Une lumière a brillé.

Par Alexandre Sarranle 15 décembre 2019

Qu’est-ce qui pourrait vous faire éclater de joie ? Qu’est-ce qui pourrait vous faire bondir de votre chaise, lever les mains vers le ciel et pousser des cris d’allégresse ? Je ne parle pas du 4ème but de l’équipe de France face à la Croatie à la 65ème minute de la finale de la coupe du monde de football l’année dernière. Je parle de quelque chose qui serait beaucoup plus grand et plus personnel. Qu’est-ce qui pourrait tellement remplir votre cœur de gratitude, et tellement satisfaire votre esprit, et tellement soulager votre âme, qu’il n’existerait même pas de mots en français pour exprimer votre bonheur ?

Je ne sais pas si j’ai besoin de vous convaincre qu’on est des êtres en manque de quelque chose. Profondément en manque de quelque chose. On le sait intuitivement, si on a déjà été malade, si on a déjà été dans le besoin matériellement, ou si on a déjà perdu un être cher. On le sait aussi même si on n’a jamais trop souffert dans la vie, si on a un travail qui nous plaît, de l’argent, des amis, la santé, mais qu’on sent malgré tout qu’il manque encore quelque chose qui pourrait vraiment remplir le trou à l’intérieur. Quelque chose pour lequel on serait prêt à échanger tout le reste, en fait !

Et c’est ce quelque chose-là qui pourrait nous procurer une telle joie, non ? Mais ce quelque chose, on a beau le chercher de partout, on n’arrive pas à le trouver. Et plus on est frustré dans notre quête, plus on déprime. Plus on fait des expériences décevantes, plus le monde nous paraît sombre et fade. C’est comme quand on fait une indigestion après avoir mangé un certain aliment : après, on est dégoûté pour longtemps de cet aliment. Mais imaginez que vous fassiez des indigestions chroniques, et qu’il y ait de moins en moins d’aliments que vous arriviez à manger ! Au bout du compte, plus aucune nourriture ne vous serait plaisante.

Et donc est-ce que le monde, pareillement, vous est devenu sombre et fade, avec ses crises politiques et économiques, avec ses guerres et ses attentats, avec sa pollution et ses catastrophes naturelles ? Est-ce que vous êtes, au fond (et peut-être pas seulement au fond) insatisfait de votre vie, avec vos maladies et vos deuils, vos conflits et vos ruptures, vos désillusions et bientôt, votre mort ? Est-ce que vous vous reconnaissez dans cette observation qu’a faite C.S. Lewis, l’auteur des Chroniques de Narnia ?

« Si je trouve en moi un désir qu’aucune expérience dans ce monde ne peut satisfaire, l’explication la plus probable est que j’ai été créé pour un autre monde. » (Les Fondements du Christianisme)

C’est peut-être ce que se disaient les gens 700 ans avant J.-C., lorsqu’un prédicateur leur a adressé les quelques mots qu’on va lire dans un instant. Il faut dire que les gens à qui s’adresse ce prédicateur sont vraiment au fond du trou. Leur vie est en train de tomber en miettes. Ils sont confrontés très douloureusement à leur finitude et au désespoir existentiel qui habite en réalité en chacun de nous. Si bien que le prédicateur décrit leur situation comme celle de gens qui marchent dans les ténèbres et qui habitent le pays de l’ombre de la mort. Mais le prédicateur a quelque chose à leur annoncer qui pourrait tout changer. En fait, il a quelqu’un à leur présenter, qui pourrait tout changer !

(Ésaïe 9.1-5)

Le prédicateur arrive devant ces gens avec une incroyable bonne nouvelle. Il arrive avec l’annonce de la fin de leurs souffrances. C’est le truc qu’ils n’espéraient peut-être même plus entendre un jour, tellement ils s’étaient habitués à leur mélancolie. Mais il y a une grande lumière qui vient. Beaucoup de joie. Des cris d’allégresse. Pourquoi ? Parce que les chaînes qui les retiennent leur seront enlevées ! Le bâton qui les frappe depuis si longtemps, sera cassé en deux ! Les vêtements de guerre, qu’ils ont portés depuis si longtemps, et qui sont tellement abîmés et imprégnés de sang, leur seront enlevés, et on y mettra le feu, parce qu’on n’aura plus jamais à les porter !

Le prédicateur leur annonce une délivrance qui va complètement changer leur vie. Quelque chose qu’ils ont tellement désiré, recherché, attendu, et qui va enfin les consoler, les satisfaire et les combler. Et leur procurer cette joie profonde, et complète.

