Un ami qui vous veut du bien

Par Alexandre Sarranle 27 août 2023

Relationnellement, la vie ici-bas, ça peut être compliqué. On a tous connu des conflits à des moments de notre vie. Peut-être que certains d’entre nous, on est en ce moment-même en plein dedans. Ou bien peut-être qu’il y a une ou plusieurs relations souvent tendues ou conflictuelles qui existent en permanence dans votre quotidien.

Par exemple, peut-être qu’il y a un collègue au travail avec qui le courant ne passe vraiment pas. C’est souvent tendu entre vous, et même parfois, ce collègue a de l’agressivité envers vous, peut-être qu’il (ou elle) vous fait des vacheries dans votre dos, peut-être qu’il (ou elle) essaie de vous doubler sur le plan professionnel, ou essaie de profiter de vous, ou essaie de saboter votre travail par pure jalousie.

Ou bien, peut-être que c’est votre chef qui est vraiment tyrannique, ou impatient, ou narcissique, et avec qui ça passe vraiment mal. Peut-être que vous subissez un genre de harcèlement moral, il (ou elle) cherche à vous pousser à bout parce qu’il (ou elle) veut tout simplement vous pousser vers la porte, mais c’est tellement injuste, parce que vous ne faites rien de mal—mais c’est lui (ou elle) qui a le pouvoir et vous ne pouvez rien y faire.

Ou bien, peut-être que c’est avec un ou plusieurs membres de votre famille que c’est difficile. Peut-être que vous êtes un adulte mais pour autant, votre mère continue de vous critiquer, de vous rabaisser, et de vous manifester sa désapprobation dans vos choix. Peut-être que vos parents vous ont carrément rejeté et qu’ils pensent du mal de vous, et disent du mal de vous à d’autres gens. Peut-être que c’est votre conjoint qui vous maltraite, qui vous dit en permanence que vous n’êtes pas à la hauteur, et qui vous fait violence psychologiquement.

Ou bien, peut-être que vous avez vécu une rupture avec quelqu’un qui était autrefois un ami (ou une amie), et maintenant, cette personne semble avoir du ressentiment, voire de la haine contre vous, et vous calomnie auprès d’autres personnes de votre entourage.

Peut-être que vous avez voulu être intègre dans une situation donnée, mais ça n’a pas plu à d’autres personnes, et maintenant vous êtes mal vu, on vous rejette, on vous accuse injustement, et on cherche même à se venger de vous !

Tous ces exemples sont relativement ordinaires, en fait, dans la vie. Les conflits, ça existe—ça existe même entre chrétiens—et le problème, c’est que le conflit, ça peut vraiment peser lourdement sur notre moral. Et la question qu’on va se poser ce matin, c’est : est-ce que notre foi, si on est croyant, peut y changer quelque chose ? Notez bien que la question ce matin, ce n’est pas : est-ce que notre foi peut nous aider à régler ou à résoudre des conflits (même si cette question est pertinente), mais bien : est-ce que notre foi peut nous aider à garder le moral, à rester dans la paix à l’intérieur, alors même qu’on traverse un conflit ou qu’on fait l’expérience de l’hostilité d’autres personnes ?

Parce que c’est ça, en fait, la question qui est abordée dans le texte qu’on va lire dans un instant. Ce sont les paroles d’un chant écrit par le roi David, qui a fait lui-même l’expérience de l’hostilité de nombreuses autres personnes, et qui médite sur la relation qu’il a avec Dieu dans le contexte, donc, d’un conflit qui existe entre lui et d’autres personnes—des gens qui, en plus, font sûrement aussi partie du peuple d’Israël. On peut dire que le roi David est en conflit avec des gens qui se disent croyants eux aussi, et qui prétendent en tout cas avoir une relation, eux aussi, avec l’Éternel, le Dieu d’Israël.

Mais je le répète : l’objet de ce texte qu’on va regarder ensemble, ce n’est pas de nous donner des clefs pour résoudre les conflits, mais c’est vraiment de nous montrer qu’en tant que croyants, on peut traverser les conflits sans se sentir accablé par la peur, par la honte, ou par la culpabilité. Comment ça ? Eh bien parce que si on est croyant, il y a moyen de savoir que Dieu est véritablement notre allié—et ça, ça a vraiment le potentiel de nous apaiser en toutes circonstances, notamment par rapport à ces relations conflictuelles de notre vie.

