La fête la plus importante du calendrier

Par Alexandre Sarranle 21 avril 2019

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a marqué les esprits cette semaine, et a réveillé chez beaucoup de gens une certaine sympathie pour le christianisme. J’ai été frappé de voir sur les réseaux sociaux certains de mes contacts, qui sont profondément athées, s’émouvoir de cette destruction qui a touché un symbole religieux important dans notre pays.

D’ailleurs, mercredi soir, à l’église Saint-Sulpice, la messe chrismale a réuni beaucoup de gens qu’on n’aurait pas normalement vus à cet endroit, comme Anne Hidalgo (maire de Paris), Christophe Castaner (ministre de l’intérieur), ou encore Brigitte Macron (l’épouse du président de la République). Et puis… un milliard d’euros de promesse de dons, levés en moins d’une semaine pour financer la reconstruction de ce lieu de culte ! C’est dingue, non, l’intérêt que le monde a tout d’un coup pour la religion chrétienne. Un journaliste a même osé ce titre pour son article : « Incendie de Notre-Dame : le feu qui ranime la foi » !

Mais. De quelle foi parle-t-on ? Quand on sait qu’en France, environ 4 personnes sur 5 qui se disent chrétiennes ne croient pas que Jésus soit réellement ressuscité des morts : qu’est-ce que le feu de Notre-Dame a, en fait, ranimé dans le cœur de beaucoup de ces gens ? Un attachement sentimental pour les traditions de l’Église ? De la reconnaissance pour notre héritage chrétien ? Un désir de pratiquer un peu plus la religion ?

Et vous : diriez-vous que vous avez la foi ? Et qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Je crains que nous ayons tous tendance à sous-estimer la portée véritable de la foi chrétienne. « J’ai la foi, oui, parce que je vais à l’église de temps à autre et j’y trouve quelque chose qui me fait du bien ». « J’ai la foi, oui, parce que je prie quand ça va mal, et ça m’aide. » « J’ai la foi, oui, parce que je me reconnais dans la culture chrétienne. »

Mais aujourd’hui, le texte qu’on va lire veut nous rappeler que la vraie foi chrétienne, c’est un truc beaucoup plus important que ça, parce qu’elle repose sur un événement historique absolument exceptionnel et incontournable, j’ai nommé : la résurrection corporelle, pour de vrai, de Jésus-Christ. Un événement commémoré aujourd’hui en ce jour de Pâques qui est la fête la plus importante du calendrier, comme vous allez le voir.

La leçon du texte qu’on va lire aujourd’hui, en tout cas, c’est que puisque Jésus est réellement ressuscité, alors la foi chrétienne, pour le croyant, n’est pas une simple commodité (une simple pommade spirituelle), mais c’est toute sa vie. Est-ce que c’est toute votre vie ?

Le texte va nous expliquer pourquoi la foi chrétienne devrait être toute votre vie : c’est parce qu’en vertu de la résurrection de Jésus, si vous êtes attachés à lui par une confiance sincère, alors Dieu règle votre problème fondamental ; il restaure votre condition d’origine ; et il rétablit votre utilité éternelle. Que demander de plus ? C’est un salut complet. C’est comme autrefois quand on prenait son abonnement internet chez Free : quand on a Jésus, on a tout compris ! Et il est indispensable que nous en soyons profondément convaincus.

Notre problème fondamental, résolu ! (v. 17-19)

La foi chrétienne, ce n’est pas une commodité mais c’est toute notre vie, d’abord parce qu’en Jésus, Dieu règle notre problème fondamental. Il nous accorde le pardon (ou la rémission) de nos péchés. C’est ce que dit Paul dans les versets 17 à 19. Si Jésus n’est pas ressuscité, alors notre foi, qui n’est qu’une simple commodité, est vaine : ça veut dire que nous sommes encore dans nos péchés, que nous sommes perdus, et que nous sommes les plus malheureux, ou les plus à plaindre, de tous les hommes.

La foi chrétienne, c’est peut-être utile pour faire face aux aléas de la vie, mais ce n’est pas de cela dont il s’agit avant tout. La foi chrétienne repose sur la nécessité des hommes d’être absous de leurs péchés pour pouvoir se tenir un jour dans la présence du Dieu vivant, qui est parfaitement juste et saint. Si au départ, votre foi chrétienne consiste en quelque chose d’autre qu’à croire en « celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rm 4.24-25), alors votre foi ne sert pas à grand-chose en effet, et elle ne mérite probablement même pas d’être appelée chrétienne.

