Comment connaître la paix intérieure ?

Par Alexandre Sarranle 9 septembre 2018

Dans un livre intitulé : « Les 10 secrets du succès et de la paix intérieure », le Dr Wayne Dyer nous livre quelques principes qui sont censés nous aider à nous épanouir et à atteindre cette paix intérieure tant recherchée. Parmi ces principes, par exemple, il nous enseigne à « croire que tout est possible si on a suffisamment de volonté », à « écouter notre cœur et à prendre des risques pour notre passion », ou encore à nous rendre compte que « nous sommes Dieu créateur de notre vie et du monde dans lequel nous vivons ».

Alors je vous pose la question : est-ce que vous n’avez jamais été attiré par ce genre de littérature ? Et si oui, n’est-ce pas parce que vous aimeriez sincèrement connaître la paix à l’intérieur ? Et même si vous n’avez jamais été franchement tenté d’acheter ou de consulter ce genre de livre, est-ce que vous n’aimeriez pas, quand même, au fond, savoir comment faire l’expérience de cette paix, d’une paix intérieure et durable ? À moins que vous y soyez déjà parvenu, et dans ce cas, vous pouvez allez vous occuper des enfants dans la garderie, parce que cette prédication ne vous sera d’aucune utilité !

La réalité, dans ma vie comme dans la vôtre, c’est que la paix intérieure et durable, c’est quelque chose qui semble nous échapper en permanence. Et je vous rassure, les lecteurs du Dr Wayne Dyer n’y arrivent pas mieux, autrement ils auraient arrêté depuis longtemps d’acheter ses livres ! Si ce genre de littérature ne cesse de se développer, et si tous les ans il y a une quinzaine de nouveaux best-sellers du New-York Times qui sortent, tous sur le thème de la paix intérieure, c’est que personne n’a encore trouvé la bonne recette, et que les gens poursuivent leur quête effrénée du saint Graal !

Pourquoi ne sommes-nous pas en paix à l’intérieur ? Et pourquoi, lorsque nous connaissons un moment de paix, celle-ci ne semble pas durer très longtemps ? Les raisons sont diverses ; il se peut que nous soyons troublés par des circonstances objectives passagères : une maladie, une situation professionnelle incertaine, un besoin financier… Mais parfois, ce sont des questions plus abstraites, peut-être plus philosophiques ou subjectives, qui nous privent du repos intérieur : ma vie a-t-elle un sens ? Peut-on être sûr qu’il y a un Dieu ? Peut-on être sûr d’aller au paradis ?

Alors, vous l’avez compris : le texte que nous allons lire et étudier soulève la question de la paix intérieure, et nous adresse un message tout simple. C’est que la paix intérieure est possible, mais nous ne la trouverons jamais en nous-mêmes. Vous voulez savoir où la trouver ? Alors lisons le texte.

La modestie de David (v. 1)

Dans ce poème, David met l’accent sur trois choses successivement, qui sont intimement liées entre elles, et qui constituent en quelque sorte la « recette » de sa paix intérieure : sa modestie, son contentement, et sa foi. Alors tout d’abord, la modestie de David. Il déclare dans un premier temps, au v. 1, qu’il est parfaitement lucide sur sa condition d’être humain. Ce qu’il dit sous-entend qu’il a conscience qu’il existe une tentation pour l’homme : celle de se laisser emballer par toutes ses capacités, de quelque nature qu’elles soient. Le roi David, en l’occurrence, c’était quelqu’un de très puissant et de très riche. Non seulement cela, mais il était spirituellement très éclairé, très perspicace. Il était aussi très doué en musique et en poésie. Malgré toutes ces capacités (politiques, économiques, artistiques, intellectuelles…), David déclare qu’il préfère rester modeste, et faire un usage modeste de ces capacités. Il a conscience qu’en tant qu’être humain, il serait très tentant de profiter un maximum de tout ce dont il est capable, et pourquoi ? Parce qu’il y a là une sorte d’autosatisfaction, que David appelle de l’arrogance. Ça fait du bien de se dire qu’on est capable d’accomplir de grandes choses, et de mener des réflexions intellectuelles très poussées, et très profondes. Mais c’est aussi très risqué.

C’est un peu comme conduire une voiture. Si vous avez votre permis, ça veut dire que vous avez déjà été au volant d’une voiture. Et est-ce que vous avez déjà jeté un œil sur le compteur de vitesse ? Il monte jusqu’à combien ? 200 km/h ? 220, 240 km/h ? Ce que ça veut dire, c’est que la voiture a été conçue, théoriquement, pour être capable de rouler à cette vitesse. Mais selon toute vraisemblance, vous n’allez jamais pousser votre voiture jusqu’à cette vitesse, et vous allez même en rester très éloigné, et cela, même si les limitations de vitesse n’existaient pas. Pourquoi ? Parce que ce serait extrêmement dangereux.

