Vivre dans la lumière

Par Alexandre Sarranle 27 décembre 2020

Ça vous dirait de vous épanouir en 2021 ? Ce que je veux dire par là, c’est grandir en maturité, en tant qu’être humain. Vivre en étant un peu mieux connecté avec le réel, être un peu plus authentique et vrai dans notre relation avec les autres, sentir qu’on a sa place dans ce vaste univers. Ça vous dit ? Je vous pose la question, quel que soit le parcours dans la vie qui vous a amené jusqu’ici, et quelles que soient vos convictions philosophiques ou religieuses ce matin. Est-ce que ça vous dirait de progresser encore ?

Et la question se pose aussi, bien sûr, à ceux qui sont déjà chrétiens ce matin. Est-ce que ça vous dirait de progresser encore… notamment dans la foi ? À vrai dire, si vous êtes déjà chrétien aujourd’hui, vous savez que progresser dans la foi, et progresser tout court, c’est pratiquement pareil en fait, puisqu’une des choses qu’on va voir aujourd’hui, c’est que c’est impossible de s’épanouir vraiment en tant qu’être humain, indépendamment de la foi, c’est-à-dire indépendamment d’une relation vivante, personnelle, avec Dieu.

Mais on va voir aussi ce matin que c’est facile à dire, qu’on a « une relation avec Dieu. » Et que si on veut grandir, et s’épanouir en tant qu’être humain, il ne suffit pas de dire ça, ou même de le penser sincèrement. Il faut encore que ce soit vrai. Que ce soit objectivement vrai. C’est-à-dire qu’on a une vraie relation, une relation de véritable confiance, avec le vrai Dieu.

Et l’auteur du texte qu’on va lire dans un instant, il a vraiment envie que ses destinataires s’épanouissent aussi en tant qu’êtres humains. Il a envie que ces gens, qui vivaient au premier siècle, et qui sont dans des églises (comme vous l’êtes aujourd’hui), grandissent en maturité. Qu’ils progressent, afin qu’ils connaissent un peu plus la joie à l’intérieur, un sentiment de contentement profond, et de repos : « Je suis quelqu’un de vrai, et je suis là où je dois être. » Certains diraient : « Je sais que je suis sur le bon chemin, et du coup je suis en paix avec mon existence. » Franchement, vous n’auriez pas envie de vous sentir (un peu plus) comme ça ?

Le texte qu’on va lire a été écrit par un apôtre, qui s’appelle Jean. C’est un des écrits les plus tardifs de la Bible, et ce Jean, il est déjà vraisemblablement d’un certain âge. Il est peut-être le dernier apôtre vivant, au moment où il écrit ce texte ! Et donc il écrit avec une certaine expérience de la vie et de la foi.

Dans les lignes qui précèdent le passage qu’on va lire, il a dit qu’il souhaitait que la « joie » de ses destinataires soit « complète », et c’est pourquoi il veut leur annoncer quelque chose d’important, un message qui concerne la « parole de vie », un message qu’il a reçu de Dieu, par l’intermédiaire du Christ (ce Jésus que Jean a côtoyé—il était même « le disciple que Jésus aimait », c’est dire qu’il était particulièrement proche du Christ, et donc il est bien placé pour dire ce qu’il a à dire de la part de Dieu).

Et voici toute la leçon de ce passage, qu’on va lire dans un instant. C’est qu’on est un peu comme des fleurs : on a besoin de lumière pour éclore. Mais pour qu’on s’épanouisse vraiment, il faut qu’on accueille la vraie lumière dans notre vie, même si par moments, c’est inconfortable. Voilà ce qui nous permettra de nous épanouir en 2021.

1/ La vraie lumière nous vient de quelqu’un (v. 5)

Alors si on veut s’épanouir en 2021, en tant qu’êtres humains, il faut qu’on accueille la vraie lumière dans notre vie—il faut qu’on vive dans la lumière, la vraie lumière, même si par moments, c’est inconfortable. Et on verra dans un moment pourquoi c’est quand même bénéfique, même si ça peut être inconfortable.

