L’Évangile selon le tabernacle

Par Alexandre Sarranle 18 mars 2018

Si Dieu existe, est-ce que je peux être certain qu’il m’aime ? Est-ce que je peux être certain qu’il me pardonne ? Est-ce que je peux être certain qu’il est attentif à ce qui se passe dans ma vie ? Est-ce que je peux être certain qu’il m’écoute quand je prie ? Est-ce que je peux être certain que Dieu va m’accueillir dans son paradis le jour où je quitterai ce monde ?

Ce genre de questions, beaucoup de gens se les posent ; et c’est peut-être votre cas aujourd’hui. Bonne nouvelle : on va en parler dans cette prédication ! Mais il y a aussi beaucoup de gens qui ne se posent pas ces questions, parce que le sujet de leur relation à Dieu est enfoui sous une pile d’autres préoccupations qui leur paraissent peut-être plus pressantes : les études, le travail, la famille, la santé, etc. Et les gens sont capables de vivre très longtemps comme ça : ce n’est pas qu’ils rejettent Dieu, c’est juste qu’ils ne cherchent pas vraiment à le connaître (si toutefois il existe).

Je ne sais pas quelle est votre situation, mais en tout cas, le texte qu’on va lire dans un instant, lui, va nous ramener avec force à cette question qui est d’une importance suprême et qui est celle de notre relation à Dieu. Plus précisément, ce texte va soulever la question du degré de certitude que nous avons (et que nous pouvons avoir) que Dieu nous est favorable (c’est-à-dire que Dieu nous aime, et que nous avons notre place auprès de lui).

À l’origine, ce texte s’adresse aux Israélites d’il y a très longtemps ; et dans ce texte, Moïse (l’auteur) veut leur faire comprendre que le sanctuaire mobile (appelé « tabernacle ») qui a été construit dans le désert et qui les accompagne partout a été construit exactement selon les instructions de Dieu lui-même. Et non seulement la structure du tabernacle, mais aussi tous les objets et les ustensiles annexes, qui sont dans le tabernacle et qui, pour certains, sont utilisés régulièrement dans le culte de Dieu. Moïse veut tout simplement que les Israélites comprennent que tout cela est précieux, conforme et fiable, et donc, qu’ils peuvent s’approcher de Dieu, et entretenir leur relation avec Dieu, par ces moyens-là, avec une pleine confiance. Et on verra ce que ça veut dire pour nous aujourd’hui.

Pour l’instant, retenons surtout cette idée, qui est au cœur de ce passage : c’est tout simplement que Dieu a fait en sorte qu’on puisse avoir une relation solide avec lui. Et si vous ne savez pas encore si, ou comment, vous pouvez être certain d’avoir la faveur de Dieu, vous devez impérativement écouter ce que ce texte veut nous enseigner cet après-midi !

1. Un matériel fiable

Comme la semaine dernière, ce texte peut nous sembler long et rébarbatif. Mais il y a une seule idée, ici : c’est que tous ces objets ou ces ustensiles pour le culte ont été construits parfaitement selon le désir de Dieu. Moïse veut que les générations futures sachent pour sûr que Betsaleel, le chef des travaux, a réalisé tous ces objets en suivant scrupuleusement les instructions que Dieu avait communiquées à Moïse sur la montagne sacrée (ch. 25, 27, 30). Le lecteur attentif remarquera que Moïse ne rapporte pas en détail la réalisation de l’huile d’onction et du parfum aromatique (37.29), et pour cause : ce sont des produits de consommation, donc la conformité de ce qu’a fait Betsaleel ne dit rien sur la conformité de l’huile et du parfum utilisés plus tard (puisqu’ils sont constamment refaits).

Moïse s’intéresse donc aux objets qui vont perdurer dans le temps. Il y en a sept : l’arche, la table, le chandelier, l’autel des parfums, l’autel des holocaustes, la cuve en bronze et le parvis. Ce sont des objets voulus par Dieu, « inventés » par Dieu, pour manifester, matérialiser, sa relation avec les hommes. Par ces moyens, les Israélites peuvent être assurés que Dieu est avec eux, et au milieu d’eux. Dieu veut que les Israélites qui regardent le tabernacle, qui pensent à ce qu’il y a dedans, qui voient ce qu’il y a autour ou à côté, sachent pour sûr que tout cela a l’approbation de Dieu. Ces choses ont été inventées, décrites et commandées par Dieu ; et maintenant elles ont été construites conformément à son désir, et même avec son aide, puisque l’Esprit a habilité les ouvriers (d’où, peut-être, la mention de Betsaleel).

