Donc !

Par Alexandre Sarranle 13 novembre 2022

Je voudrais commencer en posant une question à ceux qui se disent chrétiens parmi nous—et j’imagine que c’est la plupart d’entre nous. Est-ce que votre vie est radicalement—je dis bien : radicalement—différente de ce qu’elle serait si vous n’étiez pas chrétien ?

Bien sûr, ce matin, vous êtes venu à la célébration d’une Église chrétienne, et donc vous faites quelque chose que la grande majorité des gens dans notre société ne font pas, normalement, le dimanche à 10h. Vous, vous êtes venu participer à un culte, vous allez même assister à un baptême, et vous avez choisi de faire ça au lieu de faire la grasse matinée, ou de bricoler à la maison, ou d’aller au marché ou à la piscine. C’est bien !

Mais est-ce que le culte de Dieu à l’Église est la priorité de tous vos dimanches matins ? Et qu’en est-il du lundi au samedi : est-ce que votre vie est radicalement différente de ce qu’elle serait si vous n’étiez pas chrétien ? Est-ce que, par exemple, votre attitude dans la vie est différente ? Est-ce que vos aspirations sont différentes ? Est-ce que votre emploi du temps est différent ? Est-ce que votre vocabulaire est différent ? Est-ce que vos goûts sont différents ?

Si vous vous dites chrétien, qu’est-ce qui est au centre de votre vie ? Et je ne vous demande pas si vous connaissez la bonne réponse—c’est comme au club biblique, on sait toujours que la bonne réponse c’est Jésus ! Non, je suis sûr que la plupart d’entre nous, on connaît la bonne réponse. Ce que je demande, c’est : est-ce que cette bonne réponse, c’est la réponse réelle à la question ? Est-ce que vraiment, ce qui est censé être au centre de notre vie en tant que chrétiens, c’est réellement ce qui oriente toute notre vie ?

Cette question, c’est celle qui nous est posée à travers le passage de la Bible qu’on va lire dans un instant. On est en train d’étudier depuis plusieurs mois une lettre que l’apôtre Paul a écrite, au premier siècle, à une communauté chrétienne de son époque qui se trouvait à Rome. D’où « l’Épître aux Romains ».

Et la dernière fois, on est arrivé à la fin d’une énorme section du texte, qui avait commencé au premier chapitre et qui avait duré jusqu’au onzième chapitre. Et dans ces onze premiers chapitres, Paul a voulu nous donner une explication assez magistrale du projet de Dieu qui consiste à secourir des humains perdus. On va y revenir, mais en gros, Paul a expliqué que nous, les humains, on ne méritait pas d’aller au paradis, mais Dieu nous aime tellement qu’il a quand même fait en sorte qu’on puisse aller au paradis si on lui fait confiance.

Et ça, c’est une bonne nouvelle extraordinaire : c’est « l’évangile », c’est-à-dire la bonne nouvelle d’après laquelle Dieu a pourvu à notre pardon, à notre justification (le fait d’être rendu juste aux yeux de Dieu), et à notre salut éternel ! Et pour ça, tout ce qu’on a à faire, c’est nous reposer en Jésus ! La définition-même de la foi. (On va y revenir.)

Mais maintenant, Paul va passer à une nouvelle section de sa lettre, où là, il va nous expliquer le genre de vie qui devrait normalement découler de la foi. Paul a été assez théorique (ou descriptif) finalement, dans sa présentation de l’évangile : de ce que Dieu a fait pour nous sauver, et de ce que c’est que cette foi qui consiste à se reposer en Jésus. Maintenant, Paul va passer aux applications pratiques de tout ça, si on est chrétien.

C’est pourquoi le mot le plus important du passage qu’on va lire dans un instant, c’est le mot « donc » ! Parce que derrière ce mot, il y a les onze chapitres précédents. Tout ce que Paul va dire maintenant présuppose tout ce qu’il a dit jusqu’ici, et s’appuie sur tout ce qu’il a dit jusqu’ici.