1/ Un ami toujours attentif (v. 1-4)

Alors vous voyez, quand on est dans un conflit, quand on est visé par l’hostilité d’autres personnes, on doit se rappeler comme David, que si on est croyant, on a en toutes circonstances un ami qui nous veut du bien—c’est l’Éternel, le Dieu unique et vivant, et il y a moyen de savoir qu’il est véritablement notre allié. On va réfléchir avec le roi David à ce que ça veut dire pour nous, et comment ça peut vraiment nous donner de la paix et de l’assurance et du courage par rapport aux relations conflictuelles de notre vie.

On va voir quatre choses ce matin : c’est que si on est croyant, on a en Dieu un ami toujours attentif, un ami toujours intègre, un ami toujours disposé favorablement envers nous, et un ami fidèle qui ne nous abandonnera jamais.

Premièrement, un ami toujours attentif. Regardez le texte (v. 1-4). La première chose qu’on voit dans ce psaume, c’est que les croyants n’ont jamais peur de déranger Dieu en lui partageant leurs difficultés.

C’est intéressant, la manière dont les psaumes ont été classés, parce que la semaine dernière, quand on regardait le Psaume 4, on a vu que David était sûrement en train de prier sur sa couche, le soir, avant de s’endormir. Mais là, maintenant, dans le Psaume 5, c’est le matin. Le roi David se réveille de sa nuit, et tous ses problèmes ne se sont pas évanouis pendant son sommeil. En fait, il se réveille stressé, préoccupé, angoissé par le conflit qui l’oppose à ses « détracteurs » (comme il le dit un peu plus tard, v. 9).

Et tout de suite, le roi David invoque Dieu dans la prière. Il le fait avec beaucoup d’assurance, beaucoup d’aplomb, beaucoup d’insistance, même. Vous avez remarqué les répétitions ou les reformulations dans les versets 2 et 3, avec des points d’exclamation en français, et puis ensuite cette conviction exprimée par David : « Éternel, le matin tu entends ma voix » (v. 4). Dès qu’il se réveille, David parle à Dieu parce qu’il sait que Dieu est toujours attentif.

Vous savez, moi, parfois il m’arrive de me lever tôt, et je regarde les tâches que je dois accomplir dans la journée, et parmi ces tâches, il y a des appels téléphoniques que je dois passer. Eh bien généralement, je n’ose pas faire ces appels à 6h du matin. Ni à 7h. Ni à 8h. En fait, généralement, je regarde l’horloge, je regarde mon planning, et j’ai un long processus de réflexion où j’essaie de calculer quel serait le meilleur moment pour appeler cette personne afin que ce soit à un moment où il y aurait le moins de chances que je la dérange.

Mais le roi David dans notre psaume, il ne réfléchit pas comme ça. En tout cas il ne réfléchit pas comme ça par rapport au fait d’appeler Dieu. Il se réveille avec des soucis, il n’est pas bien parce qu’il est en conflit avec des gens, et ça l’inquiète et ça le déprime ; mais même à 6h du matin, il sait qu’il a quelqu’un à qui parler. Et ce n’est pas n’importe qui ! C’est l’Éternel, son « roi » et son « Dieu » (v. 3).

David insiste vraiment ici sur le fait qu’il a une ligne directe, si j’ose dire, avec le grand Dieu de l’univers. Et on doit être frappé par le fait que David l’invoque dans sa prière avec une grande liberté, une grande sincérité, une grande vulnérabilité. « Comprends mon gémissement », dit-il (v. 2). David s’approche de Dieu pour gémir auprès de lui. Pour se plaindre de ses souffrances, pour pleurer à cause de ses ennemis, pour lui parler de ses soucis.

Est-ce que vous pouvez penser à une personne dans votre entourage que vous pourriez appeler, sans prévenir, à 6h du matin, juste pour gémir et vous plaindre ? Quelqu’un qui serait heureux de prendre cet appel et de vous écouter ?