Mais pour commencer, la toute première chose que Jean veut nous faire comprendre, c’est que la vraie lumière nous vient de quelqu’un. Elle nous vient de Dieu. C’est très clair dans le texte, et c’est tout-à-fait fondamental pour la suite de ce que Jean va dire.

« Dieu est lumière. » (v. 5)

Il est même absolument lumière, puisqu’il « n’y a pas en lui de ténèbres. » Pas du tout.

Autrement dit, il est la source ultime de lumière, il n’y a pas de lumière plus pure, plus authentique, plus fiable que celle qui vient de Dieu.

Alors c’est beau, c’est mignon, c’est chaleureux, mais qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien il faut comprendre que dans la pensée grecque de l’époque, qui a été influencée par la philosophie grecque de l’Antiquité (pensez Platon ou Aristote), la « lumière » représente la connaissance de la vérité.

Vous avez sûrement déjà entendu parler de l’allégorie de la caverne, par exemple. C’est Platon (4ème siècle av. J.‑C.) qui invente cette histoire pour décrire la situation ordinaire des gens. Il dit qu’on est tous comme des gens qui habiteraient depuis notre naissance enchaînés au fond d’une grotte, et dont on n’est jamais sorti. On n’a jamais vu la lumière du jour. Tout ce qu’on voit, ce sont des ombres projetées sur le fond de la caverne. Mais si on veut, on peut sortir de la caverne, mais avec beaucoup d’efforts. Et ça, ça représente l’acquisition de la connaissance. On se détourne des ombres, et on s’élève vers la lumière du jour, vers la sortie de la caverne, où on pourra peut-être découvrir le monde réel.

Et voici ce que dit Platon :

« La connaissance et la vérité, il est juste de penser qu’elles sont, comme la lumière et la vue, semblables au soleil dans le monde visible. » (La République)

Donc dans ce contexte, quand l’apôtre Jean dit que « Dieu est lumière », il veut dire spécifiquement que Dieu est la source de toute vérité. Il veut dire que Dieu est cette lumière tant recherchée par les Grecs. Dieu est en quelque sorte le soleil à l’extérieur de la caverne, la lumière absolue qui nous permet de voir le monde tel qu’il est vraiment.

C’est par la connaissance de Dieu, du seul vrai Dieu, qu’on accède à la connaissance de la vérité. Ça ne veut pas dire qu’on est capable, en tant qu’êtres humains, d’appréhender complètement, de manière exhaustive, avec notre intelligence toute la vérité qui existe ! Ni même qu’on est capable de connaître infailliblement la vérité. Ce que ça veut dire, c’est qu’en cherchant la vérité à sa source, c’est-à-dire auprès de Dieu, on va ajuster petit-à-petit notre compréhension du monde de telle sorte que tout va nous sembler de plus en plus cohérent dans la vie. Les pièces du puzzle vont s’assembler de plus en plus. Les ombres vont s’effacer et on va se connecter de mieux en mieux au réel.

L’écrivain C. S. Lewis, qui est l’auteur du Monde de Narnia notamment (années 1950), et qui s’est converti à l’âge de 32 ans, a prononcé cette phrase célèbre, qui est aujourd’hui gravée dans une pierre commémorative qui a été posée dans l’Abbaye de Westminster pour les 50 ans de sa mort :

« Je crois au christianisme, comme je crois que le soleil s’est levé. Non seulement parce que je le vois, mais parce que par lui, je vois tout le reste. »

Vous comprenez l’idée ? C’est ce que l’apôtre Jean veut dire ici. La vraie lumière nous vient de quelqu’un. Elle nous vient de Dieu, et c’est la lumière absolue, c’est la connaissance de la vérité, qui nous permet de voir tout le reste. La lumière nous vient de l’extérieur de nous-même—et même de l’extérieur de la caverne. Elle nous vient de l’extérieur de notre monde.

