Moi et ma maison, nous servirons l'Éternel

Par Alexandre Sarranle 4 octobre 2020

On a tous une histoire. Et notre histoire ne commence pas le jour où on est né. Notre histoire est liée à celle de nos parents, et à celle de nos grands-parents ; et on pourrait sûrement remonter de génération en génération, et identifier plein de choses qui se sont passées dans la vie de nos ancêtres, qui conditionnent la vie qu’on a aujourd’hui. On a une histoire.

Est-ce que vous avez déjà réfléchi à ce qui, dans votre vie, est le produit de ce qui s’est passé dans les générations précédentes ? Je veux dire plus précisément : quelles sont les valeurs dont vous avez hérité ? En quoi votre vision du monde a-t-elle été influencée par vos parents, et la leur par leurs parents, et ainsi de suite ? Quelles sont les choses qui sont vraiment importantes pour vous dans la vie, et comment votre histoire familiale a-t-elle contribué à rendre ces choses importantes pour vous ?

Vos affinités politiques, par exemple. Quelle part provient d’une étude objective de tous les programmes politiques qui sont sur la table, quelle part est le fruit de votre expérience personnelle dans la vie, et quelle part résulte de votre éducation ?

Ou prenons un autre exemple : vos loisirs. Si vous aimez faire du cyclisme, est-ce que vos parents n’y seraient pas pour quelque chose ? Ou si vous faites de la musique, ou de la danse, ou du football, ou de l’escalade, ou si vous aimez lire certains types de romans, ou si vous aimez passer vos vacances à certains endroits en particulier, il se pourrait bien que ce soit parce que vos parents vous ont influencé, et qu’eux-mêmes ont été influencés par leurs parents, et ainsi de suite. Non ?

On a tous une histoire, et notre histoire ne commence pas le jour où on est né. On n’a pas été déposés sur la terre par des aliens à 18 ans, sans famille, sans histoire, sans souvenirs, avec un corps flambant neuf et un cerveau inutilisé.

Mais quel poids l’influence de mon histoire devrait-elle avoir sur ma vie présente ? Est-ce que je suis fatalement le pur produit de ce qui s’est passé dans les générations précédentes ? Et cette question est particulièrement importante par rapport à la religion. Parce que la religion, c’est le domaine qui, par définition, engage notre éternité—puisque la religion, c’est la question de notre relation à Dieu, du pardon possible ou non de nos péchés, et de la vie éternelle dans l’au-delà !

Donc on a une histoire, elle nous conditionne même dans le domaine religieux, mais puisque notre histoire n’est pas infaillible (c’est-à-dire qu’elle ne nous influence peut-être pas dans le bon sens !), eh bien il faut pouvoir prendre du recul, et être capable de regarder notre histoire dans les yeux, et peut-être répudier des choses qui sont néfastes, et peut-être en embrasser d’autres qui sont excellentes. Et c’est toute la leçon du texte qu’on va lire maintenant. On ne choisit pas son histoire, mais on choisit ce qu’on en fait.

Le récit qu’on va lire se trouve à la fin du livre de Josué, dans l’Ancien Testament. Ça se passe il y a très, très longtemps, après que Josué, le conducteur d’Israël qui a succédé à Moïse, a conduit le peuple d’Israël dans la conquête de la terre promise (il y a à peu près 3200 ou 3300 ans !). Il y a eu beaucoup de victoires, et les Israélites ont pu s’installer assez bien dans le territoire que Dieu leur avait promis.

Maintenant, Josué arrive à la fin de sa vie, et il a convoqué les anciens du peuple (c’est-à-dire les responsables ou les représentants, cf. Jos 24.1), et il va leur faire un discours. Dans ce discours, Josué rappelle aux Israélites leur histoire : leur histoire ancienne et leur histoire récente. Et il va leur présenter un choix qu’ils doivent faire maintenant.