« Allô Bernard ? Oui, c’est Robert. Il est 6h, je viens juste de me réveiller et je voulais vraiment te dire que je n’en peux plus de Jean-Michel au bureau qui est tout le temps en train de me mettre des bâtons dans les roues—je ne sais pas pourquoi, il doit avoir une dent contre moi, mais je ne vois pas ce que j’ai pu faire pour le vexer ! Franchement, ça m’ennuie, ça me stresse, ça m’angoisse même des fois ; et voilà, je ressentais le besoin de t’appeler pour me plaindre et te partager mes gémissements. Allez, on se rappelle demain, 6h ? »

Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas d’ami comme ça ! Ou plutôt si, j’ai un ami comme ça, mais souvent j’oublie qu’il est comme ça. C’est l’Éternel, le grand Dieu de l’univers—« mon roi et mon Dieu », comme dit le roi David. Pour les croyants, Dieu est un ami toujours attentif. Et notre texte ici nous rappelle que les croyants ne devraient jamais avoir peur de déranger Dieu en lui partageant leurs difficultés.

Dans nos conflits, si on est croyant, on a un confident en Dieu. Et ça, déjà, c’est énorme ! On est peut-être en conflit avec telle ou telle personne, c’est peut-être tendu relationnellement, peut-être que ça pèse vraiment sur notre moral et qu’on se sent abattu et accusé, peut-être que ça crée des doutes en nous, ou de la peur—mais Dieu est toujours attentif. On peut vraiment l’appeler n’importe quand dans nos détresses, et il ne va jamais nous repousser sous prétexte qu’on le dérange pour des broutilles, ou parce qu’on est peut-être un peu trop susceptible et qu’on devrait apprendre à être un peu plus résistant, ou parce qu’on ne serait pas, nous-mêmes, irréprochable dans cette relation où il y a un conflit.

Non, si on est croyant, comme David, on peut être certain que Dieu est un ami toujours attentif. Il est toujours à l’écoute. Il prête toujours l’oreille à nos paroles, il entend notre voix, il accueille notre prière, il prend notre appel, il comprend nos gémissements, sans reproche, sans nous demander de régler des choses au préalable. Quand on est en conflit avec quelqu’un, parlons-en à Dieu ! Sa porte nous est toujours ouverte !

2/ Un ami toujours intègre (v. 5-7)

Deuxièmement, si on est croyant, on a en Dieu un ami toujours intègre. Regardez la suite (v. 5-7). Ce qu’on va voir maintenant, c’est qu’en invoquant Dieu, les croyants invoquent quelqu’un qui est toujours parfaitement juste. Et ça, en fait, c’est vraiment une super bonne nouvelle pour nous, si on est en conflit avec des gens.

Regardez ce que dit David dans sa prière, et prenons le temps d’y réfléchir un instant. Dans un premier temps, il a dit qu’il faisait appel à Dieu dès le matin avec ses gémissements et ses complaintes, et qu’il le faisait avec assurance parce qu’il savait que Dieu était toujours attentif. David est en conflit avec ses détracteurs, mais il a quelqu’un à qui en parler.

Mais pourquoi est-ce c’est si bien de parler à Dieu, justement, et pas simplement à Bernard ou à Chantal (qui sont de supers amis toujours disponibles) ? Ce n’est pas seulement parce que Dieu est attentif, mais c’est parce qu’il « ne prend pas plaisir à la méchanceté et parce que le mal ne séjourne pas auprès de lui. » (v. 5) C’est parce que Dieu est toujours juste, toujours dans le camp du bien, et jamais dans le camp du mal. En fait, Dieu est tellement juste qu’il a « de la haine » pour ceux qui commettent l’injustice, il a « en horreur » les méchants.

Ça, c’est vraiment une description de l’intégrité de Dieu. Et ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est super sécurisant pour David, qui est dans un conflit avec ses détracteurs, de s’approcher de quelqu’un qui est parfaitement impartial. Quelqu’un qui ne va jamais fermer les yeux sur le mal, ni se tromper dans ses jugements. Pourquoi est-ce que c’est sécurisant ?

