Le jugement qui vient

Par Alexandre Sarranle 10 octobre 2021

Mes amis, j’ai une convocation à vous remettre aujourd’hui, à chacun. C’est très sérieux, c’est une convocation au tribunal de Dieu, pour y être jugé, et pour y entendre un verdict qui va déterminer la situation dans laquelle vous allez exister pour toute l’éternité.

Vous ne me prenez peut-être pas au sérieux. C’est normal. La doctrine du jugement dernier, ce n’est pas un truc auquel on pense très souvent. Et quand on y pense, on ne se sent pas forcément très concerné.

Il y a ceux qui associent ça à de la mythologie. Le jugement dernier ? Ah oui, c’est le truc où les gens montent sur une balance, et où Dieu décide s’ils vont aller au paradis ou en enfer, c’est ça ? C’est une idée qui a été inventée au Moyen-Âge, pour faire peur aux gens et pour pouvoir mieux les contrôler, non ? Quelle niaiserie, de toute manière, puisqu’il n’y a pas de vie après la mort !

Et puis il y a ceux qui croient qu’il y a une vie après la mort, mais quand même, le jugement dernier, ça donne l’idée d’un Dieu vraiment méchant et rigide. Dieu, il n’est pas comme ça, quand même ! Dieu est amour, et il ne va pas juger les gens, il va accueillir tout le monde dans son paradis !

Et puis il y a ceux qui croient à un jugement dernier, mais… vaguement. On ne sait pas trop ce qu’il en est, mais en tout cas, s’il y a une vie après la mort, eh bien le jugement dernier, ça serait quand même pas mal… pour les terroristes, les violeurs d’enfants et les tortionnaires, par exemple, surtout quand ils ne se font jamais attraper par la justice des hommes.

Mais le jugement dernier… pour nous ? On n’y pense pas trop, et ça ne nous inquiète pas plus que ça. Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que ça vous laisse de marbre, est-ce que vous n’y croyez pas, ou est-ce que vous pensez que ça concerne surtout les autres, qui sont vraiment méchants et qui méritent d’être jugés et condamnés ?

On va prendre un passage qui secoue un peu ce matin. On est toujours vers le début de la lettre que l’apôtre Paul a écrite aux chrétiens de la ville de Rome au premier siècle. Et rappelez-vous que dans cette première partie de sa lettre, l’apôtre Paul veut vraiment convaincre ses lecteurs de la nécessité de connaître et de faire connaître ce qu’il appelle « l’évangile », c’est-à-dire une « bonne nouvelle » qui concerne la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, et qui est le thème général que Paul va développer dans sa lettre.

Donc avant de nous expliquer ce que c’est que cette bonne nouvelle, Paul veut d’abord nous convaincre qu’on a besoin d’une bonne nouvelle. Et pour nous convaincre qu’on en a besoin, il va nous parler maintenant de quelque chose qui doit, normalement, nous faire un peu peur. Qui doit nous mettre mal à l’aise. Il va nous parler d’un jugement qui vient.

Et voici tout ce que Paul veut nous dire à travers ce passage : c’est qu’on est tous convoqués à cette audience—toi qui écoutes, croyant ou non-croyant, tu es convoqué au tribunal de Dieu, et tu devrais sans tarder te soucier de ce rendez-vous qui arrive, qui est inéluctable, et dont l’issue sera définitive. Réfléchis au jugement qui vient, et que cela change ta vie aujourd’hui.

1/ Un jugement universel (v. 1-3)

Vous voyez : vous tous, et moi aussi, on est convoqué au tribunal de Dieu, pour y être jugé, et pour y entendre un verdict qui va déterminer la situation dans laquelle chacun de nous, on va exister pour toute l’éternité. Réfléchis donc au jugement qui vient, et que cela change ta vie aujourd’hui. C’est là toute la leçon de ce passage.

Premièrement, le jugement qui vient, d’après ce texte, est un jugement universel—c’est-à-dire un jugement qui nous concerne tous, sans exception. Le but du texte c’est qu’on se sente concerné par ce jugement, et qu’on ne pense pas que ce sont seulement les gens que nous, on trouve méchants, qui sont concernés.

