Noël : l'anniversaire du débarquement !

Par Alexandre Sarranle 23 décembre 2018

Elle est où, la joie de Noël, quand on vient de perdre son travail, ou quand on a eu un très mauvais bulletin de notes du premier trimestre, ou quand on a complètement loupé ses partiels, ou quand les relations sont mauvaises à la maison, entre mari et femme, ou entre parents et enfants, ou entre frères et sœurs, ou quand on vient d’être diagnostiqué avec une maladie grave, ou quand un proche est mourant, ou qu’il vient de décéder ? Ce n’est pas pour plomber l’ambiance, mais soyons honnête : il y a parfois un décalage entre la gaieté toute mignonne des guirlandes et des crèches de Noël, et puis la réalité impitoyable de la vraie vie !

Noël, c’est bien beau, mais ça ne me fait pas oublier mes problèmes. Et ça les fait encore moins disparaître. Quoique ! On va lire un texte dans un instant qui veut nous montrer que Noël est une bonne nouvelle pour nous, par rapport à nos problèmes. La naissance de Jésus il y a plus de 2000 ans est une bonne nouvelle pour nous par rapport à nos maladies, à nos souffrances, à nos conflits, à nos deuils, à nos peurs, à nos tentations, à nos échecs, etc.

Mais avant de lire ce texte qui en parle, il faut juste comprendre une chose : c’est que dans la Bible, le diable est la personnification de tous nos problèmes. Bien sûr, d’après la Bible, le diable existe, il est un personnage spirituel réel ; mais il est le chef de tout ce qui est hostile aux hommes (Ép 2.1-3). Et dans ce sens, il est bien la personnification de tous mes problèmes et de tous les vôtres. Ce texte va donc nous parler du diable, et de ce que la naissance de Jésus dans notre monde (la Nativité) a voulu dire pour lui, et donc pour nous.

Alors soyez attentifs, parce que ce n’est pas souvent qu’on parle du diable à Noël. Je n’ai pas souvent vu de petit santon dans la crèche, qui représentait le diable, à côté de la vierge Marie, ou de l’ange Gabriel ! Et pourtant, vous allez le voir, le diable est très concerné par la venue de Jésus dans le monde. Ce qu’on va voir, c’est que Noël est une bonne nouvelle pour nous, parce que c’est une mauvaise nouvelle pour le diable. Noël, c’est « l’anniversaire du débarquement » de la puissance qui est venue nous délivrer du mal. Et donc, à cause de Noël, nos problèmes n’ont qu’à bien se tenir ! Oui, la vraie vie, c’est dur ; et oui, on souffre ici-bas. Mais parce que Jésus est venu, on ne souffre plus pareil, et c’est là toute la leçon de ce texte. Vous voulez connaître la joie de Noël, malgré vos problèmes ? Alors écoutez bien la suite.

Le diable en échec (v. 1-6)

Ce passage a l’air un peu compliqué, mais en fait c’est très simple. Premier point : la naissance de Jésus marque déjà, en soi, un tournant hyper positif dans l’histoire des hommes. Dans le texte, on a d’abord une femme qui représente le peuple élu de Dieu. Avant la naissance de Jésus, ce peuple est connu sous le nom d’Israël (les douze étoiles représentent les douze tribus, v. 1). Elle est enceinte, elle est en travail, et elle va accoucher du messie, celui qui doit établir son règne bienveillant dans le monde entier (v. 5), et dont la venue a été annoncée par Dieu, à travers les prophètes, depuis les origines de l’humanité (Gn 3.15).

Mais dans ce texte, on a aussi un dragon gigantesque, qui est une imitation grotesque de Dieu (sept têtes et sept diadèmes, v. 3, qui rappellent les sept esprits de Dieu, cf. 1.4), qui persécute le peuple élu de Dieu (il précipite un tiers des étoiles sur la terre, v. 4, cf. Dn 8.10), et surtout, qui veut empêcher le messie d’exister (v. 4). La suite du texte nous dit clairement que ce dragon, c’est le diable (v. 9). Il fait tout pour empêcher le messie d’arriver, mais il échoue. Pourquoi fait-il tant d’efforts pour empêcher le messie d’exister ? Parce qu’il a bien compris que la naissance de Jésus marquerait un tournant hyper positif dans l’histoire des hommes.