Eh bien vous savez, quand on est en conflit avec des gens, quand on est face à des gens qui nous veulent du mal, qui nous accusent, qui nous font des reproches—ce qui se passe souvent, c’est qu’on commence à ne plus trop y voir clair, on a des doutes, on commence à se demander si finalement ce n’est pas les autres qui auraient raison, bref, on aimerait pouvoir s’appuyer sur des repères clairs, solides, objectifs. On voudrait que quelqu’un puisse nous dire : « Ça c’est vrai, ça ce n’est pas vrai. Ça c’est bien, ça c’est mal. Là tu as raison, et là tes ennemis ont tort. »

Et si on avait quelqu’un qui était capable d’assumer parfaitement ce rôle—avant même de savoir quelle serait son analyse et son jugement de la situation—en fait, on aurait déjà envie que cette personne s’implique. Tout simplement en vertu de son impartialité ! Parce que ça amènerait quelque chose de fiable, et donc de sécurisant pour nous dans une situation plutôt inconfortable et volatile.

Imaginez que vous soyez en conflit avec un voisin par rapport à l’entretien d’une partie commune. Et disons que c’est vraiment un conflit qui dure, et à la base vous étiez vraiment persuadé d’être dans votre droit, mais avec le temps, à force de vous renvoyer la balle avec votre voisin, vous ne savez plus trop. Vous avez du mal à y voir clair, et vous aspirez très profondément à ce qu’une autorité impartiale intervienne et établisse le droit. Il y aurait une tentation, bien sûr, à essayer de trouver quelqu’un qui aurait de l’autorité et qui serait un vieil ami d’enfance carrément prédisposé en votre faveur—mais en réalité, si votre propre cœur était sincère dans cette situation, vous vous sentiriez plus en sécurité avec un juge impartial qu’avec un juge biaisé envers vous. Vous avez envie d’avoir pour ami et référent quelqu’un d’honnête et pas quelqu’un de moralement inconstant ou arrangeant.

Et en fait, Dieu se présente à nous comme ça. Il est toujours parfaitement juste, et ça devrait déjà nous donner envie de nous approcher de lui dans nos afflictions, et particulièrement quand on est affligé par le conflit. Dieu est pour les croyants un ami toujours attentif, et aussi un ami toujours intègre, qui ne va pas faire des petits arrangements avec la justice ou avec la vérité juste pour nous faire plaisir parce qu’il nous aime bien.

On peut s’approcher de Dieu avec une grande confiance—et même une confiance complète—justement parce qu’il est parfaitement digne de cette confiance, puisqu’il est toujours intègre. Il déteste le mal, et donc quelle que soit la situation qu’on traverse, on sait qu’on ne va jamais se tromper en s’approchant de Dieu, et en invoquant son secours et sa lumière !

Moi, j’ai envie d’avoir un ami comme ça. Quelqu’un qui ne va pas simplement me dire des choses pour me faire plaisir—parce que ça, c’est quelqu’un de pas vraiment fiable ! Moi, je veux un ami qui déteste le mensonge, qui déteste l’injustice, qui dénoncera toujours le mal et qui défendra toujours le bien. J’ai envie de pouvoir me confier en quelqu’un comme ça, quand moi je suis en conflit avec d’autres personnes, parce que ça, c’est sécurisant pour moi.

Et notre texte nous fait comprendre que Dieu est un ami comme ça pour les croyants. Quand on s’approche de lui dans la prière, quand on cherche son secours et qu’on se confie à lui dans nos conflits, on doit le faire en comptant sur le fait que Dieu déteste le mal, que « les insensés ne subsistent pas devant ses yeux », et qu’il ne va pas juste aller dans notre sens parce que c’est nous—ni juste aller dans le sens de nos détracteurs parce qu’ils seraient plus vieux, plus expérimentés, plus populaires, plus éloquents ou plus religieux !

Mais justement. Qu’est-ce qu’on est prêt à entendre de la part de Dieu si on s’approche de lui, et qu’il a en horreur les méchants, et qu’il dit toujours la vérité ?

3/ Un ami toujours favorable (v. 8-10)

Eh bien c’est ce qui nous amène au troisième point. Si on est croyant, on a en Dieu un ami toujours favorable. Mais avant de voir pourquoi on peut dire ça, il faut remarquer qu’il y a un énorme problème dans notre texte.