Regardez les versets 1-3. Tout d’un coup, l’apôtre Paul passe à la deuxième personne du singulier : « tu », alors que jusque-là, il parlait à la troisième personne du pluriel : « ils » avec un s. L’apôtre Paul était en train d’établir le fait que tout le monde était coupable, maudit et complice—vous vous rappelez (v. 18-32) ? « Ils sont inexcusables, ils ont été livrés à l’impureté, ils sont remplis de toute espèce d’injustice… »

Mais comme on l’a vu la dernière fois, le problème, quand on parle de ce qui ne va pas dans le monde et dans notre société, c’est qu’on arrive assez facilement à pointer les autres du doigt, et qu’on a beaucoup plus de mal à se regarder dans le miroir et à voir que le problème est en nous aussi. On détecte facilement le mal chez les autres, et on utilise le mal chez les autres pour nier, ou au moins relativiser, le mal qu’il y a chez soi.

Qu’est-ce qu’ils font, les gens méchants qu’on observe autour de nous ? Ils commettent des meurtres, des vols, des agressions, des perversions sexuelles, des actes de cruauté… OK, on les pointe du doigt, c’est facile. Ce qu’ils font, ce n’est pas bien, et la plupart d’entre nous, on ne fait pas ce genre de truc. Mais ce que Paul vient de dire juste avant notre passage, c’est que ce n’est pas là tout le registre de la méchanceté. Dans le même registre de la méchanceté, il y a aussi, par exemple, la cupidité, l’envie, la fraude, la médisance ou l’orgueil.

Et en fait, Paul vient de faire une liste assez longue de ces choses qui appartiennent au registre de la méchanceté. En faisant cette liste, Paul a voulu nous montrer toutes sortes de choses qui procèdent d’un cœur mauvais. Et s’il y a ne serait-ce qu’une ou deux choses dans cette liste que nous aussi, on fait, alors on est comme les méchants qu’on arrive si facilement à pointer du doigt. On joue dans la même cour. On parle la même langue.

Voici tout simplement la vérité que Paul est en train d’établir : c’est que le mal qu’on détecte chez les autres procède d’un cœur qui est le même que le nôtre.

Et si eux sont visés par le jugement de Dieu, nous aussi on est visé par ce même jugement. Parce que le mal qu’ils font et le mal qu’on fait, tout ça appartient à la même catégorie de ce que la Bible appelle le péché.

« Tu es donc inexcusable, qui que tu sois, toi qui juges, car en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu agis comme eux. »

Et Paul ajoute un élément, pour qu’on se sente vraiment concerné : c’est que le jugement de Dieu « contre ceux qui agissent ainsi » (c’est-à-dire contre nous, vous suivez ?) « est selon la vérité » (v. 2). Ce que Paul veut dire, c’est que tout ce qui a pu procéder de notre cœur mauvais sera amené à la lumière pour être jugé en vérité. Ce n’est pas ce que nous on pense de ces choses qui prévaudra, mais c’est ce que Dieu en pense. Aujourd’hui, on a peut-être tendance à se donner des excuses, à relativiser, à normaliser, ou même à nier que certaines choses sont vraiment mauvaises dans notre vie, ou qu’elles méritent d’être examinées et jugées, mais le jour vient où on sera, nous comme tout le monde, jugé selon la vérité.

Donc on devrait se sentir concerné, et on devrait se sentir mal à l’aise.

Imaginez que je vous dise : « Bon, on va prendre quelques minutes, et on va faire défiler sur cet écran les péchés d’Adolf Hitler. Ça ne va pas être forcément très agréable, mais c’est important pour qu’on puisse dénoncer le mal qui existe dans notre monde. » Bon, ça ne nous poserait pas trop de problèmes de faire ça.

