Trouver ma place dans l'Église

Par Alexandre Sarranle 27 octobre 2019

Bonjour à tous, c’est à moi qu’il incombe aujourd’hui de vous lire un passage en particulier de la Bible et de vous en expliquer les enseignements et les applications pratiques pour notre vie.

Et vous avez vu que d’autres gens avaient d’autres rôles aujourd’hui, comme Denis qui a présidé à toute la première partie de cette célébration, comme les musiciens qui ont accompagné les chants (sous la conduite de Maïlys), ou encore comme Vincent, Stéphane et Linda qui ont assuré l’accueil et le café. Il y a d’autres personnes qui jouent un rôle plus discret : Trina qui coordonne la garderie, Hélène et Marie-Noëlle qui organisent l’éveil à la foi pour les tout-petits, ou encore Nico qui a généré toutes les diapos qui s’affichent derrière moi.

Je pourrais mentionner d’autres personnes, mais bref, quand on vient à l’église, on voit que c’est toute une activité. Il se passe plein de trucs qui ont plus ou moins de prééminence, et qui sont faits par différentes personnes qui elles-mêmes sont mises plus ou moins en évidence.

Et vous dans tout ça ? Est-ce que vous vous dites : « Hé, j’aimerais bien être devant, moi, peut-être pour participer au groupe de musique ou pour parler dans le micro ! » Ou bien est-ce que vous êtes tout-à-fait satisfait de venir discrètement, de vous asseoir dans un coin incognito et de ne pas avoir de responsabilité particulière ? Ou bien est-ce que vous avez une responsabilité dans notre église, mais ça commence vraiment à vous gonfler parce que c’est une misérable contrainte et que ce n’est pas du tout valorisant ? En fait, c’est quoi ma place dans l’église ? C’est cette question qui est soulevée dans le texte qu’on va lire.

C’est un texte où l’apôtre Paul écrit à des chrétiens de son époque qui ont un problème, c’est qu’ils veulent tous avoir les meilleurs rôles dans l’église. Ils se disent, en gros : « Si j’arrive à faire ça dans l’église, disons prêcher, ou guérir des malades par la prière, ça voudra dire que j’aurai vraiment atteint une grande maturité spirituelle. Je serai vraiment un super bon chrétien et un pilier de l’église ! » Mais l’apôtre Paul va tout simplement corriger cette façon de voir les choses. En fait, l’apôtre Paul va consacrer trois chapitres à cette question de ce qu’on appelle « les dons spirituels », c’est-à-dire, en gros, la manière dont chacun dans l’église est appelé à mettre ses aptitudes au service de Dieu et des autres croyants.

Mais dans un premier temps (c’est ce qu’on va voir aujourd’hui), l’apôtre Paul veut établir (ou tablir) la base : c’est que l’église, ça appartient à Dieu, et c’est lui qui l’organise comme il veut ! Et donc si je veux savoir quelle est ma place dans l’église, je ne devrais pas aborder cette question en pensant d’abord à moi, mais en pensant d’abord à Dieu. Il y a plein de trucs que je peux faire dans l’église—et que je devrais faire—mais à condition que je me rappelle que le but n’est pas mon intérêt ou mon épanouissement personnel.

Un seul patron (v. 1-6)

La première chose que ce passage nous apprend (ou nous rappelle), c’est que l’église (dans laquelle je veux m’impliquer) est subordonnée à l’autorité d’un seul et unique patron : Dieu.

Dans le texte, l’apôtre Paul annonce son sujet, littéralement : les « choses spirituelles » (v. 1). Vous vous rappelez peut-être qu’au début de sa lettre déjà, Paul avait dit que son travail consistait à expliquer des « choses spirituelles » à des hommes spirituels (2.13). Plus loin il a aussi dit qu’il avait semé parmi les Corinthiens des « choses spirituelles » et qu’en retour il était normal qu’il moissonne des « choses matérielles » (9.11).

Les choses spirituelles, donc, dans un sens large, c’est le fruit de l’œuvre du Saint-Esprit dans l’Église—c’est un truc spécifique aux chrétiens. On pourrait dire que c’est toute manifestation spirituelle propre à l’Église chrétienne : comme la vraie prédication de l’Évangile, les vraies révélations qui viennent de Dieu, les vraies guérisons, la vraie foi, la vraie prière adressée au vrai Dieu, etc.