Le roi David vient juste de dire :

« L’Éternel a en horreur les hommes de sang et de ruse. » (v. 7)

Mais attends une seconde. Le roi David, ce n’est pas le gars qui, un jour, s’est arrangé pour faire mourir un homme loyal et fidèle, afin de pouvoir lui piquer sa femme ? (cf. 2 Sm 11) Si ça, ce n’est pas « un homme de sang et de ruse », je ne sais pas ce que c’est ! Et donc quand on arrive à la moitié de ce psaume, on est en droit de se demander : mais comment ça se fait que le roi David semble avoir une telle relation d’amitié avec l’Éternel, alors que l’Éternel—comme David le dit lui-même—a normalement en horreur les gens comme David ? Vous suivez ?

Eh bien la réponse se trouve dans cette troisième partie de ma prédication. Et c’est aussi le cœur, en fait, de ce psaume. Ce qu’on va voir maintenant (v. 8-10), c’est que les croyants peuvent être assurés de la faveur constante de Dieu malgré leurs imperfections. Et ça aussi, c’est absolument merveilleux de s’en rendre compte quand on est en conflit avec des gens.

Alors bien sûr, ce qu’on va voir aussi, c’est que si les croyants peuvent être assurés de la faveur constante de Dieu, ce n’est pas du tout en vertu d’eux-mêmes, mais c’est seulement en vertu de la grâce incroyable de Dieu. Mais regardons surtout comment le roi David en parle.

David dit :

« L’Éternel a en horreur les hommes de sang et de ruse. Mais moi, par ta grande bienveillance, je vais à ta maison. Dans la crainte qui t’est due, je me prosterne devant ton saint temple. » (v. 7-8)

David nous dit explicitement dans le texte en vertu de quoi il s’approche de Dieu. Ce n’est pas parce qu’il est supérieur à d’autres gens—ce n’est même pas parce qu’il serait supérieur à ses ennemis ou à ses détracteurs. Ce n’est pas parce qu’il aurait accompli certains rites ou parce qu’il aurait passé certaines épreuves ou réussi certains tests. C’est seulement « par ta grande bienveillance » (v. 8), et ce terme en hébreu désigne l’amour de Dieu déployé dans son alliance. C’est l’amour de Dieu au sens le plus fort—c’est son amour indéfectible, son amour fidèle, patient, miséricordieux, son amour entériné par un contrat où figurent toutes ses promesses de grâce. C’est l’amour immérité de Dieu.

C’est seulement par cet amour-là de Dieu, que David peut entrer dans la maison de l’Éternel et avoir cette relation d’amitié avec lui.

Imaginez que vous vous soyez fâché avec un ami (ou une amie) et que cette personne vous dise : « C’est terminé. Je ne veux plus que tu viennes chez moi. Tu as dépassé les bornes à cause de tes paroles méchantes, tes actes complètement inappropriés, tes attitudes vraiment détestables. Là, stop ! Tu n’es plus le bienvenu dans ma maison ! » Ce serait parfaitement mérité, n’est-ce pas ? Vous n’êtes plus digne d’être ami avec cette personne, ni d’être accueilli dans sa maison, et c’est votre faute. Mais imaginez qu’après quelque temps, cette personne vous dise : « Bon. Je t’aime quand même, et je vais complètement assumer moi-même tout le mal que tu as fait. Viens dans ma maison. Je t’invite. Tu es le bienvenu ! »

Eh bien dans cette situation, vous pourriez dire à votre ami : « Je sais que tu as en horreur les gens comme moi, mais moi, par ta grande bienveillance, je vais à ta maison. » Vous comprenez ? C’est seulement en vertu de l’amour et du pardon de votre ami que votre relation d’amitié avec lui est rétablie.

Et c’est vraiment le cœur de ce psaume, parce que la Bible nous explique que tous les humains, y compris le roi David, par nature, on est méchant à cause du mal qui existe dans notre cœur, et donc on est les ennemis de Dieu par nature, et Dieu « a de la haine pour nous », il nous a « en horreur » à cause de ça ! D’ailleurs le verset 10 est même cité dans le Nouveau Testament par l’apôtre Paul pour décrire, justement, notre condition humaine à tous, selon notre nature, c’est-à-dire notre culpabilité morale devant Dieu (cf. Rm 3.13).