Imaginez les déportés dans le camp de concentration d’Auschwitz, qui ont souffert là-dedans pendant 2, 3, 4 ans, aux mains de leurs oppresseurs, et qui apprennent le 27 janvier 1945 que les troupes soviétiques sont à la porte de la ville. Enfin ! Ou Ingrid Betancourt, vous vous rappelez ? Qui a été retenue en otage par des révolutionnaires colombiens pendant 6 ans et demi. Imaginez son soulagement le jour où on lui a dit que « le joug qui pesait sur elle » allait être brisé !

C’est ce genre de délivrance et de soulagement qu’annonce le prédicateur dans notre texte. Et vous, si on vous annonçait la fin de votre chômage, ou la fin de votre cancer, ou la fin de votre harcèlement à l’école, ou la fin de vos dettes ? Et si on vous annonçait la fin de votre solitude, la fin de votre chagrin, la fin de votre dépression ? La fin de vos inquiétudes, la fin de vos phobies, la fin de vos addictions ? La fin de votre culpabilité ? Quelle joie est-ce que vous auriez si on vous disait qu’on avait enfin trouvé le truc qui pouvait tout changer ?

Sam Gamegie, le fidèle compagnon de Frodon dans Le Seigneur des Anneaux, dirait peut-être :

« C’est comme dans les grandes histoires, M’sieur Frodon, celles qui importaient vraiment, celles où il y avait danger et ténèbres. Parfois, on ne voulait pas connaître la fin, car elle ne pouvait pas être heureuse… Comment le monde pouvait-il redevenir comme il était avec tout le mal qui s’y était passé ? Mais en fin de compte, elle ne fait que passer, cette ombre… Même les ténèbres doivent passer… Un jour nouveau viendra et lorsque le soleil brillera, il n’en sera que plus éclatant… »

Et c’est un peu ce qui se passe dans le texte qu’on a lu. Le prédicateur annonce ce changement, cette délivrance, ce repos tant désiré. Et il veut que les gens se disent : « Oui ! Voilà ce que je veux ! Dis-moi où je peux trouver ça ! ».

Et il donne la réponse : ce truc qui peut tout changer, c’est en fait quelqu’un qui peut tout changer. Un enfant qui doit naître, un « fils » qui leur sera donné. Et cette expression aurait été immédiatement comprise par les gens dans l’Antiquité. Le « fils » qui est « donné » au peuple, et qui aura « la souveraineté » qui reposera sur son épaule, ça veut dire… un roi.

Et dans le contexte plus large de la Bible, ce roi-libérateur, c’est un personnage en particulier qui est appelé le messie (ou le « Christ », qui est un synonyme). Beaucoup de passages de la Bible parlent de lui. C’est le héros de toute la Bible, en fait, parce que c’est lui la clef de l’histoire. C’est lui qui doit venir combattre le mal et délivrer les hommes. C’est lui qui vient briser le joug et secourir les opprimés. C’est lui qui amène la consolation, le soulagement, le repos. Et toute la première partie de la Bible (qu’on appelle l’Ancien Testament) place ses lecteurs dans l’espérance et l’attente et le désir de sa venue.

Parce que le messie, c’est vraiment l’homme-providentiel, c’est celui qui change tout. C’est comme le personnage de Néo dans Matrix, ou John Connor dans Terminator, ou Harry Potter dans… Harry Potter, c’est la personne, la seule et unique, qui va pouvoir corriger ce qui ne va pas dans l’histoire, et rétablir l’ordre, la justice et la paix.

Imaginez que d’ici la prochaine élection présidentielle en 2022, un nouveau candidat fait son apparition. Le candidat parfait. Celui qui aura la connaissance, la sagesse, le pouvoir, l’expérience, et l’intégrité, pour créer de la croissance, ramener à zéro le taux de chômage, augmenter le pouvoir d’achat, protéger les vulnérables, faire disparaître l’insécurité, mettre fin à la dette, et réformer le système de retraites… Vous arrivez à imaginer ? Non ? Eh bien c’est normal, ça n’arrivera pas.

Pourtant, le messie, le vrai, existe ! Celui qui peut tout changer. Celui qui peut remplir le trou à l’intérieur, et pleinement satisfaire votre âme. C’est juste qu’il ne se présente pas à l’élection présidentielle de la France.

