Une joie complète !

Par Alexandre Sarranle 24 décembre 2017

Qu’est-ce que c’est, dans la vie, qui vous procure de la joie ? Je suis sûr que plusieurs d’entre nous, ce soir ou demain, nous allons ouvrir des cadeaux, et on va ressentir de la joie. Une figurine de la Reine des Neiges ! Une voiture télécommandée ! L’intégrale des commentaires de Jean Calvin ! Beaucoup de choses ou d’événements peuvent nous procurer de la joie. Mais qu’est-ce qu’il faudrait pour que notre joie soit… complète ? Quel cadeau nous faudrait-il, pour qu’en l’ouvrant, on se dise : « Ça y est, il ne me manque plus rien dans la vie. Je ne pourrais pas être plus content. Ma joie est… complète ! » ?

Eh bien l’apôtre Jean, dans le texte qu’on a lu, nous dit ce qui, d’après lui, a le potentiel de combler notre joie. C’est le fait de connaître Dieu. Pas juste de savoir des choses sur lui (comme le fait de connaître ses tables de multiplication), mais d’être en « communion » avec lui, c’est-à-dire d’être connecté à lui par un lien indestructible (semblable à un lien de famille). C’est aussi ce que l’apôtre Jean appelle avoir « la vie », la vraie (ce qui était le slogan d’une grande chaîne de supermarchés). Pour un humain, avoir cette relation avec Dieu, c’est avoir la vie au sens fort, au sens complet, au sens optimal ; c’est ce que l’apôtre Jean appelle « la vie éternelle » (v. 2) ou la vie « en abondance » (Jn 10.10).

Cette communion avec Dieu, donc, cette vie qui est la vraie vie d’un humain, voilà ce qu’il nous faut pour qu’on puisse dire : « Je n’ai besoin de rien de plus. Ma joie est complète ! ». Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on est fait pour ça. Vous connaissez peut-être l’histoire de ce vieux bûcheron qui décide de remplacer sa vieille scie manuelle par une tronçonneuse dernier cri. Or le lendemain de son achat, il rapporte la tronçonneuse au magasin en leur expliquant que, vraiment, il lui a fallu une journée entière pour couper un sapin, c’est pas normal ! Il allait plus vite avec son ancienne scie. Alors on lui remplace la machine, mais le surlendemain, le revoilà, c’est toujours pas mieux : encore une journée entière pour couper un seul sapin ! Très frustrant ! Jusqu’à ce qu’on lui explique, à sa grande stupeur, qu’il y a un petit réservoir dans la tronçonneuse, où on peut mettre… de l’essence !

Et l’être humain est un peu comme ça. On est des êtres incroyables, des créatures « merveilleuses » (dernier cri !) d’après la Bible (Ps 139.14). Mais on ne va pas très bien fonctionner tant que notre réservoir est vide. Et le problème, c’est que notre réservoir est vide parce qu’on a envie, au fond, d’être autonome. On aimerait fonctionner sans essence ! C’est ce désir d’autonomie qui a conduit Adam et Ève à faire confiance au serpent plutôt qu’à Dieu, et par conséquent, toute l’humanité a été coupée de la source de la vie. Cette vie avait été insufflée par le Créateur aux premiers humains, et elle leur était administrée en permanence tant qu’ils demeuraient suspendus (ou « branchés ») au Créateur par une relation de confiance, et de dépendance bienfaisante. Mais cette relation a été perdue, et dorénavant, tous les hommes naissent dans une relation brisée avec celui qui est la source de la vie, cette vie au sens fort, la vie éternelle, qui est, et a toujours été, auprès du Père (v. 2).