Et ces choses sont rapportées ici dans le livre de Josué, à l’attention des Israélites des générations d’après, qui auront besoin eux aussi de se rappeler leur histoire, y compris ce qui se passe ici dans le texte, et de réfléchir à leur rapport à leur histoire, et qui devront se poser les mêmes questions que leurs ancêtres dans ce texte. Et comme vous l’avez deviné, eh bien… nous aussi, 3200 ans plus tard, on va faire pareil aujourd’hui !

1/ Se détourner des dieux de nos pères (v. 14-15)

On ne choisit pas son histoire, mais on choisit ce qu’on en fait. Alors il y a deux parties à ce message : 1/ Il faut se détourner des dieux de nos pères, et 2/ Il faut s’attacher au Dieu de nos pères. Vous n’avez rien compris ? C’est normal. Tout est dans l’orthographe.

Mais regardons le texte. La première partie de ce passage (v. 14-15), c’est Josué qui conclut son discours devant les représentants du peuple. Dans ce discours, il a rappelé aux Israélites toute leur histoire depuis l’époque d’Abraham, et même avant, donc à peu près 500 ans plus tôt. Si on regardait ce discours, on verrait que c’est même Dieu qui parle aux Israélites à travers Josué, et qui leur dit : « Rappelez-vous d’où vous venez, et tout ce que j’ai fait dans votre histoire, depuis le jour où j’ai appelé Abraham, qui ne me connaissait pas (Jos 24.2), jusqu’à aujourd’hui, où vous pouvez profiter de la terre promise, en passant par la délivrance de l’esclavage en Égypte et votre long séjour dans le désert. »

En fait, ce discours résume toutes les pages précédentes de la Bible depuis le chapitre 11 de la Genèse ! Et après avoir rappelé tout ça, Josué embraye au début du passage qu’on a lu, et dit en quelque sorte : « Bon, maintenant, vous voyez votre histoire, ou plutôt notre histoire ? On est les héritiers de tout ça, nous les Israélites. Dieu a fait de nous son peuple, une nation même, avec un pays, des villes, une économie… Mais on n’a pas toujours été là. On vient de l’autre côté du fleuve (de l’autre côté de l’Euphrate, en Mésopotamie, où habitait la famille d’Abraham), et on vient de l’Égypte (d’ailleurs un certain nombre d’entre vous êtes des Égyptiens, cf. Ex 12.38). Et aujourd’hui, le pays qu’on habite, c’est le pays de Canaan—ce n’est pas un pays neutre ou vierge, c’est un pays qui a une histoire et une culture. Donc notre histoire, elle est complexe ! Et on doit savoir ce qu’on veut en faire. On doit se positionner. »

« Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. » (v. 15)

On est un peu mésopotamiens, un peu égyptiens, un peu cananéens… et surtout, on est israélites. Et on doit faire le tri entre ces différentes influences, entre ces différents héritages, entre ces différentes loyautés culturelles et surtout cultuelles. Nos pères ont servi plein de dieux différents, et aujourd’hui on vit dans un environnement où il y a plein de dieux différents, mais on n’est pas obligé de servir ces dieux-là à notre tour. On peut se détourner des dieux de nos pères.

Vous savez, la situation des Israélites dans ce texte, c’est un peu comme aujourd’hui, quand on a la nationalité d’un certain pays. Normalement, nous tous ici, on a une certaine nationalité. On a un passeport ou une carte d’identité d’un certain pays. Mais cette nationalité ne résume pas tout ce qu’on est. On peut avoir une double nationalité, par exemple. On peut être français, mais issu de l’immigration. On peut avoir été naturalisé. On peut être français, mais avec des origines ethniques en Asie ou en Afrique, et ça va se voir physiquement. On peut être français, mais avoir vécu pendant de nombreuses années dans un pays étranger.