On a dit la semaine dernière que cette section du livre de l’Exode ressemblait à un procès-verbal : Moïse veut que les Israélites aient un document qui leur atteste que les travaux qui ont été réalisés sont bien conformes au cahier des charges. Ce texte applique une sorte de « label de qualité » au tabernacle et à tous ces objets qui s’y trouvent. Et il est important que les Israélites puissent avoir cette garantie, puisque ces objets concernent leur relation avec Dieu ! Les enjeux sont importants ! C’est même… une question de vie ou de mort, puisqu’il n’y a pas de question plus importante que de savoir si Dieu nous est favorable ou pas.

C’est comme quand on s’équipe pour faire de l’alpinisme, de l’escalade, ou du canyoning : on ne prend pas n’importe quoi comme matériel, parce que notre vie en dépend. Il y a un label de qualité délivré par l’UIAA (Union Internationale des Associations d’Alpinisme) qui garantit qu’un produit est conforme à un certain cahier des charges établi selon des critères de sécurité. Il est important, pour ceux qui pratiquent ce genre de sport, qu’ils puissent avoir « confiance dans le matériel ». Au moment d’attaquer le dévers en 8a+, il est important de savoir que si vous lâchez prise, votre baudrier ne va pas se déchirer. Au moment de vous lancer dans un rappel de 50m dans une cascade, il vaut mieux être certain que la corde va résister à la tension. Le label de qualité est là pour vous rassurer.

2. Un mécanisme fiable

Et le souci de Moïse, c’est que les générations futures d’Israélites aient eux aussi « confiance dans le matériel », confiance dans le tabernacle et dans son mobilier et ses ustensiles. Moïse veut que les Israélites soient certains que toutes ces choses ont l’approbation de Dieu, et donc, que ces choses effectuent réellement ce qu’elles sont censées effectuer. Qu’ils soient certains que le mécanisme est fiable. Moïse veut que les Israélites soient confortés dans leur relation avec Dieu en vertu des qualités du tabernacle. Tout comme on peut être conforté dans sa pratique d’un sport à risque en vertu des qualités du matériel.

On a pu voir dans des passages précédents quelle était la fonction du tabernacle et de ses différents éléments annexes. Le tabernacle représente la présence de Dieu au milieu de son peuple, et donc la relation privilégiée que Dieu a établie avec lui, pour se faire connaître au reste du monde.

L’arche de l’alliance (le coffre en bois qui contient les tables de la Loi), avec son propitiatoire (kapporet) et ses chérubins, résume le mécanisme de cette relation (appel-loi-grâce-gloire-médiateur).

La table (avec les pains de proposition) et le chandelier montrent que c’est une relation intime, dynamique et vivante.

L’autel des parfums représente les prières que les prêtres font monter en permanence vers Dieu, en faveur du peuple, et que Dieu écoute.

L’autel des holocaustes représente de manière spectaculaire les sacrifices qui sont offerts constamment, chaque jour, comme moyen d’expiation pour les péchés du peuple (cette effusion de sang qui satisfait la justice de Dieu et qui permet le pardon).

La cuve de bronze rappelle la consécration des prêtres, ces médiateurs que Dieu a établis, dont le service est indispensable pour faire le lien entre Dieu et les hommes.

Et le parvis montre au peuple qu’ils sont tous et toujours les bienvenus auprès de Dieu, s’ils veulent s’approcher par la foi.

Bref : Dieu a tout prévu pour que la relation soit possible. Dieu lui-même a établi tous ces mécanismes pour que les hommes puissent connaître Dieu, pour qu’ils puissent être pardonnés, pour qu’ils puissent prier et être entendus, pour qu’ils puissent être aimés de Dieu et accueillis par lui dans son paradis le jour où ils quitteront ce monde. Dieu a conçu ce plan (ces mécanismes, cette stratégie), il en a révélé le modèle à Moïse en haut de la montagne, et maintenant, si les Israélites des générations futures veulent être certains que ça marche, s’ils veulent être confortés dans leur relation avec Dieu, ils n’ont qu’une seule question à se poser : « Est-ce que Betsaleel a vraiment tout fait exactement selon les instructions de Dieu ? ». Et c’est à cette question que ce texte entend répondre, par l’affirmative.

Et donc à chaque fois que les Israélites lisaient (ou entendaient lire) ce texte, ils pouvaient se dire : « C’est bon ! Je peux avoir confiance dans le matériel. Dieu approuve tous ces objets qui sont entreposés ou utilisés au tabernacle. Merci Seigneur ! Car tu es présent dans ma vie, tu m’as appelé à te suivre, tu recouvres mes péchés, tu me pardonnes par ta grâce, tu as promis de faire en sorte que mes fautes me soient enlevées, tu écoutes attentivement mes prières, tu as même établi des prêtres pour qu’ils intercèdent perpétuellement pour moi, et tu as prévu une place pour moi auprès de toi, pour toujours. » C’est la foi que pouvaient avoir les croyants dans l’Ancien Testament.