Le messie est né à Bethléem, à 5 ou 6 km au sud de Jérusalem, sous le règne de César Auguste, le premier empereur romain, et il s’appelle Jésus. La Bible nous dit que c’est par sa venue que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et [que] sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort, une lumière a resplendi. » (cf. Mt 4.13-17) Jésus lui-même a dit :

« Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jn 8.12)

Et 700 ans avant sa naissance, le texte qu’on a lu nous le décrit tel qu’il paraîtra à ceux qui le connaîtront. On l’appellera « admirable », c’est-à-dire qu’on le trouvera extraordinaire, unique, hors du commun, différent de toute personne qui a jamais existé. Et en effet, un de ses disciples, après l’avoir côtoyé, a écrit ceci à son sujet : « Nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. »

On l’appellera « conseiller », c’est-à-dire qu’on le trouvera incroyablement sage, d’une sagesse suprême, inégalée. Quand Jésus a parcouru la terre sainte et qu’il prêchait, les foules étaient impressionnées par son enseignement. Des témoins ont rapporté que « tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. » (Lc 2.47). Un apôtre a même dit qu’en Jésus « [étaient] cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. » (Col 2.3)

On l’appellera « Dieu puissant », c’est-à-dire qu’il manifestera une force irrésistible, semblable à un dieu. Cette expression est un titre hyperbolique, une sorte d’exagération, qu’on pouvait attribuer dans l’Antiquité à un personnage particulièrement puissant comme un roi. Un peu comme quand on dit de quelqu’un : « Ce mec c’est vraiment un dieu au foot, ou un dieu à la guitare. » Sauf qu’avec Jésus, cette expression figurée s’est accomplie littéralement ! Un apôtre a dit de Jésus :

« En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » (Col 2.9)

Et c’est certainement là un des points les plus choquants de l’histoire de la naissance de Jésus : c’est que Dieu lui-même s’est approché des hommes en prenant la condition d’un homme !

On l’appellera « père éternel », c’est-à-dire qu’il sera un chef bienveillant et perpétuel pour son peuple. Il est le bon berger qui prend soin de ses brebis. Il est ce conducteur paternel au sens le plus noble du terme, ce bon maître protecteur qui ne laissera jamais tomber aucun de ceux qui lui appartiennent (cf. Jn 10.27-29).

Et on l’appellera « prince de la paix ». C’est-à-dire qu’auprès de lui, on trouvera la paix. Et pas n’importe quelle paix ! « La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence » (Ph 4.7). La paix dans nos épreuves et nos souffrances. La paix dans un monde abîmé et souvent hostile. La paix et le repos pour notre âme ; ce qu’on a tant cherché et tant désiré, mais « qu’aucune expérience dans ce monde » n’a pu nous procurer. Mais Jésus, le messie, est l’auteur de cette paix, et il est venu précisément pour la gagner afin de nous la donner.

Comment il a fait ? C’est très simple. Il est venu porter notre fardeau à notre place. C’est ça l’exploit héroïque du messie, la raison principale de sa venue, la clef de sa vie, la « clef de la clef » de l’histoire. On est des êtres profondément en manque de quelque chose, fatigués par la vie, frustrés, désabusés et peut-être déprimés, et Jésus s’est approché de nous, et il nous dit : « Je suis là de la part de Dieu. Laisse-moi porter ton sac, c’est beaucoup trop lourd pour toi. »

Et si on est si fatigué, c’est parce qu’on a voulu vivre sans Dieu. Si on a cherché partout à combler le trou à l’intérieur et qu’à la fin on n’en ressort qu’avec plus de frustration, plus de solitude, plus d’angoisse, plus de honte, et plus de culpabilité, c’est parce qu’on a cherché quelque chose qui pouvait tout changer, sans jamais rencontrer le quelqu’un qui pouvait tout changer. Ce quelqu’un, c’est Jésus, qui est venu, qui a pris notre fardeau sur lui, et qui l’a porté jusqu’à la croix pour nous en débarrasser. Ce fardeau était constitué de nos faiblesses, de nos dysfonctionnements, de nos mauvais désirs, de nos stupidités, de nos fautes, bref, de tout ce qui nous séparait de Dieu et qui produisait en nous ce désespoir existentiel—et Jésus en a réglé le prix par son agonie sur la croix.

Comme le dit le même prédicateur dans un autre passage :

« Ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé. […] Il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à causes de nos fautes ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (És 53.4-5)

C’est tellement vrai qu’aujourd’hui encore, quiconque entend la voix de Dieu et place sa confiance en Jésus, le messie, peut recevoir cette paix. La paix de savoir qu’on est en paix avec Dieu pour toujours. Comme l’a dit Saint Augustin, un théologien et philosophe au début du 5ème siècle :

« Notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en [Dieu] » (Les Confessions).

Il y a quelque chose qui peut vous faire éclater de joie. Il y a quelque chose qui peut remplir votre cœur de gratitude, satisfaire votre esprit, et soulager votre âme. C’est la venue du messie dans notre monde, une venue que nous commémorons tous les ans à Noël. Parce qu’une lumière a brillé. Le messie est venu à notre secours ; et aujourd’hui encore, il invite auprès de lui tous ceux qui sont fatigués et chargés, pour leur donner du repos. Voilà qui j’aimerais vous présenter, et qui peut tout changer.

Comme l’a dit l’ange à ce groupe de bergers le jour de la naissance de Jésus :

« Je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie qui sera pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. » (Lc 2.10-11)

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