Prier en toutes circonstances

Par Jonah Haddadle 24 juin 2018

Je ne pensais pas que nous finirions la série de prédications dans Jacques avant l’été, et je n’étais pas sûr que nous pussions apprendre autant de bonnes choses. Hélas, nous arrivons à la fin de cette épitre. Et ici, dans ces derniers versets Jacques nous exhorte au sujet de la prière.

Tout comme la lecture de la Bible est la manière dont Dieu nous parle, la prière nous donne, à nous aussi, l’occasion de prendre la parole et de parler à Dieu. La prière est une discipline importante de la vie chrétienne, et une activité relationnelle vis-à-vis de notre Seigneur. Mais c’est aussi quelque chose qu’on doit apprendre à intégrer dans notre vie. Malheureusement, il peut exister des mauvaises tendances dans la prière : on prie par obligation pour essayer de plaire à Dieu, on néglige la prière et on prie seulement après avoir épuisé toutes les autres options, on prie comme si la prière c’était une sorte d’incantation magique qui permet de résoudre tous nos problèmes, ou encore, on balance des ordres à Dieu comme s’il était notre serviteur personnel.

Parfois la prière devient un devoir ou une corvée dénuée de sens, de foi, et d’amour. Parfois la prière devient un processus superstitieux, juste au cas où. Un des pires exemples d’une mauvaise prière que j’ai vu vient du film « Conan le barbare ». Je trouve cet exemple super drôle et triste en même temps. Vers la fin du film, Conan, pratiquement tout seul, affronte une vaste armée. Et dans le désespoir il prie en disant : « Dieu, je n’ai jamais prié avant parce que la prière est une perte de temps. Mais je prie maintenant pour que tu m’accordes la vengeance et la mort de mes ennemis. Et si tu ne le fais pas, alors vas au diable. Cordialement, Conan le Barbare. Amen ».

Voilà un exemple de prière qui manque de vraie croyance, de foi, de respect, d’amour, de logique, et de sens. En revanche, l’image de la prière que Jacques nous donne dans son épître devrait nous inciter à une vraie conversation avec notre Seigneur, qui reconnaît la présence de Dieu dans notre vie, et qui célèbre la souveraineté de Dieu sur toutes choses, et qui exprime un amour sincère et une foi authentique.

Lisons donc Jacques 5.13-20.

Je pense qu’au centre de ce texte se trouve l’idée selon laquelle la prière rassemble l’homme et Dieu. Ça réunit l’homme et Dieu dans une conversation pour le bien de l’individu et de l’église. Mais qu’est-ce que je veux dire par là ? La prière rassemble l’homme et Dieu, en nous permettant de mettre Dieu au centre de notre vie et en nous permettant de prendre part à l’action de Dieu. Dans la suite je voudrais aborder ces deux aspects importants de la prière.

La prière nous permet de mettre Dieu au centre de notre vie

Et donc, d’abord, le texte nous dit de prier en toutes circonstances afin de mettre Dieu au centre de tout ce qui se passe dans notre vie. La prière nous permet de mettre Dieu au centre de notre vie. Le verset 13 de ce texte résume le reste. En toutes circonstances, dans les bonnes comme dans les mauvaises, Dieu devrait être au centre de notre culte. Jacques s’adresse à l’assemblée pour les exhorter à ne pas négliger la supplication et la louange.

L’exhortation de Jacques n’est pas très différente de ce que dit l’apôtre Paul en Ephésiens 6.18 : « Priez en tout temps par l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications ». Ou dans Philippiens 4.6 : « Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses ; par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes ». Ce n’est pas très différent de ce que dit David dans les Psaumes quand il dit que « l’Eternel est près de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent avec vérité » (Ps. 145.18). Dans les bons moments et dans les mauvais, quand on prie, on entre dans une conversation avec Dieu. On s’ouvre à celui qui est près de nous afin de le recevoir par la foi.

Le verset 13 est important parce qu’il rappelle à l’église de faire de Dieu son interlocuteur, en quelque sorte. Ça nous invite à mettre Dieu sur notre liste de contacts. Ça lui donne la première place.

Par exemple, à notre époque qui est celle des smartphones, on peut facilement reconnaître les gens qui ont le plus d’importance dans notre vie en regardant qui sont les destinataires de nos textos, de nos appels, et de nos posts. Dans ma liste de contacts sur mon portable, j’ai la liste normale, et aussi une liste à part générée par le téléphone qui me montre mes contacts les plus fréquents, les « favoris », pour que je puise les trouver plus facilement (j’ai mes amis Emmanuel Macron, Antoine Griezmann, et Tim Keller, et bien sûr en première place, ma femme). Quand Jacques nous invite à prier, il nous invite à donner à Dieu la première place sur notre liste de contacts, et de le mettre au centre de notre vie.