Et cette complexité et cette richesse peuvent entraîner des conflits entre nos valeurs ou nos loyautés. Moi qui suis français et écossais, dans un match de rugby France-Écosse, quelle équipe est-ce que je vais soutenir ? Et si un candidat à la présidentielle présentait un super programme pour la France, mais qui incluait la suppression de la double nationalité, est-ce que je pourrais voter pour lui ? Et si la guerre devait être déclarée entre la France et l’Écosse, qu’est-ce que je ferais ?

« Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir », dit Josué aux Israélites. Parce qu’ils sont les héritiers d’une histoire et d’une culture riches et complexes. Ils sont Israélites, ils ont la « nationalité » de l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, mais c’est plus compliqué que ça. Ils sont aussi les enfants de la Mésopotamie et de l’Égypte, et ils habitent maintenant en Canaan. Ils ont encore dans leur maison la petite statuette mésopotamienne qu’ils ont héritée de leur arrière-arrière-arrière-arrière grand-mère, et ils ont encore les 33 tours du boys band égyptien que leurs parents écoutaient quand ils travaillaient pour le Pharaon, et aujourd’hui, ils aiment beaucoup le fromage et le vin des Amoréens. Vous comprenez la complexité ?

Notre histoire est riche et complexe. Mais tout dans notre histoire n’est pas forcément bon. Josué veut que les Israélites prennent du recul, et qu’ils regardent en face leur histoire, et qu’ils en répudient une partie.

« Ôtez les dieux qu’ont servi vos pères. » (v. 14)

Est-ce qu’on est prêt à faire ça nous aussi ? Est-ce qu’on est prêt à avoir cet esprit critique sur l’influence que notre histoire personnelle et familiale peut avoir sur nous aujourd’hui ? Nous tous qui sommes présents ici ce matin, on a un certain intérêt pour Dieu (sinon on ne serait sûrement pas là). Mais est-il possible que les choses qui nous freinent dans notre relation avec Dieu, soient des choses qu’on a héritées de notre histoire ? Peut-être des valeurs, des habitudes, des priorités, ou une vision du monde et de la société, qui sont en concurrence, voire en contradiction avec les voies de Dieu ?

Le pasteur Tim Keller, dans son livre Une église centrée sur l’évangile, parle de la « captivité culturelle » de l’église, c’est-à-dire du fait que l’église chrétienne existe dans le contexte d’une culture où il y a des idoles qui ne sont peut-être pas fabriquées en pierre ou en bois, mais qui sont des valeurs suprêmes dans la société, qui régissent la vie des gens : comme l’autonomie de l’être humain, l’individualisme, le relativisme, le matérialisme, la séparation radicale entre la sphère spirituelle et la sphère publique, etc. Et on est tous, au moins un peu, héritiers de ces faux dieux, et influencés par eux.

Et si, dès aujourd’hui, on décidait tous ensemble de prendre du recul, et de porter un regard critique sur les valeurs qui régissent notre vie ? Et si on se disait qu’à partir d’aujourd’hui, quand on va venir à l’église, quand on va écouter une prédication, quand on va lire la Bible tout seul chez soi ou avec le groupe de maison, on va consentir à laisser les Écritures saintes juger l’influence que notre histoire a sur nous, et on va être disposé à répudier les dieux qu’ont servis nos pères ?

Pourquoi on ferait ça ? Parce que c’est le vrai Dieu qu’on veut craindre et servir, « avec intégrité et fidélité » (v. 14). Et pourquoi on voudrait le craindre et le servir ? À cause de ce qu’il a fait pour nos pères. Et c’est ce qui nous amène au deuxième point.

2/ S’attacher au Dieu de nos pères (v. 16-18)

Deuxièmement, on doit s’attacher au Dieu de nos pères. Revenons au texte. La toute dernière chose que dit Josué en conclusion de la conclusion de son discours, c’est :

« Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. » (v. 15)

C’est tout simplement l’application pratique centrale de tout ce que Josué a dit. « Vous faites comme vous voulez, mais pour moi le choix est clair. » Cet engagement de Josué sert d’exemple et d’exhortation pour le peuple.