Vous avez peut-être vu le film Terminator (1984), avec l’acteur préféré de Jonah dedans, j’ai nommé : Arnold Schwarzenegger. Dans ce film, un méchant robot débarque du futur pour éliminer une certaine Sarah Connor, parce qu’elle va avoir un enfant (John) qui deviendra, dans le futur, le chef d’une Résistance qui va combattre (et renverser) la dictature que les robots auront instaurée sur la terre. Les robots veulent donc empêcher la naissance de John, parce qu’ils savent que son arrivée dans le monde est une bonne nouvelle pour les hommes et une mauvaise nouvelle pour eux.

Et maintenant, vous voyez le rapport entre Terminator et Noël. Ce n’est pas juste que les initiales de John Connor sont J.-C., mais c’est que le diable (comme le Terminator) a tout fait pour empêcher le héros-libérateur de naître, et qu’il a échoué. L’histoire de l’Ancien Testament, en fait, c’est l’histoire des tentatives du diable d’empêcher la venue de la descendance que Dieu avait promise dès l’époque d’Adam et Ève.

Caïn a assassiné Abel, le fils fidèle ; Ésaü a cherché à tuer Jacob, l’héritier ; le Pharaon a fait tuer tous les bébés Israélites qui étaient des garçons ; le roi Saül voulait éliminer le futur roi David ; la reine Athalie a voulu mettre à mort toute la descendance royale du royaume de Juda ; l’empire assyrien a cherché à détruire le royaume d’Israël ; les Babyloniens ont complètement ravagé la terre sainte ; et pendant que les Israélites étaient déportés, le méchant Haman, sous le règne d’Assuérus le Perse, a conjuré pour faire périr tous les Juifs ; sans oublier le redoutable Antiochus Épiphane de la dynastie séleucide ; et enfin, lorsque Jésus est né, Hérode le Grand, le roi de Judée, a fait mourir tous les bébés qui avaient moins de deux ans, dans une ultime tentative de « dévorer l’enfant de la femme ».

Il y a comme un motif, non ? Mais toutes ces tentatives ont échoué. À chaque fois, les plans du dragon ont été déjoués. Enfin, après bien des douleurs et des contractions (qui ont duré non pas des heures mais des siècles), le messie est né ; la descendance promise est arrivée ! Noël, c’est chouette, vous voyez, parce que par la venue de Jésus sur terre, déjà, le diable a été mis en échec. Le chef de nos problèmes n’a pas réussi à empêcher le débarquement de celui qui est venu pour nous délivrer de nos problèmes. Donc : joyeux Noël ! Ça, c’est le premier point.

Le diable en déroute (v. 7-11)

Deuxième point : la naissance de Jésus est le commencement de son combat contre le mal, un combat dont il va sortir carrément vainqueur ! Regardez de nouveau le texte (on va revenir aux versets 5 et 6 dans un instant). On a une guerre spirituelle qui oppose le messie avec ses armées, au diable avec ses armées (v. 7). Le diable perd cette guerre (v. 8-9), et le règne du messie est établi (v. 10). C’est ce que voulait dire le verset 5 aussi : après sa naissance, le messie a réussi sa mission, puis il est monté vers Dieu et vers son trône.

Le temps que Jésus a passé sur terre correspond donc à un grand combat dans le ciel (« au verso de la réalité ») entre les forces du messie et les forces du diable. L’issue de ce combat, c’est la défaite du diable et son expulsion du ciel, avec tous ses démons (v. 9). Mais comment cette victoire a-t-elle été gagnée ? Le texte nous dit que c’est notamment « à cause du sang de l’Agneau » (v. 11). Le « sang de l’Agneau » désigne le sang de Jésus, qui a coulé sur la croix, où Jésus est mort en sacrifice comme un agneau.

Dans l’Ancien Testament, les prêtres d’Israël offraient chaque jour des agneaux en sacrifice, matin et soir, pour expier les péchés du peuple (c’est-à-dire pour payer à la place du peuple, par un procédé de substitution, la peine requise par leurs fautes). Jésus est né sur la terre pour se présenter, une trentaine d’années plus tard, comme un sacrifice lui aussi, mais un sacrifice parfait. Un sacrifice qui n’aurait pas à être renouvelé. Un sacrifice suffisant pour payer une fois pour toutes la peine d’une multitude d’hommes, de femmes et d’enfants. Et c’est par ce sacrifice (par « le sang de l’Agneau ») que la guerre a été gagnée contre le diable dans le ciel.