Et donc concernant ces « choses spirituelles » qui existent dans l’Église, Paul ne veut pas que les Corinthiens soient « dans l’ignorance » (v. 1). Il leur rappelle combien il leur avait été facile, autrefois, de suivre bêtement la première idole venue—des idoles muettes ou aphones, des trucs inventés qui ne pouvaient rien leur apprendre ni rien faire pour eux ! Par opposition, maintenant qu’ils sont chrétiens, ils viennent à l’église où il y a le Saint-Esprit qui est puissant et actif et loquace. Le Saint-Esprit est une personne vivante, et si des gens professent la foi en Jésus et se constituent en une communauté qu’on appelle l’Église de Jésus, c’est en vertu de l’action puissante de ce Saint-Esprit (v. 3). Ce Saint-Esprit, c’est l’Esprit de Dieu, qui défend la seigneurie de Jésus : les trois personnes de la Trinité sont au centre de la constitution de l’Église.

Et pourquoi tout ça est important ? Parce que c’est ça qui sous-tend l’affirmation insistante de Paul aux versets 4 à 6 : oui, il y a plein de « choses spirituelles » différentes dans l’Église, plein de manifestations spirituelles propres à l’Église chrétienne, mais il y a un seul patron qui est aux commandes, le Dieu qui opère tout ça à travers tous ces gens différents, le Dieu unique, Père, Fils et Saint-Esprit !

Tout simplement : bien qu’il se passe plein de choses différentes dans l’église, ce n’est pas « chacun fait ce qu’il veut ». Il y a un patron, un vrai patron vivant, qui n’est pas comme les idoles passives et muettes.

Imaginez que vous rejoigniez une entreprise un jour qui vous dise : « Bienvenue chez nous ! Vous allez vous plaire ici, on est un véritable incubateur de talents. Il n’y a pas de chef ici, que des associés qui investissent leurs aptitudes et leur énergie là où ils veulent, quand ils veulent et comme ils veulent. » Un chouette contexte pour quelqu’un qui aurait un esprit indépendant, comme un auto-entrepreneur. Mais imaginez maintenant que vous vous fassiez embaucher par une autre boîte : « Bienvenue chez nous ! Il y a plein de fonctions et de responsabilités différentes chez nous, on travaille tous ensemble dans une grande diversité de métiers. Mais il y a un chef, un PDG, qui coordonne notre travail à tous, et qui fixe les priorités et les objectifs. Son bureau est juste là. » Ce n’est pas tout-à-fait pareil. Vous n’allez pas percevoir votre place dans l’entreprise tout-à-fait de la même manière.

Et finalement l’apôtre Paul est en train de dire aux Corinthiens : « Bon. Quand vous étiez entraînés et dévoyés vers les idoles muettes, c’était une chose ; vous n’aviez pas de véritable patron. Mais maintenant, dans l’Église chrétienne, malgré la diversité des choses spirituelles qu’on peut y trouver, il y a un patron unique et vivant, qui coordonne notre service à tous, et qui fixe les priorités et les objectifs, et son bureau est juste là. Vous vous posez la question de votre place dans l’Église, très bien ! Mais la première chose que je veux vous dire, c’est que vous ne pouvez pas y faire juste ce que vous voulez. »

L’Église, ce n’est pas juste une association de gens qui professent la foi, où chacun vient pour y trouver son compte. C’est une communauté, certes, mais qui est conduite par un seul Esprit—le Saint-Esprit—, par un seul Seigneur—le Fils—, par un seul Dieu—le Père. L’église (dans laquelle je veux m’impliquer) est subordonnée à l’autorité d’un seul et unique patron : Dieu.

Donc si je me pose la question de ma place dans l’église, je dois déjà réfléchir à ça. Est-ce que je reconnais vraiment l’autorité et les prérogatives de Dieu dans la communauté chrétienne ? Ce groupe de gens sympathiques, ce n’est pas juste le fan-club de Jésus. Ce n’est pas juste une amicale chrétienne. Ce n’est pas juste une association de bénévoles qui organise des événements le dimanche matin. C’est une communauté qui est dirigée par Dieu.

Et si c’est le cas, alors… ma place dans l’Église, c’est Dieu qui doit me la donner. C’est lui qui décide. Je ne peux pas juste arriver et décréter que ma place, c’est au micro, ou à la guitare, ou à l’animation du club biblique. Je ne peux pas arriver avec mes critiques et mes idées, et imaginer qu’on aurait une meilleure église si seulement on m’écoutait, moi. Je ne peux pas juste considérer qu’on pourrait se passer de certaines « choses spirituelles » dans l’église parce qu’elles ne me plaisent pas ou ne me conviennent pas.

L’église est ce qu’elle est avec sa diversité et ses défauts, mais c’est Dieu le patron. Je devrais participer à la vie de l’église avec humilité et crainte et prudence, parce que c’est l’église de Dieu.