Et donc, qu’est-ce qu’on devrait tirer avant tout, de tout ce que Paul a expliqué jusqu’ici ? Qu’est-ce qu’on devrait tirer comme conséquences de la foi qu’on a placée en Dieu—si toutefois on a placé notre foi en Dieu ? Quelle posture fondamentale devrait être la nôtre, étant donné tout ce que Paul a dit, si on a placé notre foi en Jésus en raison de ce que Jésus a fait pour nous sauver, et si, du coup, on est des chrétiens ?

Eh bien, voici la leçon de ce passage. Si on a placé notre confiance en Jésus, alors il s’ensuit logiquement qu’on devrait s’abandonner sans réserve à Dieu et se consacrer avec une grande détermination à son projet. Ce qu’on va voir dans ce passage, c’est le genre de vie, fondamentalement, principalement, qui devrait résulter—ou découler—de la foi.

Tu as placé ta confiance en Jésus qui a fait tout ce qui était nécessaire pour que tu sois sauvé ? Oui ? Donc ! Voici comment tu devrais vivre.

1/ S’attacher à Dieu (v. 1-2)

Trois choses essentielles, fondamentales, qui devraient caractériser notre vie, et qui devraient découler logiquement, d’après Paul, de la foi qu’on a en Jésus (si toutefois on a vraiment placé notre foi en lui) : 1/ s’attacher à Dieu ; 2/ s’attacher à l’Église ; et 3/ s’attacher au service. Premièrement, donc : s’attacher à Dieu.

Vous voyez la toute première chose que Paul veut nous dire (v. 1-2), la toute première application pratique, ou conséquence pratique, de notre salut, si on a placé notre confiance en Jésus ; c’est qu’on devrait s’offrir soi-même à Dieu totalement, sans aucune réserve.

Le langage de Paul est très radical : on doit s’offrir comme un « sacrifice »—c’est-à-dire renoncer à soi-même, renoncer à vivre pour soi-même, mourir à soi-même et se livrer totalement à quelqu’un d’autre : Dieu. Mais comme un sacrifice « vivant », dit Paul, c’est-à-dire un sacrifice au sens figuré—on n’est pas appelé littéralement à se donner la mort pour Dieu, mais au contraire à vivre pour Dieu. Il ajoute : un sacrifice vivant et « saint », c’est-à-dire mis à part, consacré à Dieu, destiné à être utilisé pour le service de Dieu. Et enfin, un sacrifice vivant, saint et « agréable à Dieu », c’est-à-dire qui se conforme à ce que Dieu attend—un sacrifice agréable selon Dieu, et pas un sacrifice agréable selon nous.

C’est pourquoi juste après, Paul ajoute qu’on doit être transformé dans notre manière de penser (v. 2), pour qu’on ne s’imagine pas qu’on puisse s’offrir à Dieu d’une certaine manière qui n’est pas la manière que Dieu veut. Notre vie sera une offrande agréable à Dieu dans la mesure où notre vie va se conformer à ce qui est « bon, agréable et parfait », parce que ça, c’est la volonté de Dieu. Et on a besoin de la discerner, cette volonté de Dieu, pour pouvoir s’offrir soi-même à Dieu d’une manière qui lui soit agréable. Vous suivez ?

Donc c’est une posture vraiment radicale, que Paul nous décrit ici, vous comprenez ? Mais qu’est-ce qui peut nous motiver à nous offrir nous-mêmes à Dieu totalement, de cette manière que Paul nous décrit ? Il le dit lui-même au premier verset.

« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu… » Je l’ai dit au début : tout ce que Paul dit ici présuppose tout ce qu’il a dit pendant les onze chapitres précédents. Et tout ce qu’il a dit pendant les onze chapitres précédents, pour Paul, c’est censé nous émerveiller par rapport à la manière dont Dieu s’est montré plein de bonté et de miséricorde envers nous, les croyants, alors qu’on ne le méritait pas.

À la fin du chapitre 11, on est censé être impressionné justement par « les compassions de Dieu », et c’est ça qui est censé nous motiver à nous offrir totalement à Dieu. Alors on va récapituler vite fait ce que Paul a dit pendant onze chapitres.

