Des millions de personnes ont vu le film « Les Dix Commandements » avec Charton Heston (1956), ou plus récemment, le dessin animé « Le Prince d’Égypte » réalisé par les studios DreamWorks (1998). À travers ces films, et à travers d’autres moyens, beaucoup de gens ont au moins entendu parler des événements spectaculaires qui, paraît-il, ont précédé la libération du peuple hébreu, qui était asservi en Égypte au XIIIe siècle av. J-C. à peu près.
À plus forte raison, si vous fréquentez notre église depuis un certain temps, vous êtes au courant de ces événements parce que vous savez que nous étudions le récit qui nous en est fait dans le livre de l’Exode. Vous avez aussi entendu parler d’autres actes puissants, parfois spectaculaires, que Dieu a faits dans l’histoire des hommes, d’après la Bible. Le plus remarquable étant la résurrection de Jésus-Christ le troisième jour après sa mort sur la croix.
Vous avez donc conscience, comme beaucoup de gens, que depuis des millénaires, Dieu intervient dans l’histoire des hommes pour faire des choses parfois très impressionnantes, en tout cas d’après le témoignage de ce document antique formidablement bien attesté qu’est la Bible. La question que je veux soulever aujourd’hui, c’est la suivante : quel effet le récit de ces choses a-t-il eu sur votre vie jusqu’à présent ?
Imaginez que vous allumiez la télé ce soir et que vous découvriez aux informations qu’un immense astéroïde s’est écrasé sur une grande ville où habitaient plusieurs de vos amis. Cette information n’aurait-elle aucun effet sur votre vie ?
De la même façon, ce qu’on va voir aujourd’hui, d’après le texte que nous allons lire, c’est que le récit des actes puissants de Dieu dans l’histoire des hommes ne nous est pas donné à titre purement anecdotique. Ces actes prodigieux, que sont les plaies d’Égypte en l’occurrence, et la résurrection de Jésus par excellence, ont un but qui consiste à faire connaître Dieu aux hommes, et à forcer les hommes à se positionner en conséquence.
Les actes de Dieu et les récits qui nous les rapportent nous concernent au plus haut point. Dieu a agi dans l’histoire dans le but de nous faire prendre position.
Qu’est-ce que ça veut dire ? On va le voir dans un petit moment à travers ce texte, où on va découvrir trois réalités concernant la portée des actes de Dieu. D’abord un principe : les actes de Dieu révèlent la personne de Dieu. Ensuite deux applications : la première, c’est que les actes de Dieu doivent par conséquent inspirer la crainte de Dieu ; mais la deuxième application, c’est que si au lieu de craindre Dieu, nous tergiversons et nous nous endurcissons, et bien ces mêmes actes nous incriminent, c’est-à-dire nous rendent inexcusables devant Dieu.
L’idée générale, c’est que Dieu a agi dans l’histoire dans le but de nous faire prendre position. Et la première chose sur laquelle Moïse attire notre attention dans ce texte, c’est sur le fait que l’intention explicite de Dieu, c’est que ses actes révèlent sa personne. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas anéanti d’un coup tous les Égyptiens ? Pourquoi n’a-t-il pas fait fléchir le cœur du Pharaon ? Pour « faire voir sa force » et se faire connaître de son peuple et du monde.
Quand vous présentez votre candidature pour être embauché dans une entreprise, il y a un document incontournable qui vous permet de vous faire connaître, et notamment de présenter vos compétences. Ce document, c’est le CV ! Et il y a une section du CV intitulée généralement : « expérience professionnelle », sur laquelle vous vous appuyez pour prouver que vous avez la compétence pour le poste auquel vous postulez. Grâce à votre CV, l’employeur peut vous connaître un peu : il peut évaluer votre compétence, mais il peut aussi y déceler un peu votre personnalité.
Dans ce texte, les plaies d’Égypte servent un peu à la même chose : elles révèlent le caractère, prouvent la compétence, et justifient la célébrité de l’Éternel, le Dieu d’Israël. Il est un Dieu redoutable et patient à la fois ; il est absolument souverain, c’est-à-dire qu’il est « omni-compétent » ; et il est digne d’être reconnu « par toute la terre » (9.16).
Aujourd’hui, beaucoup de gens parlent de Dieu, mais on n’est pas toujours sûr de qui ils parlent. Vous voulez vous faire une idée de qui est Dieu ? Regardez ce qu’il a fait. Regardez son « CV ». Expérience professionnelle : a créé le monde à partir de rien, a terrassé la plus grande puissance politique du monde par une série de plaies spectaculaires, a pourvu à l’expiation des péchés de millions de personnes par le sacrifice de son Fils unique, a triomphé du mal et de la mort en ressuscitant son Fils unique le troisième jour !