Un seul projet (v. 7-11)

La deuxième chose que ce passage nous dit, et qui découle du premier point, c’est que Dieu dirige et ordonne son église de manière à accomplir son projet. Il y a un seul patron dans l’Église, mais il y a aussi un seul projet dans l’Église.

Dans les versets 7 à 11, l’apôtre Paul passe en revue toutes sortes d’exemples de « choses spirituelles » (qu’il appelle des « manifestations de l’Esprit », v. 7) pour illustrer à la fois cette grande diversité dont il vient de parler (v. 4-6) et la manière dont toutes ces choses sont unifiées par « le même Esprit » qui les donne. Mais il ajoute un point, c’est que Dieu le Saint-Esprit distribue ces choses souverainement (« comme il veut », v. 11) dans un but utile ou profitable (v. 7). Paul ne dit pas explicitement, ici, quelle est cette utilité, mais il établit au moins qu’il y a une utilité. Dieu distribue ces choses dans un but précis. C’est lui qui est en train d’accomplir souverainement (irrésistiblement, avec autorité) son projet dans l’Église.

C’est comme quand un chef d’équipe répartit les rôles au sein de son équipe. Il y a des rôles qui vont être plus ou moins exigeants, plus ou moins visibles, plus ou moins agréables, plus ou moins techniques, plus ou moins gratifiants… « Bon, on veut commercialiser ce produit et gagner un maximum d’argent. Donc toi, tu vas faire l’étude de marché, toi tu vas être chargé de la recherche et du développement, toi tu vas fabriquer le prototype, toi tu vas conduire les essais en laboratoire, toi tu vas gérer la production à la chaîne, toi tu vas faire les démarches commerciales, toi tu vas prendre les commandes, toi tu fais les expéditions, toi tu gères le service après-vente, etc. ! » Il y a plein de rôles différents ! Mais aucun de ces rôles n’est un but en soi. Tous participent ensemble à accomplir un seul et unique projet : vendre ce produit particulier et gagner plein de sous. Et au-dessus de tout ça il y a le « chef de projet ».

Dans l’église, c’est un peu pareil d’après l’apôtre Paul. On n’existe peut-être pas pour vendre un produit et gagner plein de sous… mais il y a bien un chef qui veut accomplir son projet ! L’église n’existe pas pour accomplir mes projets. Si je prends part à la vie d’une église, ce n’est pas en vue de mon bien-être et de ma satisfaction.

C’est difficile d’accepter ça, parce que de nos jours, on parle beaucoup de « développement personnel ». Tapez cette expression dans Google, et vous obtiendrez plus de 10 millions de résultats ! D’après Wikipedia, « le développement personnel est un ensemble hétéroclite de pratiques, appartenant à divers courants de pensées, qui ont pour objectif l’amélioration de la connaissance de soi, la valorisation des talents et des potentiels, l’amélioration de la qualité de vie personnelle, la réalisation de ses aspirations et de ses rêves. » Et ça c’est à peu près tout ce qu’on recherche naturellement dans la vie, et donc c’est à peu près tout ce qu’on recherche naturellement dans l’église aussi ! Tapez « comment servir Dieu » dans Google, par contre, et vous n’obtiendrez que 5000 résultats.

Or c’est quand même un point important pour Paul : il existe toutes sortes de manifestations différentes de l’Esprit dans l’église, mais ce n’est pas pour notre épanouissement individuel ; ce n’est pas pour récompenser notre maturité spirituelle ; ce n’est pas pour nous donner de l’importance ; c’est pour accomplir le projet de Dieu.

Dans un autre passage, l’apôtre Paul nous en dit un peu plus sur ce qu’est ce projet.

« [Christ] a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ. » (Ép 4.11-13, Segond 1910)

En fait, le projet de Dieu, c’est la croissance de son Église en nombre et en maturité. La diversité des manifestations de l’Esprit existe donc dans un but qui n’est pas l’intérêt personnel des croyants mais l’intérêt commun des croyants.

C’est donc ça aussi que je dois me dire si je me demande quelle est ma place dans l’église : « Qu’est-ce que je recherche ? Qu’est-ce que je désire au fond en participant à la vie de l’église Lyon Gerland ? Est-ce que je suis là pour me faire plaisir ? Est-ce que je suis là pour recevoir ? Est-ce que je viens simplement par habitude ? » Alors ce n’est pas une mauvaise chose que l’église nous procure du plaisir, qu’on en reçoive des choses, et qu’on fasse une habitude de venir ! Mais ce n’est pas ça qui va nous aider à voir quelle est notre place dans l’église.