Si vous espérez en Jésus pour des choses de cette vie seulement, comme par exemple pour la guérison d’une maladie, pour le bien-être émotionnel, pour une expérience mystique, pour la prospérité matérielle, ou même pour l’exorcisation de votre sentiment de culpabilité, laissez-moi vous dire quelque chose : vous n’avez pas besoin d’être chrétien pour l’obtenir. On peut très bien être musulman et riche ; on peut très bien être bouddhiste et bien dans sa peau ; on peut très bien être athée et guérir miraculeusement d’une maladie.

Mais ni l’islam, ni le bouddhisme, ni l’athéisme, ni aucune autre religion ou philosophie dans le monde ne peut vous offrir la pleine et entière rémission de vos péchés comme elle nous est offerte en Jésus-Christ, car seul Jésus-Christ s’est offert en parfait sacrifice pour expier nos péchés (c’est-à-dire pour payer la dette que nous imposait la parfaite justice de Dieu), et seul Jésus-Christ est ressuscité des morts pour garantir notre libération des conséquences dans lesquelles nos péchés nous ont entraînés.

Il existe aujourd’hui toute une branche du christianisme qui a été influencée par le modernisme (protestantisme et catholicisme confondus), et qui met en doute la résurrection physique de Jésus, sous prétexte qu’un mort, ça ne ressuscite pas. Les adeptes de ce genre de rationalisme mettent en avant l’idée que l’expérience qu’ont faite les disciples quand ils ont vu, touché, et dialogué avec Jésus ressuscité, était en fait une expérience mystique. Jésus se serait manifesté à eux dans des visions. Mais l’apôtre Paul, ici, est en train de nous dire que si cette idée était vraie, ça voudrait dire que nous sommes encore dans nos péchés. Autrement dit, si Jésus est réellement mort sur la croix pour expier nos péchés, mais qu’il n’est pas réellement sorti vivant du tombeau, ça veut dire que notre foi en lui ne sert à rien sinon à nous rendre encore plus malheureux. Pourquoi ?

Eh bien imaginez que vous ayez une dette d’un million d’euros envers votre banque, et comme il vous est impossible de rembourser, on vous a mis en prison. Seulement voilà que quelqu’un de très riche, et qui vous aime beaucoup, prend contact avec la partie civile, et rembourse intégralement votre dette. Vous voilà acquitté ! Seulement à quoi cela servirait-il si aucun ordre concernant votre libération n’était donné aux autorités pénitentiaires ? Au lieu d’être un coupable derrière les barreaux, vous ne seriez plus qu’un innocent derrière les barreaux. Moins malheureux, ou plus malheureux ?

De la même façon, Paul dit que si Jésus est mort pour nos péchés, mais qu’il n’est pas réellement ressuscité, cela aurait beau nous permettre d’être pardonnés de nos péchés, cela ne nous libèrerait pas pour autant de la geôle dans laquelle nos péchés nous ont placés, et cette geôle, c’est le caractère éphémère de notre vie. Et cela nous amène au deuxième point.

Notre condition d'origine, restaurée ! (v. 20-23)

La foi chrétienne, ce n’est pas une commodité mais c’est toute notre vie, deuxièmement, parce qu’en Jésus, non seulement Dieu règle notre problème fondamental, mais en plus, il restaure notre condition d’origine. Par la résurrection de Jésus en effet, Dieu a garanti notre future résurrection. La mort des hommes est une anomalie dans le monde. Nous ne sommes pas faits pour ça, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est si douloureux de perdre un proche.

Paul le dit clairement : la mort est entrée dans le monde par un homme, par Adam, à cause de sa désobéissance. Quand Dieu a créé Adam, le but n’était pas qu’il meure, mais qu’il vive ! Mais en choisissant de vivre indépendamment de Dieu, Adam s’est coupé lui-même de la source de la vie, et avec le premier homme, toute l’humanité est déchue. Ce jour-là, l’humanité est devenue mortelle, en quelque sorte. Le livre de la Genèse raconte que Dieu a renvoyé nos premiers parents du jardin d’Éden et qu’il a bloqué l’accès à l’arbre de vie afin que nous ne vivions pas éternellement (Gn 3.22-24). C’est pourquoi le jour où vous êtes né, c’est aussi le jour où vous avez commencé à mourir.