Donc dans cet état, personne ne peut avoir Dieu pour ami. Mais la Bible nous explique aussi que Dieu a voulu complètement assumer lui-même tout le mal qu’on a fait, pour nous inviter de nouveau à entrer dans sa maison. Et pour ça, Dieu s’est approché des humains en la personne de Jésus-Christ, et il a agonisé sur la croix pour régler la dette de nos péchés à notre place, il est mort, et ensuite il est ressuscité le troisième jour ; de sorte que si on est croyant, on est libéré de cette culpabilité qui était la nôtre, et on est réconcilié pour toujours avec Dieu.

Et donc ce qui distingue le roi David de ses détracteurs, dans notre texte, ce n’est pas que David fait le bien et les autres font le mal—en fait, ils font tous le mal, mais David, lui, est l’exemple d’un croyant véritable parce qu’il se repose sur les promesses de grâce de Dieu. Autrement dit, il a la foi.

Et c’est cette foi qui est décrite chez David par opposition à la posture de ses ennemis au verset 10. La foi de David, c’est qu’il se fie aux promesses de Dieu, il a confiance en lui, il se prosterne devant lui, et il est docile : il demande à l’Éternel de le conduire, il s’ouvre à son instruction et il désire sa lumière (v. 8-9). Mais ses détracteurs, eux, sont hypocrites, ils font peut-être même profession de foi en l’Éternel, mais leur cœur est éloigné de lui, ils sont morts à l’intérieur, ils cachent leur incrédulité derrière des paroles trompeuses (v. 10).

Alors c’est sûr que dans notre expérience à nous, on ne peut pas aussi facilement diagnostiquer la condition spirituelle des gens avec qui on est en conflit. Mais ce texte est là surtout pour nous faire réfléchir à nous-mêmes—à notre condition spirituelle, et pas à celle des autres. Est-ce que moi, je m’appuie seulement sur « la grande bienveillance » de l’Éternel pour m’approcher de lui ? Est-ce que je reconnais ma culpabilité devant Dieu, mais en me reposant en même temps sur sa grâce ? Est-ce que je me repose en Jésus-Christ, est-ce que je m’appuie sans réserve sur lui pour m’approcher de la maison de Dieu ? Est-ce que Jésus est le fondement de ma relation avec Dieu ? Est-ce que je peux dire que je suis ami avec Dieu parce que je suis uni à Jésus par la foi ?

Si je suis attaché à Jésus par la foi, alors je peux être absolument assuré de la faveur constante de Dieu malgré mes imperfections. Je ne suis peut-être pas irréprochable dans le conflit qui m’oppose à telle ou telle autre personne, mais en vertu de Jésus, j’ai en Dieu un ami toujours favorable. Je suis en sécurité avec lui, il m’aime, il ne va pas me rejeter, il ne va pas me condamner, et je peux humblement et sans crainte lui demander de m’éclairer et de « me conduire dans sa justice » et qu’il « aplanisse sa voie devant moi » pour que je sache comment avancer dans cette situation de conflit qui me préoccupe.

Comme c’est merveilleux de savoir que dans les conflits, si on est croyant, on a en Dieu un ami toujours attentif, un ami toujours intègre, et un ami toujours favorablement disposé envers nous. Quelqu’un devant qui je peux vraiment me présenter en toute sincérité, parce qu’il recouvre déjà toutes mes fautes, parce qu’il ne va jamais se mettre en colère contre moi, et parce qu’il sera toujours là pour me garder et me faire progresser dans sa justice.

4/ Un ami toujours fidèle (v. 11-13)

Et c’est ce qui nous amène au dernier point. Un ami toujours fidèle. On va essayer d’aller un peu plus vite sur ce dernier point, mais il est quand même important. Parce que ce qu’on va voir maintenant pour terminer (v. 11-13), c’est que dans les conflits, les croyants peuvent avancer avec confiance parce qu’ils savent qu’un jour, ils en sortiront victorieux.

