L’Éternel combattra pour vous

Par Alexandre Sarranle 2 septembre 2012

Est-ce que vous faites confiance à Dieu ? Vous savez certainement ce que c’est que la confiance ! Quand j’étais petit, je faisais beaucoup d’alpinisme avec mon père, et il y a eu un certain nombre d’occasions où la seule raison pour laquelle ma vie n’a pas pris fin au pied d’une falaise escarpée ou au fond d’une profonde crevasse, c’est parce que mon père n’a pas lâché la corde à laquelle j’étais attaché. En haute montagne, dans un environnement qui est souvent hostile et très dangereux, vous avez plutôt intérêt à faire confiance à la personne avec laquelle vous êtes encordé. Mais est-ce que vous faites confiance à Dieu ?

En Syrie, depuis le début du conflit il y a un peu plus d’un an, environ 25,500 Syriens ont été tués. Mercredi dernier à Marseille, un homme de 25 ans est mort d’une rafale de kalachnikov, ce qui amène à 14 le nombre de règlements de compte mortels dans cette ville depuis le début de l’année. Et à Francheville, le corps d’un homme de soixante ans a été découvert ce vendredi dans une ruelle ! Est-ce que vous faites confiance à Dieu ?

Le gouvernement français a annoncé que le soi-disant mariage homosexuel serait légalisé l’année prochaine. Il y a quelque temps, le ministre du culte algérien est venu inaugurer une nouvelle mosquée en Bourgogne, après avoir fait fermer dix églises chrétiennes dans son pays. Et un terroriste norvégien qui a commis 77 meurtres vient d’être condamné à 21 ans de prison dans une cellule trois pièces avec une télé, un ordinateur, et du matériel de musculation. Est-ce que vous faites confiance à Dieu ?

J’ai appris aux informations, hier soir, que 68% des Français, soit plus des deux tiers, se disent pessimistes pour leur avenir. Peut-être que vous-même, ces jours-ci, vous rencontrez des difficultés d’ordre professionnel, ou familial, ou médical, ou relationnel, ou même spirituel. La souffrance et l’injustice font partie intégrante du monde déchu, et parfois hostile, dans lequel nous vivons. Mais est-ce que vous faites confiance à Dieu ?

Le texte que nous étudions aujourd’hui raconte une des histoires les plus connues de la Bible, à savoir l’histoire de la Traversée de la Mer Rouge (ou plus précisément, de la Mer des Joncs, ou des Roseaux). Moïse raconte aux Israélites leur histoire passée, sachant que ces mêmes Israélites, au moment où Moïse écrit ces textes, s’apprêtent à faire face à un défi considérable qui va consister à conquérir la terre promise, pour l’instant occupée par des peuples sanguinaires. Donc Moïse va raconter cette histoire de la traversée de la Mer des Joncs et de la défaite des Égyptiens de façon à corriger l’idée selon laquelle l’histoire des Israélites avancerait aléatoirement, et de façon à montrer aux Israélites qu’ils peuvent avoir pleinement confiance en l’Éternel malgré les épreuves, qui paraissent parfois insurmontables.

Et la leçon pour nous aujourd’hui est simple, et elle tient à une phrase : Si notre vie appartient à Jésus, Dieu est pour nous en toute circonstance. Nous pouvons donc lui faire entièrement confiance.

En vertu de sa bienveillance souveraine (13.17-22)

En toute circonstance, les croyants peuvent faire entièrement confiance à Dieu, premièrement, parce que Dieu est toujours bon envers son peuple.

À la fin du chapitre 13 (v. 17-22), juste avant d’aborder le récit de la traversée de la Mer des Joncs, Moïse fait contempler à son lecteur la bienveillance souveraine de Dieu : Dieu fait faire un détour au peuple pour lui épargner la guerre et la tentation de retourner en Égypte, il le précède et le guide sur le chemin, en lui manifestant sa présence à tout moment. Moïse précise même avoir emporté les ossements de Joseph, signe visible de la promesse de Dieu et de la foi du patriarche, qui était convaincu, 400 ans avant la sortie d’Égypte, que Dieu interviendrait en faveur des Israélites (« Certes, Dieu vous visitera » ou « Dieu interviendra pour vous à coup sûr », Gn 50.24-25).

En l’espace de 6 versets, donc, Moïse nous fait bien comprendre quelle est la bienveillance souveraine de Dieu envers son peuple. Dieu s’occupe de son peuple en fonction d’un plan déterminé d’avance, et c’est un plan qui a en vue le bien des croyants.