1/ Il y a un truc dans notre nature humaine qui s’appelle le péché—c’est tout ce qu’on fait, dit, pense, désire et ressent qui n’est pas conforme à la volonté morale de Dieu ; et parce qu’on a tous ce truc en nous, eh bien, ça veut dire qu’on est tous par nature coupables au regard de la justice de Dieu, et dans cet état naturel, on doit normalement être puni par Dieu et on doit normalement être séparé de lui pour toujours (ch. 1-3).

Mais, 2/ on peut être sauvé par la grâce seule de Dieu, par le moyen de la foi seule, en Jésus seul, parce que Jésus (qui est Dieu incarné) a voulu prendre sur lui la peine de nos péchés en mourant sur la croix, et il a voulu nous donner sa justice parfaite en échange, pour que, par le moyen de la foi, on devienne juste aux yeux de Dieu—et qu’on soit destiné à vivre éternellement avec lui (ch. 3-5).

3/ Si on place notre foi en Jésus—c’est-à-dire si on se repose en lui, sans rien avoir à faire d’autre que juste lui faire confiance—eh bien, non seulement on est « justifié », mais en plus, Dieu vient habiter en nous par le Saint-Esprit pour nous accompagner sur le chemin de la vie chrétienne et nous donner les moyens de vivre de plus en plus selon Dieu. Ça, c’est ce qu’on appelle la « sanctification » et la « persévérance » (ch. 6-8).

Et 4/ en sauvant de cette manière des gens issus de toutes les nations, Dieu est en train de se constituer un peuple pour l’éternité ; et ce projet merveilleux de Dieu vise à manifester dans l’éternité sa justice, sa miséricorde, sa puissance, sa sagesse, de manière à ce qu’on célèbre la gloire de sa grâce, sans jamais nous lasser, pour les siècles des siècles ! (ch. 9-11).

Alors oui, si on est croyant, on est censé être émerveillé par le fait que Dieu a tout fait pour nous, par amour pour nous, pour nous sauver. On était horribles et dégoûtants aux yeux de Dieu—parce qu’on était impurs, et lui il est pur et saint—mais Dieu nous a aimés quand même, et en Jésus, il a pris sur lui notre impureté parce qu’il a eu « pitié » de nous (au sens noble), il a eu compassion de nous, à un tel point qu’il « s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité » (Ti 2.14) !

Et c’est à ça que Paul fait référence dans notre passage, quand il dit : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu… ». Si nous, on a placé notre confiance en Jésus, alors c’est l’amour de Dieu pour nous, c’est sa grâce, c’est sa pitié, c’est sa compassion, qui doit nous motiver à nous attacher maintenant à lui, sans réserve. Il nous a rachetés à un si grand prix—un prix qu’il a supporté lui-même.

Je vous ai déjà parlé de John Newton, un trafiquant d’esclaves du XVIIIe siècle, qui s’est converti, et qui a ensuite milité pour l’abolition de l’esclavage. Il est l’auteur du cantique bien connu : Amazing Grace, où justement, il s’émerveille de la grâce de Dieu. Il avait tellement conscience de la gravité de ses péchés, et de la richesse de la grâce que Dieu lui avait faite en le délivrant de sa culpabilité. « Ô le son si doux de la grâce merveilleuse qui a délivré le misérable que j’étais ! J’étais perdu, mais j’ai été trouvé ; j’étais aveugle, mais maintenant je vois ! »

Dans ses mémoires, John Newton a écrit :

« Il est certain que je ne suis pas ce que je devrais être. Mais—Dieu soit loué—je ne suis pas ce que j’étais autrefois. Dans sa grande miséricorde, Dieu m’a sorti d’un profond bourbier, et m’a fait tenir sur le Rocher : Jésus-Christ. Il a sauvé mon âme. Et dorénavant, le désir de mon cœur est d’honorer et de magnifier sa grâce incomparable, libre, souveraine et merveilleuse. »

Mes amis, si nous aussi, on a placé notre confiance en Jésus et qu’on a reçu de cette manière le pardon de nos péchés et l’assurance de la vie éternelle, alors nous aussi, on devrait être touchés par « les compassions de Dieu », vous comprenez ? Et c’est ça qui devrait nous motiver maintenant à nous offrir totalement à Dieu—à nous attacher à lui sans réserve.