Alors on a ici le genre de passage qu’on trouve dans les Psaumes, qui peut nous mettre un peu mal à l’aise, parce qu’on voit David qui prie contre ses ennemis, en demandant à Dieu de les punir. Alors bien sûr, quand on voit ça, il faut bien se dire que le roi David, sous l’inspiration du Saint-Esprit, a la certitude que ses ennemis sont des serviteurs du malin et de véritables ennemis de Dieu. Il le dit lui-même : « Ils se révoltent contre toi » (v. 11). Ce qu’il demande est donc parfaitement légitime : que Dieu vainque ses ennemis ! Que Dieu fasse échouer les projets du diable et de tous ses serviteurs !

Et bien sûr qu’on devrait désirer la même chose, nous aussi. Que Dieu vainque le mal et fasse triompher le bien ! Mais on devrait faire attention à ne pas faire ce genre de prière d’imprécation de manière un peu trop téméraire contre tous les gens avec qui on est en conflit. À moins que notre prière, ce soit : « Seigneur, si tant est que ces gens se révoltent contre toi—et toi seul peux vraiment en juger, Seigneur—eh bien s’ils sont en train de servir les intérêts du diable, alors Seigneur, conduis leurs projets à la ruine ! »

Mais l’attention se porte surtout, dans notre texte, sur la destinée des justes, c’est-à-dire de « ceux qui se réfugient » en l’Éternel (v. 12), c’est-à-dire de ceux dont on a parlé il y a quelques instants, à savoir : les croyants ! Ceux qui se fient aux promesses de grâce de Dieu.

Et le roi David nous exprime sa conviction que Dieu gardera, protégera et bénira pour toujours les croyants. David est en train de nous dire que lui-même sortira victorieux, un jour, du conflit qui l’oppose à ses détracteurs, et ça le rassure énormément d’y penser. Il est en train de nous parler de la doctrine qu’on appelle en théologie : « la persévérance des saints », c’est-à-dire que Dieu n’abandonnera jamais les gens auxquels il s’est attaché, c’est-à-dire les croyants—les gens auxquels Dieu a donné la foi.

Et c’est super intéressant que le roi David pense à cette réalité, et se rassure par cette réalité, au moment où il fait l’expérience d’un conflit avec ses ennemis. Parce que, ce que ça veut dire pour lui, en tant que croyant, c’est que quoi qu’il arrive, ça va bien se terminer pour lui. Un jour, les conflits auront une fin, mais la faveur de Dieu, elle, ne s’arrêtera jamais.

David compare ça à un bouclier (v. 13). « Comme un bouclier, tu environnes le croyant de faveur. » Le croyant est protégé par la faveur de Dieu comme par un bouclier. Ça me fait penser aux boucliers déflecteurs qu’on voit dans la série de films Star Wars—vous savez, cette espèce de champ d’énergie invisible qui vient recouvrir un vaisseau ou même une planète et qui empêche le passage des projectiles. Ou bien le bouclier de Captain America fabriqué en vibranium, qui normalement ne se casse jamais et qui, au contraire, absorbe l’énergie des chocs. Ou bien dans un registre à peine différent, le bouclier de Zeus dans la mythologie grecque, ce bouclier qu’on appelle « l’égide » et qui est un symbole d’invulnérabilité.

Bref, puisque les croyants ont pour toujours la faveur de Dieu, cette faveur est comme un bouclier incassable dans notre vie. On est « sous l’égide de Dieu », pourrait-on dire ! Ce n’est pas qu’on ne va jamais avoir des épreuves, des conflits, des difficultés—et même parfois de terribles souffrances ici-bas—mais c’est plutôt que toutes ces choses ne pourront jamais nous vaincre. À la fin, les croyants sortiront toujours victorieux de l’histoire.

Parce qu’en tant que croyant, on a en Dieu un ami toujours fidèle, qui ne nous abandonnera jamais. Et donc même dans les conflits, on peut avancer avec confiance si on est croyant, parce qu’on sait qu’un jour, on en sortira victorieux. C’est-à-dire qu’un jour, la vérité sera établie, toute injustice sera réparée, le mal sera anéanti, les méchants seront jugés et la paix sera restaurée dans tout l’univers.