Comment ça ? Eh bien imaginez un tribunal. Vous avez le juge, c’est Dieu. Sur le banc des accusés, c’est vous. Et debout au milieu de la salle d’audience, vous avez l’avocat de l’accusation. Il a un énorme dossier sur vous, et jour et nuit, il égrène les charges retenues contre vous. La liste est interminable. « Le 12 mars 2006 à 8h54, s’est mis en colère contre un membre de sa famille ; à 8h57, a menti pour ne pas perdre la face ; à 9h04, s’est comporté de manière égoïste quand il a fallu débarrasser la table ; à 9h05, a maudit son prochain dans son cœur ; à 9h12, a convoité la Lamborghini de son voisin ; à 9h13, a convoité la femme de son voisin ; à 9h20, a convoité la femme en photo sur l’abribus ; à 9h23, ne s’est pas soucié de la famille de réfugiés qui faisaient la manche au feu rouge… Bref, toute la journée, et tous les jours : n’a pas aimé Dieu de tout son cœur et n’a pas aimé son prochain comme soi-même ! »

Et qui sait peut-être que dans votre cas précis, il y a des charges plus lourdes et douloureuses encore. Tel jour, tel heure : a volé à l’étalage. Tel jour, telle heure : a littéralement commis l’adultère. Tel jour, telle heure : s’est injecté de l’héroïne. Tel jour, telle heure : a frappé son conjoint. Et dans notre texte, l’avocat de l’accusation, c’est le diable (v. 10). Et puisque son but, c’est de nous faire du mal, il se saisit de tous ces motifs d’accusation et il les fait valoir devant Dieu pour nous faire condamner à l’éternité en enfer ! C’est ça, le projet ultime du diable depuis le commencement ! Mais le messie a vaincu l’accusateur. Comment ? Il a payé lui-même la peine requise pour tous ces motifs d’accusation.

Si vous placez votre confiance en Jésus le messie, eh bien plus aucune charge ne peut être retenue contre vous, parce que la peine pour chacune a déjà été payée. Jésus s’est substitué à vous. Et maintenant, face à l’avocat de l’accusation, vous avez Jésus, l’avocat de la défense, qui plaide son propre sang, et qui déclare solennellement, après chaque accusation du diable : « Objection, votre honneur ! Tetelestaï (Jn 19.30), la dette est réglée ! La peine a été payée ! » Le dragon n’a plus aucune munition, l’avocat de l’accusation est complètement désarmé, et il n’a plus rien à faire dans la salle d’audience. Il se retrouve au chômage et il est expulsé du tribunal céleste et il est « précipité sur la terre ».

Noël, c’est chouette, parce que la naissance de Jésus a été le commencement de son combat contre le mal, un combat dont il est sorti carrément vainqueur ! Par la venue de Jésus sur terre, le diable a non seulement été mis en échec, mais il a aussi été mis en déroute ! Le chef de nos problèmes a été désarmé et il a pris la fuite. Donc : joyeux Noël ! Vous comprenez ?

Le diable en sursis (v. 12-18)

Et maintenant le troisième point : la naissance de Jésus est le début de la fin pour le diable, et pour toute puissance qui veut nous faire du mal. Dans le texte, après sa défaite, le diable a pris la fuite. Il a été expulsé du tribunal de Dieu et il est coincé sur la terre, « sachant qu’il a peu de temps » (v. 12). Le texte nous indique par là que la neutralisation définitive à venir du diable a été scellée par la victoire du messie qui est mort sur la croix et qui est ressuscité le troisième jour. La fin du diable est pour bientôt, il ne peut pas y échapper, et il le sait.

Mais en attendant, le diable s’en prend, sur la terre, à la femme, c’est-à-dire au peuple élu de Dieu (v. 13). Cette femme s’enfuit au désert, dans notre texte (v. 14, cf. v. 6), c’est-à-dire dans un lieu ambivalent, à la fois désagréable, mais en même temps en sécurité ; où la femme va souffrir mais en même temps être nourrie par Dieu pendant 1260 jours, c’est-à-dire pendant 42 mois (cf. 13.5), c’est-à-dire pendant 3 ans et demi (cf. 11.9), c’est-à-dire pendant « un temps, des temps et la moitié d’un temps » (v. 14), c’est-à-dire pendant un temps dont la durée a été fixée par Dieu, qui semblera se prolonger, mais dont la fin arrivera soudainement. C’est très simple à comprendre, il faut juste expliquer longtemps !

