L'amour sinon rien

Par Alexandre Sarranle 17 novembre 2019

Si je vous demandais dans quel domaine de votre vie vous auriez le plus envie de progresser dans les six prochains mois, vous répondriez quoi ? Peut-être que ce que vous aimeriez le plus, ce serait de progresser professionnellement. Vous voudriez améliorer vos résultats dans l’entreprise : voilà votre objectif principal. Ou peut-être que vous aimeriez avoir une meilleure forme physique, perdre du poids, prendre du muscle, augmenter votre endurance. Ou peut-être que par-dessus tout, vous voudriez terminer un certain projet qui a été entamé : la rédaction d’une thèse, une chambre à finir de re-décorer, ou peut-être un projet artistique ou sportif.

Bien sûr, si vous êtes chrétien, vous avez sûrement des objectifs et des intérêts bien plus spirituels ! Ce que vous voulez viser par-dessus tout, dans les six prochains mois (et même dans les six prochaines années), c’est… augmenter votre vie de prière ! Ou… témoigner davantage auprès de vos amis ! Ou… améliorer vos connaissances bibliques et théologiques ! Voilà votre objectif principal.

Et collectivement, en tant qu’Église, qu’est-ce qu’on déciderait si on devait voter sur ce qui devrait constituer notre principale préoccupation (notre priorité) pour les six prochains mois ? Qui voterait pour la rigueur théologique ? Pour la qualité de la louange ? Pour le zèle dans l’évangélisation ? Pour le soin des pauvres et des malades ? Pour des miracles et des guérisons ? Pour l’acquisition d’un local spacieux et confortable ? Voilà notre objectif principal pour les prochains mois ou les prochaines années !

Il y a beaucoup de choses qu’on peut viser, n’est-ce pas, et beaucoup de ces choses sont bonnes et même excellentes. Mais qui affirmerait, spontanément, que le domaine dans lequel il a le plus envie de progresser dans sa vie, c’est l’amour ? Qui dirait, spontanément : « Moi, ce que j’ai le plus envie de faire dans les prochains mois, c’est aimer plus » ?

Pourtant, le passage qu’on va lire dans un instant est assez clair sur le fait que l’amour c’est vraiment le truc qu’on devrait rechercher le plus en tant que chrétien. C’est l’apôtre Paul qui s’adresse à des chrétiens de son époque, les chrétiens de la ville de Corinthe, qui ont pas mal de choses en désordre dans leur vie personnelle et dans leur vie d’église. Et un de leurs problèmes, c’est qu’ils n’ont pas la bonne échelle de valeurs. L’apôtre Paul veut corriger ça en remettant tout en haut de leur échelle de valeurs l’amour, un amour authentiquement chrétien.

Et toute la leçon de ce passage, pour eux comme pour nous, c’est la suivante : toute la sophistication de notre religion ne vaut rien si l’amour—le véritable amour—n’y est pas prépondérant.

La pertinence de l’amour (v. 1-3)

Premier point : aimer vraiment, c’est plus important que n’importe quel autre aspect de la piété. C’est ce qu’il y a de plus pertinent dans la pratique de notre religion.

Dans le texte, pour être sûr d’être bien compris, l’apôtre Paul accumule plusieurs hyperboles (des exemples complètement exagérés) pour montrer que rien ne peut compenser un manque d’amour. « Imaginez. En tant que chrétien, j’ai le don de parler en langues (c’est-à-dire de parler spontanément et miraculeusement dans des langues que je n’ai jamais apprises), et même, imaginez un truc complètement fou que personne n’a jamais vu : que je puisse parler dans des langues célestes ! Vous imaginez mon niveau spirituel si je faisais ça ? Ben si je n’ai pas l’amour… ce serait du vent ! Juste du bruit pour rien ! Pareil si j’avais autant de connaissance que Dieu, ou si j’avais le pouvoir de reconfigurer la chaîne des Alpes, ou si je donnais tous mes biens, tout mon temps, toute mon énergie à des œuvres de charité, ou même si je sacrifiais mon corps pour ma religion ! Si je n’ai pas l’amour… pschitt ! C’est un pétard mouillé ! Ça ne vaut rien ! » C’est très clair, ce que dit l’apôtre Paul, non ?

L’amour, c’est comme un élément inhérent de la piété chrétienne, c’est-à-dire un élément « qui est lié de manière intime et nécessaire à » la pratique de notre religion chrétienne (Larousse).