En commentant ce passage, Jean Calvin fait cette remarque :

« Saint Paul nous attire par la douceur de la grâce en laquelle consiste notre salut ».

Alors avant même d’aller plus loin, je me dois de vous poser la question. Est-ce que votre foi est en Jésus ? Est-ce que vous vous reposez en lui, et en rien ni personne d’autre, pour être pardonné par Dieu, justifié par Dieu, et adopté par Dieu ? Qu’est-ce qui vous empêche de vous tourner vers lui tout de suite, de lui faire confiance et de recevoir intérieurement, dans le secret de votre cœur, tout ce qu’il veut vous donner ?

Et si oui, notre foi est en Jésus, alors est-ce qu’on médite suffisamment sur la grâce de Dieu pour que cette grâce nous motive ensuite à nous attacher à Dieu ? Méditer sur la grâce de Dieu, ça veut dire—le plus souvent possible—réfléchir à nos péchés, à la condamnation qui aurait dû être la nôtre, au coût supporté par Jésus pour nous délivrer, à l’amour incroyable de Dieu qui a été manifesté de cette manière, et au moyen gratuit par lequel on reçoit ce cadeau de la part de Dieu.

Si on fait ça, alors nous dit Paul, on va être motivé à nous attacher à Dieu sans réserve, à nous offrir à lui totalement et avec joie, « ce qui sera de notre part un culte raisonnable » (v. 2). Littéralement en grec : « un culte logique » (logikos). C’est-à-dire que c’est ça qui va découler normalement ; c’est ce qui sera cohérent, si on croit vraiment les onze premiers chapitres !

Et donc on va établir comme priorité dans notre vie de chercher à discerner quelle est la volonté de Dieu. On va accepter de changer notre manière de penser, notre manière de réfléchir, nos valeurs ; on va accepter d’être renouvelés dans notre intelligence, et d’aimer des choses nouvelles, et d’avoir de nouvelles priorités, et de renoncer à ce qui est mauvais, et de progresser dans ce qui est bon, agréable et parfait.

2/ S’attacher à l’Église (v. 3-5)

Donc ça, c’était le premier point. Tu as placé ta confiance en Jésus ? Tu as reçu par la foi le pardon de tes péchés, et tu as été réconcilié avec Dieu ? Donc tu devrais t’offrir à Dieu totalement. Tu devrait t’attacher à lui. Mais deuxièmement, tu devrais t’attacher à son Église.

Regardez la suite du texte (v. 3-5). La deuxième chose que Paul veut nous dire maintenant, c’est que si on a placé notre confiance en Jésus, on devrait se considérer totalement solidaires des autres croyants dans notre communauté. Je trouve ça super intéressant que Paul, dans les toutes premières choses qu’il veut dire par rapport à ce qui devrait normalement découler de la foi si on est chrétien—dans les toutes premières choses qu’il veut dire, il y a quelque chose qui concerne l’attachement qu’on devrait avoir pour l’Église locale (c’est-à-dire pour la communauté des chrétiens dans un endroit géographique donné, et qui s’organise en un groupe particulier, avec une structure et des responsables).

Alors bien sûr, en écrivant sa lettre à la communauté des chrétiens de Rome au premier siècle, Paul présuppose que cette communauté—cette Église locale—existe déjà. Donc il ne va pas chercher à convaincre ses destinataires qu’ils doivent former une Église puisque c’est déjà fait. Non, regardez plutôt ce qu’il veut leur dire en particulier : c’est qu’ils doivent cohabiter en tant qu’Église dans la bonne entente, en étant solidaires les uns des autres.

On a vu dans les chapitres précédents que l’Église de Rome au premier siècle, comme beaucoup d’Églises chrétiennes de cette époque, était constituée de gens issus de milieux très, très différents. Il y avait des gens qui avaient été des Juifs très pratiquants d’un côté, mais il y avait aussi des gens qui avaient été des païens et des idolâtres très pratiquants. Des gens que tout opposait !

Et là, Paul leur dit, aux uns et aux autres, que s’ils sont chrétiens (s’ils ont placé leur confiance en Jésus), ils devraient maintenant, logiquement, vivre ensemble sans avoir de mépris les uns envers les autres.