De la même façon, David est en train de dire ici, que l’être humain est capable de faire des choses incroyables. Dans un autre psaume, David dit : « Je te célèbre ; car je suis une créature merveilleuse » (Ps 139.14). Physiquement, nous pouvons faire toutes sortes de choses. Mais intellectuellement, nous sommes encore plus forts ! Nous pouvons raisonner, inventer, créer, calculer, concevoir, spéculer, imaginer… C’est juste vertigineux, quand on y pense ! Mais comme pour la voiture capable de rouler à 200km/h, il est très risqué pour l’homme de se laisser emballer par ses capacités. Pourquoi ? Parce que nous sommes des êtres déchus dans un monde déchu. Rouler à 200km/h avec une voiture parfaitement fiable sur une piste parfaitement fiable, ça ne comporterait aucun risque. Mais dans notre environnement ordinaire, on n’est pas à l’abri d’un nid de poule, d’un pneu qui éclate, ou d’un chauffard qui nous grille la priorité. De même, il suffit de regarder autour de soi pour constater que l’homme est dysfonctionnel, dans un monde dysfonctionnel.

Et donc la première chose que David nous conseille (indirectement, par son propre exemple), c’est de ne pas nous laisser emballer par nos capacités, de quelque nature qu’elles soient, mais plutôt d’être lucides sur notre condition d’êtres humains. Nous avons d’incroyables capacités, surtout intellectuelles, mais nous sommes faillibles. Nous sommes tentés d’user et d’abuser de ces capacités, et de résoudre par nous-mêmes tous les problèmes de notre existence, pour pouvoir ensuite nous auto-congratuler, mais cette tentation risque surtout de nous conduire à notre perte, pour une simple et bonne raison, c’est que nous sommes des êtres humains ! Nous sommes limités et dysfonctionnels. Il y a quelqu’un qui a tenté cette expérience à notre place, c’est l’Ecclésiaste. Il a exploré à fond toutes les capacités de l’être humain, et il en est ressorti plus frustré que jamais ! Donc déjà, si vous n’êtes pas en paix, c’est peut-être parce que vous êtes trop ambitieux. Vous voulez rouler trop vite. Vous vous engagez dans des « choses trop grandes et trop merveilleuses » pour vous, et vous vous y perdez. Soyez plutôt lucide sur votre condition d’être humain, et par conséquent modeste en ce qui concerne vos ambitions.

Le contentement de David (v. 2)

Deuxièmement, David nous parle de son contentement. Il déclare, au v. 2, qu’il s’est détaché de ses passions et de ses désirs. Cet état d’esprit, qu’il nous décrit au v. 2 sous la forme d’une image, est présenté en opposition avec ce qui a été dénoncé au v. 1. Autrement dit, David est en train de nous décrire un contentement qui a notamment découlé de cette démarche qui consistait à exercer avec modestie ses capacités d’être humain. Mais l’image qu’il emploie nous en dit un peu plus. Il dit que son âme est devenue comme un enfant sevré. C’est ainsi que son âme a connu le calme et le silence. En quelque sorte, David a « sevré » son âme.

Alors ça désigne quoi, le sevrage ? C’est cette transition importante que connaît un enfant entre la période où il est allaité par sa mère, et la période où il ne l’est plus. C’est une transition importante, et par certains égards difficile, parce que pendant les premiers mois, voire les premières années de sa vie, le bébé cherche naturellement à téter le sein de sa mère, et il trouve dans ce geste un grand réconfort. Il y a là pour lui une grande satisfaction à la fois nutritionnelle, mais aussi émotionnelle. Il est difficile de proposer mieux à un jeune bébé que le sein de sa maman ! C’est son désir le plus fort. C’est naturel et quasi-instinctif. Mais que se passe-t-il quand le bébé est sevré (à l’époque de David, cela se passait vraisemblablement entre l’âge de 2 et 3 ans) ? Le désir du sein de sa mère est appelé à disparaître. L’enfant grandit, et heureusement ! Mais ce que David sous-entend dans cette image, c’est qu’en étant sevré, l’enfant remplace son désir enfantin (charnel, en quelque sorte) par une relation personnelle. Il est satisfait, non plus par le fait de téter, mais par la présence de sa mère. L’enfant n’est plus contrôlé par son désir, mais il trouve son contentement dans la relation qu’il a avec sa mère, et il est capable d’attendre sa nourriture avec confiance.