C’est comme les œufs dans une omelette : vous pourriez mettre du sel, du poivre, du lait ou de la crème, du beurre, des champignons, des oignons, des lardons, tout ce que vous voulez en quantités parfaites et de la meilleure qualité possible… s’il n’y a pas d’œuf, ça ne fera pas une omelette. Ou bien c’est comme un match de foot entre Lyon et Saint-Étienne : l’Olympique Lyonnais a beau être de loin la meilleure équipe des deux, s’il n’y a pas de ballon pour jouer, « cela ne nous sert de rien ».

Ou bien c’est comme si je vous disais que le point le plus important de cette prédication, c’est que Вся утонченность нашей религии бесполезна, если любовь не имеет превосходства : c’est peut-être très juste et très intéressant, mais si je vous le dis en russe, « je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit ». À moins de vous le dire en français, ce n’est pas pertinent.

Et de la même façon, je peux être hyper engagé dans ma foi, hyper zélé, hyper actif, hyper droit, hyper juste, hyper intelligent… mais sans amour, ce n’est pas pertinent. Il manque un truc indispensable, un élément inhérent de la pratique de ma religion. Aimer vraiment, c’est plus important que n’importe quel autre aspect de la piété. C’est ce que dit Paul ici. Est-ce qu’on est d’accord avec ça ?

Est-ce qu’on est d’accord, déjà, pour dire que les manifestations surnaturelles du Saint-Esprit comme le parler en langues, la prophétie, les révélations, les miracles, qu’on en fasse ou non l’expérience aujourd’hui (et on va y revenir), de toute manière c’est moins important que le fait d’aimer authentiquement son prochain ? Est-ce qu’on est d’accord pour dire que si on donne plein d’argent à l’église, si on est assidu à toutes les réunions de l’église, si on donne un coup de main à l’accueil, au café, à la musique, si on prêche un message fidèle chaque dimanche, c’est bien, mais si on n’a pas l’amour… c’est du vent, des pétards mouillés, ça ne vaut rien ?

Est-ce qu’on est d’accord qu’il est possible d’avoir une théologie très raffinée, une influence flamboyante, des moyens matériels impressionnants, un grand nombre d’admirateurs, une arborescence de services rendus à la société, un investissement missionnaire dans le monde, et même d’avoir une allure prophétique, et pourtant de ne pas avoir l’amour que Dieu attend de son peuple—et donc d’être, en fait, dans l’imposture (dans l’escroquerie) ?

Est-ce qu’on est d’accord qu’on peut consacrer beaucoup de temps et d’énergie à corriger toutes les errances théologiques de nos prochains, surtout sur internet, et qu’on peut montrer beaucoup de zèle pour la vérité dans des débats interminables sur Facebook, et qu’on peut défendre bec et ongles « l’honneur de Christ », dit-on, en essayant de corriger les convictions de mon frère sur la fin des temps ou sur le baptême, et qu’on peut même être prêt à aller au bûcher pour ça, mais que si on n’a pas l’amour véritable, tout ça c’est juste de la gesticulation, au mieux inutile, au pire nocive ? Oui ? On est d’accord ?

Alors la question qui se pose maintenant, c’est : « Ben, c’est quoi cet amour véritable, inhérent à la pratique de notre religion ? » C’est quoi cet amour qui est plus important que n’importe quel autre aspect de la piété ?

La persistance de l’amour (v. 4-7)

Eh bien c’est le deuxième point : aimer vraiment, c’est aimer de l’amour dont Jésus aime son peuple. On pourrait décrire cet amour comme étant une disposition favorable persistante. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Regardons le texte.

L’apôtre Paul énumère plein de caractéristiques de cet amour véritable (v. 4-7). On va regarder ça un peu plus en détail dans un instant, mais si on devait en faire la synthèse, on dirait bien que l’amour chrétien, c’est le fait de viser résolument l’intérêt des autres. On met de côté ses propres intérêts, on se met de côté soi-même en fait, et on met l’autre en priorité. On se fait petit et on valorise l’autre. On prend sur soi, on élève l’autre, et on le fait avec persistance (sans jamais laisser tomber). Et en fait, ça c’est l’amour que Dieu a pour son peuple.