Vous savez, les Juifs convertis et les païens convertis pouvaient être très tentés d’avoir du mépris les uns pour les autres, et pour des raisons différentes (on a vu ça dans les chapitres précédents). Mais Paul leur dit ici, en gros : « Ne vous prenez pas pour ce que vous n’êtes pas, mais restez à votre place—à votre juste place. »

Et c’est quoi, cette place ? C’est le fait que chaque croyant, Juif ou païen converti, a reçu une « mesure de foi » qu’il doit, en quelque sorte, mettre en commun avec les autres. C’est-à-dire qu’aucun croyant ne peut se suffire à lui-même au niveau de sa foi, mais que chaque croyant—Juif ou païen converti—a réellement besoin des autres croyants, parce que Dieu a voulu que les croyants soient membres les uns des autres, et qu’ensemble, les croyants forment un seul corps en Christ (v. 5).

C’est comme quand on organise un repas en commun à l’Église, et qu’on demande à chacun d’apporter quelque chose. D’habitude, Suzanne crée un tableau (un Google doc) où on est censé s’inscrire et dire si on apporte une entrée, un plat, un dessert ou une boisson. L’idée, c’est qu’on va mettre en commun, et à la fin, on aura un repas équilibré pour tout le monde. Mais imaginez qu’à l’inverse, le moment venu, on se met tous autour de la table, mais que chacun ne mange que ce qu’il a lui-même apporté. Il y en a qui ne vont manger que des chips, tandis que d’autres vont manger que de la tarte aux pommes, et d’autres vont devoir se contenter d’une bouteille de vin pour leur repas !

Vous voyez ? Paul est en train de dire ici, que qui qu’on soit, quelle que soit notre origine, si on a placé notre foi en Jésus, eh bien, on devrait se considérer totalement solidaires des autres croyants dans notre communauté. On n’est pas croyant tout seul dans son coin. On ne peut pas se permettre de mépriser les autres. Tout simplement, parce qu’on n’a pas reçu tout ce qu’il nous fallait, à nous tout seul, pour pouvoir avoir la vie que Dieu veut qu’on ait.

Il n’y a pas de chrétien qui soit à lui tout seul pasteur, ancien, enseignant, évangéliste, missionnaire, diacre, trésorier, conseiller conjugal, administrateur, secrétaire, musicien, web designer, cuisinier, etc., etc. Je vais même aller plus loin : il n’y a pas de chrétien qui soit à lui tout seul jeune et vieux, ou homme et femme ! La diversité de l’Église locale est voulue par Dieu, parce qu’il a voulu qu’on soit un corps et qu’on soit les membres les uns des autres.

C’est très fort cette expression, n’est-ce pas ? Paul ne dit pas qu’on est « les membres du corps de Christ », ou « les membres de Christ », comme il le dit dans un autre passage. Il dit qu’on est les membres les uns des autres, si on est des croyants.

Vous êtes plutôt attachés à vos membres, non ? Je veux dire : si je vous demandais de me donner votre t-shirt ou vos chaussettes, peut-être que vous accepteriez par gentillesse. Mais si je vous demandais de me donner un bras ou une jambe, vous ne seriez pas trop d’accord de vous en séparer ! Eh bien, regardez les gens autour de vous : ce sont vos bras, vos jambes, vos reins, vos poumons, vos pieds, vos doigts, vos vertèbres !

Et de la même façon qu’on a besoin de pieds pour marcher, et de mains pour se brosser les dents, eh bien, on a besoin les uns des autres—parce que c’est super dur, disons, de marcher sur les mains, ou de se brosser les dents avec les pieds. On a besoin les uns des autres.

Si on est croyant—si on a placé notre confiance en Jésus et qu’on a reçu le pardon de nos péchés et qu’on a été adopté par Dieu, alors on devrait se considérer totalement solidaires des autres croyants dans notre communauté. Tu crois en Jésus, tu te reposes sur lui pour être sauvé, tu es racheté, pardonné, adopté par Dieu ? Donc ! L’Église locale.

