L'Esprit qui fait naître

Par Jonah Haddadle 12 février 2017

Peut-être que vous avez déjà prié, sans vraiment savoir quoi demander à Dieu. Vous ne savez pas quoi dire, mais le fait de le dire vous rassure. Peut-être que vous avez déjà cherché à avoir une vie plus spirituelle, sans savoir exactement ce que vous cherchiez vraiment. Vous ne savez pas ce que vous recherchez, mais le fait de le rechercher vous rassure. Peut-être que vous comprenez l’importance de la religion, de la prière, de la piété, et de la vie éternelle, etc., mais vous ne savez pas où commencer.

Peut-être que vous arrivez au culte aujourd’hui en pensant : « Je sais que je suis censé être là, mais à part ça, je ne sais pas vraiment en quoi ça m’aide ou en quoi ça me fait du bien ». Peut-être qu’il vous est déjà arrivé d’être au bout du rouleau en sachant que vous aviez besoin d’une intervention divine dans la vie, mais vous ne savez pas comment vous approcher de Dieu dans la prière. Vous venez dans sa présence tout simplement en attendant quelque chose, n’importe quoi, mais vous ne savez pas quoi exactement.

Peut-être que vous pouvez vous identifier personnellement avec une de ces situations face à Dieu que je viens de mentionner. Dans Jean chapitre 3, nous lisons l’histoire d’un homme qui s’appelle Nicodème et qui vient à Jésus en recherchant l’assurance et le réconfort. En arrivant il ne pose pas de question à Jésus. On a l’impression qu’il ne sait pas exactement pourquoi il est là. Mais il se sent que Jésus est quelqu’un qui mérite d’être recherché. Il se sent que Jésus est une personne d’importance. Nicodème vient tout simplement pour voir Jésus et pour écouter ce que Jésus a à dire. Et en voyant Nicodème, Jésus constate que ce qu’il cherche, c’est la vie. Ce dont il a besoin, c’est un miracle – un acte humainement impossible.

L’Esprit fait l’impossible

Pour comprendre ce qui se passe ici, il faut se mettre à la place de Nicodème. Nicodème est Pharisien, c’est-à-dire spécialiste de la loi juive. Quand il vient à Jésus, on ne sait pas ce qu’il veut vraiment. C’est possible qu’il ne sache pas non plus ce qu’il veut vraiment. Mais il vient. Il vient sous couvert de la nuit, probablement pour se cacher. Il vient dans la nuit, d’une manière clandestine, parce que normalement un homme riche et puissant qui a son doctorat en théologie de l’université des pharisiens (Jérusalem 3), et qui achète ses robes et ses sandales à la galerie Lafayette du centre commercial le plus chic du premier arrondissement de la ville sainte, cet homme-là ne cherche pas normalement à connaître l’avis théologique d’un plouc de Galilée – surtout un plouc qui ose corriger les experts religieux de son époque. C’était dangereux pour Nicodème d’être là avec Jésus.

Ce serait comme si l’équipe pastorale de cette église demandait aux enfants de l’assemblée d’écrire nos prédications pour nous. Et oui, on est d’accord que les enfants de cette église ont de très bonnes compétences bibliques, mais imaginez si à chaque fois que je prêche j’avais besoins que Margaret ou Vallouise m’explique le sens de la sotériologie, ou de ce que c’est que la propitiation, ou l’expiation substitutionnelle, de leur point de vue. On risquerait de perdre de la crédibilité en faisant ça. Ce serait comme si ceux qui sont diplômés en théologie, qui sont consacrés officiellement par notre union d’église, et qui sont censés être des spécialistes, avaient besoin de l’avis théologique d’un prédicateur de rue sorti de nulle part.

Et ça c’est exactement la situation de Nicodème. Il démontre une grande humilité en venant à Jésus et en écoutant celui qui n’était pas reconnu par les érudits. Mais Nicodème ne veut pas être démasqué quand-même. Et donc, il se cache sous le couvert de la nuit.