Quand on lit la Bible depuis le début, on voit que Dieu veut s’attacher à un peuple, un groupe de gens qu’il appelle à lui, et on voit que ces gens ne le méritent vraiment pas. Ils sont constamment en train de faire des choses qui « blessent » Dieu, des choses qui portent atteinte à cette relation. Et pourtant toute la Bible c’est l’histoire de Dieu qui patiente, qui pardonne, qui supporte, et qui continue d’agir en faveur de son peuple. Comme le dit le psalmiste, 26 fois en 26 versets :

« Célébrez l’Éternel, car il est bon, car sa bienveillance [ou son amour] dure à toujours. » (Ps 136)

Ou comme le dit Dieu lui-même à son peuple, alors que son peuple a accumulé les offenses contre lui :

« Je t’aime d’un amour éternel ; c’est pourquoi je te conserve ma bienveillance. » (Jr 31.3)

Ou bien vous connaissez l’histoire du prophète Osée ? Dieu lui a dit d’épouser une femme prostituée, c’est-à-dire une femme débauchée et infidèle. Il lui dit de s’attacher à elle et de respecter avec persistance les promesses de son mariage, alors qu’elle, elle n’en a rien à cirer. Vous imaginez ? Votre conjoint ne vous respecte pas, il ou elle n’est jamais à la maison, passe son temps en boîte de nuit et multiplie les aventures… et pourtant vous continuez de le ou la poursuivre de votre bienveillance et de votre fidélité. Et Dieu dit à Osée :

« Va encore, aime une femme aimée d’un amant et adultère, aime-la comme l’Éternel aime les Israélites ! » (Os 3.1)

Et l’apôtre Paul nous dit en quelque sorte : « Aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous aime ». L’exemple suprême, bien sûr, de cet amour que Dieu a pour son peuple, c’est Jésus.

« En ceci, Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Rm 5.8)

Ou encore :

« Voici comment l’amour de Dieu a été manifesté envers nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. » (1 Jn 4.9)

Voilà jusqu’où a conduit l’amour de Dieu pour son peuple. On était tous, sans exception, détestables par nature, parce qu’on a multiplié les offenses contre Dieu, mais Dieu, par Jésus, a pris sur lui. Jésus (Dieu fait homme) a mis de côté ses propres intérêts, il s’est mis de côté lui-même, en fait, et a mis notre intérêt en priorité. C’est ce qui s’est passé sur la croix où Jésus est mort. Il a pris sur lui nos fautes (nos péchés) pour nous en délivrer. Il s’est fait petit pour nous élever. Voilà la disposition favorable persistante de Jésus envers son peuple : il nous a aimés jusqu’à la mort !

Et cet amour, c’est l’amour emblématique de l’alliance, c’est-à-dire l’amour caractéristique de la relation de Dieu avec son peuple. Vous pourriez remplacer « l’amour » par « Jésus » dans ce passage (v. 4-7), et vous auriez la description de la manière dont Jésus se comporte avec les croyants !

Et cet amour que Dieu nous porte, c’est non seulement ce qui nous sauve, mais c’est aussi la puissance qui nous permet d’aimer à notre tour. Comme le dit l’apôtre Jean :

« Pour nous, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier. » (1 Jn 4.19)

Aimer vraiment, c’est aimer de l’amour dont Jésus aime son peuple.

Donc imaginez : il y a une personne dans l’église qui commence vraiment à vous agacer parce qu’elle ne se porte jamais volontaire pour aider. Une autre personne, au contraire, est toujours en train de servir et ça vous énerve parce que vous avez l’impression que c’est juste pour se mettre en avant. Une autre personne, eh bien sa personnalité vous prend vraiment à rebrousse-poil. Avec une autre personne, vous avez un désaccord théologique qui crispe votre relation. Une autre personne vous a fait une remarque l’autre jour sur un ton suspect, vous vous demandez si ça ne cachait pas un reproche. Une autre personne a invité chez elle plusieurs amis de l’église mais pas vous, ce n’était pas très sympa. Etc.

Eh bien écoutez.