Est-ce qu’on n’a pas tendance à sous-estimer cette réalité ? En fait, d’après Paul ici, c’est prétentieux de négliger notre solidarité avec les autres croyants. C’est prétentieux de se dire qu’on peut se passer de l’Église locale. C’est prétentieux de penser qu’on peut vivre sa vie chrétienne en allant à l’Église seulement une semaine sur deux. C’est « une prétention excessive et déraisonnable » (v. 3) ; c’est se dire qu’on est—à soi tout seul—un corps entier, alors qu’on n’est qu’un pied ou une main, et qu’on a réellement besoin des autres—et les autres ont besoin de nous !

Qu’est-ce qu’on peut faire alors ? On peut s’inscrire à la série de 5 rencontres qui va démarrer la semaine prochaine et qu’on a intitulée : « Anatomie de l’Église » ! Si vous avez placé votre foi en Jésus et que l’Église Lyon Gerland, c’est l’Église locale où vous venez pour rendre un culte à Dieu, alors inscrivez-vous et venez à ces 5 rencontres où on va justement réfléchir à ce que ça veut dire d’être solidaires les uns des autres dans le contexte d’une communauté chrétienne locale—en l’occurrence celle de l’Église Lyon Gerland !

3/ S’attacher au service (v. 6-8)

Donc ça, c’était le deuxième point. Tu as été réconcilié avec Dieu par la grâce seule, par le moyen de la foi seule en Jésus seul ? Oui ? Donc ! 1/ Tu devrais t’attacher à Dieu, et 2/ tu devrais t’attacher à l’Église.

Troisièmement et dernièrement, tu devrais t’attacher au service. Regardez encore ce que dit le texte (v. 6-8). Maintenant, ce que Paul veut nous dire, c’est que si on a placé notre confiance en Jésus, on devrait assumer totalement qu’on a une place et un rôle dans le projet de Dieu. Vous voyez, Paul apporte une précision sur le fait qu’on est les membres les uns des autres. Cette précision, c’est qu’on a des « dons différents » (v. 6).

Autrement dit, ce n’est pas juste qu’on forme ensemble un corps unifié. On pourrait tous être les branches d’un arbre, par exemple : tous plus ou moins pareils. On pourrait tous être les pièces d’un puzzle, ou des briques dans un édifice. Mais c’est plus que ça. On a réellement des dons différents, c’est-à-dire « des choses à contribuer, qui nous ont été accordées par la grâce de Dieu » (littéralement des « choses de la grâce », c’est-à-dire des choses qu’on a reçues par grâce—c’est pour ça que c’est traduit par « dons »).

Paul est en train de dire que si on est des croyants, Dieu nous destine vraiment à des services différents et complémentaires. Et il va donner une liste d’exemples (v. 6-8)—une liste qui ne passe pas en revue tous les services possibles et imaginables auxquels Dieu pourrait nous appeler, mais une sorte d’échantillon qui va servir à deux choses : premièrement, à montrer la diversité des services, et deuxièmement, à montrer la détermination avec laquelle (si on est croyant) on devrait se consacrer au service particulier que Dieu nous a confié.

Paul veut qu’on reconnaisse que si on est des chrétiens, Dieu nous a sauvés en vue de quelque chose que Dieu a envie de faire, déjà ici-bas. Il a envie de bâtir son Église (son peuple visible sur la terre). C’est un projet super important pour Dieu ! Et il sauve des gens—des gens très différents les uns des autres—afin qu’ils constituent ensemble son peuple sur la terre, et il appelle ces gens à le servir de différentes manières.

Il y a des gens qui vont avoir de l’autorité dans l’Église, d’autres qui vont enseigner, d’autres qui vont conduire le culte, d’autres qui vont s’occuper des pauvres et des malades, d’autres qui vont avoir un service plus discret dans les coulisses. Mais le point commun de tous ces gens, c’est qu’ils doivent assumer consciencieusement leur service. Ils doivent bien faire leur boulot. Ils doivent se consacrer intentionnellement à la chose à laquelle Dieu les a appelés.