Mais imaginez maintenant que je vous dise : « Allez, on va prendre quelques minutes, et on va faire défiler sur cet écran tes péchés. Tout a été enregistré. Tout ce que tu as dit, tout ce que tu as fait, tout ce que tu as regardé, tout est là. On n’a pas le temps de tout montrer, mais on va commencer par les moments où tu t’es vraiment emporté contre ton conjoint, ou contre tes enfants. On va examiner ensuite ton historique de navigation sur internet. Après, on va passer aux injures que tu as prononcées contre d’autres êtres humains quand tu étais au volant de ta voiture. On va aussi écouter ce que tu as rapporté à tes amis, dans la confidence, sur ton prochain, et même sur certains frères et sœurs de ton église. On va bien sûr aussi voir les fois où tu n’as pas été complètement honnête dans ton travail, vis-à-vis de ton chef ou de tes collègues, et puis les fois où tu as été secrètement paresseux. Et puis si le temps le permet, on regardera aussi les fois où tu as manqué de respect à des gens à qui tu devais le respect, les fois où tu t’es amusé du malheur des autres, les fois où tu t’es mis en avant au détriment de ton prochain, sans oublier les promesses que tu n’as pas tenues. Allez, magnéto, Serge ! »

L’idée-même qu’on puisse faire ça, ça nous met mal à l’aise, non ? C’est parce qu’on n’a pas envie d’être jugé selon la vérité. On préférerait que beaucoup de choses restent cachées ; mais ça ne nous dérange pas si on parle du mal chez les autres !

L’apôtre Paul, lui, il veut qu’on imagine ce que ce serait si on était, maintenant, jugé selon la vérité, et si toutes les choses « indignes » qu’il a mentionnées dans les versets précédents étaient mises en lumière dans notre vie (v. 28-31). On les passe en revue vite fait ?

Est-ce qu’on a déjà été injuste dans nos actes ou dans nos paroles ? Est-ce qu’on a déjà été méchant ? Est-ce qu’on a déjà un peu trop aimé l’argent et les possessions matérielles ? Est-ce qu’on a déjà triché ? Est-ce qu’on a déjà été envieux ou jaloux ? Est-ce qu’on a déjà eu de la haine envers notre prochain ? Est-ce qu’on a déjà alimenté une dispute ? Est-ce qu’on a déjà été malhonnête ? Est-ce qu’on a déjà recherché le mal en connaissance de cause ? Est-ce qu’on a déjà dit des choses négatives sur quelqu’un dans son dos ? Est-ce qu’on a déjà négligé notre relation avec Dieu ? Est-ce qu’on s’est déjà énervé ? Est-ce qu’on a déjà cherché l’admiration des autres ? Est-ce qu’on s’est déjà vanté ? Est-ce qu’on s’est déjà trouvé un prétexte pour faire le mal ? Est-ce qu’on a déjà manqué de respect à ses parents ? Est-ce qu’on a déjà manqué d’intelligence, de loyauté, d’affection, d’indulgence ou de pitié ?

Je ne sais pas pour vous, mais moi je peux dire oui à toutes ces questions, et la liste de Paul n’est pas exhaustive ! Mes amis, un jour, on va être jugé selon la vérité. On va inspecter notre maison. On va passer au contrôle technique. On va être examiné comme quand on passe son permis de conduire. Et aucun défaut ne passera inaperçu. Est-ce qu’on a conscience de ça ? Le jugement qui vient est un jugement qui nous concerne—c’est un jugement universel.

2/ Un jugement en attente (v. 4-5)

Mais deuxièmement, c’est un jugement en attente. Le jugement qui vient est imminent, certes, mais s’il n’arrive pas tout de suite, c’est dans notre intérêt. Le texte veut nous faire comprendre, ici, qu’on vit au temps de la grande, grande patience de Dieu—et qu’il y a là une opportunité à saisir pour nous avant qu’il ne soit trop tard.

Regardez le texte (v. 4-5). Comme on l’a vu, l’apôtre Paul est en train de viser particulièrement les gens qui ne se sentent pas a priori concernés par le jugement qui vient. Des gens qui veulent bien parler du jugement des autres, parce que les autres sont ostensiblement méchants, mais pas tellement de leur jugement à eux, puisque eux, ce sont des gens plutôt bien rangés, bien élevés, polis et religieux.