Et ensuite, le peuple répond, et il fait aussi son choix, et il affirme à son tour vouloir servir l’Éternel. Ce qui est intéressant, c’est de voir pourquoi ils veulent le servir. Ils disent que c’est parce qu’il est leur Dieu : « Car l’Éternel est notre Dieu » (v. 17), et : « Car il est notre Dieu » (v. 18). Il est leur Dieu, parce qu’il a accompli de grandes choses pour leurs pères et pour eux, en les délivrant de l’esclavage en Égypte, en les gardant pendant leur voyage dans le désert, et en les aidant à prendre possession de la terre promise.

Donc Josué s’est référé à l’histoire des Israélites pour les alerter sur le fait qu’ils devaient se détourner des dieux de leurs pères ; mais c’est aussi en se référant à leur histoire que les Israélites reconnaissent que le vrai Dieu est déjà celui de leurs pères, et qu’ils veulent s’attacher à lui.

Vous voyez ce qui se passe ? Tout le monde dans ce passage reconnaît qu’il y a une histoire. Personne ne se positionne indépendamment de son histoire. Si la tentation de suivre d’autres dieux existe, c’est à cause de l’histoire des Israélites. Mais si l’Éternel est leur Dieu, c’est aussi à cause de leur histoire.

À ce moment-là du récit, Josué et les Israélites regardent en arrière à leur histoire, à leur histoire personnelle et familiale et nationale, et ils regardent en face leur héritage, et ils se positionnent—et en fait, ils font un choix qui ne semble pas leur être très difficile ! « Bien sûr qu’on va se détourner des dieux de nos pères et qu’on va s’attacher au Dieu de nos pères ! » C’est évident, parce que l’Éternel a fait de si grandes choses pour nous !

C’est comme si je prenais mes deux passeports entre les mains : mon passeport français et mon passeport britannique. Et que je doive choisir entre les deux, parce que le nouveau président qui a été élu a interdit la double nationalité. Alors je n’ai pas choisi d’avoir ces deux nationalités—je n’ai pas choisi mes parents. Mon histoire est riche et complexe. Mais maintenant je dois faire un choix.

Et il se trouve qu’un de ces deux passeports (je ne vous dirai pas lequel) représente des privilèges extraordinaires. Il n’y a même pas de comparaison possible entre les deux. Je réfléchis à tous les bienfaits attachés à l’une de ces deux nationalités, et en fait, je n’ai même pas besoin de réfléchir très longtemps. Bien sûr que je vais garder cette nationalité-là, et profiter de tous ces privilèges-là, en contrepartie de mon engagement à me soumettre au régime de ce pays et à en suivre toutes les lois !

Et mes amis, aujourd’hui, en tant que personnes qui sommes intéressées par Dieu (puisque nous sommes tous présents ici ce matin), nous aussi on a un choix à faire. Notre histoire est riche et complexe, mais dans cette histoire, il y a le vrai Dieu qui a fait de grandes choses pour nos pères.

Vous êtes mésopotamiens, égyptiens, cananéens, israélites, français, brésiliens, allemands, coréens, colombiens, suisses, hollandais, américains, chinois, malgaches, antillais, canadiens, vous êtes blancs, noirs, marrons ou jaunes, mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui au moins, vous assistez à une réunion de la communauté chrétienne, la communauté de l’Éternel qui a fait de grandes choses pour nos pères !

Non seulement il a appelé Abraham à qui il a fait des promesses de grâce, et il a délivré les Israélites de l’esclavage en Égypte, à qui il a renouvelé ses promesses et donné sa loi, et il a gardé les Israélites dans le désert et leur a donné la terre promise, en leur renouvelant constamment ses promesses de grâce—non seulement tout ça, mais l’Éternel est resté fidèle à toutes les promesses qu’il a faites à nos pères, et il a fini par envoyer son propre Fils, le Seigneur Jésus-Christ, en qui toutes ces promesses sont oui et amen (2 Co 1.20) !