Les Israélites, en fait, étaient rarement sur place, au tabernacle ou au temple, pour voir tout cela de leurs yeux, surtout après la conquête de la terre promise ; mais même à distance, ils pouvaient avoir confiance dans le matériel. C’est un peu comme quand on dépose son argent à la banque. Une fois qu’on a remis son argent à la banque, il devient distant et virtuel ; pourtant, on a confiance dans la banque, et dans les mécanismes qui ont été établis pour que cet argent soit porté à notre compte. On ne peut pas tenir cet argent entre nos mains, on ne peut pas le voir ou le peser, mais on se fie à ce que nous dit notre relevé de compte, et on est conforté quand on voit un solde positif. Et on peut continuer de vivre et d’utiliser notre carte bancaire par la foi, qui est « l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hé 11.1). Mais c’est une foi qui est fondée, qui s’appuie sur la fiabilité des mécanismes, vous comprenez ?

3. Un messie fiable

Si vous comprenez tout ce qui a été dit jusqu’ici, vous devriez logiquement être un peu perplexe. « OK. Donc si je veux être certain que Dieu m’aime, je dois me fier aux mécanismes du tabernacle ? » Eh bien… exactement ! Sauf que ces mécanismes que Dieu a prévus ne nous sont plus représentés par le tabernacle aujourd’hui. Ils ne nous sont plus représentés par l’arche de l’alliance, la table, le chandelier, l’autel des parfums, l’autel des holocaustes, la cuve de bronze et le parvis. En fait, toutes ces choses ont été détruites il y a bien longtemps, et la raison nous en est donnée dans la Bible :

« [Le culte du tabernacle était] une image et une ombre des réalités célestes. […] L’accès du Saint des saints n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait. C’est une figure pour le temps présent ; […] des ordonnances […] imposées jusqu’à un temps de réforme. Mais Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir ; il a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas construit par la main de l’homme […] et il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang. C’est ainsi qu’il nous a obtenu une rédemption éternelle. » (Hé 8.5 ; 9.8-12)

Un peu plus loin, le texte ajoute :

« Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait par la main de l’homme, imitation du véritable, mais dans le ciel même, afin de se présenter maintenant pour nous devant la face de Dieu. » (Hé 9.24)

Pour le dire simplement : le tabernacle (avec tous ses ustensiles) n’existe plus, il est devenu obsolète (cf. Hé 8.13), parce que les réalités qu’il représentait ont été beaucoup mieux établies par Jésus.

C’est un peu comme si je composais une merveilleuse symphonie, et pour vous donner une idée de ce que j’ai conçu, je vous fais écouter ma composition sur mon ordinateur, avec les sons du synthétiseur intégré. C’est pas mal ! Peut-être même que vous pourriez trouver ça super joli et original. Mais les années passent et un jour, j’ai les moyens de faire enregistrer ma symphonie par l’orchestre national de Lyon. Maintenant, plus personne n’a envie d’écouter la version de mon ordinateur. C’est la même symphonie, la même partition, les mêmes notes, les mêmes harmonies, la même répartition des instruments… mais ma composition est maintenant encore mieux réalisée et communiquée, car elle est jouée maintenant par l’orchestre national de Lyon et non par un ordinateur.

Et la Bible dit que Jésus « est ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, dressé par le Seigneur et non par un homme » (Hé 8.2). C’est la même symphonie, la même partition, les mêmes mécanismes, le même modèle céleste… mais maintenant tout cela est encore mieux réalisé et communiqué, par la personne et l’œuvre de Jésus, le Christ.

Il est venu comme « l’Emmanuel », Dieu avec nous, pour rétablir la présence et la relation de Dieu avec les hommes. Il est le pain de vie et la lumière du monde, celui qui entretient une relation vivante, personnelle, dynamique avec tous ceux qui lui font confiance. Il s’est consacré au service de Dieu, comme un souverain sacrificateur, et il s’est offert lui-même en sacrifice, comme un holocauste sur l’autel, pour expier nos fautes, pour satisfaire la justice de Dieu à notre place et nous permettre d’être pardonnés. Il est ressuscité le troisième jour, et il est vivant aujourd’hui pour intercéder pour nous ; il fait monter nos prières à Dieu pour nous. Il a ouvert tout grand l’accès au sanctuaire, il a déchiré le voile, et fait tomber le mur de séparation, et il envoie son peuple dans le monde entier pour annoncer la bonne nouvelle du pardon des péchés et de la réconciliation avec Dieu en son nom. Et il nous prépare une place dans son paradis.