Puisque Dieu dirige et ordonne son église de manière à accomplir son projet, la question qu’on doit se poser, c’est : « Comment, à mon niveau, puis-je contribuer à l’accomplissement du projet de Dieu ? Quelles aptitudes, quelles ressources, quelle disponibilité Dieu m’a-t-il données que je peux mettre à son service et au service des autres ? » Je mentionnerai quelques pistes pratiques en conclusion, dans un instant.

Un seul organisme (v. 12-13)

La troisième et dernière chose que ce passage nous apprend, c’est que la relation qu’on a à l’église en tant que croyant est de nature organique.

Dans le texte, l’apôtre Paul veut vraiment insister sur la notion d’intérêt commun de l’église par opposition à l’intérêt individuel des croyants. Et pour ça, il fait une comparaison (v. 12-13). Il dit qu’en tant que croyants, on forme un seul corps, un seul organisme. Dans un corps, il y a beaucoup de membres (ou d’organes) différents, mais aucun organe ne peut vivre tout seul. Si on vous coupe la main, elle cesse immédiatement de vivre et d’être utile—sauf si votre main s’appelle « La Chose » dans la Famille Addams !

D’après Paul, donc, il y a une unité, une interdépendance, une complémentarité exceptionnelles dans l’église entre les croyants. Et ce qui est particulièrement frappant dans ce que dit Paul, c’est qu’il ne dit pas : « Comme le corps est un… ainsi en est-il de l’église », il dit : « Comme le corps est un… ainsi en est-il du Christ » (v. 12) ! Paul est vraiment en train d’insister sur le fait que quand on participe à la vie de l’église chrétienne, on ne participe pas juste au fonctionnement d’une institution, mais on fait partie d’un organisme vivant, le corps de Christ.

Je vous rappelle que celui qui écrit ces lignes c’est celui qui autrefois persécutait l’église ; et alors qu’il persécutait l’église, Jésus lui est apparu sur le chemin de Damas et lui a dit : « Pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9.4-5). Paul a compris très tôt quelle était la nature organique de l’église en tant que corps de Christ.

Et au v. 13, Paul rapporte cette unité, cette solidarité organique, encore une fois à l’œuvre du Saint-Esprit. Il dit que c’est par l’Esprit qu’on intègre le corps de Christ et qu’on demeure dans son corps. Paul fait référence ici au fait que les croyants sont unis spirituellement à Christ de sorte que la vie de Christ leur est communiquée. C’est une œuvre spirituelle qui nous est d’ailleurs signifiée (représentée) par les sacrements : le baptême et la sainte-cène.

C’est un peu comme une greffe d’organe. Il y a dix ans en Allemagne, on a réalisé la première transplantation de deux bras entiers. Il ne suffisait pas de mettre un peu de Scotch pour les faire tenir. Il a fallu une équipe de quarante personnes pour réaliser l’opération. Il fallait relier les tissus, les nerfs, les vaisseaux sanguins… de façon à ce que le sang puisse circuler dans les organes, que le patient puisse avoir de la sensibilité au bout des doigts, et que le cerveau puisse commander l’usage des bras et des mains. Si la greffe est réussie, ces organes deviennent vraiment des organes vivants qui participent à la vie du corps et qui sont contrôlés par la tête. Le patient pourra bouger ses bras, et pas les bras de Maurice (le donneur).

Et l’apôtre Paul dit que dans l’église, c’est un peu pareil. Les croyants sont des organes de Christ parce qu’on a été greffé à Christ spirituellement ; et c’est l’œuvre puissante du Saint-Esprit qui opère cette greffe et qui ensuite nous communique efficacement la vie de celui à qui on a été greffé.

Et donc l’église chrétienne, c’est l’expression visible de cette unité organique qui existe entre les chrétiens et Christ. Et ce n’est pas rien ! Avant d’être attaché à Christ, on était en sursis et en perdition, un peu comme un organe arraché de son corps, qu’on essaie tant bien que mal de préserver dans de la glace, mais qu’on ne pourra pas garder très longtemps. Les humains étaient tous dans cette situation par notre propre faute : on a voulu vivre indépendamment de Dieu et du coup on s’est coupé de la source de la vie. Et du coup, on était destiné à mourir et à passer l’éternité en étant séparé de Dieu.