L’amour est patient, c’est-à-dire qu’il est longanime, tolérant, il prend sur lui. L’amour est serviable, il cherche à se mettre au service des autres et pas de soi-même. L’amour n’est pas envieux, il n’est pas jaloux, il n’est pas centré sur soi—il ne cherche pas à se mettre en avant, à doubler les autres. L’amour n’est pas « malhonnête », ou plus précisément, il n’est pas déplacé ou dédaigneux. Il ne cherche pas son propre intérêt mais plutôt celui des autres. Il ne s’exaspère pas. L’amour ne rumine pas des pensées négatives, il ne tient pas un registre de tout le mal qu’on lui a fait. L’amour ne se réjouit pas (chairo) quand l’autre fait le mal, c’est-à-dire qu’il n’en tire pas un sentiment de justification et de victoire, mais il se joint aux autres pour célébrer la vérité (sunchairo, se réjouir ensemble). Il absorbe tout, il croit et il espère le meilleur des autres, il endure tout, il patiente et persévère continuellement. L’amour ne laisse jamais tomber.

La permanence de l’amour (v. 8-13)

C’est un sacré programme, et c’est ce qui nous amène au dernier point. Aimer vraiment, c’est la marque de la vraie maturité chrétienne. On a parlé de la pertinence de l’amour, de la persistance de l’amour, maintenant on va parler de la permanence de l’amour.

Ces derniers versets on fait couler beaucoup d’encre (v. 8-13), parce qu’il y a certaines choses que dit Paul qui ne sont pas super faciles à comprendre. Paul établit un contraste entre certaines manifestations surnaturelles du Saint-Esprit qui avaient lieu dans l’église de Corinthe, et l’amour, en disant que ces trucs surnaturels vont cesser ou être abolis, tandis que l’amour—et même la foi, l’espérance et l’amour—ça, ça « demeure ». Et de ces choses qui demeurent, l’amour c’est même la chose la plus importante.

L’idée générale, c’est que ces manifestations surnaturelles qui étaient, en fait, beaucoup recherchées par les chrétiens de Corinthe, sont propres à un contexte d’immaturité ou d’incomplétude (ce qui corrige la perception que les Corinthiens pouvaient en avoir !). Ces choses vont disparaître quand on aura dépassé ce stade, quand on aura grandi, quand on aura atteint la maturité. Donc l’importance de ces choses-là doit être relativisée par rapport à ce qui va demeurer, et qui est donc vraiment important : la foi, l’espérance et l’amour.

L’apôtre Paul propose deux analogies. D’abord, celle de l’enfant qui grandit (v. 11). Un enfant a une perception du monde qui lui est propre. Il a des besoins qui lui sont propres. En grandissant, il y a des choses de sa vie qui sont censées disparaître. Les chrétiens matures et complets qui chercheront à parler en langues, à prophétiser ou à recevoir une connaissance spéciale par une illumination surnaturelle de l’esprit, ce seront comme des adultes qui continueront de s’alimenter avec un biberon, qui continueront de porter des couches parce que c’est plus pratique, et qui, pour leur édification personnelle, continueront de lire fidèlement chaque matin un chapitre de La Bible illustrée pour les enfants !

L’autre analogie, c’est celle de la vitre ou du miroir (v. 12). Paul dit que les Corinthiens et lui voient le monde à travers une vitre, ou au moyen d’un miroir, c’est-à-dire assez bien, mais quand même pas super bien. Imaginez regarder une pièce de théâtre en tournant le dos à la scène et en regardant ce qui s’y passe dans le reflet d’un petit miroir de poche. Ou imaginez regarder cette pièce depuis l’extérieur du théâtre, à travers une fenêtre. On peut devinez ce qui se passe, mais si vous pouviez vous asseoir à l’intérieur, au premier rang, juste devant la scène, ce serait tellement mieux ! Et Paul dit que ces manifestations surnaturelles, ce sont des moyens temporaires pour voir ce qui se passe. Un genre de « système D », on pourrait dire. Ça fonctionne mais ce n’est pas l’idéal. Il y a quelque chose de mieux qui va venir.

Et si ce passage a fait couler beaucoup d’encre, c’est parce que les commentateurs ne sont pas tous d’accord sur ce que c’est que ce « mieux » qui va venir, et qui va entraîner la disparition de certaines de ces manifestations surnaturelles du Saint-Esprit. Certains pensent que Paul fait référence au retour de Jésus à la fin de l’histoire. D’autres pensent que Paul pointe vers la fin de l’époque des apôtres, lorsque le Nouveau Testament sera achevé et commencera à être diffusé dans les églises et dans le monde, avec tout le reste de la Bible. Finalement plus besoin de parler en langues, de prophétiser, de recevoir des révélations intérieures spéciales, puisque tout ce qui nous permettra de connaître Dieu, de nous connaître nous-mêmes, d’être sauvés et de servir le Seigneur, sera consigné dans les Écritures saintes enfin constituées au complet.