L’image de l’enfant sevré, c’est donc l’image d’une croissance en maturité, l’image d’une personne qui s’est détaché de ses passions et de ses désirs. Mais en même temps, c’est quand même l’image d’un enfant, l’image d’une personne qui vit dans une relative simplicité, et dans la dépendance et la confiance. C’est à cela que Jésus fait référence quand il dit : « Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux » (Mt 18.3). Alors c’est curieux, parce que dans un premier temps, David nous a dit qu’il ne fallait pas que nous nous laissions emballer par nos formidables capacités, notamment intellectuelles ; en même temps, il nous dit qu’il ne faut pas que nous soyons comme des petits bébés, c’est-à-dire complètement régis par nos passions et nos désirs. Mais si David met les deux côte-à-côte, c’est justement parce que nos formidables capacités nous conduisent à notre perte en raison de nos passions et de nos désirs qui les gouvernent.

Et donc David nous incite à la fois à la modestie pour ce qui est de nos capacités, et au contentement pour ce qui est de nos désirs. Nous passons une bonne partie de notre vie à courir après nos désirs, non ? Et quand on pense en avoir satisfait un, il y en a dix autres qui surgissent. Ce n’est pas comme ça que nous connaîtrons la paix. Et David en a conscience. Il s’est donc détaché de ses passions et de ses désirs. Comme l’enfant sevré, il a remplacé le désir, par la relation personnelle, caractérisée par la dépendance et la confiance. Mais une relation avec qui ? C’est ce qu’on va voir dans le dernier point !

La foi de David (v. 3)

Au dernier verset, David change un peu de style. Pendant les deux premiers versets, il a parlé de lui-même, sous la forme, semble-t-il, d’une prière adressée à Dieu. Mais maintenant, il s’adresse au peuple et l’exhorte à placer toute sa confiance en Dieu. Ce dernier verset révèle que le psaume tout entier, en réalité, était destiné au peuple, et que la prière des deux premiers versets avait un rôle pédagogique pour le peuple. Ce dernier verset est la conclusion du psaume, et sa leçon principale ! Après avoir parlé de sa modestie (v. 1), puis de son contentement (v. 2), David proclame maintenant sa foi. Ce qu’il nous fait comprendre ici, c’est que si on est lucide sur sa condition d’être humain, et détaché de ses passions et de ses désirs, il faut aussi être attaché à la personne de l’Éternel. David est comme cet enfant sevré, qui à la fois n’a pas de prétentions excessives, pas d’ambitions qui le dépassent, et en même temps il n’est pas gouverné par ses passions et ses désirs, mais il les a remplacées par une relation personnelle, simple et confiante avec l’Éternel.

Je voudrais insister sur une chose ici, c’est que cette relation que David met en avant, à laquelle il invite le peuple (et à laquelle le texte nous invite), n’est pas une relation compliquée. Elle n’est caractérisée que par deux choses : une vraie confiance, et en la bonne personne. Une vraie confiance, car c’est une confiance inconditionnelle (« dès maintenant et à toujours »). Et en la bonne personne, car c’est en l’Éternel, le Dieu de la Bible. Si vous êtes un enfant, il y a deux façons d’attirer sur vous de gros ennuis. La première, c’est de reconnaître en votre papa une personne digne de confiance, mais de lui faire confiance de façon conditionnelle. « Bon, Papa me dit de ne pas faire d’expériences avec le tableau électrique de la maison ; il a peut-être raison, mais comment puis-je en être sûr ? J’aimerais bien comprendre le rôle des ces fils rouges et bleus. Et l’électricité, est-ce que ça existe, finalement ? J’ai entendu dire qu’il se passait des trucs quand on coupait des fils et qu’on les reliait à d’autres, surtout à mains nues. J’aimerais bien voir ça ! ». La deuxième façon d’attirer sur vous de gros ennuis quand vous êtes un enfant, c’est, au contraire, de faire confiance de façon inconditionnelle… mais à quelqu’un d’autre qu’à votre papa ! « Bon, ce monsieur va me donner des bonbons si je monte dans sa voiture ; bien sûr que je vais monter ! ».