L’idée générale, c’est que dans l’état actuel des choses, le peuple des croyants vit dans cette ambivalence, où on est « en sécurité dans un lieu hostile ». Le diable est irrité contre nous. Il s’en prend à nous. Il est toujours le chef de nos problèmes. Il nous envoie de sa gueule des flots de mensonges pour que nous les croyions, si possible (v. 15-16). Mais nous pouvons tenir ferme, avec à nos reins « la vérité pour ceinture » (Ép 6.14). Il nous fait la guerre, à nous qui sommes la descendance de la femme (v. 17) ; il « rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (1 Pi 5.8), mais nous pouvons lui résister, « fermes en la foi ».

Nous vivons actuellement dans le « désert », mais Dieu prend soin de nous et nous nourrit, par ses différents moyens de grâce, jusqu’au jour où Jésus, le messie, reviendra dans la gloire pour manifester son règne non seulement au ciel mais aussi sur la terre, conformément à ses promesses. En attendant le jour de sa neutralisation définitive, le diable « se tient debout sur le sable de la mer » (v. 18), c’est-à-dire en position d’extrême précarité. Donc Noël, c’est chouette, parce que la naissance de Jésus est le début de la fin pour le diable, et pour toute puissance qui veut nous faire du mal. Le chef de nos problèmes a été mis en échec, il a été mis en déroute, et maintenant, il est en sursis.

Pendant ce temps, les croyants proclament la bonne nouvelle du messie qui a gagné la victoire sur le mal, par sa mort et sa résurrection. Et la « parole de leur témoignage » (v. 11), qui est proclamée dans le monde entier, c’est le prolongement de la victoire du messie (dans ce sens, elle y participe). C’est la manière principale dont Jésus déploie son règne ici-bas : lorsque des hommes, des femmes et des enfants entendent et reçoivent ce témoignage, et accueillent par la foi le règne bienveillant de Jésus dans leur vie.

Tout ça pour dire quoi ? Eh bien on se posait la question en introduction : elle est où, la joie de Noël, quand on est le 24 ou le 25 décembre, et qu’on est malade, ou déprimé, ou en proie à la solitude, ou dans le besoin, ou en conflit avec nos proches, ou abattu à cause d’un échec, d’une trahison, d’un décès, ou à cause du mal qu’on a soi-même commis ? Noël, c’est bien beau, mais ça ne fait pas disparaître mes problèmes… Quoique !

Ce que ce passage nous a montré, c’est que Noël, en fait, est une bonne nouvelle pour nous, parce que c’est une mauvaise nouvelle pour le diable, qui est le chef et la personnification de tous nos problèmes. Noël, c’est « l’anniversaire du débarquement » de la puissance qui est venue nous délivrer du mal. Le libérateur est venu de la part de Dieu, et parce qu’il a mis en échec le diable par sa naissance, et parce qu’il l’a mis en déroute par sa mort et sa résurrection, maintenant le chef de nos problèmes est en sursis, et nos problèmes n’ont qu’à bien se tenir ! La question, bien sûr, est la suivante : est-ce que tu as accueilli par la foi, dans ta vie, le règne bienveillant de Jésus ? Parce que c’est ça qui va faire toute la différence.

Il y a deux hommes qui sont en prison. Ils occupent deux cellules qui sont exactement identiques. Ils ont la même couchette, les mêmes repas, les mêmes geôliers, les mêmes horaires de promenade, les même barreaux aux fenêtres, et la même vue sur l’enceinte du pénitencier. Ils ont le même âge, la même origine ; ils ont reçu la même éducation. Ils ont les mêmes goûts. Ils ont même été incarcérés le même jour. Ils sont, objectivement, exactement dans la même situation, et ils sont sujets aux mêmes souffrances. Sauf que. Il y en a un qui attend d’être exécuté ; tandis que l’autre attend d’être libéré.

Les deux souffrent en prison. Mais ils ne souffrent pas pareil. Et toi aujourd’hui, tu as des problèmes, comme moi. Nos problèmes sont peut-être un peu différents, mais nos souffrances, fondamentalement, sont les mêmes. Nous avons peur, nous avons honte, nous nous sentons coupables, nous nous sentons seuls. On a beau chanter des cantiques de Noël, la vraie vie, c’est dur. Mais si on place sa confiance en Jésus, on peut dire que parce qu’il est venu, on ne souffre plus pareil. Parce que Jésus est venu vaincre le chef de nos problèmes, il est venu sceller son sort, et maintenant, on est « en sécurité dans un lieu hostile » ; on est encore dans la cellule, mais on attend d’être libéré ! Donc : joyeux Noël !

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