Mais Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé Jésus, son Fils, remédier à cette situation en payant le prix de nos fautes par sa mort sur la croix, et en ressuscitant le troisième jour en vainqueur sur tout ce qui nous séparait de Dieu. Maintenant, si on place notre foi en lui, on est « baptisé d’Esprit-Saint », c’est-à-dire incorporé spirituellement à Christ, et on est « abreuvé du Saint-Esprit », c’est-à-dire que sa vie nous est communiquée. En étant uni à Christ, on devient des enfants de Dieu, on prend part à la communion de la Trinité elle-même (1 Jn 1.3), et on reçoit la vie éternelle.

Et l’église est l’expression visible de cette relation : parce qu’on est greffé à Christ, on est greffé les uns aux autres. Soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, soit Français, soit Coréens, soit Chinois, soit Brésiliens, soit Américains, soit Taïwanais, soit Suisses, soit Colombiens, soit étudiants, soit employés, soit patrons, soit chômeurs, soit fonctionnaires, soit à gauche, soit à droite, soit riches, soit pauvres, soit jeunes, soit vieux… si on est à Christ, on est un seul corps. La relation qu’on a à l’église en tant que croyant est de nature organique.

Et ça veut dire que si je me pose la question de ma place dans l’église, je dois commencer par me poser la question de ma relation à Christ. Parce qu’on peut être dans l’église physiquement sans être en Christ spirituellement.

« Est-ce que je me suis vraiment tourné personnellement vers Jésus par la foi ? Est-ce que je lui ai demandé pardon d’avoir voulu vivre sans Dieu ? Est-ce que je reconnais chaque jour que je lui appartiens et qu’il est le centre et le chef de ma vie ? Et si oui, est-ce que je reconnais que l’église est son corps, et que les autres membres de l’église sont non seulement mes frères et sœurs, mais aussi des bras, des mains, des jambes et des pieds du corps de Christ dont je fais aussi partie ? Est-ce que je confesse en paroles et en actes l’unité et l’interdépendance de l’église, à travers ma solidarité, mon service, ma disponibilité envers les autres membres du corps ? »

En introduction, on constatait qu’il se passait plein de trucs dans l’église, qui avaient plus ou moins de prééminence, et qui étaient faits par différentes personnes qui elles-mêmes occupaient plus ou moins le devant de la scène. Et moi dans tout ça ? Quelle est ma place dans l’église ? Est-ce que j’ai envie d’être mis en évidence ? Est-ce qu’au contraire j’ai envie de rester à l’écart ? Est-ce que je recherche un intérêt personnel ou une satisfaction personnelle ? Est-ce que je suis frustré ou impatient ? Ou au contraire est-ce que je me complais dans une certaine passivité et un certain confort ?

Finalement ce passage veut qu’on ait une bonne perception basique de l’église, et les bonnes attentes qui en découlent : l’église, ça appartient à Dieu, et c’est lui qui l’organise comme il veut ! Ici, il y a un seul patron, un seul projet, et un seul organisme.

L’église, ce n’est pas comme un club de sport, où vous payez votre abonnement, on met à votre disposition des équipements et des services, et vous venez quand vous voulez pour vous faire du bien. Si vous êtes croyant, l’église c’est plutôt comme votre maison : c’est là votre place par défaut ! Les liens qui vous unissent au reste de l’église sont plus forts que les liens que vous pouvez avoir avec vos collègues au travail, avec vos camarades de classe ou même avec votre famille biologique ou avec vos plus proches amis si eux-mêmes n’appartiennent pas à Christ.

Il y a une unité spirituelle exceptionnelle dans l’église ; mais comme dans un corps, il y a aussi une grande diversité de membres, et à chacun, « la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune » (v. 7).

Si je cherche ma place dans l’église, je peux donc me poser les questions suivantes : quelles sont les aptitudes que Dieu m’a données que je pourrais mettre au service de son projet ? Quelles sont les expériences que j’ai faites dans ma vie, qui pourraient enrichir les autres ? Qu’est-ce que j’aime faire et qui pourrait servir l’intérêt commun de l’église ? Comment puis-je consacrer un peu plus de temps et d’énergie à mes frères et sœurs dans la foi ?

Et si je prenais le temps de prier et de réfléchir un peu plus cette semaine au sujet de mon engagement dans l’église ? Et si je faisais un effort pour aller parler à telle ou telle personne de l’église qui travaille dans l’ombre, pour la remercier pour son service ? Et si je proposais de donner un coup de main ? Et si je décidais dorénavant de faire une priorité  de ma participation à la vie de l’église ?

C’est en forgeant qu’on devient forgeron, et c’est en faisant l’expérience de la vie du corps qu’on y découvrira plus facilement sa place, la place que le patron veut qu’on ait dans son organisme en vue d’accomplir son projet.

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