Voilà pourquoi David met devant nos yeux seulement deux choses qui caractérisent la foi au sens biblique : la vraie confiance, en la bonne personne. Pourquoi ces deux choses sont-elles si importantes ? La vraie confiance, la confiance inconditionnelle, parce que nous ne sommes pas capables de comprendre tout ce que Dieu nous demande ; rappelez-vous, nous devons être lucides sur notre condition d’êtres humains et par conséquent modestes pour ce qui est de l’exercice de nos capacités. La vraie confiance, donc, et en la bonne personne. Pourquoi en la bonne personne ? Parce qu’il n’y a qu’une seule personne dont on peut être absolument (je dis bien « absolument ») sûr qu’il nous veut du bien, c’est l’Éternel, le Dieu de la Bible, le Dieu d’Israël, le Dieu de l’alliance, le Dieu des promesses, le Dieu « qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3.16).

Attends-toi à l’Éternel, au Dieu de la Bible, dès maintenant et à toujours, parce qu’en son Fils Jésus-Christ qui est mort volontairement sur la croix, qui a versé son sang par pur amour, qui a souffert l’agonie pour expier les fautes des croyants, et qui est ressuscité, qui règne aujourd’hui sur toute sa création, et qui va revenir un jour pour juger le monde, eh bien en lui, Dieu te présente son pardon une fois pour toutes, une espérance indéfectible et une sécurité éternelle. Mais ce n’est pas n’importe qui, qui a fait ça, et ce n’est pas quelque chose que l’on peut trouver n’importe où. Cette œuvre unique, suprême, est conforme aux promesses de l’Éternel, le Dieu de la Bible, elle a été réalisée par son Fils Jésus-Christ, et elle est appliquée par la puissance du Saint-Esprit à tous ceux qui lui font confiance. Mais est-ce qu’il faut comprendre comment ça marche pour en bénéficier ? Est-ce qu’il faut pouvoir expliquer ce que c’est que la théologie de l’alliance, ou le concept de la dépravation totale, ou la doctrine de la substitution pénale, pour être en relation avec Dieu ? Non. Il suffit d’être attaché à la personne de l’Éternel, c’est-à-dire de lui faire confiance, et de recevoir ses promesses avec la simplicité d’un jeune enfant.

Alors revenons à notre question initiale. La paix intérieure, est-ce que c’est possible ? Il y a beaucoup de choses qui sont susceptibles de nous troubler, de nous perturber intérieurement, de nous causer, en réalité, beaucoup de tourments. Problèmes de santé, de travail, d’argent… Incertitudes concernant l’avenir, les études, peut-être une relation amoureuse… Questions insolubles au sujet de la vie, de Dieu, de la Bible, de la foi… Ce psaume nous a adressé un message simple, c’est que la paix intérieure est possible, mais nous ne la trouverons jamais en nous-mêmes.

Elle est possible théoriquement, parce qu’elle nous est décrite ici par le roi David, qui a attiré notre attention sur ces trois choses : sa modestie, son contentement et sa foi. Ainsi, David ne cherche pas à trop en savoir ni à trop en faire, étant conscient que ses aptitudes en tant qu’être humain sont naturellement gouvernées par ses passions et ses désirs, puisqu’il est un homme dysfonctionnel, vivant dans un monde dysfonctionnel. Il a donc renoncé à ses ambitions disproportionnées, et en même temps à ses aspirations purement enfantines ; et à la place, il connaît la paix, la paix profonde et durable, dans sa relation simple et confiante avec le Dieu de Jésus-Christ.

Facile, non ? Eh bien non, en effet, ce n’est pas facile. C’est comme quand Paul nous dit : « Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, lui dont la condition était celle de Dieu… » (Ph 2.5-6) ! Ou encore Jésus lui-même qui nous dit : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5.48). Mais la Bible nous présente souvent un idéal pour nous pousser dans la bonne direction, sachant que si nous sommes attachés à Dieu par Jésus-Christ, il a déversé en nous son Saint-Esprit qui nous assiste dans notre marche chrétienne, et qui œuvre en nous pour nous faire grandir dans la foi.

C’est vrai que le repos, le parfait repos, c’est celui qui nous est réservé au paradis, pour le jour de notre entrée dans la gloire. Mais en attendant, inutile de consulter les best-sellers du New-York Times sur le sujet ; consultez plutôt la Bible, le livre de Dieu, qui nous le fait connaître et qui nous fait connaître son Fils Jésus-Christ, et restons-lui attachés comme des enfants sevrés, qui faisons vraiment confiance à celui qui seul, est vraiment digne de notre confiance. L’Apôtre Paul nous exhorte à nous inquiéter de rien, mais à nous appuyer plutôt sur Dieu dans la prière (même si nous ne comprenons pas tout !), et ainsi, dit-il, « la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus » (Ph 4.7).

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