C’est-à-dire que Dieu est intervenu de manière suprême en faveur de son peuple. Il s’est approché par Jésus-Christ, pour prendre sur lui la peine de nos péchés pour nous en délivrer. Il a accompli la délivrance suprême par sa mort et sa résurrection. Les promesses de grâce de l’Éternel sont donc absolument attestées, parce qu’elles sont signées de sa main avec le sang de son Fils. Et ces promesses ont été consignées dans les Écritures, et confiées au peuple de Dieu, et elles sont sans cesse renouvelées au peuple de Dieu par la prédication.

Oui, Dieu a fait pour nos pères et pour nous de grandes choses ! Et si vous êtes ici ce matin, même pour la première fois, vous êtes entré dans cette histoire. Et Dieu vous dit : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. »

On ne choisit pas son histoire, mais on choisit ce qu’on en fait.

Ce matin, vous découvrez peut-être pour la première fois qui est l’Éternel, le seul vrai Dieu, et ce qu’il a accompli pour que des hommes, des femmes et des enfants soient pardonnés pour leurs fautes, et réconciliés avec Dieu, et destinés à vivre éternellement dans son paradis. Cette espérance vous est présentée aujourd’hui, et vous pouvez dès à présent répondre en faisant confiance à Dieu. Et votre vie peut prendre ce virage aujourd’hui, maintenant. Vous n’êtes pas fatalement le pur produit de votre passé et de votre héritage familial.

Peut-être au contraire que vous avez l’habitude de l’église. Ça fait longtemps que vous fréquentez les réunions de la communauté chrétienne. Mais les dieux des Amoréens sont quand même pas mal aussi ! L’argent, la réputation, le plaisir, le pouvoir, l’indépendance… Vraiment ? Retournez-vous et regardez votre histoire, regardez ce que le vrai Dieu a fait pour nos pères. Regardez Jésus-Christ sur la croix, regardez le tombeau vide après sa résurrection. Franchement, « choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ! »

Ou peut-être que ce sont les idoles de la Mésopotamie et de l’Égypte qui ont une place dans votre vie—c’est-à-dire les dieux qu’ont servis vos parents et vos grands-parents. Même en tant que personne qui professe la foi en Jésus, vous vous sentez lié par ces choses, ces valeurs, ces loyautés qui font concurrence à Dieu, qui ont une influence néfaste dans votre vie, qui constituent des obstacles à votre marche chrétienne. Vous pouvez regarder ces choses dans les yeux et les répudier—je ne dis pas que c’est facile, mais vous pouvez le faire à condition de vous imprégner de l’évangile, c’est-à-dire de la bonne nouvelle de qui est Jésus et de ce qu’il a fait ! Lisez la Bible, méditez sur la Bible, venez à l’église, assistez au groupe de maison, fréquentez d’autres chrétiens, partagez vos luttes avec eux, priez.

En faisant tout ça, en nous détournant des dieux de nos pères, et en nous attachant au Dieu de nos pères, en fait on est en train d’écrire la suite de notre histoire, et on est en train d’écrire l’histoire familiale de nos enfants et de nos petits-enfants.

Ce qui est frappant dans ce texte, c’est que quand Josué dit : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel », en fait Josué est sur le point de mourir (cf. Jos 23.1, 14 et 24.29). Donc quand Josué dit : « Moi et ma maison », il veut surtout dire : « Ma maison » ! Josué a conscience que de la même façon que l’histoire de ses pères, c’est son histoire, eh bien son histoire, c’est l’histoire de ses enfants et de leurs enfants.