Vous voyez ? Dieu a tout prévu pour que la relation soit possible. Comme on l’a dit tout-à-l’heure : Dieu lui-même a établi tous ces mécanismes pour que les hommes puissent connaître Dieu, pour qu’ils puissent être pardonnés, pour qu’ils puissent prier et être entendus, pour qu’ils puissent être aimés de Dieu et accueillis par lui dans son paradis le jour où ils quitteront ce monde. Dieu a conçu ce plan, ces mécanismes, cette stratégie dans l’éternité ; il en a révélé le modèle à Moïse en haut de la montagne ; le tabernacle a été réalisé pour représenter ces choses aux Israélites pendant de nombreux siècles ; et Jésus, le Christ, est venu pour accomplir ces choses de manière « plus grande et plus parfaite » encore (Hé 9.11), de sorte que maintenant, si nous voulons être certains que ça marche, si nous voulons être confortés dans notre relation avec Dieu, nous n’avons qu’une seule question à nous poser, et ce n’est pas de savoir si Betsaleel a vraiment tout fait exactement selon les instructions de Dieu, mais c’est de savoir si Jésus a vraiment tout fait exactement selon les instructions de Dieu. Et nous avons les 66 livres de la Bible pour nous en attester. Les saintes Écritures en entier, qui entendent répondre à cette question, par l’affirmative.

Tout dans ce passage, et tout dans la Bible, converge vers Jésus. Il accomplit tous les mécanismes que Dieu a conçus pour que nous puissions le connaître et être en communion avec lui pour toujours. Jésus a vécu dans l’obéissance parfaite à Dieu, dans la conformité totale aux désirs de Dieu. Jésus a complètement l’approbation de Dieu. La Bible applique à Jésus un « label de qualité » unique et suprême. Et Jésus a porté cette perfection dans l’accomplissement de son œuvre—il a tout accompli exactement dans tous les détails selon le plan et les instructions de Dieu.

On peut donc avoir confiance en Jésus en vertu de ses qualités. On peut placer notre foi en lui, même si nous ne le voyons pas, même si ce qu’il a accompli peut nous sembler distant, parce que nous savons que Dieu approuve son œuvre ; c’est la sainte Bible qui nous le dit.

Alors si Dieu existe, est-ce que je peux être certain qu’il m’aime ? Est-ce que je peux être certain qu’il me pardonne ? Est-ce que je peux être certain qu’il est attentif à ce qui se passe dans ma vie ? Est-ce que je peux être certain qu’il m’écoute quand je prie ? Est-ce que je peux être certain que Dieu va m’accueillir dans son paradis le jour où je quitterai ce monde ? La réponse est oui, parce que Jésus a vraiment tout accompli pour ça ! Par Jésus, Dieu a fait en sorte qu’on puisse avoir une relation solide avec lui. Et mon désir le plus cher, c’est que vous tous ici, vous ayez l’assurance d’être en paix avec Dieu et que Dieu vous réserve une place auprès de lui pour l’éternité.

Cette assurance, vous pouvez l’obtenir en faisant confiance à Jésus, et en entretenant votre foi par la contemplation de Jésus : en étudiant la Bible pour y voir de mieux en mieux la perfection de son œuvre, en priant chaque jour que Dieu vous aide à grandir dans votre relation avec lui, en assistant fidèlement au culte et aux réunions d’une église fidèle afin de bénéficier des encouragements des frères et des sœurs dans la foi.

De cette façon, vous pourrez vous dire : « C’est bon ! Je peux avoir confiance dans le matériel, c’est-à-dire… dans la croix ! Dieu approuve le sacrifice de Jésus ; il l’a même ressuscité le troisième jour. Je peux avoir confiance dans le tombeau vide, je peux avoir confiance dans le sacerdoce de Jésus qui est vivant et qui est monté au ciel s’asseoir à la droite du Père. Merci Seigneur ! Car tu es présent dans ma vie, tu m’as appelé à te suivre, tu recouvres mes péchés, tu me pardonnes par ta grâce, tu as fait en sorte que mes fautes me soient enlevées, tu écoutes attentivement mes prières, tu as même établi Jésus comme grand prêtre qui intercède perpétuellement pour moi, et tu as prévu une place pour moi auprès de toi, pour toujours. »

(Photo by Rod Long on Unsplash)

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