Mais bref, ce qu’on peut retenir au moins, c’est que ce ne sont pas les exploits spirituels spectaculaires qui sont la marque de la maturité chrétienne—même si on devait accomplir de tels exploits encore aujourd’hui—mais aimer vraiment, voilà la marque de la vraie maturité chrétienne, avec la foi et l’espérance.

Ces trois choses sont les trois choses permanentes, et donc vraiment importantes, et donc elles devraient caractériser en priorité la vie d’un chrétien ou d’une église « adulte » : la foi, l’espérance et l’amour, et non pas « la rigidité, la controverse et le sarcasme », ou bien : « le local, le nombre, et la musique », ou encore : « le pouvoir, l’influence et les recettes ». Et la plus grande de ces trois choses, c’est l’amour.

Si c’est vrai, alors voilà à quoi on devrait travailler en priorité, non ? Avant de chercher plus de sagesse ou plus de miracles (cf. 1 Co 1.22), peut-être qu’on pourrait chercher plus d’amour ? On prie beaucoup pour des guérisons, pour des conversions, pour le secours de Dieu dans l’épreuve, pour que Dieu pourvoie à nos besoins matériels… peut-être qu’on pourrait prier un peu plus pour de l’amour ? Que Dieu nous apprenne à aimer ?

Si vous avez une vie de famille, si vous êtes marié, si vous avez des enfants, si vous avez des parents, si vous avez des frères et sœurs : vous avez la chance d’avoir un terrain d’entraînement idéal ! Mais votre lieu de travail aussi, votre lycée ou votre collège, les réunions de l’église sont des lieux d’entraînement de l’amour, sans oublier bien sûr… quand on est derrière le volant de sa voiture !

On peut s’entraîner à aimer, et on peut trouver la puissance de le faire dans l’évangile, c’est-à-dire en méditant jour après jour sur la façon dont Dieu lui-même, en Christ, nous a aimés.

Tout ça pour dire quoi, finalement ? Eh bien que toute la sophistication de notre religion ne vaut rien si l’amour—le véritable amour—n’y est pas prépondérant. Le véritable amour est pertinent, persistant et permanent.

Mais attention. L’apôtre Paul ne nous dit pas que l’amour est suffisant. L’amour tout seul n’est pas une fin en soi. L’idée, ce n’est pas qu’on peut laisser tomber la théologie, le témoignage, le soin des pauvres et des malades, la prière, la prédication, la qualité de la musique dans le culte, ou le confort du local, et tout miser sur l’amour parce que « y’a que ça de vrai » ! Non, ce n’est pas ce que dit Paul. Ce que dit Paul c’est que toutes ces choses sont bonnes, mais qu’à la fin c’est l’amour qui fait la différence. Vous pouvez avoir acheté tout ce qu’il y avait sur la liste des courses, mais si vous avez oublié de prendre un sac, vous n’allez pas pouvoir le ramener chez vous. Mais si vous n’avez que pris un sac, vous n’allez rien ramener chez vous non plus !

Le véritable amour est un amour bien rempli de substance—l’amour de l’alliance enveloppe les promesses de l’alliance. L’amour chrétien est un amour évangélique (imprégné de l’évangile, de la bonne nouvelle de l’amour de Dieu en Christ), c’est un amour qui transporte la vérité et qui vise le projet de Dieu, comme le dit l’apôtre Paul dans un autre passage :

« En disant la vérité avec amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ. » (Ép 4.15)

Et cet amour, c’est aussi ce qui est censé nous démarquer du monde, comme Jésus l’a dit lui-même :

« À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13.35)

C’est aussi le témoignage d’un père de l’Église à la fin du IIe siècle : « C’est surtout cette pratique de la charité qui, aux yeux de quelques-uns, nous imprime une marque spéciale. ‘Voyez, dit-on, comme ils s’aiment les uns les autres’, car eux se détestent les uns les autres ; ‘voyez, dit-on, comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres’, car eux sont plutôt prêts à se tuer les uns les autres. » (Tertullien, Apologétique, 39.7)

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