Voilà le Dieu de la Bible, voilà comment il nous a fait voir sa force, voilà sur quelle base il veut que son nom soit publié par toute la terre, voilà ce qu’il veut que nous racontions à nos enfants et aux enfants de nos enfants pour que nous reconnaissions qu’il est l’Éternel. Les actes de Dieu révèlent donc la personne de Dieu. OK. Mais quand on découvre qui est Dieu, qu’est-ce que cela devrait inspirer en nous ?
Eh bien cela devrait inspirer ce que la Bible appelle « la crainte de Dieu ». Regardez ce qui se passe dans le texte. Avec la septième plaie, l’intensité augmente encore d’un cran, car pour la première fois, il est question d’hommes qui vont mourir (9.19). Mais Dieu avertit la population. Et chose remarquable, une partie des serviteurs du Pharaon, « craignent la parole de l’Éternel » (9.10). Pourquoi ? Parce qu’ils ont pu constater ce dont Dieu était capable. Si bien qu’avec la plaie suivante, les serviteurs du Pharaon ont rallié Moïse (10.7) !
Mettez-vous à la place des serviteurs du Pharaon : le Dieu dont le caractère, la compétence et la célébrité ont été établis jusqu’ici par les six premières plaies, vous dit maintenant : « Je vais envoyer une grêle mortelle et vous feriez mieux de vous abriter ». Comment réagir à ça sinon en craignant Dieu et donc en prenant sa parole au sérieux ?
Dans notre vie quotidienne, il y a certaines personnes dont nous prenons la parole très au sérieux. Je pense par exemple aux médecins. Vous faites une visite de routine chez votre généraliste, et voilà qu’il vous prescrit une biopsie parce qu’il a décelé certains symptômes qui pourraient être ceux d’un cancer. Pourquoi prendre sa parole au sérieux ? Eh bien précisément parce qu’il est médecin (vous non) et qu’il se prononce dans le domaine de sa spécialité et de sa compétence.
De la même façon dans le texte, Dieu prescrit quelque chose (9.19), et ceux qui ont commencé à reconnaître qui était l’Éternel sur la base de ce qu’il avait fait jusque là, commencent à le craindre, et commencent à craindre sa parole, c’est-à-dire à prendre sa parole au sérieux. Vous voyez que Dieu, à travers ses actes, est en train de pousser les gens à prendre position, dans cette histoire ? C’est la portée pédagogique des actes de Dieu.
Mais vous, est-ce que vous craignez Dieu aujourd’hui, c’est-à-dire est-ce que vous le prenez au sérieux et est-ce que vous prenez sa parole au sérieux ? Pourquoi prendre sa parole au sérieux ? Parce qu’il est Dieu (vous non) et parce que son caractère, sa compétence et sa célébrité ont été établis par ses actes.
Rappelez-vous son CV : créateur de l’univers, vainqueur de l’Égypte, libérateur d’Israël, « expiateur » de nos fautes, « ressusciteur » de Jésus, triomphateur du mal et de la mort ! Dieu nous a montré ce dont il était capable et il est redoutable dans sa puissance ; il nous a montré son caractère et il est lent à la colère et riche en bienveillance ; il compte se faire connaître et reconnaître jusqu’aux confins de sa création ; et voilà que ce Dieu a parlé, et qu’il parle encore par les Écritures ! Il veut que nous prenions position maintenant, et comment réagir autrement qu’en croyant ce qu’il nous dit, en nous confiant pleinement en lui pour le pardon de nos péchés, et en suivant ses voies ? Mais dans le texte, tout le monde ne réagit pas comme ça.
Celui qui ne réagit pas comme ça, c’est le Pharaon. Après la 7ème plaie, le Pharaon emploie un langage fort pour exprimer son repentir (9.27), mais on découvre que c’est de l’hypocrisie et non une vraie repentance (9.34). Après la 8ème plaie, le Pharaon laisse partir les Israélites, mais seulement les hommes (10.11). Après la 9ème plaie, le Pharaon laisse partir les Israélites, hommes, femmes et enfants, mais pas le bétail (10.24) !
On voit qu’au fur et à mesure que les plaies s’intensifient, il y a d’une part les serviteurs de Pharaon qui fléchissent, et d’autre part le Pharaon, lui, qui tergiverse, qui résiste, et qui s’entête. Tout cela aboutit à une impasse à la fin du chapitre 10, où le Pharaon met le comble à son entêtement en refusant de revoir Moïse.
Jusqu’ici, on a vu que les actes de Dieu révèlent la personne de Dieu, et que par conséquent, les actes de Dieu devraient inspirer la crainte de Dieu. Mais ici, avec la fin de la neuvième plaie, nous voyons que les actes de Dieu servent aussi à incriminer ceux qui refusent de craindre Dieu, c’est-à-dire à les rendre inexcusables pour le jour où viendra le jugement de leurs fautes.
