeant. C’est une immense responsabilité. C’est une loyauté irrévocable, c’est un travail perpétuel, c’est une sainte, éminente et sérieuse vocation ! Bref, c’est dur ! Et si cet égocentrisme perdure dans le mariage, il peut finalement produire la résignation (puisqu’on ne va pas divorcer), et cette résignation peut produire du cynisme, et le cynisme de l’amertume. Et beaucoup de couples chrétiens fidèles ne connaissent pas le contentement ni la joie dans leur mariage. J’ai même entendu parler de personnes chrétiennes fidèles qui espéraient secrètement le décès de leur conjoint pour pouvoir être en quelque sorte libéré du joug auquel ils étaient soumis. C’est glauque ! Mais rassurez-vous, il y a une troisième partie à ma prédication, parce que le texte ne s’arrête pas là.

Le théocentrisme de Jésus (v. 11-12)

Troisièmement et dernièrement, en effet, le texte souligne cette fois le théocentrisme de Jésus, pour nous faire comprendre que Dieu et ses actes sont censés bouleverser notre vision du monde et a fortiori notre vision des relations conjugales. Finalement, c’est simple : le remède à notre égocentrisme, c’est le théocentrisme, c’est-à-dire qu’au lieu de penser aux relations conjugales en les centrant sur nous-mêmes, nous devrions les centrer sur Dieu.

Alors dans le texte, Jésus fait comprendre à ses disciples que tout le monde n’est pas capable de « comprendre » le plan de Dieu pour les relations conjugales. « Comprendre », ici, veut dire « recevoir » et « accepter » (ou accueillir). Ce que Jésus sous-entend, c’est que seuls les gens que Dieu a rendus capables de recevoir cette parole vont vraiment la recevoir, et vont par conséquent réagir différemment des disciples (c’est-à-dire qu’ils vont avoir une vision moins cynique du mariage). Jésus poursuit avec une remarque où il est question de gens qui, naturellement, ne vont pas être concernés par le plan de Dieu pour les relations conjugales. Il s’agit des « eunuques », un terme qui désigne ici tout simplement les gens qui, pour des raisons physiques, psychologiques ou socio-religieuses, ne sont pas qualifiés pour avoir des relations conjugales. Ces gens-là sont, par nécessité, célibataires et chastes.

Et Jésus dit qu’il y a des gens qui sont célibataires et chastes pour diverses raisons que tout le monde comprend bien, mais tenez-vous bien, il y a aussi des gens qui sont célibataires et chastes en raison « du royaume des cieux » ! Ça, c’est surprenant ! Là où Jésus veut en venir, c’est que la réalité du royaume des cieux (comme il l’appelle) est propre à bouleverser complètement la vie d’une personne, au point qu’elle se rende eunuque volontairement, c’est-à-dire qu’elle ne veuille pas se marier, mais cette fois pour les bonnes raisons. C’est-à-dire pour des raisons qui ne sont pas centrées sur la personne elle-même mais sur Dieu et sur son œuvre.

Et je pense que ce que Jésus sous-entend, c’est que les personnes qui, à l’inverse, vont se marier pour les bonnes raisons (ces personnes que Dieu rend capables d’accueillir de bon cœur son enseignement sur les relations conjugales), ce sont celles qui ont été elles aussi bouleversées par la réalité du royaume des cieux, et qui ne centrent donc pas la question des relations conjugales sur elles-mêmes mais sur Dieu et sur son œuvre. Pour faire simple : tu peux te marier, ou tu peux rester célibataire et chaste, à condition que ce soit principalement à cause de Dieu et de son œuvre. Comme je le disais : Dieu et ses actes sont censés bouleverser notre vision du monde et a fortiori notre vision des relations conjugales.

En 2012, un excellent livre est sorti aux éditions Farel, intitulé « Panorama de la Bible. Y voir clair de la Genèse à l’Apocalypse ». C’est la traduction d’un livre écrit par un pasteur anglican du nom de Vaughan Roberts. Un excellent livre. La même année de la sortie du livre en France, Vaughan Roberts a reconnu que si, à l’âge de 47 ans, il était encore célibataire, c’était parce qu’il éprouvait de l’attirance pour les personnes de même sexe que lui. Dans une interview accordée à un magazine chrétien, un journaliste lui demande : « Vous avez révélé qu’un des domaines dans lesquels vous luttiez personnellement, c’était l’attirance envers des personnes de même sexe. Est-ce que cela veut dire que vous vous définissez comme un homosexuel ? » Vaughan Roberts répond :

« Non. […] Nous sommes tous des pécheurs, y compris dans le domaine de la sexualité. Mais si nous nous sommes tournés vers Christ, nous sommes des nouvelles créatures, nous avons été rachetés de l’esclavage du péché par notre union à Christ dans sa mort, et nous sommes ressuscités avec lui par l’Esprit-Saint pour une vie nouvelle, une vie de sainteté, en attendant son retour et notre destinée glorieuse dans sa présence. Ce sont ces formidables réalités qui me définissent et qui m’orientent dans la vie que je dois vivre aujourd’hui. »

