Le plus grand tournant dans l'histoire de l'humanité

Par Alexandre Sarranle 18 décembre 2016

Ce soir, on va parler d’un sujet qui n’est pas très original : la mort de Jésus. Alors si vous êtes des habitués de l’église, vous êtes peut-être en train de vous dire : « Ben c’est bon, je peux m’endormir tout de suite. La mort de Jésus, on en parle tous les dimanches, et même plusieurs fois par dimanche, et même très souvent au groupe de maison en semaine. Je pense que j’ai entendu tout ce qu’il y avait à dire sur la mort de Jésus. » La mort de Jésus, quel sujet… banal ! Mais si vous n’êtes pas un habitué de l’église, si c’est la première fois que vous venez, ou si vous n’êtes même pas encore un chrétien, je veux vous dire, d’abord, qu’on est ravi de votre présence. Mais peut-être que pour vous aussi, la mort de Jésus ne semble pas être un sujet très intéressant. Pourquoi ? Parce que la mort de Jésus a été banalisée… de partout !

Dans l’imaginaire collectif, Jésus c’est ce gars qui a été crucifié ; tout le monde le sait. C’est le héros des chrétiens, qu’on représente cloué sur une croix, comme par exemple en très grand sur la façade de l’église Saint Antoine qui nous accueille. Ce motif de la croix, d’ailleurs, qui est l’instrument de l’exécution de Jésus, on le retrouve partout, que ce soit le logo de la Croix-Rouge, la croix verte des pharmacies, la croix blanche des secouristes, que ce soient les innombrables pendentifs reproduisant la croix mais souvent portés sans aucune arrière-pensée religieuse, que ce soient les croix que l’on retrouve dans plein de drapeaux nationaux comme celui du Royaume-Uni, de l’Espagne, de la Suisse, de la Grèce, du Danemark, de la Norvège, de la Finlande, de la Suède, de la Slovaquie, etc., ou encore la croix celtique utilisée par les groupes identitaires d’extrême-droite, ou les croix baroques qui figurent sur les pochettes de certains albums ou T-shirts de heavy metal… Il y a même des gens qui font des caricatures, des sketches ou des blagues sur la crucifixion de Jésus. Voilà. La mort de Jésus a été banalisée. Est-ce que ça veut dire qu’il faut qu’on en parle moins ? Non. Ça veut dire qu’il faut qu’on en parle mieux. Et le texte d’aujourd’hui va nous aider à faire cela.

Si vous venez régulièrement à l’église ici, vous savez déjà qu’on est en train d’étudier l’Évangile selon Matthieu ; et si vous avez suivi un peu cette série, vous savez que tout le récit de cet évangile tend vers le moment de la mort de Jésus. On sait déjà que Jésus est venu accomplir une mission particulière qui va impliquer sa mort. Et donc avec cet épisode maintenant qui va nous rapporter le moment de sa mort, on est vraiment au paroxysme de cette histoire. Ici, Jésus accomplit ce pourquoi il est venu. Il accomplit ce pourquoi il est né à Bethléem de la vierge Marie. Comme on va le voir, ce passage veut corriger la tendance que nous avons à banaliser les souffrances et la mort de Jésus, en nous rappelant la portée extraordinaire de ce qui s’est passé lorsque Jésus a été crucifié. La leçon est simple, c’est que la mort de Jésus coïncide avec le plus grand tournant dans l’histoire de l’humanité. Et si nous en prenons vraiment conscience, nous ne pourrons plus jamais prendre à la légère les souffrances de Jésus-Christ.

1. Une souffrance complète (v. 27-49)

La première chose que l’auteur veut nous montrer, dans ce texte (pour nous faire prendre conscience de la portée extraordinaire de la crucifixion de Jésus) c’est que Jésus n’est pas « seulement » mort sur la croix. Vous avez remarqué sans doute que l’auteur consacre une bonne partie de cet épisode à nous décrire l’humiliation que Jésus a subie avant d’être techniquement crucifié ; et même une fois qu’il a été crucifié, avant de mourir. Il y a d’abord les soldats romains qui se moquent de lui (v. 27-37), puis les passants parmi lesquels il y a vraisemblablement beaucoup de Juifs qui ont, manifestement, écouté Jésus quand il prêchait (v. 38-40) ; il y a aussi les responsables religieux qui se moquent de lui (v. 41-43), et même les brigands qui ont été crucifiés avec lui (v. 44) ! Et au plus fort de sa souffrance, lorsqu’il a l’impression que même Dieu l’a abandonné, quelqu’un va même le tourmenter davantage avec du vinaigre, tandis qu’un autre tourne en dérision le cri le plus poignant qui a jamais été poussé (v. 45-49). Le monde entier est contre lui. Jésus le messie tant attendu, le juste, le prophète comme Moïse, celui qui est venu sauver son peuple, se fait clouer sur une croix, et tout le monde est contre lui : les païens et les Juifs, les notables et le peuple, les personnes religieuses et les pécheurs ; même ses disciples ne sont plus là, ils l’ont abandonné, et même le Père céleste lui a, en quelque sorte, tourné le dos.