Ce qui se passe dans le récit des plaies d’Égypte, vis-à-vis du Pharaon, c’est un peu ce qui se passe lorsque vous recevez une lettre de mise en demeure : « Monsieur Sarran, Malgré mes différentes relances et mon courrier daté du 15 mai, je reste à ce jour sans nouvelles de votre part. Je vous rappelle que vous me devez la somme de 10 000 EUR en règlement de ceci ou de cela. En conséquence, je vous mets en demeure de me faire parvenir la somme de 10 000 EUR le 15 juin au plus tard. À défaut de règlement à cette date, je serai contraint de remettre l’affaire devant la juridiction compétente. »
Et dans notre texte, c’est un peu la même chose : « Monsieur Pharaon, Malgré mes différentes relances (l’eau changée en sang, les grenouilles, les moustiques, les mouches venimeuses, la peste du bétail, les ulcères, la grêle) et l’invasion de sauterelles que je vous ai envoyée la semaine dernière, vous continuez à vous endurcir. Je vous rappelle que vous devez laissez partir mon peuple pour qu’il me serve. En conséquence, je provoque aujourd’hui des ténèbres dans tout le pays pour vous mettre en demeure de laisser partir tous les Israélites, à défaut de quoi je me verrai dans l’obligation de remettre l’affaire devant mon tribunal. »
Mais le Pharaon continue de tergiverser, de résister et de s’entêter. Et vous voyez qu’en réagissant ainsi, le Pharaon se retrouve accusé (incriminé) par tout ce que Dieu a fait pour l’avertir et le faire fléchir, de telle sorte que lorsque la dixième plaie arrivera, comme un jugement définitif sur l’Égypte et sur le Pharaon, celui-ci n’aura aucune excuse.
Et depuis l’époque du Pharaon, Dieu en a fait des choses dans l’histoire des hommes. Tous ces actes de Dieu nous sont rapportés dans les Saintes Écritures, on en parle dans les églises, on en parle dans des livres, dans des films, sur internet, etc. Et vous qui êtes ici aujourd’hui à plus forte raison, vous êtes au courant des actes de Dieu qui révèlent son caractère, qui prouvent sa compétence, et qui justifient sa célébrité.
Vous savez que Dieu, au centre de l’histoire des hommes, a livré son Fils unique pour payer la rançon de notre délivrance, et vous savez qu’il a ressuscité Jésus comme gage de cette délivrance qui est destinée à tous ceux qui se confient en lui. Vous êtes au courant de ces choses !
La question, c’est : comment vous positionnez-vous ? Est-ce que vous êtes poussés à craindre Dieu, c’est-à-dire à vous humilier devant lui, à vous réfugier auprès de lui et à prendre sa Parole au sérieux ? Ou bien êtes-vous dans l’autre situation, à savoir celle de tergiverser, de résister, et de vous entêter, si bien qu’un jour, vous comparaîtrez devant le tribunal de Dieu et vous n’aurez aucune excuse à lui offrir.
Il vous dira : « Mais tu étais bien au courant de ce que j’ai fait dans l’histoire des hommes. Combien de fois es-tu allé à l’église, ou as-tu écouté des prédications sur internet, ou as-tu lu des livres, ou as-tu rencontré des chrétiens qui t’ont parlé de moi, de qui je suis, de ce que j’ai fait et de ce dont je suis capable ? Et quand bien même tu n’aurais jamais rencontré de chrétiens de toute ta vie, et quand bien même tu n’aurais jamais entendu parler de Jésus, et quand bien même tu ne saurais même pas ce que c’est qu’une église ou une prédication, il y a quand même un de mes plus grands actes qui a été porté à ta connaissance chaque jour de ta vie ; c’est ce que j’ai fait quand j’ai créé le monde à partir de rien, cet univers qui s’est déployé sous tes yeux chaque matin dans toute sa grandeur et sa complexité. Mais est-ce que tu m’as glorifié comme Dieu et est-ce que tu m’as rendu grâces ? » (Rm 1.18-21)
Ce qu’on a dit en introduction, c’est que les actes de Dieu et les récits qui nous les rapportent nous concernent au plus haut point. Dieu a agi dans l’histoire dans le but de nous faire prendre position. Et à travers ce texte, on a bien vu de quelle façon les actes de Dieu révèlent la personne de Dieu, et par conséquent, inspirent la crainte de Dieu chez les uns, et incriminent les autres.
Alors quel effet le récit des grands actes de Dieu dans l’histoire a-t-il eu sur votre vie jusqu’à présent ? Mon souhait et ma prière, c’est que vous tous qui avez eu le privilège de découvrir comment Dieu est à travers le récit de ce que Dieu fait, vous soyez poussés à prendre au sérieux ce que Dieu dit. Il n’y a qu’un seul autre chemin : c’est celui du Pharaon. Que Dieu nous aide donc à le craindre, c’est-à-dire non pas à avoir peur de lui, mais à le reconnaître comme Dieu, à le respecter comme Dieu, à marcher par conséquent dans ses voies, et à nous réfugier en lui pour notre salut.