Si nos conflits ne sont pas résolus avant, eh bien ce jour-là au moins, ils seront résolus. Et on n’a absolument aucune crainte à avoir de ce jour-là, parce que si on est attaché à Jésus par la foi, toutes nos fautes sont déjà pardonnées, nos imperfections sont recouvertes de sa justice, et le jour du retour de Jésus à la fin de l’histoire sera pour nous un jour de fête, et pas un jour de remord ou de regret.

Ce jour-là, comme le dit David, on se réjouira et on exultera en Dieu (v. 12). Peut-être que nos détracteurs étaient des vrais croyants comme nous, et tout ce qui nous divisait sera définitivement détruit, et on pourra être parfaitement réconciliés et vivre dans la paix et la joie ensemble pour toujours. Peut-être que nos détracteurs avaient faux sur toute la ligne et qu’en plus, c’étaient vraiment des ennemis de Dieu, des serviteurs du diable, et ce jour-là ils seront jugés et châtiés parce qu’ils ne seront pas attachés à Jésus par le lien vital de la foi ; et d’une manière difficile à imaginer aujourd’hui, les croyants se réjouiront en fait de la manifestation de la gloire de Dieu à travers l’application de sa justice. Mais peut-être que c’est nous qui avions des torts dans le conflit avec nos détracteurs, et qu’on ne le voyait pas jusqu’à ce jour-là—le jour du retour de Jésus, de la résurrection des morts et du jugement dernier. Mais même dans ce cas-là, on n’a quand même pas de crainte à avoir, parce qu’on est caché en Jésus, réfugié en lui, pardonné et justifié en lui, et qu’on est recouvert pour toujours de la faveur de Dieu comme d’un bouclier.

On peut attendre avec confiance ce jour de notre délivrance—ce jour de la fin de tous nos conflits, même ceux causés par nos propres péchés.

Alors j’ai été long, et je veux conclure rapidement. La question qu’on s’est posée ce matin, c’est : est-ce que notre foi—si on est croyant—peut nous aider à garder le moral, à rester dans la paix à l’intérieur, alors même qu’on traverse un conflit ou qu’on fait l’expérience de l’hostilité d’autres personnes ? Parce que ça—le conflit plus ou moins ouvert et plus ou moins violent—c’est quelque chose d’assez ordinaire, finalement, dans la vie.

Et ce qu’on a vu à travers ce psaume composé par le roi David, c’est qu’il y a moyen de savoir que Dieu est véritablement notre allié, alors même qu’on fait face à des gens avec qui c’est compliqué, tendu, voire très conflictuel.

Si notre foi est en Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour nous racheter, qui a versé son sang sur la croix et qui est ressuscité le troisième jour pour pardonner nos péchés et nous recouvrir de sa justice et nous prendre pour toujours dans la famille de Dieu—eh bien si notre foi est en lui, alors on peut vraiment dire qu’on a en Dieu un ami qui nous veut du bien—et qui ne nous voudra jamais que du bien ! Et en prenant vraiment la mesure de cette réalité, on va pouvoir traverser les conflits sans nous sentir accablés par la peur, par la honte, ou par la culpabilité, mais avec à la place une grande confiance en Dieu.

Ce n’est pas pour dire qu’on ne doit pas chercher à résoudre ces conflits, surtout si ce sont des conflits qui nous opposent à d’autres personnes qui font profession de foi chrétienne ! Évidemment que la Bible a beaucoup de choses à nous dire sur la repentance, le pardon, la réconciliation et la paix qui devraient caractériser nos relations avec les autres. En même temps, parfois, une vraie réconciliation est impossible à réaliser ici-bas—et ça peut être le cas pour plein de raisons.

Mais ce que ce psaume de David nous apprend, c’est que si on se rappelle à nous-mêmes les vérités de l’Évangile, si on songe souvent à la faveur merveilleuse de Dieu et à la relation d’amitié qu’on a vraiment avec lui, le grand Dieu de l’univers, en vertu de son Fils Jésus-Christ—eh bien on va pouvoir traverser toutes ces difficultés relationnelles ici-bas avec de plus en plus de confiance et de paix à l’intérieur.

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