Mais Paul essaie de faire en sorte qu’ils se sentent concernés, et maintenant, il veut leur dire que tant qu’ils ne prennent pas à cœur ce jugement qui vient, ils sont, en fait, en train d’empirer leur cas—alors qu’ils pourraient améliorer leur cas.

Paul veut leur faire comprendre que pour l’instant, Dieu est en train de faire preuve d’une grande patience envers les gens, en désirant que les gens prennent conscience de la gravité de leur situation et de l’urgence de leur besoin, et qu’ils se tournent par conséquent vers Dieu pour lui demander pardon pour leurs fautes. Avant que le jugement n’arrive.

Si Dieu exerçait tout de suite son jugement, il aurait tous les droits de le faire, et ce serait parfaitement juste et justifié. Mais il ne le fait pas encore, et cette période où on est vivant et où on n’a pas encore eu à comparaître devant Dieu, c’est en fait une période où Dieu est en train de faire preuve de « bonté », de « patience » (ou de « support », littéralement de « tolérance » ou d’« endurance », un terme rare), et de « longanimité ». L’idée, c’est que Dieu est en train de supporter avec patience ce qui est en train de se passer pendant cette période.

C’est comme si je prêtais ma carte bancaire à Kalhou, après le culte, parce qu’il a oublié son portefeuille et qu’il a vraiment besoin d’acheter du pain en rentrant chez lui pour son repas de midi où il a invité plein d’amis de l’église. Comme je n’ai pas de liquide sur moi, je lui prête ma carte parce que je lui fais confiance.

Mais quelques jours plus tard, Kalhou ne m’a toujours pas rendu la carte. Non seulement ça, mais en plus je constate sur mes relevés de compte sur internet qu’il est en train d’utiliser ma carte pour faire plein d’autres achats. J’aimerais bien qu’il arrête. J’aimerais bien qu’il me rende ma carte. Je pourrais porter plainte contre lui, mais je n’en ai pas envie—c’est Kalhou quand même ! Je voudrais qu’il se rende compte qu’il fait quelque chose de mal, qu’il s’en détourne, qu’il revienne vers moi avec ma carte, qu’il me demande pardon, et peut-être qu’il essaie de me rendre l’argent qu’il m’a volé.

Donc tout le temps que j’attends et que je désire le retour de Kalhou (au lieu de lui envoyer la police), c’est le temps de ma longanimité, vous comprenez ? Je supporte, j’endure, je patiente, et Kalhou devrait voir ça comme le signe de ma grande bonté et de mon amour pour lui. Il devrait en profiter pour revenir vers moi avant que je finisse par lui envoyer la police !

De la même façon, si le jugement de Dieu est en attente actuellement, c’est le signe de la grande bonté de Dieu et de sa longanimité. Chaque minute qui passe où on n’a pas encore à comparaître dans le tribunal de Dieu, c’est une minute de plus où Dieu supporte avec patience notre manière de vivre, et c’est une minute de plus où cette bonté de Dieu devrait nous inciter à la repentance (v. 4).

On est en train de vivre à crédit, en fait. À chaque fois qu’on fait, dit, pense, désire ou ressent quelque chose qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu—à chaque fois que notre cœur mauvais produit un fruit mauvais qui appartient au registre de la méchanceté (comme on l’a vu tout-à-l’heure)—eh bien à chaque fois, on est en train de dépenser de l’argent qu’on n’a pas et on est en train d’augmenter notre dette. On est en train « d’amasser un trésor », mais c’est un trésor négatif, c’est un découvert, et la police et les huissiers vont arriver un jour.

C’est ce que Paul veut dire quand il dit que tant que tu continues de vivre comme ça sans te soucier du jugement qui vient, « tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu. » (v. 5)

Donc le jugement qui vient est un jugement en attente. Et s’il est en attente, c’est dans notre intérêt. Comment est-ce qu’on devrait répondre à la bonté, à la patience et à la longanimité de Dieu ? En étant touché dans notre cœur par le fait que Dieu ne nous juge pas tout de suite, et qu’il désire notre repentance. Il désire qu’on prenne conscience de nos fautes et qu’on se tourne vers lui par la foi. Il veut qu’on revienne à lui.