C’est triste, non ? Et c’est ce qui explique pourquoi on a du mal à connaître la vraie joie, une joie complète. On peut être super content de ses cadeaux à Noël, et puis quelques jours plus tard… on s’est déjà lassé un peu de sa figurine de la Reine des Neiges ou de sa voiture télécommandée (l’intégrale des commentaires de Calvin, ça on ne s’en lasse jamais !). On est déjà de nouveau dans l’insatisfaction. Il y a déjà quelque chose d’autre qu’on aimerait avoir. Et vous savez ce qui fait ressortir le plus fortement cette frustration ? La mort. Les obsèques de Johnny Hallyday, par exemple, ont remis toute la France devant cette réalité de façon assez émouvante, il n’y a pas très longtemps. Même si on devait devenir exceptionnellement riche et célèbre, au point où on pourrait obtenir pratiquement tout ce qu’on veut, on finirait quand même… par retourner à la poussière. C’est frustrant !

Mais pourquoi parler de ça à Noël ? Pourquoi plomber l’ambiance avec des histoires d’hommes déchus, de réservoir vide, et de mort ? Eh bien écoutez bien. Dans ce passage, l’apôtre Jean nous dit que malgré la rupture qu’il y a eu entre les hommes et Dieu, Dieu a quand même continué de présenter cette vie aux hommes, cette vie dont ils s’étaient coupés. Il a continué de proposer aux hommes d’être « reconnectés » avec lui, en quelque sorte. D’abord par des paroles, par des promesses de grâce (de pardon), par un message relayé par les prophètes dans l’Ancien Testament ; c’est ce que l’apôtre Jean désigne par l’expression « la parole de vie », c’est-à-dire cette parole, ce message, qui concerne la vie (la vraie !) qui est auprès de Dieu et que Dieu présente inlassablement aux hommes depuis des millénaires, en fait depuis le jour-même où Adam et Ève se sont détournés de Dieu (Gn 3.15).

Mais voici le rapport avec Noël. L’apôtre Jean dit aussi que cette vie, non seulement a été communiquée en parole, mais elle a été manifestée de manière tangible. Avez-vous remarqué l’insistance de Jean sur le caractère « expérientiel » de cette manifestation de la vie ? Il l’a entendue, et vue de ses yeux, et contemplée, et touchée de ses mains, et vue, et vue et entendue. Et il en rend témoignage, et il l’annonce, et il l’annonce, et il l’écrit. Je ne veux pas manquer de respect envers l’apôtre Jean, mais il me fait penser à mes petits jumeaux, lorsqu’ils entrent en trombe dans la maison parce qu’ils ont vu un truc incroyable dehors, et que leur excitation l’emporte sur la cohérence de leur langage.

Mes amis, Noël, c’est un truc de fou. Parce que c’est la commémoration, dans le calendrier, du moment unique dans l’histoire, où la vie (la vraie), qui a toujours été auprès de Dieu, a fait une percée dans notre monde sous une forme tangible. Jésus le Fils de Dieu, est venu de la part du Père, pour nous manifester cette vie qui est auprès du Père, et que le Père nous présente en son Fils. Jésus est né pour de vrai sur cette terre, il a vécu pour de vrai, il est mort pour de vrai, et il est ressuscité pour de vrai. En faisant cela, il a payé pour nos péchés qui nous séparaient de Dieu, et il a triomphé du mal et de la mort. Si nous plaçons notre confiance en lui, si nous nous appuyons sans réserve sur lui, nous entrons alors en communion avec lui et avec le Père ; la relation est rétablie, le réservoir est rempli, nous devenons enfants de Dieu pour toujours ; la vie, la vraie, nous est communiquée de nouveau.

Est-ce que vous le croyez ? Beaucoup de gens aujourd’hui ont le même rapport à Noël que notre premier ministre qui a dit la semaine dernière dans une interview pour le magazine La Vie : « Je crois que le sacré est important. Mais je ne crois pas en Dieu. » Monsieur Édouard Philippe (et tous ceux ici qui vont fêter Noël sans être en communion avec Dieu), je prie pour vous. Sachez que vous pouvez avoir une joie complète et durable, par la foi en Jésus. Et si vous êtes chrétien, voici ce que vous pouvez faire. Vous pourriez prendre le temps de relire l’histoire de Noël en famille ; et avec chaque cadeau, de songer avec reconnaissance au véritable cadeau de Noël, le seul qui procure une joie complète et durable.

« [Jésus dit :] Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. Jésus leur dit : Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6.33-35)

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