Dans le texte, Paul est en train de dire : « Si quelqu’un est appelé à parler de la part de Dieu, qu’il le fasse en conformité avec ce que Dieu a déjà révélé ; si quelqu’un est appelé à servir, qu’il serve ; si quelqu’un est appelé à enseigner, qu’il enseigne ; à exhorter, qu’il exhorte ; à distribuer de l’aide matérielle, qu’il le fasse avec simplicité ; à présider, qu’il le fasse avec empressement ; à exercer la miséricorde, qu’il le fasse avec joie. »

Tout simplement : que chacun prenne au sérieux sa place et son rôle dans l’Église de Dieu, en tant que membres différents les uns des autres, avec des fonctions différentes au sein du corps. Que chacun se concentre sur son service, de manière à l’exercer fidèlement, consciencieusement, avec persévérance et conviction.

Si on est croyant, on a vraiment besoin de se rendre compte que Dieu nous a intégrés dans son équipe, que Dieu a un projet qu’il compte accomplir ici-bas dans, et à travers, son Église, et que nous, on a un rôle dans ce projet, et on a des facultés uniques que Dieu nous a données pour qu’on assume ce rôle.

C’est comme une équipe de foot (ou de rugby) : les joueurs ont des postes différents dans l’équipe, et pour que le projet du coach se réalise, il faut que les joueurs comprennent quelle est leur fonction spécifique dans l’équipe, quel est leur rôle, et qu’ils prennent ça à cœur, et qu’ils se concentrent là-dessus. Si tous les joueurs veulent être devant pour marquer des buts, ça va être la catastrophe ! Ou inversement, si tous les joueurs restent derrière parce qu’ils sont persuadés d’être des gardiens de but, ils ne risquent pas de gagner !

Et ce que nous dit Paul ici, c’est un peu pareil. Si on est chrétien, si on a placé notre foi en Jésus, alors on devrait prendre à cœur le fait que Dieu nous intègre dans son projet, et pour ça, il nous a donné à tous « des dons différents ». Et nous, on devrait réfléchir à ce que c’est que cette spécificité que Dieu nous a donnée en termes de compétences, d’expérience, de personnalité, de moyens, de disponibilités—une spécificité que Dieu veut qu’on mette intentionnellement à contribution dans la réalisation de son projet.

Attention, ça ne veut pas dire que tout le monde doit forcément avoir un titre officiel. L’idée, ce n’est pas qu’on doit chercher à avoir sa photo dans l’organigramme de l’Église. L’idée, c’est que chaque croyant a reçu quelque chose de la grâce—quelque chose à mettre à contribution dans la vie et la mission de l’Église. Bref, si on a placé notre confiance en Jésus, on devrait assumer totalement qu’on a une place et un rôle dans le projet de Dieu.

Lors de la journée de rentrée de notre Église, on a organisé une sorte de forum des services, où on a voulu mettre en avant quatre domaines de la vie de l’Église qui pouvaient constituer des opportunités de service : le pôle entraide, le pôle enfance, le pôle évangélisation, et le pôle logistique et accueil. Mais au-delà de ça, il y a encore plein d’autres opportunités de service qui existent dans l’Église : groupe d’ados, groupe d’hommes, groupe de femmes, accompagnement spirituel, formation de disciples, événements conviviaux, louange, multimédia, communication, recherche immobilière, missions administratives, etc.

Encore une fois, ce n’est pas n’importe qui qui peut servir dans n’importe quel domaine—parfois il faut une formation spécifique, ou remplir certaines conditions particulières—mais en tout cas, que ce soit de manière visible ou en coulisses, par des grosses missions ou par des petits services discrets, Dieu compte se servir de tous les croyants dans la réalisation de son projet. Et on doit reconnaître ça humblement et se mettre—si j’ose dire—à la disposition de notre grand Dieu pour le servir dans son Église.

Tu as placé ta confiance en Jésus et tu as reçu le pardon de tes péchés par le moyen de la foi ? Donc ! 1/ Tu devrais t’attacher à Dieu, 2/ tu devrais t’attacher à l’Église. Et 3/ tu devrais t’attacher au service. C’était le troisième point.