Les versets 1-2 sont très révélateurs parce que Nicodème ne pose pas de question à Jésus. On a presque l’impression qu’il ne sait pas trop pourquoi il est venu. C’est comme si Nicodème s’approchait de Jésus en disant : « Je sais que tu es quelqu’un d’important, béni par Dieu, dis-moi donc quelque chose. » Et qu’est-ce que dit Jésus ? De toutes les choses intelligentes et profondes que Jésus pourrait dire, il dit : « Il faut que tu naisses une deuxième fois. Il faut naître de nouveau. »

Et qu’est-ce que ça veut dire ? En soi, sans contexte, ça n’a pas beaucoup de sens. Ça ressemble à une phrase écrite sur un poster de motivation. Imaginez si Jésus avait dit, « L’inspiration est la lumière qui transforme la pluie en arc-en-ciel. » C’est nul. Ou Imaginez si Jésus était une sorte de gourou Bouddhiste. « Quel est le son du claquement d’une seule main ? » « Il faut naître de nouveau. » Mais Jésus ne parle pas en énigme juste pour rigoler. Il parle d’une vraie naissance. Il demande ce qui semble impossible pour l’homme mais qui est tout-à-fait possible pour Dieu. Il parle d’une transformation qui n’est possible que par un miracle divin. Jésus dit à Nicodème : « Ce que tu cherches est un renouveau spirituel, ce qui ne vient que par le Saint-Esprit. » Le Saint-Esprit fait l’impossible. Il fait ce que nous ne pouvons faire nous-même. Il identifie ce dont nous avons besoin, et il nous donne les moyens de l’obtenir.

L’Esprit donne la vie

Quand on ne sait pas trop quoi faire, quand on ne sait pas comment s’approcher de Dieu… Dieu s’approche de nous. Le miracle de la nouvelle naissance est un acte opéré en nous par l’œuvre du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est au cœur de cet acte de renouveau. Nicodème, un homme de logique qui pense en termes physiques, ne voit pas la métaphore. Mais en fait, Jésus ne veut pas qu’il entre de nouveau dans le ventre de sa mère. C’est une analogie, une métaphore. Celui qui est spirituellement mort-né reçoit une deuxième chance de vivre.

Je pense que la raison pour laquelle Nicodème ne comprend pas la métaphore, c’est parce qu’il n’est pas conscient de ses besoins spirituels. C’est pourquoi Jésus le corrige dans la suite de ce chapitre. Nicodème a pensé en termes de solutions naturelles à des problèmes spirituels. Il n’espérait pas un miracle.

La vie dont il avait besoin n’était pas possible par sa seule piété. Cette vie vient par une œuvre de l’Esprit. Comme un bébé ne choisit pas d’être conçu, et comme un bébé n’a aucun contrôle sur le moment de sa naissance, et comme sa gestation échappe à sa volonté, les croyants aussi doivent leur nouvelle naissance à Dieu. Le Saint-Esprit de Dieu insuffle la nouvelle vie dans les poumons des croyants. Il prend notre cadavre qui flotte sur la mer du péché, engorgé d’eau, et il nous fait de la réanimation spirituelle. Il prend quelque chose qui est usé par les effets de la chute, usé par les effets de notre condition pécheresse, usé par les effets du passage du temps, et il le recycle. Comme une vieille boîte de conserve toute moche et jetée dans la benne à recyclage, et qui renaît plus tard sous la forme d’une belle sculpture originale et couteuse ; Dieu fait pareil avec nous.

Quand j’étais enfant, un jour ma mère a mis mon ours en peluche dans la machine à laver. Mais non… Il n’en est pas sorti vivant. Ses entrailles ont explosé et se sont répandues partout comme dans un film de guerre. Ses boyaux ont été expulsés et ses membres ont été tout mutilés. C’était bouleversant pour moi… traumatisant. (C’est thérapeutique pour moi d’en parler). Mais heureusement ma grand-mère qui est douée en couture, a pris la tête de l’ours et elle a fabriqué un nouveau corps pour le pauvre doudou. Voilà, une nouvelle vie. Happy End.

En fait, Dieu restaure, il refait, il nettoie, il purifie, il transforme, il ressuscite des vies perdues.

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Cor. 5.17)

Ce qui est important à retenir ici, c’est que Dieu donne la vie. Et le fait que Dieu donne la vie est une insulte à l’encontre de notre égoïsme. C’était une insulte pour Nicodème qui ne comprenait pas le sens de ce que Jésus lui disait. La vie abondante et éternelle est une grâce de Dieu, reçue par le moyen de la foi. Ce don de la grâce qui vient par l’Esprit de Dieu, veut dire que nous ne sommes pas les maîtres de notre vie. Et toutes nos actions morales, toutes nos tentatives de faire le bien, toutes nos bonnes œuvres (si on n’a pas la foi) ne sont que des démarches sans valeur qui conduisent quand même vers la mort.

On se présentant devant Jésus, Nicodème a reçu plus que ce qu’il attendait. Il cherchait un prophète et un sage, et il a rencontré un sauveur.