Ce que ça veut dire en pratique pour nous, c’est qu’on ne peut pas trouver cette lumière, la vraie lumière, en la cherchant uniquement en nous-même, ou par nous-même. Si « Dieu est lumière », c’est lui qui doit projeter sa lumière dans notre vie et dans notre monde, pour qu’on puisse la voir. Et ce qui est merveilleux, c’est qu’il l’a fait ! Il n’a pas caché sa lumière.

Oui, on peut connaître certaines choses sur Dieu par la raison et la logique, et même par l’intuition, en étudiant le monde qu’il a créé et qui se déploie dans toute sa splendeur et sa complexité autour de nous. Mais ce n’est pas du tout suffisant pour sortir de la caverne. Ce qu’il nous faut c’est une révélation spéciale de la part de Dieu, et Dieu a donné cette révélation aux hommes… Ce sont les saintes Écritures—la Bible !

Je vais le dire très clairement : Dieu est lumière, et il nous éclaire par la Bible. Si on veut recevoir cette lumière, la vraie lumière, dans notre vie, la première chose à faire, c’est déjà lire la Bible, l’étudier avec sérieux, avec assiduité, avec humilité, et encore mieux, avec l’aide et les conseils d’amis chrétiens ou de pasteurs qui ont plus d’expérience que nous.

Comme le dit l’auteur d’un des psaumes qu’on trouve dans la Bible ; en parlant des écrits sacrés, il dit à Dieu dans une prière :

« Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier. […] La révélation de tes paroles éclaire, elle donne de l’intelligence aux simples. » (Ps 119.105, 130)

2/ La vraie lumière nous amène quelque part (v. 6-7)

La deuxième chose que l’apôtre Jean veut nous faire comprendre dans ce texte, c’est que la vraie lumière, non seulement nous vient de quelqu’un, mais elle nous amène quelque part. Elle nous amène quelque part de précis. Si la lumière que Dieu projette dans notre vie, c’est la connaissance de la vérité, alors il s’ensuite logiquement qu’on ne va pas partir dans tous les sens avec cette connaissance, une fois qu’on l’a. On ne va pas aller n’importe où avec.

Si vous essayez de traverser la chambre de mes enfants, pieds nus, dans le noir complet, vous allez marcher sur des morceaux de Lego et vous allez vous faire très mal aux pieds. Mais si vous avez une lumière pour vous éclairer, vous allez contourner les morceaux de Lego, non ? On peut dire que la lumière va vous diriger, d’une certaine manière. À l’inverse, si vous dites que vous avez une lumière, mais que vous marchez quand même sur des morceaux de Lego, quelqu’un va vous dire : « Arrête de mentir, tu n’as pas de lumière ! »

C’est ça la logique de l’apôtre Jean dans le texte (v. 6-7). La vraie lumière nous amène quelque part, et elle nous amène à vivre selon Dieu plutôt que selon les ténèbres.

Vous voyez ce que dit l’apôtre Jean ? Il oppose ces deux expressions : marcher dans les ténèbres (v. 6), et marcher dans la lumière (v. 7). Et il nous dit que celui qui prétend être « en communion » avec Dieu alors qu’il marche dans les ténèbres ne pratique pas la vérité. Ça veut dire qu’il ne pratique pas la vérité qu’il prétend avoir reçue en disant qu’il connaît Dieu. Il y a une corrélation ici, entre la lumière, la vérité, et la connaissance de Dieu. « Tu prétends avoir reçu la lumière dans ta vie, mais elle ne t’a pas amené à marcher selon la vérité. Donc tu n’as pas vraiment reçu la lumière. Ou alors ce n’est pas la vraie lumière. »

À l’inverse, si on marche vraiment dans la vraie lumière (v. 7), ça veut dire qu’on accueille vraiment la connaissance de la vérité, qui vient par la révélation spéciale de Dieu (comme on l’a dit, c’est-à-dire par les saintes Écritures, la Bible). Et si on accueille cette connaissance de la vérité, alors ça va changer notre vision du monde, et notre compréhension de nous-mêmes, et du coup, ça va changer notre perspective sur la vie, et ça va influencer nos priorités et conditionner nos intérêts.

La lumière nous éclaire, elle nous aide à mieux voir quels sont les enjeux de notre existence, et donc nécessairement, notre vie ne va pas être pareille que si on n’avait pas cette lumière.