 La raison pour laquelle Jacques appelle l’église à prier, c’est parce que la prière sert à affirmer ce qu’on croit par la foi. C’est une expression de la foi. Par exemple, quand on parle, normalement on n’affirme que ce qu’on prétend savoir. Intuitivement, nous n’affirmons que ce que nous savons. Si je dis qu’il pleut (si j’affirme qu’il pleut) c’est parce que je crois que je sais qu’il pleut. Ce ne serait pas logique de dire qu’il pleut si je n’ai aucune idée s’il pleut ou non. Tout ça pour dire qu’il y a un lien très fort entre l’affirmation et la connaissance. Alors, pourquoi est-ce que je parle de ce principe évident ? Parce que la prière est l’affirmation de ce qu’on croit par la foi. À chaque fois qu’on prie, on professe une connaissance relationnelle avec Dieu. Notre connaissance de Dieu, de ses promesses et de son salut s’exprime dans la prière. Jacques nous montre ici que la prière rassemble l’homme et Dieu dans une conversation qui met Dieu au centre de la vie de l’église. La prière nous permet de mettre Dieu au centre de notre vie.

La prière nous permet de prendre part à l’action de Dieu

Mais un deuxième principe que je veux souligner dans ce texte se trouve dans la suite. La prière nous permet de prendre part à l’action de Dieu. Dieu n’a pas besoin de nos prières pour agir, mais il utilise la prière comme un moyen pour nous faire prendre part à son plan. La prière fait grandir notre foi, et elle nous permet de voir notre rôle dans le plan de Dieu.

Bien qu’il y ait beaucoup d’occasions qui peuvent nécessiter la prière, ici les maladies chez les croyants servent de raison principale pour laquelle Jacques appelle son église à la prière. La prière est accompagnée de la confession des péchés, et elle n’est pas limitée aux anciens. La prière dont Jacques parle ici est cultuelle, c’est-à-dire, qu’elle est faite lors du culte ou lors d’une réunion de l’assemblée. C’est le genre de prière que nous pratiquons ici dans notre église, notamment quand celui qui anime le culte prie une prière de supplication de la part de l’assemblée à la fin du culte après la Sainte Cène. C’est le genre de prière que nous avons l’occasion de pratiquer lors des groupes de maison en semaine. Nous ne savons pas toujours comment Dieu va utiliser et répondre à nos prières, mais il nous appelle à prier quand même. Dieu est souverain, ce qui veut dire qu’il prépare la réponse même avant que nous formulions la question.

 Dans son livre intitulé « Living Faith » (Vivre la foi, ou la foi vivante), la missionnaire anglaise, Helen Roseveare raconte comment Dieu a utilisé la prière pendant son séjour au Congo. Après la mort d’une jeune maman de la communauté, Helen, qui était médecin, a pris soin de ses deux enfants, un nouveau-né et une fillette de 2 ans. Le bébé avait un besoin urgent d’un médicament et donc, avec les enfants de l’orphelinat, Helen a prié. Un des orphelins a constaté l’urgence de la situation et a pris la parole afin de prier pour que Dieu leur envoie, ce jour-là, deux choses : un médicament pour le bébé et une poupée pour la fillette de 2 ans. Il s’est avéré que quelques heures plus tard un colis est arrivé qui contenait le médicament souhaité et une poupée d’enfant, envoyé par une église en Angleterre 5 mois auparavant. Dieu n’a pas besoin de nos prières, mais la prière nous permet de prendre part à l’action de Dieu. Dieu a utilisé la foi de cet enfant pour accomplir des choses.

De manière similaire, l’exemple cité par Jacques dans ces versets se reporte à 1 Rois 17 et 18, où le prophète Élie reçoit de la part de Dieu l’annonce d’une grave sécheresse. Dieu savait déjà ce qu’il allait faire. Mais il a utilisé Élie et ses prières afin de mettre en application son projet. La prière rassemble l’homme et Dieu. Ça nous permet de faire partie de son plan.

J’ajouterais aussi que dans ce texte, la prière pour les malades est accompagnée de l’onction d’huile. Je voudrais traiter ce sujet brièvement parce que cette pratique peut nous sembler bizarre, et c’est vrai qu’elle a provoqué beaucoup de confusion parmi les chrétiens au fil des années. Mais je voudrais souligner le fait que ce n’est pas l’huile, mais la prière faite dans la foi, qui est efficace pour guérir les malades. Le texte ne dit pas que l’onction guérit les malades. C’est la prière qui accompagne l’onction qui est efficace. Alors, il y a des théories différentes concernant la manière dont l’onction devrait être utilisée dans l’église aujourd’hui. Trois théories sont proposées :