Et pour conclure rapidement. On a commencé en se demandant si notre vie—en tant que personnes qui se disaient chrétiennes—était radicalement différente de ce qu’elle serait si on n’était pas chrétien. Et dans ce passage, c’est assez clair, non ? Pour Paul, oui, en effet, notre vie, si on est vraiment des chrétiens, devrait être vraiment différente.

Toute la leçon de ce passage, c’est que si on a placé notre confiance en Jésus, alors il s’ensuit logiquement qu’on devrait s’abandonner sans réserve à Dieu et se consacrer avec une grande détermination à son projet. Voilà le genre de vie qui devrait résulter—ou découler—de la foi.

Et j’insiste bien sur cet ordre. Notre consécration à Dieu n’est pas la condition mais la conséquence de notre salut. Pourquoi j’insiste là-dessus ? Parce qu’on a vite fait de se dire qu’on entre en possession du salut par l’offrande de nous-mêmes à Dieu. Alors que ce n’est pas du tout vrai. Ce n’est pas à nous de faire quelque chose pour être sauvé. C’est Dieu qui a tout fait pour nous. On entre en possession du salut, en fait, par l’offrande de Dieu à nous. Dieu s’est offert à nous par Jésus-Christ, qui a tout accompli pour nous à notre place, et nous on entre au bénéfice de ce que Jésus a accompli, non pas en faisant quelque chose, mais en recevant quelque chose qui a déjà été fait—et qui est complet et suffisant.

On est sauvé par la grâce seule, par le moyen de la foi seule, en Jésus seul ! Et nos bonnes œuvres, les actes qu’on accomplit pour Dieu, notre attachement à Dieu, à l’Église et au service, tout ça, ça ne fait pas partie de la foi qui nous sauve, mais c’est ce qui découle, ou résulte, logiquement, raisonnablement, de la foi.

Donc ce n’est pas : « Consacre-toi à Dieu pour être sauvé », mais c’est plutôt : « Puisque tu es sauvé, maintenant consacre-toi à Dieu ». Et c’est pour ça que j’ai dit que le mot le plus important du passage qu’on a lu aujourd’hui, c’était le mot « donc » ! Parce que toutes les exhortations pratiques de Paul qui commencent au chapitre 12, et qui vont durer grosso modo jusqu’à la fin de la lettre—tout ça, ça s’appuie sur tout ce que Paul a expliqué dans les onze premiers chapitres concernant la façon dont Dieu nous sauve sans les œuvres.

Paul nous dit : « Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Rm 5.1). Donc ! Offre-toi à Dieu totalement, sans réserve. Cherche à le connaître de mieux en mieux. Accueille la lumière de sa Parole dans ton intelligence de manière à être renouvelé dans ta manière de voir le monde et ta propre vie. Que tes affections, tes valeurs, tes projets, tes priorités, tes habitudes soient transformés.

Paul nous dit : « Il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus » (Rm 8.1). Donc ! Considère-toi totalement solidaire des autres croyants dans ta communauté. Viens à l’Église, parce que ta vie chrétienne, tu ne peux pas la réussir tout seul—et nous, on ne peut pas y arriver sans toi non plus. Dieu a voulu qu’on soit membres les uns des autres. Sois modeste, fidèle et assidu.

Paul nous dit : « Ceux que Dieu a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés, et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Que dirons-nous donc à ce sujet ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8.30-31). Donc ! Assume totalement que tu as une place et un rôle dans le projet de Dieu. Mets-toi à sa disposition et à son service. Tu as quelque chose d’unique à contribuer à l’œuvre de Dieu—une personnalité, une expérience, une compétence, une disponibilité, une présence, une écoute, une parole, un sourire, une prière. Consacre ces choses à Dieu et au service de Dieu et des autres dans l’Église, intentionnellement, consciencieusement, et de tout ton cœur.

Bref, on était mort spirituellement dans nos péchés, et séparés de Dieu, mais Dieu a accompli notre salut pour nous, par la mort et la résurrection de Jésus—et on reçoit ce salut, coûteux pour Dieu mais gratuit pour nous, par le moyen de la foi. Donc on peut mourir à nous-mêmes et mourir au péché, et vivre dorénavant pour Dieu (cf. Rm 6.11).

« Vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu. » (1 Co 6.20)

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