En attendant, on est en train d’accumuler des fautes qui encourent chacune la colère de Dieu. Mais n’imaginez pas que Dieu éprouve de la colère comme nous on éprouve de la colère. N’imaginez pas un Dieu furieux qui est en train de devenir tout rouge et qui serait sur le point de s’emporter. La colère de Dieu ne désigne pas un sentiment ou une émotion chez Dieu, mais ça désigne tout simplement la rétribution du mal. La colère de Dieu, c’est la justice de Dieu exercée contre le mal. Et le truc, c’est que plus on vit longtemps sur la terre, plus on fait le mal, et plus on fait le mal, plus on augmente notre dette morale, et plus on augmente notre dette morale, plus ça va coûter cher à la fin. C’est ce « trésor de colère » qu’on est en train d’amasser, d’après Paul, par notre « impénitence ».

Mais même si la colère de Dieu, ce n’est pas la colère des hommes, sa colère au sens de sa justice exercée contre le mal, ça reste quelque chose d’absolument effroyable pour les gens qui en feront l’objet, et il ne faut pas du tout le minimiser.

Le 8 juillet 1741, le prédicateur britannique Jonathan Edwards a prêché son sermon le plus connu sur le sujet de l’enfer, et le titre était : Entre les mains d’un Dieu en colère. Dans ce sermon, il fait toutes sortes d’analogies pour qu’on comprenne la gravité de la situation des gens qui ne se soucient pas du jugement qui vient. En voici une, par exemple, d’analogie—et rappelez-vous que la colère dans ce texte ne désigne pas un sentiment chez Dieu mais tout simplement la rétribution parfaitement juste de nos fautes.

« La colère de Dieu ressemble à une grande masse d’eau retenue par un barrage. Elle ne cesse d’augmenter et de s’élever, jusqu’au jour où une brèche lui permet de s’écouler. Plus on arrête le ruisseau qui l’alimente, plus le flot en sera rapide et puissant au jour de sa libération. Oui, le jugement mérité par vos œuvres mauvaises n’a pas encore été exécuté. Le déluge de la vengeance de Dieu a été retenu jusqu’ici. Mais votre culpabilité ne cesse d’augmenter, et vous vous amassez chaque jour un trésor de colère. Les eaux montent et gagnent en puissance. Seul le bon vouloir de Dieu les retient. »

3/ Un jugement parfaitement juste (v. 6-11)

Donc le jugement qui vient est un jugement universel (on doit se sentir concerné), et c’est un jugement en attente (c’est maintenant le temps de la patience de Dieu et on devrait se tourner humblement vers Dieu, sans tarder). Mais… qu’est-ce qu’il y a comme espoir pour nous ? Eh bien notre espoir se trouve dans le fait que le jugement qui vient, troisièmement, est un jugement parfaitement juste.

Alors ça peut sembler un peu bizarre, mais écoutez bien jusqu’au bout. Le jugement qui vient est un jugement parfaitement juste, et à première vue, on pourrait se dire que ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous ! Regardez le texte (v. 6-11). L’apôtre Paul est très clair :

« [Dieu] rendra à chacun selon ses œuvres. » (v. 6)

Et ensuite au verset 11 :

« Auprès de Dieu, il n’y a pas de considération de personne. »

Donc le jugement universel de Dieu, qui est actuellement en attente, sera impartial, et il se fera selon les œuvres de chacun. Et Paul précise quel sera le résultat de ce jugement : d’un côté la vie éternelle, la gloire, l’honneur et la paix pour ceux qui pratiquent le bien, et de l’autre côté la colère, la fureur, la tribulation et l’angoisse pour ceux qui pratiquent le mal (v. 7-10). Alors… est-ce que c’est une bonne nouvelle ?