Je voudrais non seulement souligner le courage de Vaughan Roberts, mais surtout vous faire remarquer combien Dieu, et son œuvre par Jésus-Christ, sont propres à bouleverser la vie d’un homme, jusqu’à sa vision du monde, et même sa vision de sa sexualité. Comment pourrait-il en être autrement, lorsqu’on considère ce que Dieu a fait ? Il est venu au secours des hommes dans leurs dysfonctionnements et dans leurs péchés, par son Fils éternel Jésus-Christ, qui a pris lui-même la condition d’un homme, et qui a été tenté en tout point comme nous, et qui, par excellence, s’est « rendu eunuque pour le royaume des cieux », puisque Jésus est resté célibataire et chaste toute sa vie dans le but d’accomplir le plan de Dieu en faveur des croyants.

Pour Jésus, ce plan consistait à prendre la place des croyants sous le jugement de Dieu sur la croix, pour nous en délivrer. Il consistait à ressusciter le troisième jour pour garantir notre future résurrection et notre vie éternelle avec lui dans le paradis. Il consistait, ce plan, à déverser dans le cœur de tous les croyants le Saint-Esprit de Dieu dont le travail consisterait à nous édifier, à nous façonner, à nous rétablir dans notre dignité humaine, en attendant, comme le dit Vaughan Roberts, le jour du retour de Jésus et « notre destinée glorieuse dans sa présence ». C’est-à-dire le jour où cette œuvre de guérison et de rétablissement sera parachevée. C’est à cela que Jésus fait référence quand il évoque le royaume des cieux. C’est une expression qui résume en quelque sorte son œuvre en faveur des croyants.

J’espère que vous tous, vous avez conscience du caractère inédit, incontournable, de ce que Jésus a fait. J’espère que vous voyez combien cette réalité est propre à bouleverser la vie tout entière d’un homme, et a fortiori notre vision des relations conjugales. Et j’espère que vous avez tous dit « oui » à Dieu, et reçu sa grâce par la foi.

Et donc pour revenir plus précisément à la question des relations conjugales : quels sont les enjeux que cette question soulève dans votre vie ? Qu’est-ce qu’il y a, chez vous, au cœur de cette question ? Est-ce que ce sont des considérations qui sont centrées sur vous-mêmes, peut-être des considérations qui sont suspendues à vos désirs, aux passions de votre chair, à des craintes que vous avez, à des frustrations, ou à des projets personnels ?

On a vu dans ce texte aujourd’hui, qu’il existait, d’une part, en matière de relations conjugales, cette tentation de corrompre le plan de Dieu dans le but d’assouvir nos propres désirs. C’est l’égocentrisme des Pharisiens, qui conduit à l’immoralité. On a vu ensuite que le plan de Dieu pour les relations conjugales (même quand il était respecté scrupuleusement dans sa forme) n’existait pas premièrement pour la satisfaction de nos personnes. Ça, c’est l’égocentrisme des disciples de Jésus, qui conduit à la résignation ou au cynisme.

Mais on a surtout vu, finalement, que Dieu et ses actes étaient censés bouleverser notre vision du monde et a fortiori notre vision des relations conjugales. C’est le théocentrisme de Jésus, qui conduit à la joie et au contentement. En effet, quand ta vie est bouleversée par Dieu et son œuvre, ton envie suprême ne devient plus l’assouvissement de tes désirs, ni la satisfaction de ta personne par l’accomplissement de tes projets, ou par la consolation de ta solitude ou par ton épanouissement personnel et familial ; mais ton envie suprême, c’est de glorifier Dieu. Le glorifier dans ton couple ou dans ton célibat. Le glorifier dans les joies ou dans les peines. Le glorifier dans l’intimité sexuelle avec ton époux ou dans la chasteté. Le glorifier dans la complicité amoureuse ou dans les disputes et les conflits, ou même dans la solitude.

Et par la force du Saint-Esprit en toi, tu peux considérer les relations conjugales en toute sérénité. Si tu es célibataire, tu peux être patient, tu peux résister à la tentation sexuelle et tu peux connaître le contentement. Si tu es marié, tu peux travailler à ton couple et à ton mariage, tu peux être fidèle, tu peux apprendre à aimer davantage et à faire de ton conjoint ton trésor. Mais si les relations conjugales, dans ton esprit, ne sont pas centrées sur Dieu, tu vas au-devant de grandes difficultés. Voilà pourquoi je disais que le message de ce texte était tout simple finalement : les relations conjugales selon Dieu c’est tellement exigeant que ce qui devrait principalement nous motiver à vivre en couple, c’est Dieu lui-même.

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