L’Esprit œuvre comme il veut

Mais plus que ça, Nicodème a rencontré le Dieu souverain qui œuvre comme il veut dans le monde. Il a rencontré le vent – l’Esprit qui souffle où il veut, qui choisit qui il veut, et qui donne sa grâce généreusement. Déjà dans cette série de prédications sur le Saint-Esprit, on a vu que l’Esprit était créateur, qu’il était personnellement impliqué dans la vie des gens, et qu’il réalisait activement le renouvellement et la restauration des gens. Ici, on voit qu’il est le Dieu souverain qui œuvre selon sa volonté.

Le verset 8 en particulier nous rappelle que ce n’est pas nous qui décidons comment l’Esprit œuvre. Il souffle où il veut. Comme le vent dans le désert qui amasse des dunes de sable à un moment, et qui les détruit à un autre moment, l’Esprit de Dieu œuvre selon sa volonté. Ce point est très important, parce que nous avons, dans nos églises, tendance à traiter le Saint-Esprit comme un valet. Et comme il y a la tendance dans certaines églises à oublier la personne du Saint-Esprit, il y a aussi une tendance dans certains milieux (souvent charismatiques) qui consiste à le voir comme un commissionnaire personnel qui fait ce qu’on veut quand on veut. Mais l’Esprit de Dieu n’est pas contraint ou restreint par nous. Par contre, l’Esprit nous appelle à la foi en Jésus, et l’Esprit demeure en ceux qui ont la foi en Jésus. Il joue son rôle en parfaite harmonie avec le Père et le Fils dans notre salut.

Comme le vent, l’Esprit aussi, il souffle. Quand le vent souffle doucement en été, il nous soulage. Il nous refroidit. Il nous fait du bien. Mais quand le vent souffle en rafale, il peut changer le paysage. Il peut détruire les bâtiments, et déraciner les arbres. Il peut nous bouleverser. Le Saint-Esprit fait pareil. Est-ce qu’on est prêt à recevoir toute l’action du Saint-Esprit dans notre vie ? L’action qui nous bouleverse en nous montrant nos péchés, ou en nous ramenant à la réalité de notre besoin de Dieu. L’Esprit nous secoue, et l’Esprit nous secourt. Et si comme Nicodème, on ose s’approcher de Dieu, il faut qu’on soit prêt à accepter les deux.

Application

Encore une fois, Jean chapitre 3 raconte l’histoire d’un homme qui ose s’approcher de Jésus. Ça raconte l’histoire d’un homme qui constate que Jésus a quelque chose à lui offrir. Mais qu’est-ce que ça nous apprend ? En fait, ça nous apprend à ne pas avoir peur de s’approcher de Dieu même quand nous ne savons pas ce dont nous avons besoin. Ça commence par la foi et par un cœur contrit.

Par exemple, si vous allez dans un restaurant étoilé, et que vous ne savez pas comment lire le menu, ou comment choisir un bon vin, ce n’est pas grave. C’est un restaurant étoilé après tout. Ce qui est important déjà, c’est que vous êtes là. Rassurez-vous donc, car malgré tout, vous allez bien manger. Vous êtes au bon endroit, et c’est sûr que vous allez goûter des bonnes choses.

De la même manière, ce qui est important dans la vie chrétienne, c’est que vous êtes là, que vous êtes arrivé devant le trône de Dieu en répondant à sa grâce par la foi. Faites donc confiance à Dieu qui sait ce dont vous avez besoin. Soyez certains que vous allez être nourri… vous allez être nourri par sa parole et par la prière.

Ensuite, laissez Dieu parler. En lisant la Bible et en cherchant sa volonté, vous allez être confronté à un souffle délicat, comme à de fortes rafales. Laissez l’Esprit parler. L’Esprit nous parle à travers la Bible. Et on doit faire attention à ne pas nous imposer ce que nous voulons que la Bible dise, au lieu d’écouter Dieu. L’Esprit nous secoue, et l’Esprit nous secourt. Laissez Dieu parler.

Enfin, n’empêchez pas l’Esprit de faire son œuvre en vous. Si vous êtes chrétien, l’Esprit demeure en vous. Et il vous appelle à une vie de justice et d’obéissance. Soyez attentif à ce qu’il opère en vous.

Quand on accepte, par la foi en Jésus, que l’Esprit nous fait renaître, on doit accepter aussi qu’il va nous entraîner, par son souffle, vers de bonnes choses pour le royaume de Dieu, vers sa mission, vers sa volonté. Ça commence par venir au Seigneur, et par rester à son écoute.

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