Eh bien, c’est une bonne nouvelle que le mal soit puni et que la justice prévale un jour. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous personnellement. Parce que l’apôtre Paul vient de nous démontrer qu’on était tous coupables, n’est-ce pas ? C’est d’ailleurs ce qu’il est en train de marteler depuis le chapitre précédent, et qu’il va marteler jusque dans le chapitre suivant, où il dira que le but de la révélation de Dieu dans les Écritures saintes, c’est notamment « que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. » (Rm 3.19) Paul ajoutera même un peu plus loin :

« Il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » (Rm 3.23)

Comprenez bien que c’est ça, le point que Paul veut souligner à ce stade de sa lettre. Il veut qu’on s’inquiète, et qu’on se sente mal à l’aise. Mais il ne nous dit pas tout, ici. Il nous parlera après de Jésus-Christ et de ce que Jésus-Christ a fait pour sauver les croyants.

Mais ce qu’il dit ici est très important pour comprendre ce qu’il dira après. Ce qu’il dit ici va nous aider à comprendre ce que Jésus a fait. Alors écoutez bien. Écoutez bien parce que si vous loupez ce que je vais dire maintenant, vous allez louper le plus important !

Jésus est Dieu, et il s’est fait homme pour s’offrir lui-même sur la croix comme expiation pour les péchés des croyants. « Expiation », ça veut dire le paiement, le règlement de quelque chose qu’on doit. Donc on doit quelque chose à Dieu, c’est le prix de nos péchés. C’est notre dette. Et le sacrifice volontaire de Jésus, c’est le paiement de cette dette : l’expiation.

Et si quelqu’un se confie en Jésus (place sa foi en lui, sa confiance), alors ça veut dire que Jésus se substitue à cette personne sous le jugement de Dieu, et cet échange s’est passé à la croix. C’est Jésus qui expie, qui « paie à la place », qui prend sur lui la peine, la rétribution de tous les péchés de cette personne qui croit en lui.

Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que par la foi, un croyant est tellement uni à Jésus spirituellement que c’est comme s’il était « caché » en lui. Et ça veut dire que quand Jésus a souffert sur la croix sous l’effet du jugement de Dieu, c’était comme si les croyants avaient souffert sur la croix sous l’effet du jugement de Dieu. Dieu a donc bien rendu aux croyants selon leurs œuvres, mais il l’a fait sur la croix, en Jésus.

Écoutez bien. Ce qui s’est passé sur la croix, ce n’est pas que Jésus a payé un forfait général pour que les croyants puissent aller au paradis, mais il a payé une facture détaillée—celle très précisément de tous les péchés de tous les croyants.

Et j’insiste là-dessus, parce que ça souligne le fait que le jugement qui vient est un jugement parfaitement juste. Dieu rend vraiment à chacun selon ses œuvres, et il ne fait vraiment pas de favoritisme. N’importe qui peut placer sa foi en Jésus, et alors toutes ses fautes ont été rétribuées, sans exception, sur la croix (Dieu lui rend vraiment selon ses œuvres mais il le fait sur la croix en Jésus) ; et n’importe qui peut demeurer dans l’incrédulité, et alors toutes ses fautes seront rétribuées, sans exception, sous le jugement à venir de Dieu (Dieu lui rendra vraiment selon ses œuvres, mais il le fera dans l’au-delà).

Donc à la fin, le jugement de Dieu sera bien le même pour tout le monde. Tout le monde sera jugé selon les mêmes critères. Il n’y aura pas deux poids, deux mesures : un critère pour les chrétiens, et un critère pour les non-chrétiens. Ou un critère pour les Juifs, et un critère pour les Grecs (cf. v. 9-10). Dieu ne va pas fermer les yeux sur les péchés des croyants, et ensuite punir les péchés des non-croyants. Non, ça, ça serait du favoritisme. Mais « auprès de Dieu il n’y a pas de considération de personne. » Tous seront traités à égalité. Aucun péché ne sera jamais balayé sous le tapis, ni les vôtres, ni les miens. Aucun péché ne sera pas rétribué. C’est juste que si on est « caché » en Jésus par la foi, nos péchés—tous nos péchés sans exception—ont été rétribués en Jésus sur la croix.