Mais voici ce que dit Paul dans ce passage : c’est que de la même façon qu’Adam a représenté toute l’humanité quand il a désobéi et quand il a été, par conséquent, condamné à la mort, Jésus de même a représenté tous ceux qui se confient en lui, quand il a obéi parfaitement à Dieu, et quand il a été, par conséquent, « justifié » par Dieu, par sa résurrection d’entre les morts (1 Tm 3.16).

Vous voyez qu’en envoyant Jésus, Dieu a donc inversé les effets de la chute d’Adam au profit de tous ceux qui, bien qu’étant unis à Adam par leur naissance dans ce monde, sont unis à Jésus par leur foi en lui. Au cas où vous vous poseriez la question, sachez que vous êtes uni à Adam si vos parents sont des êtres humains ; mais que vous êtes uni à Jésus si vous avez placé toute votre confiance en lui. Et si vous êtes uni à Jésus, vous êtes destiné, selon la Bible, à manger de l’arbre de vie (Ap 22.2).

Paul ne dit pas que la résurrection des morts, c’est quelque chose qui va de soi. Effectivement, le fait de dire avec le Symbole des Apôtres que nous croyons à la résurrection des morts, c’est un peu audacieux ! Mais ce que Paul dit, c’est que nous pouvons être certains de cette chose extraordinaire (que les morts vont ressusciter), parce qu’il s’est passé quelque chose d’extraordinaire dans l’histoire, et cet événement, c’est la résurrection de Jésus.

Si vous alliez vous promener dans les Monts du Lyonnais à la fin de l’hiver, vous pourriez voir des tas de terrains agricoles sans rien qui pousse dessus. Tout ce que vous verriez, ce serait de la terre labourée, des flaques de boue, pas le moindre signe de verdure, et il vous serait impossible de savoir ni ce qui est censé y pousser, ni même si quelque chose est censé y pousser. Mais lorsqu’au début de l’été, vous verriez poindre les premières tiges de maïs, alors vous sauriez, sans l’ombre d’un doute, que quelques semaines plus tard, il y aurait une belle moisson.

De la même façon, Paul dit dans le texte que Jésus est les prémices de ceux qui sont décédés. Ce terme de « prémices » désigne précisément le début d’une récolte. Dans l’Ancien Testament, lorsque démarrait la saison des récoltes, les Israélites devaient cueillir une première gerbe, « prémices de la moisson », et la présenter au sacrificateur qui devait ensuite la dédier à Dieu le lendemain du sabbat (Lv 23.10-22). C’était une façon de reconnaître que toute une récolte allait suivre, et que celle-ci appartenait à Dieu. Et Paul utilise cette métaphore pour parler de la résurrection des morts. Ainsi Jésus, qui est ressuscité le lendemain du sabbat, représente cette première gerbe qui est dédiée à Dieu, et qui annonce une grande récolte à venir. Autrement dit, nous savons que les morts ressusciteront parce que Jésus, le premier, est ressuscité. La résurrection des morts ne va pas de soi, mais elle coule de source !

En Jésus, donc, non seulement Dieu règle notre problème fondamental qui est celui du péché, mais il nous restaure aussi à notre condition d’origine, celle du Jardin d’Éden, en nous libérant de la tyrannie de la mort. Cela ne veut pas dire que les chrétiens ne vont pas mourir ; cela veut dire que la mort n’a plus aucune puissance sur ceux qui sont en Jésus, car Dieu nous destine à ressusciter, avec un corps incorruptible, en vue de la vie éternelle en sa présence. En Jésus, nous sommes dédiés à Dieu. Et cela nous amène au dernier point.

Notre utilité éternelle, rétablie ! (v. 24-28)

La foi chrétienne, ce n’est pas une commodité mais c’est toute notre vie, troisièmement et dernièrement, parce qu’en Jésus, non seulement Dieu règle notre problème fondamental, non seulement il restaure notre condition d’origine, mais il rétablit notre utilité éternelle. Dans le texte, Paul pointe vers un jour en particulier, le jour, dit-il, de « l’avènement » de Jésus. Il s’agit du jour où Jésus reviendra sur terre pour mettre un terme à l’histoire, et pour inaugurer les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

Paul dit que ce jour marquera la fin de tout régime autre que celui de Jésus-Christ. Toute puissance, tout pouvoir, toute autorité, tout règne, tout gouvernement seront définitivement abolis, de sorte qu’il ne restera éternellement qu’un seul royaume, celui de Dieu, et qu’un seul Roi, Jésus-Christ, auquel l’univers tout entier sera manifestement soumis. La mort ne sera plus, la création glorifiera parfaitement son Créateur, et Dieu le Fils lui-même demeurera volontairement soumis à Dieu le Père. Toutes choses demeureront éternellement à leur juste place vis-à-vis de Dieu. C’est ce que Paul veut dire quand il dit que Dieu sera « tout en tous ».