C’est comme si Moïse était en train de dire aux croyants : rassurez-vous, votre vie n’est pas soumise au hasard, ni à aucune force qui vous serait hostile, ce n’est même pas vous-mêmes qui écrivez votre histoire, mais c’est Dieu. C’est l’Éternel qui est l’auteur souverain de chaque épisode de votre vie. Votre vie est comme un livre, dont Dieu non seulement connaît le début, le milieu et la fin, mais dont il a lui-même écrit chaque page. Et ce livre n’est qu’un volume parmi une multitude d’autres qui constituent l’histoire du monde. Et l’auteur souverain de cette histoire veut le bien des hommes, des femmes et des enfants qui lui appartiennent.

Cette bienveillance souveraine de Dieu a un nom : on l’appelle la providence. C’est la doctrine selon laquelle Dieu « soutient, dirige, emploie et gouverne » toutes choses selon sa propre volonté, en fonction de son plan, et en accord avec son caractère. Si nous appartenons à Dieu, cette doctrine peut nous être d’un secours extraordinaire lorsque nous sommes confrontés à la souffrance ou à l’injustice.

Notre confession de foi le dit très bien :

« De même que la providence de Dieu s’étend, en général, à toutes les créatures, elle prend soin d’une manière très spéciale de son Église et fait concourir toutes choses à son bien. » (Westminster V, 7)

Aucune circonstance, aussi douloureuse soit-elle, ne doit ébranler cette conviction qui est la nôtre, et qui est, somme toute, logique : les croyants peuvent faire entièrement confiance à Dieu parce qu’il est Dieu, parce qu’il est bon, et parce que les croyants lui appartiennent ! Même lorsque nous ne le voyons pas, Dieu demeure bon envers son peuple. Il est pour nous en toute circonstance, et si vous en doutez parfois, à cause des épreuves que vous traversez, je vous invite à regarder « les ossements de Joseph », ou plutôt la Bible, qui témoigne aujourd’hui et perpétuellement du plan bienveillant de Dieu et de la façon dont Dieu tient toutes ses promesses, et fait concourir toutes choses au bien du peuple qu’il s’est choisi.

En vertu de son dessein souverain (14.1-9)

Deuxièmement, les croyants peuvent faire entièrement confiance à Dieu en toute circonstance, parce que Dieu gouverne le monde pour sa propre gloire.

Moïse a déjà fait comprendre à ses lecteurs, comme on vient de le voir, que Dieu avait un plan souverain qui avait en vue le bien des croyants. Mais regardez ce qui se passe maintenant : Moïse nous explique que Dieu place son peuple délibérément dans une situation vulnérable (alors qu’il lui a fait faire un détour pour éviter l’hostilité des Philistins !). Dieu annonce que les Égyptiens vont poursuivre les Israélites, mais Dieu annonce également aussitôt son intention, qui est d’être glorifié à travers ce qui va se passer (v. 4). Dieu a donc un dessein souverain dont le but est sa propre gloire, et il manipule même ses adversaires en fonction de ce plan.

Ce qui se passe dans le texte est très intéressant, parce que Moïse vient d’insister sur la bienveillance souveraine de Dieu envers son peuple, et maintenant il raconte une situation où Dieu a délibérément mis son peuple en difficulté. Est-ce que ça veut dire que finalement, le plan de Dieu n’a pas en vue le bien de son peuple ? Pas du tout. Ce que ça veut dire, c’est que ce n’est pas le peuple qui définit ce qui est bien pour lui, mais c’est Dieu. Et ce qui est bien pour le peuple ne peut pas être dissocié de ce qui glorifie Dieu. Autrement dit : la gloire de Dieu est le but ultime de tout ce que fait Dieu, y compris de ce qu’il fait pour son peuple.

Et voici ce que ça change pour nous : si vous pensez que le but ultime de ce que Dieu fait dans votre vie, c’est votre bien-être, votre confort et votre tranquillité, vous avez raison de douter de la confiance que vous pouvez avoir en Dieu, étant donné que ce n’est pas là l’expérience que vous avez faite de votre vie jusqu’à présent ! Mais si vous comprenez que le but ultime de ce que Dieu fait dans votre vie, c’est sa propre gloire, et que c’est la gloire de Dieu qui à la fois conditionne et garantit votre véritable bonheur, cela peut vous permettre d’affronter les épreuves avec une patience renouvelée, regardant au-delà des circonstances, comme au travers des barreaux d’une cellule de prison, vers le soleil radieux qui vous attend, un jour, à l’extérieur et pour l’éternité.