Et ça, c’est la différence entre la grâce et le favoritisme. Dieu ne sauve personne par favoritisme. Jésus n’a pas soudoyé le Père pour sauver les croyants, mais il a satisfait le Père pour sauver les croyants. Jésus n’a pas acheté le Juge, il a racheté les coupables.

Et elle est vraiment là, la bonne nouvelle : si vous avez placé votre confiance en Jésus, vous pouvez penser à la croix où Jésus a souffert, et vous pouvez y voir quelque chose d’intimement personnel. Les souffrances de Jésus, ce n’était pas des souffrances générales, des souffrances génériques—c’était vraiment la peine de vos péchés. Vous étiez en Christ sur la croix, quand il a fait l’objet de la colère de Dieu. On peut dire qu’il pensait vraiment à vous—et il a voulu recevoir la rétribution de vos péchés.

Et donc la peine qui a été endurée par Christ sur la croix a réellement été la peine de l’enfer, au profit des croyants : colère et fureur, tribulation et angoisse, dit Paul, pour que les croyants, dont les fautes ont été imputées à Jésus, reçoivent la récompense des bonnes œuvres de Jésus qui leur sont imputées en échange : la vie éternelle, la gloire, l’honneur, l’incorruptibilité et la paix ! Alléluia !

Le jugement de Dieu est parfaitement juste, et il est là notre espoir : c’est une bonne nouvelle pour nous personnellement si on est attaché à Jésus par la foi, parce que ça veut dire que Dieu a déjà jugé, condamné, et châtié nos péchés et il ne le fera pas une deuxième fois. La dette a été remboursée, la peine a été payée, le prix a été réglé une fois pour toutes !

Par contre, ceux qui ne sont pas attachés à Jésus par la foi feront aussi l’objet de ce jugement parfaitement juste. Ils recevront aussi « selon leurs œuvres », mais il n’y aura personne d’autre pour fournir une expiation, personne pour payer leur dette à leur place, personne pour les couvrir. Et c’est tout simplement ça, ce qu’on appelle traditionnellement « l’enfer ». C’est la rencontre de nos péchés avec la justice de Dieu.

Parfois on a du mal avec l’idée de l’enfer, parce qu’on s’imagine un lieu où les gens vont être horriblement torturés, et peu importe si les gens ont été des citoyens honnêtes et généreux sur la terre, ou des terroristes de la pire espèce. Et ça, ça donne l’impression que Dieu est injuste et cruel. Il va faire du mal à des gens, pour toujours, c’est horrible ! Mais en réalité, il faut bien comprendre que tout ce qui se passera en enfer sera parfaitement juste. Personne ne se plaindra d’injustice en enfer, ni de cruauté de la part de Dieu—parce que justement, l’enfer c’est le lieu où on paie pour nos péchés, ni plus, ni moins, et avec la pleine conscience que c’est ce qu’on mérite.

Mais ce sera quand même horrible, parce que Dieu aura retiré le bouclier de sa grâce commune qui, actuellement, retarde le jugement de Dieu, et qui nous permet de vivre avec le péché dans notre vie sans être détruit instantanément. Mais une fois que le bouclier de la grâce commune de Dieu sera retiré (et il le retirera un jour), ce sera la rencontre de la plénitude de nos péchés avec la plénitude de la justice de Dieu, et la moindre imperfection, la moindre petite faute, apparaîtra absolument hideuse et abominable à la lumière de la sainteté infinie de Dieu. Ce sera juste, mais ce sera effroyable.

Alors puisque le jugement qui vient est un jugement parfaitement juste, il y aura sûrement une différence entre les peines des gens, selon la quantité et la gravité de leurs péchés. Mais c’est un peu mystérieux, et il ne faut ni minimiser, ni exagérer cette différence, puisqu’avec 10 000 péchés ou avec 100 000 péchés, de toute façon la dette sera évaluée à la lumière de la sainteté infinie de Dieu.