Josué et les représentants du peuple d’Israël dans ce récit n’ont pas choisi d’avoir Abraham pour ancêtre. Ils n’ont pas choisi d’être les descendants des Israélites qui étaient esclaves en Égypte, ou des Égyptiens qui ont rejoint le peuple de l’Éternel. Ils n’ont pas choisi que l’Éternel intervienne pour délivrer leurs pères et pour les garder dans le désert. Ils n’ont pas choisi leur histoire. Mais ils héritent, de leur histoire, un appel et une responsabilité.

De la même façon, la maison de Josué est engagée par le choix de Josué de servir l’Éternel. Les enfants des Israélites qui déclarent ici que « l’Éternel est notre Dieu » parce qu’il a été le Dieu de leurs pères, diront aussi à leur tour que l’Éternel est leur Dieu. Les Israélites des générations qui vont venir, et qui vont lire ce récit peut-être un siècle ou deux plus tard, vont être à leur tour tributaires de cette histoire, et devront se poser la même question : « Il y a beaucoup de dieux différents sur le marché des dieux, mais l’Éternel est le seul vrai Dieu, il est le Dieu de mes pères, et je dois choisir aujourd’hui qui je veux servir. »

Et encore ce matin, si on professe la foi en Jésus, si on veut craindre l’Éternel et le servir, on engage les gens qui dépendent de nous. Les parents engagent leurs enfants. Moi, je n’ai pas choisi d’avoir une maman qui craignait Dieu. Mes enfants n’ont pas choisi d’avoir des parents qui aimaient Jésus. Et les enfants de tout chrétien qui participe activement à la vie de la communauté chrétienne qu’est l’Église ne choisissent pas de naître dans ce contexte.

On ne demande pas leur avis aux bébés pour savoir quelle nationalité ils aimeraient avoir. On n’attend pas qu’ils atteignent un âge de raison pour leur assigner une nationalité, vous comprenez ? De la même façon, aucun petit enfant dans l’église n’a choisi d’y être ; c’est Dieu qui l’a choisi. Et Dieu a fait de grandes choses pour leurs pères. Dieu a écrit leur histoire, et leur histoire ne commence pas à 18 ans, ni même à leur naissance.

Nos enfants sont des enfants de l’alliance, ils ont depuis leur naissance « la nationalité de l’église », et c’est la raison pour laquelle Dieu veut qu’ils reçoivent le baptême, qui est le signe des promesses de grâce que Dieu leur présente parce qu’ils sont dans son peuple. Les adultes qui rejoignent le peuple de Dieu doivent être baptisés s’ils n’ont jamais été baptisés auparavant. Mais les enfants qui rejoignent le peuple de Dieu de par leur naissance dans ce peuple doivent aussi être baptisés. Ils ne l’ont pas choisi ; c’est Dieu qui l’a choisi. Et c’est un privilège incroyable qu’avoir cette histoire.

Mais le fait d’avoir cette histoire et cet héritage, et le fait que cette histoire et cet héritage nous soient entérinés par le baptême, ça ne nous dispense pas de répondre personnellement à l’appel que Dieu nous adresse. Toute l’histoire des Israélites qui va suivre, ça va être ce problème, justement, d’être dans une relation d’alliance avec Dieu, et malheureusement pour beaucoup, de ne pas répondre par la foi aux promesses de l’alliance.

Aujourd’hui encore, l’église sur la terre est le peuple de l’alliance, le peuple sur lequel le nom de l’Éternel est invoqué. Si j’ose dire, les gens qui participent à la vie du peuple de Jésus ont pour nom de famille : « chrétien », qu’on le veuille ou non, et ce nom de famille nous est ratifié par le baptême. Mais ça ne suffit pas pour être sauvé. Il faut encore « choisir aujourd’hui qui vous voulez servir »—et c’est une question qui est particulièrement importante pour les gens qui ont grandi dans l’Église. Quel passeport est-ce que je vais garder ? Celui des dieux de mes pères ? Ou celui du Dieu de mes pères ?

« Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. »

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