Imaginez un instant. Vous avez vécu jusqu’à présent dans une maison sans lumière, ou très mal éclairée. Mais un jour, quelqu’un vous change les ampoules, et tout d’un coup, vous pouvez mieux voir l’intérieur de cette maison qu’est votre existence. Et vous découvrez que vous êtes la créature d’un Dieu tout-puissant, juste et bon, qui est aussi le créateur de la maison et de tout ce qui existe. Vous découvrez que vous n’êtes pas juste un corps mais que vous êtes aussi une âme—vous êtes un être physique et spirituel ! Vous découvrez aussi qu’en-dehors de cette maison, il y a un au-delà, et qu’un jour, vous allez rencontrer votre créateur dans cet au-delà.

Vous comprenez ? Votre compréhension du monde s’ajuste grâce à cette lumière, et nécessairement, si vous « marchez dans la lumière » (si vous vous fiez vraiment à ce que cette lumière vous permet de voir), il y a des choses qui vont changer dans votre vie. Il y a un Dieu ? Je ferais mieux d’essayer de chercher à le connaître, à savoir qui il est et ce qu’il attend de moi ! Il y a un au-delà ? Je ferais mieux de m’y préparer, et de chercher à savoir ce qui pourrait se passer après ma mort. Je vais continuer d’étudier la Bible pour ça !

Et pour l’apôtre Jean, c’est comme ça (en accueillant la lumière de la vérité qui nous vient de Dieu par le moyen des saintes Écritures) qu’on va, dit-il, être « en communion » avec Dieu et les uns avec les autres en tant que croyants. Parce que la vraie lumière nous amène quelque part. Elle nous amène quelque part de précis, et elle nous y amène ensemble. Elle nous amène ensemble au même endroit. Elle nous amène ensemble à vivre selon Dieu.

Ça ne veut pas dire que tout va aussitôt être réglé dans notre vie, comme si on était instantanément transféré au paradis—puisque Jean s’empresse d’ajouter une remarque concernant le « péché » qui va persister dans notre vie, à la fin du verset 7 (et on va y revenir dans un instant). Mais donc marcher dans la lumière, ce n’est pas tout ou rien. Ça peut être progressif, ça peut être une tendance (cf. Rm 8.5). Un peu comme les ampoules basse consommation, quand elles s’allument, elles ne brillent pas tout de suite très fort, mais elles éclairent de mieux en mieux, et notre vision s’ajuste progressivement.

Et donc être en communion avec Dieu et avec les autres croyants, ça ne veut pas forcément dire être tout de suite parfaitement conforme, en tout point, à la vérité. La communion avec Dieu et les autres croyants, ça commence tout simplement par une posture : celle de l’acquiescement à Dieu. C’est-à-dire tout simplement qu’on est « d’accord pour être d’accord avec Dieu » au fur et à mesure qu’il projette sa lumière dans notre vie, par la Bible.

Si vous voulez jouer d’un instrument dans un orchestre, la chose la plus importante, ce n’est pas d’abord de savoir très bien jouer—c’est d’abord d’accorder son instrument au diapason de l’orchestre. C’est-à-dire que tout le monde se réfère au même la. Une fois accordés, on peut répéter, on peut travailler, mais la posture de base, qui assure la communion de l’orchestre, c’est déjà ça. On est d’accord avec le diapason, en quelque sorte.

Et donc si on veut savoir ce matin si on pratique ou non la vérité, si on marche ou non dans la lumière, et si on est ou non en communion avec Dieu et avec les croyants, voici déjà, pour commencer, les questions qu’on doit se poser. Est-ce que je suis d’accord pour être d’accord avec Dieu ? Est-ce que je lis la Bible en étant a priori d’accord avec elle ? Est-ce que j’affirme, en accord avec la Bible, qu’il n’y a qu’un seul Dieu—le Dieu d’Abraham, de Moïse et des apôtres—et que ce Dieu s’est approché des hommes par Jésus-Christ ? Est-ce que j’acquiesce à tous les enseignements de la Bible au fur et à mesure que je les découvre, notamment à ses enseignements moraux (sans forcément les pratiquer parfaitement) ?