1/ Selon certaines personnes, l’onction a une fonction pratique. L’huile olive était utilisée comme médicament dans le monde antique, comme nous le voyons dans Luc 10.34, dans la parabole du bon Samaritain. Et il est possible que Jacques ait cette idée en tête quand il appelle les anciens à oindre les malades de l’église. En revanche, cette théorie présente plusieurs difficultés. D’abord, si on a besoin d’un médicament, normalement on appelle le médecin et pas l’ancien (sauf si l’ancien est aussi médecin, comme dans le cas de Denis). Si l’huile avait une qualité médicinale, elle pouvait être administrée par des personnes autres que les anciens. On n’a pas besoin d’un ancien pour donner un médicament. Ensuite, l’huile ne traite pas toutes les maladies. Une coupure, une migraine, et une jambe cassée, ça nécessite des traitements différents. On n’a pas besoin d’un pansement pour un cancer, ni de points de suture pour une angine. Enfin, il n’y a pas beaucoup d’autres références à l’huile médicinale utilisée dans le contexte de l’église dans le NT, ce qui m’incite à rester prudent avec cette application du texte. Et donc, j’hésiterais à rapprocher l’onction d’huile d’un simple traitement médical ici.

2/ Ensuite, selon d’autres chrétiens, l’onction d’huile servirait comme sacrement. Au fur et à mesure du temps, l’onction a pris sa place dans les pratiques de l’église orientale et dans l’église occidentale jusqu’à ce qu’elle soit devenue la pratique contemporaine de l’extrême-onction dans l’église Catholique. Là, le malade reçoit l’huile afin d’être absout de son péché. Mais là aussi, j’ai du mal à voir l’onction comme un sacrement (ou un moyen de transmettre la grâce salvatrice) parce que l’onction n’est jamais mentionnée comme sacrement dans la Bible, ce qui fait qu’il est impossible de développer une théologie biblique ou systématique de l’onction.

3/ C’est pourquoi je préfère l’idée que l’onction d’huile est symbolique. L’huile représente le fait de mettre à part quelqu’un pour Dieu. L’huile a une place symbolique dans l’AT où les prêtres et les rois étaient oints comme signe de leur consécration à Dieu. De la même manière l’église peut pratiquer l’onction pour la personne malade afin de la mettre à part pour le rétablissement par la foi.

Et donc encore, je voudrais souligner le fait que l’accent dans ce texte n’est pas sur l’onction d’huile, mais sur la prière qui est faite dans la foi. Ce qui est clair, c’est que l’efficacité de la prière n’est pas liée à l’émotion qui accompagne nos prières ou à combien de fois on répète les mêmes mots. En revanche, son efficacité est liée à l’objet de notre foi. Ce ne sont pas des beaux mots poétiques et répétitifs qui font bouger les choses. C’est la croyance de celui qui prie―la croyance en celui qui a le pouvoir de répondre.

Si on a soif, on ne choisit pas la bouteille qui est la plus joliment décorée, on choisit la bouteille qui contient de l’eau. Ce ne sont pas les belles prières qui comptent, mais les prières sincères.

 La prière nous permet de prendre part à l’action de Dieu en rapprochant l’homme de Dieu et de sa volonté. Ça nous permet de manifester notre foi et de rétablir ceux qui se sont égarés de la foi. Les derniers versets de Jacques nous incitent à ne pas abandonner ceux qui errent, mais à les ramener à la foi. Le contexte me fait penser que la prière fait partie de ce rétablissement des gens égarés. Nous devrions prier pour nos amis qui ont abandonné l’église et la foi. Dieu peut les ramener à lui et couvrir leurs péchés par sa grâce.

Comment est-ce que nous pouvons nous approcher de Dieu dans la prière ? Comment est-ce que nous, de simples êtres humains, nous pouvons nous approcher de Dieu le Créateur de l’univers ? C’est parce que, selon Hébreux chapitre 4, nous avons un défenseur qui nous représente. Nous avons un grand souverain sacrificateur (un grand prêtre) qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu. C’est pourquoi nous pouvons nous approcher avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, en vue d’un secours opportun. C’est pourquoi nous prions au nom de Jésus. Par sa mort, Jésus nous a donné le moyen de connaître Dieu le Père quand nous mettons notre foi en Jésus. Toutes les prières de toute l’histoire qui ont été faites dans la foi sont entendues et écoutées par le Père en raison de sa grâce qui se manifeste dans son Fils Jésus.

La prière est une grâce. La prière rassemble l’homme et Dieu. Ce n’est pas quelque chose à négliger. Nous avons cette opportunité de pouvoir prier en toute circonstance. Et donc, comme Jacques, moi aussi, je nous exhorte à prier. Prions donc…

Copyright ©2024 Église Lyon Gerland.