Et l’être humain là-dedans ? Eh bien l’être humain aussi glorifiera éternellement son Créateur. Mais les croyants et les non-croyants ne le glorifieront pas de la même manière. Les non-croyants, qui auront vécu à la suite d’Adam, dans l’indépendance vis-à-vis de Dieu, et qui se seront désintéressés du pardon des péchés qui est possible en Jésus, recevront le juste châtiment de leurs fautes, et glorifieront ainsi Dieu en témoignant éternellement de sa sainte colère et de sa puissance (Rm 9.22).

Quant aux croyants, à ceux qui étaient, de même, spirituellement morts en Adam, mais qui sont parvenus, par la grâce de Dieu, à la foi en Jésus-Christ, eux aussi glorifieront Dieu, mais en témoignant éternellement, quant à eux, de son incroyable miséricorde et de son amour sacrificiel. Pour nous qui croyons, la justice de Dieu a été satisfaite en Jésus sur la croix, de sorte qu’au jour de son avènement, au lieu de subir le châtiment que nous méritons, nous recevrons la gloire du Fils éternel de Dieu, et nous offrirons au Père un culte de reconnaissance, pour l’éternité.

Alors si quelqu’un vous demande, un jour : « Quel est le but de ta vie ? », que lui répondrez-vous ? « Le but de ma vie ? Faire beaucoup d’argent. Me marier et avoir des enfants. Profiter un maximum de tout ce qui est agréable. Éviter autant que possible la souffrance. Devenir Président de la République. Percer le mystère du Big Bang. » Vraiment ? Et si le but principal de la vie de l’homme était de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel ? C’est en tout cas l’enseignement de la Bible.

Dieu crée l’homme pour sa propre gloire. Dieu punit le péché pour sa propre gloire. Dieu sauve l’homme pour sa propre gloire. Vous n’existez que pour sa gloire. Et si vous vous confiez en Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, sa gloire devient votre bonheur. « Heureux ceux qui lavent leurs robes afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville ! », dit l’Écriture, c’est-à-dire heureux ceux qui sont pardonnés pour leurs péchés, afin de pouvoir vivre éternellement dans la bienheureuse présence de Dieu (Ap 22.14).

Pour conclure. Imaginez que votre voiture tombe en panne alors qu’elle est encore sous garantie. Diagnostic : un cylindre du moteur est cassé. Le garagiste vous dit : « Pas de problème, je vous remplace le moteur ». Une semaine plus tard, vous allez récupérer votre voiture chez le garagiste. Vous mettez la clef dans le contact, mais rien ne se passe. Vous ouvrez le capot : pas de moteur ! Vous interpelez le garagiste qui vous répond : « Je vous ai mis un moteur tout neuf, comme promis ; il est même encore dans son emballage, je l’ai posé dans le coffre ». Absurde, non ? Une voiture en panne a non seulement besoin d’être réparée, mais aussi reconditionnée, et réutilisée.

Parfois, on pense que le salut que Dieu nous offre en Jésus est un peu comme ça. C’est une réparation gratuite, mais qui ne sert pas à grand-chose. Alors qu’en réalité, non seulement Dieu nous répare, mais il nous reconditionne, et il nous réutilise. En Jésus, non seulement Dieu règle notre problème fondamental, mais il restaure notre condition d’origine, et il rétablit notre utilité éternelle. Voilà à quoi ça sert, la foi. Voilà pourquoi la foi, ce n’est pas pour nous une simple commodité, mais c’est toute notre vie.

Et cette portée exceptionnelle de la vraie foi repose sur la résurrection de Jésus ; c’est pourquoi la fête de Pâques, c’est le jour férié le plus important du calendrier. Parce que ça commémore l’événement le plus important de l’histoire. Puisse Dieu utiliser tout ce qu’il voudra—même l’incendie de Notre-Dame—pour ranimer la foi, la vraie foi, en chacun de nous. Qu’on puisse être émerveillé et même bouleversé par cette vision plus grande et plus complète des « choses qu’on espère », quand on a la foi (Hé 11.1).

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