Bref, est-ce que je laisse la lumière informer ma vision du monde, ou bien est-ce que je me détourne de cette lumière pour rester dans le noir ?

3/ La vraie lumière nous montre quelque chose (v. 8-10)

C’est vrai que ça peut être un peu plus confortable de rester dans le noir, en fait. C’est ce qu’on va voir maintenant, dans la troisième et dernière partie de ce passage. On a vu que la vraie lumière nous venait de quelqu’un, et que la vraie lumière nous amenait quelque part. Maintenant on va voir que la vraie lumière nous montre quelque chose. Et ce n’est pas quelque chose de forcément toujours très agréable.

Ce que la vraie lumière nous montre, notamment, c’est l’état réel de notre cœur. Vous avez vu à la fin du verset 7, avec quel empressement l’apôtre Jean fait une précision concernant la présence du « péché » dans notre vie. Il vient juste de parler de la communion qu’on a avec Dieu et les uns avec les autres quand on marche dans la lumière—mais il ne veut pas qu’on s’imagine qu’il nous décrit un monde de Bisounours, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et où il suffit qu’on s’approche tous de cet arc-en-ciel réconfortant et chaleureux pour qu’on s’aime les uns les autres et que tout se passe bien pour toujours !

Non, il sait que dès que la vraie lumière va briller dans notre vie, elle va révéler un truc absolument hideux dans notre vie, c’est ce qu’il appelle le « péché. » Le péché, c’est tout simplement le mal qu’il y a en nous.

Et donc de la même façon que celui qui dit qu’il a la lumière, mais qui marche quand même dans les ténèbres, « ment et ne pratique pas la vérité » (v. 6), eh bien celui qui dit qu’il a la lumière, mais qui dit en même temps qu’il n’a pas de péché, « se séduit (ou se trompe) lui-même et la vérité n’est pas en lui » (v. 8). Parce que la vraie lumière, si elle éclaire vraiment notre vie, elle va nous montrer les choses qui ne vont pas en nous.

C’est pourquoi l’apôtre Jean dit même, au verset 10, que celui qui dit qu’il n’a pas de péché, fait de Dieu un menteur—puisque la lumière de sa révélation nous dit le contraire.

Et c’est ça, donc, le truc qui peut être inconfortable quand on accueille la vraie lumière dans notre vie. Vous savez, quand les lumières sont éteintes, on ne voit pas que la maison est sale et mal rangée. Mais quand on allume, on peut être heureux d’avoir de la lumière, et en même temps être surpris et avoir honte, et avoir envie de détourner le regard de certaines choses.

Saint Augustin, quand il s’est converti, a fait une expérience un peu comme ça. Il raconte ce qu’il a ressenti, dans Les Confessions. Il est en train de s’adresser à Dieu, et il dit :

« Quand j’ai commencé à te connaître, tu m’as haussé vers toi pour me faire voir qu’il y avait quelque chose à voir, mais que je n’étais pas encore en mesure de le voir. Et tu as ébloui la faiblesse de mes regards par la violence de ton rayonnement, et j’ai tremblé d’amour et d’horreur. »

Comment c’est possible de trembler d’amour et d’horreur ? Eh bien Saint Augustin a accueilli la lumière de Dieu dans sa vie, par les saintes Écritures auxquelles il a acquiescé. Il était d’accord pour être d’accord avec Dieu, mais en accueillant cette lumière, le voile s’est levé, et Saint Augustin a commencé à voir le monde tel qu’il était vraiment, et à connaître Dieu tel qu’il était vraiment, mais aussi à contempler sa propre vie telle qu’elle était vraiment.

Saint Augustin a tremblé d’amour parce qu’il a découvert Dieu dans sa beauté, sa grandeur, sa bienveillance, sa sagesse, sa justice… Mais il s’est aussi découvert lui-même, et ça, ça peut être inconfortable. Ça peut nous faire trembler d’horreur !