Les croyants peuvent donc faire entièrement confiance à Dieu, en toute circonstance, parce que c’est Dieu qui gouverne les circonstances, selon son dessein souverain, qui a pour but ultime sa propre gloire, et par conséquent le bonheur éternel des croyants. Votre vie ressemble peut-être à une longue route parsemée d’embûches : « Pourquoi cet échec, Seigneur ? Pourquoi cette maladie ? Pourquoi cette injustice ? ». Au bout de la route, toutefois, il y a une destination, et le jour où vous l’atteindrez, tous les « pourquoi » de votre vie trouveront leur parfaite réponse dans la gloire de Dieu et dans votre bonheur éternel.

En vertu de sa grâce souveraine (14.10-22)

Troisièmement, les croyants peuvent faire entièrement confiance à Dieu en toute circonstance, parce que Dieu se charge de leur salut.

À partir du v. 10, on découvre que les Israélites n’ont pas du tout confiance en Dieu ! Ils ont peur et ils sont incrédules. C’est un affront envers Dieu, et pourtant Dieu leur annonce le salut par l’intermédiaire de Moïse (v. 13-14), leur renouvelle sa promesse d’être glorifié par ce qui va se passer, empêche les Égyptiens de les atteindre (v. 20), et leur ouvre la mer devant eux pour qu’ils la traversent à pied sec. Dans ce texte, Moïse est en train de mettre sous nos yeux la grâce souveraine de Dieu. Autrement dit : Dieu sauve ceux qu’il a choisi de sauver, malgré leur ingratitude et leur manque de foi.

Maintenant imaginez une de ces randonnées en haute montagne que j’ai pu faire avec mon père quand j’étais enfant. Imaginez que pendant que nous sommes en train de traverser un glacier, je me mette à râler et à maugréer contre mon père parce que j’ai faim et que j’ai froid et que mon sac est trop lourd et que je suis fatigué. Je lui dis même que j’aurais préféré avoir un autre père qui n’aurait pas été aussi cruel que lui ! Et tout d’un coup, une crevasse béante s’ouvre sous moi et je tombe. Est-ce que vous pensez que mon père va attendre que je lui présente des excuses avant de retenir la corde à laquelle je suis attaché, et ainsi de me sauver la vie ? Ridicule. Normalement, les parents n’attendent pas d’être aimés de leurs enfants pour aimer leurs enfants. Et c’est précisément pour cela, normalement, que les enfants peuvent faire pleinement confiance à leurs parents : c’est parce que l’amour que leur portent leurs parents est un amour inconditionnel. De tels parents sont dignes de toute confiance !

De même, les croyants peuvent faire entièrement confiance à Dieu en toute circonstance, parce que la façon dont il gouverne les circonstances ne dépend pas de notre confiance en lui. Quelle pression sur nos épaules si Dieu agissait d’une certaine façon lorsque nous lui faisons confiance, et d’une autre lorsque nous ne lui faisons pas confiance !

Au contraire, Dieu s’est montré digne de notre confiance en ne conditionnant pas son amour à notre confiance ! C’est souverainement et unilatéralement qu’il sauve les croyants : il n’a pas attendu que nous lui demandions, pour venir lui-même, en la personne de Jésus-Christ, souffrir à notre place pour réaliser le pardon de nos péchés.

Voici ce que dit l’Apôtre Paul :

« Lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. À peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être aurait le courage de mourir pour un homme qui est bon. Mais en ceci, Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. À bien plus forte raison, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à bien plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. » (Rm 5.6-10)

Vous voyez pourquoi nous pouvons lui faire entièrement confiance ? Parce que Dieu se charge entièrement du salut de ses élus. Pour revenir à mon père, la raison pour laquelle je pouvais lui faire entièrement confiance en alpinisme, c’est parce que je savais qu’il agirait pour moi non pas en fonction de ma confiance en lui mais en fonction de son amour pour moi. De même, notre confiance en Dieu résulte de la manifestation de son amour envers nous, comme dans le texte, où il est dit que les Israélites « crurent en l’Éternel » après avoir vu « par quelle main puissante » il avait agi en leur faveur (cf. 14.31).

Les croyants peuvent donc faire entièrement confiance à Dieu en toute circonstance, parce que Dieu se charge de leur salut, en vertu de sa grâce souveraine.

Êtes-vous, cet après-midi, au bénéfice de cette grâce ? Si oui, voici ce que dit l’Écriture :

« Si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2 Tm 2.13)

Mais peut-être que vous n’aviez pas la foi avant de venir aujourd’hui, et peut-être qu’en entendant parler de la façon dont Dieu a aimé et sauvé inconditionnellement son peuple, vous avez été touché intérieurement par le récit d’une telle miséricorde et d’une telle grâce. Si c’est le cas, ne résistez pas à l’œuvre intérieure du Saint-Esprit, qui est peut-être en train d’éveiller en vous la foi et de disposer votre cœur à aimer Dieu à cause de ce qu’il a fait le premier.