Et donc la différence entre l’infini moins 10 000 et l’infini moins 100 000 est peut-être de 90 000, mais la différence entre l’infini et 10 000, c’est quand même l’infini, et la différence entre l’infini et 100 000, c’est aussi l’infini. Vous suivez ? Bref, il y aura peut-être une différence entre les peines, mais ce sera quand même terriblement effroyable pour tout le monde. Ce que nous, on veut surtout retenir, c’est que ce sera un jugement parfaitement juste.

Bon, tout ça pour dire quoi à la fin ? Tout ça pour dire que ce passage ce matin est là pour nous rappeler qu’on a reçu une convocation : une convocation au tribunal de Dieu, pour y être jugé, et pour y entendre un verdict qui va déterminer la situation dans laquelle on va exister pour toute l’éternité.

Il y a un jugement qui vient, et on doit s’en inquiéter aujourd’hui. Les enjeux sont absolument énormes, et il est impossible d’en exagérer la gravité. Deux destins seulement sont possibles pour tout être humain, et le jour venu, aucun retour en arrière ne sera possible. Réfléchis au jugement qui vient, et que cela change ta vie aujourd’hui. Réfléchis, mon ami, réfléchis, et tires-en maintenant, sans tarder, les conséquences.

Tu n’as peut-être pas l’impression d’être un très grand pécheur, tu n’es pas un terroriste, un violeur d’enfant ou un tortionnaire, et tu n’as pas la conviction profonde que le jugement qui vient te concerne. Écoute : une seule goutte de cyanure suffit pour gâcher la pâte à crêpes. Un seul péché suffit pour t’envoyer en enfer, et ce serait juste. Tourne-toi vers Christ, contemple la croix, demande à Dieu de te montrer à quel point le mal dans ton cœur lui est détestable, et réponds-lui avec reconnaissance pour sa grâce en Christ.

Voici encore ce que dit Jonathan Edwards :

« L’expérience continuelle et multiple des siècles montre que l’homme n’a aucun gage d’assurance de ne pas être à la porte même de l’éternité, et d’être soudain propulsé dans un autre monde. Les manières imprévisibles et inattendues par lesquelles les hommes quittent ce monde sont innombrables et inconcevables. Les inconvertis marchent au-dessus de la bouche même de l’enfer. Une plaque pourrie recouvre cet abîme, si faible en tant d’endroits qu’elle soutient à peine leur poids. »

Mon ami, on vit au temps de la patience de Dieu. C’est le moment ou jamais de demander pardon à Dieu et de placer ta confiance en Jésus. Si tu ne l’as jamais fait, je t’en supplie, tu n’as pas besoin de tout comprendre, mais seulement de comprendre que tu es perdu sans Jésus et que tu peux être sauvé en lui. Tourne-toi vers lui maintenant !

Et si tu es déjà un chrétien, si tu es déjà « caché » en Jésus par la foi, réfléchis toi aussi au jugement qui vient, et que cela change ta vie aujourd’hui. Tu as une bonne nouvelle à annoncer au monde. Tu as l’information la plus importante que n’importe qui puisse jamais entendre ! Propose un parcours découverte à tes amis non-croyants, parle-leur de ta foi, invite-les à l’église, présente-leur des chrétiens, et surtout, prie pour eux.

Et puis arrête de juger les autres, ceux dont les péchés sont vraiment évidents à tes yeux ! Arrête de les prendre de haut, de les mépriser, de les condamner dans ton cœur. Arrête d’utiliser leurs péchés pour minimiser, nier ou normaliser les tiens. On va tous être jugés selon la vérité. Examine plutôt ton propre cœur, et amène maintenant à la lumière les choses qui, de toute façon, seront révélées un jour.

Et marchons dans l’humilité devant Dieu, et dans la reconnaissance pour Jésus-Christ, qui est « l’agneau immolé », c’est-à-dire celui qui a été offert en sacrifice d’expiation, celui qui s’est donné volontairement pour nous délivrer de la condamnation. Sans lui, on serait perdu—mais avec lui, on est sauvé pour toujours.

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