C’est comme quand on découvre pour la première fois l’enregistrement de sa propre voix. J’ai bien rigolé il y a quelques semaines, quand on préparait le chant de la chorale de Noël (qu’on voulait mettre en vidéo), et qu’on devait tous, donc, se filmer soi-même puis envoyer notre enregistrement à Nico qui devait ensuite faire le montage. Et une des chanteuses (Ellis, pour ne pas la dénoncer), nous a envoyé un message en disant : « C’est déjà une chose de s’entendre soi-même ; mais c’est encore autre chose de s’entendre et de se voir en même temps ! » Horreur ! On s’entend et on se voit tel qu’on est, et c’est inconfortable !

Mais voici la bonne nouvelle. C’est que Dieu nous montre, par sa lumière, nos péchés, non pas pour qu’on ait peur et qu’on essaie de les cacher, mais au contraire, pour qu’on les confesse, nous dit l’apôtre Jean (v. 9). Ça ne veut pas dire aller dans un confessionnal et raconter nos péchés à un prêtre, ça veut dire, encore une fois, acquiescer, les reconnaître, être d’accord avec ce que la lumière nous montre. En grec, c’est le mot homologeo, qui signifie littéralement : « dire la même chose ».

Et si on « dit la même chose » que Dieu concernant la réalité du péché dans notre vie, alors la promesse de Dieu, c’est qu’il va nous pardonner et nous purifier. Pourquoi ? Eh bien à cause de ce à quoi Jean fait allusion à la fin du verset 7. Parce que « le sang de Jésus son Fils » a coulé sur la croix pour ça.

Quand on accueille la lumière de Dieu dans notre vie, la véritable lumière qui nous vient par la Bible, on découvre plein de choses sur Dieu et sur le monde et sur nous-mêmes, et on découvre notamment pourquoi le monde va mal. On découvre que les hommes ont tourné le dos à Dieu—et se sont retrouvés enchaînés au fond d’une caverne. On découvre que tout seul, on ne peut pas s’en sortir. On découvre que Dieu, lui, est venu à notre secours, qu’il s’est approché de nous pour se faire connaître.

Et surtout, on découvre que Jésus, Dieu fait homme, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie, est venu prendre sur lui le poids de nos péchés pour nous en délivrer. Alors qu’il était le seul homme parfaitement innocent, il a donné sa vie, volontairement, sur la croix, pour subir à la place des croyants la punition de nos péchés. Et le troisième jour, il est ressuscité.

Aujourd’hui encore, quiconque accueille la lumière de Dieu dans sa vie, et confesse par conséquent ses péchés (c’est-à-dire affirme en accord avec Dieu que le mal habite dans son cœur et que dans cette situation, il n’est pas digne de s’approcher de Dieu), eh bien quiconque reconnaît sincèrement ces choses, reçoit le pardon de Dieu et sa purification. Dieu est « fidèle et juste » pour le faire, parce que Dieu ne va pas trahir sa promesse ou se contredire : le sang de Jésus a réellement coulé sur la croix, et il est réellement ressuscité, et donc « si nous confessons nos péchés », il est impossible que Dieu nous refuse son pardon et sa purification.

La vraie lumière nous vient de quelqu’un, elle nous amène quelque part, et elle nous montre quelque chose. Quand on voit la saleté dans notre vie, à la lumière de Dieu qui est pur et saint, ça peut nous mettre mal à l’aise. Mais la lumière de Dieu nous montre aussi sa grâce, une grâce inépuisable qui se trouve auprès de Jésus-Christ.

Alors est-ce que vous avez envie de vous épanouir en 2021 ? Pour ça, comme on l’a vu, il faut qu’on accueille la vraie lumière dans notre vie, même si par moments, c’est inconfortable.

Je propose qu’en 2021, on vive dans la lumière.

Je propose qu’on redonne à la Bible l’importance qu’elle mérite dans notre vie. C’est par elle que Dieu fait briller sa lumière, la connaissance de la vérité, dans notre vie. Si on ne sait pas par quel bout commencer, demandons à un ami chrétien, ou à un pasteur, de nous conseiller et de nous guider. Prenons un plan de lecture de la Bible, qui pourrait nous aider à nous organiser et à nous discipliner. Lisons et étudions la Bible en priant Dieu de nous éclairer.