En vertu de son jugement souverain (14.23-31)

Il reste un dernier point à aborder dans ce passage, et c’est le suivant : en toute circonstance, les croyants peuvent faire entièrement confiance à Dieu, quatrièmement et dernièrement, parce que Dieu est déterminé à réprimer le mal. C’est une idée qui peut paraître bizarre, mais regardez ce qu’il y a dans le texte.

Moïse a fait monter le suspense depuis le début du chapitre, et nous ne savons pas quel va être le dénouement de cette histoire. Enfin, à partir du v. 23, il raconte la façon dont Dieu fait tomber sur les troupes du Pharaon un jugement inéluctable, parfait et définitif. Inéluctable, parce qu’il est trop tard pour faire marche arrière. Parfait, parce qu’il ne reste pas un seul ennemi qui ne soit submergé. Et définitif, parce que c’est la fin du conflit entre le peuple de Dieu et la puissance qui l’opprimait.

Moïse est en train de faire contempler à ses lecteurs, ici, que Dieu est un juge souverain, qui exerce et applique son juste jugement en temps voulu. Pourquoi cela devrait-il inspirer notre confiance en Dieu ? Parce que cela veut dire, d’une part, que Dieu va parachever le salut des croyants en les délivrant un jour définitivement de toute souffrance et de toute injustice, et d’autre part, que Dieu ne va laisser aucun crime impuni. Un jour, le juste Juge va rétablir parfaitement la justice dans toute sa création, et cela pour l’éternité.

À la fin du livre qu’est l’histoire du monde, le dénouement ne laissera place à aucune insatisfaction. Ce n’est pas comme certains romans que nous lisons, et où à la fin, nous sommes déçus et frustrés par le dénouement. À la fin de l’histoire du monde, l’histoire dont Dieu est l’auteur souverain, il y aura un jugement inéluctable, parfait et définitif : les croyants passeront au-travers de ce jugement comme les Israélites au-travers de la mer, car leurs péchés ont déjà été jugés et châtiés en la personne de Jésus qui a porté les péchés des croyants sur la croix, où il a subi l’ardente colère de Dieu à la place des croyants.

Mais les non-croyants, quant à eux, devront répondre à Dieu de leurs actes, et par conséquent, ils devront régler eux-mêmes la dette de leurs péchés, qui est une dette infinie quand on la considère à la lumière de la parfaite sainteté de Dieu.

Sachant que Dieu exercera souverainement sa parfaite justice, nous sommes incités à lui faire entièrement confiance, car quelles que soient les injustices que nous subissons personnellement ou que nous observons autour de nous, nous savons qu’elles seront un jour corrigées parfaitement. Nous n’avons pas besoin d’être obsédés ou paralysés ou désespérés par ces situations. Ici-bas, l’injustice abonde.

Comme le dit l’Ecclésiaste :

« Voici les larmes des opprimés, et personne pour les consoler ! La force est du côté de leurs oppresseurs, et personne pour les consoler ! » (Ec 3.1)

Mais la réalité, c’est que ce n’est que temporaire. Le jour vient où les ennemis de Dieu et de son peuple seront inéluctablement, parfaitement et définitivement réprimés. Et nous pourrons quant à nous, si notre vie appartient à Jésus, contempler éternellement notre salut à la lumière de la justice de Dieu et de sa grâce.

Alors est-ce que vous faites confiance à Dieu ? Ce récit nous a incité à lui faire confiance, parce qu’il est toujours bon envers son peuple : c’est sa bienveillance souveraine. Parce qu’il gouverne le monde pour sa propre gloire : c’est son dessein souverain. Parce qu’il se charge entièrement de notre salut : c’est sa grâce souveraine. Et parce qu’il est déterminé à réprimer le mal : c’est son jugement souverain.

Je le disais en introduction : Moïse raconte cette histoire de façon à corriger l’idée selon laquelle l’histoire des Israélites avancerait aléatoirement, et de façon à montrer aux Israélites qu’ils peuvent avoir pleinement confiance en l’Éternel malgré les épreuves, qui paraissent parfois insurmontables. Alors cette semaine encore, vous allez être confrontés à une actualité inquiétante, à une culture hostile à vos valeurs chrétiennes, et peut-être à des luttes et des souffrances qui vous sont personnelles. Mais souvenons-nous de ce qu’on a vu dans ce texte : Si notre vie appartient à Jésus, Dieu est pour nous en toute circonstance.

Et si Dieu est pour nous, qui sera contre nous (Rm 8.31) ?

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