Et puis soyons d’accord pour être d’accord avec Dieu. Dans la Bible, il y a plein de choses qui peuvent nous surprendre, nous bousculer, peut-être même nous heurter quand on les découvre pour la première fois. C’est normal. On l’a vu la semaine dernière : même Joseph, cet « homme de bien », a eu du mal à croire à l’œuvre de Dieu. Mais Dieu l’a aidé, et Joseph lui a fait confiance. Nous aussi, on peut avoir au moins cette posture : c’est que si Dieu nous montre quelque chose, on va le croire. Parce que ça vient de lui.

On doit donc se méfier d’une recherche spirituelle qui serait tournée vers l’intérieur de nous-mêmes, ou tournée vers les arbres ou vers les étoiles et les planètes, ou même qui serait tournée vers les autres et qui ne se fonderait pas sur la Bible. Si la lumière ne nous vient pas par la Bible, ce sera une fausse lumière, une lumière artificielle. Vous savez que la Bible dit que le diable lui-même peut se déguiser en ange de lumière (2 Co 11.14). C’est pourquoi dans la tradition chrétienne, on appelle parfois le diable Lucifer, c’est-à-dire en latin, celui qui porte la lumière. Mais nous on veut la vraie lumière, non ? Celle qui nous communique la vérité, parce que c’est la vérité qui nous rendra libres.

Ça me fait penser à une chanson d’un groupe de métal chrétien que j’écoute parfois, où le chanteur s’adresse, justement, à un faux ange de lumière, et lui dit :

« On veut un vrai remède, pas juste de la commisération stérile. On veut la vraie lumière qui détruit les ténèbres. […] Ton remède est inefficace, il est incapable de mettre à mort ma peine. […] Tu me vends un sparadrap pour réparer mes vices—mais ce n’est rien d’autre qu’une lumière artificielle. »

À l’inverse, la reine Elizabeth, dans son allocution de Noël vendredi dernier, a rappelé à tous ses sujets où se trouvait la véritable lumière, quand elle a dit :

« Les enseignements de Christ sont ma lumière intérieure. »

Enfin, je propose qu’on s’exerce à être plus authentiques dans notre relation avec Dieu et dans notre relation les uns avec les autres. Plus authentiques avec Dieu, en accueillant sa lumière même dans les recoins les plus sombres et puants de notre âme. En examinant nos actes, nos pensées, nos désirs, et même nos émotions, à sa lumière, et en « disant la même chose » que lui par rapport à tout ça. Même si tout dans notre vie ne devient pas immédiatement conforme à la vérité, au moins accordons nos violons avec Dieu. Soyons d’accord pour être d’accord avec lui, et marchons humblement à sa lumière, en 2021.

Et exerçons-nous à être plus authentiques les uns avec les autres. En arrêtant d’essayer de faire bonne figure. Je sais que c’est un défaut important dans ma vie. J’ai constamment peur de perdre la face et qu’on me rejette. Je n’ai pas envie qu’on sache ce qui se passe dans mes pensées et dans mon cœur. Mais vivre dans la lumière, c’est aussi accepter de mettre en lumière notre faiblesse et notre besoin constant de la grâce de Dieu. Une chose qu’on peut faire dans ce domaine, c’est trouver un ou deux amis croyants avec qui on s’entend bien—des filles pour des filles, des garçons pour des garçons, et donc pas juste son conjoint—et s’exercer à partager régulièrement, à cœur ouvert, nos luttes et nos échecs, mais aussi les victoires que Dieu nous donne. Et on peut prier ainsi les uns pour les autres, tout en se communiquant la grâce les uns aux autres.

Je suis sûr qu’on pourrait s’épanouir en 2021, en tant qu’êtres humains, si on vit dans la lumière—dans la vraie lumière—même si par moment, ça peut nous sembler inconfortable.

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