Il est évident que l’auteur veut nous faire prendre conscience de l’intensité des souffrances de Jésus. Il veut que nous soyons très mal à l’aise. C’est comme lorsque la presse nous rapporte la souffrance des enfants à Alep, en Syrie, cela nous fend le cœur, parce qu’on se dit que c’est pas juste ; c’est même insupportable d’imaginer ces pauvres enfants qui n’ont rien demandé à personne devenir l’objet de telles souffrances. Il y a un contraste saisissant entre l’innocence de la victime et l’horreur de la violence qu’elle subit. Ici aussi, il y a un acharnement contre Jésus alors qu’il est innocent, alors qu’il n’a jamais fait que le bien, alors même qu’il est venu comme Sauveur du monde ; et c’est censé nous fendre le cœur.

Jésus n’est pas « seulement » mort sur la croix. Sa souffrance n’a pas « juste » consisté à mourir. En fait, la mort a mis un terme à sa souffrance ; la mort a été l’issue de sa souffrance. La mort a délivré Jésus de son agonie. L’auteur veut nous montrer ici que ce qui est important, ce n’est pas juste que Jésus est mort, mais c’est qu’il a tant souffert en mourant. Si tout ce qui était important, c’était que Jésus meure, on aurait pu imaginer une crucifixion beaucoup plus « sobre » si j’ose dire. Dieu aurait pu préserver Jésus d’un tel acharnement. Il aurait pu y avoir de la « dignité » dans cette exécution. Les soldats romains auraient pu le conduire à la croix avec une attitude résignée, parce qu’ils obéissaient aux ordres. Les responsables religieux auraient pu avoir des scrupules, et ne surtout pas faire les fiers ! Les passants en particulier, auraient pu verser une larme ; et il aurait pu y avoir une ambiance pesante, comme celle qui entoure la mort d’un héros qui s’offre en sacrifice pour les autres. Mais là, non. Jésus est moqué, tourmenté, humilié jusqu’au bout.

L’auteur veut nous montrer que la souffrance de Jésus a été complète. Jésus est en train d’accomplir ce pourquoi il est venu ; et cette mission qu’il est venu accomplir en notre faveur, n’implique pas juste sa mort. Elle implique toute cette souffrance qui a précédé sa mort, cette souffrance physique, émotionnelle, psychologique et spirituelle (Mt 16.21). L’auteur veut vraiment qu’on comprenne que Jésus a souffert à tout point de vue, et qu’il n’en fallait pas moins pour qu’il accomplît sa mission.

C’est comme si on vous offrait, à Noël, une superbe bague en or sertie d’un magnifique diamant. Vous seriez reconnaissant, n’est-ce pas ? « Waouh, ça a dû coûter cher, non ? – Oui, et même plus cher que tu le crois. Parce que cette bague, je ne l’ai pas achetée chez le bijoutier du quartier. Je suis allé à l’autre bout du monde, dans un pays dangereux, j’ai traversé la jungle, j’ai combattu des sauvages sanguinaires, j’ai réussi à découvrir l’entrée d’un palais mystérieux, où j’ai rencontré un sorcier centenaire qui veillait sur cette bague qui avait été préservée là depuis des générations, depuis qu’elle avait été façonnée par un chef Maya en l’an 2000 avant J.-C., et j’ai pu obtenir cette bague en échange de trois sacs de pépites d’or et de quelques gouttes de mon sang. » Vous voyez, quelque chose qui nous semble précieux, peut être encore plus précieux qu’on le croit. Et c’est la même chose avec les bienfaits qui nous viennent de la mort de Jésus. On sait que ça a coûté cher. Mais ça a coûté encore plus cher qu’on a tendance à le croire !

2. Une souffrance suffisante (v. 50-51a)

D’accord. La souffrance de Jésus a été complète. Il a souffert à tout point de vue, et il n’en fallait pas moins pour qu’il accomplît sa mission. Mais qu’est-ce qu’il a accompli exactement, par ses souffrances ? Eh bien la suite du texte nous le montre. Au verset 50, Jésus « rend l’esprit », c’est-à-dire qu’il meurt. L’agonie de Jésus vient d’atteindre son terme, sa destination, son but. Et c’est précisément à ce moment-là que l’auteur nous dit qu’il s’est passé quelque chose à un autre endroit de Jérusalem. Au temple, un rideau s’est déchiré en deux, miraculeusement, du haut en bas (v. 51a).

Ce qui se passe ici est extrêmement significatif, surtout pour les premiers destinataires de ce récit, que sont les Juifs. Les Juifs en effet savent exactement ce que représente ce rideau (ce « voile ») dans le temple. C’est le rideau qui sépare le lieu très saint (ou « saint des saints »), du reste du temple. C’est-à-dire qu’il y avait cet endroit au cœur du temple, cette pièce qui symbolisait la présence spéciale, glorieuse de Dieu. Et personne ne pouvait entrer dans cette pièce, sauf une personne qui avait une fonction particulière : c’était le grand-prêtre ou « souverain sacrificateur », et même lui, il n’y entrait qu’une seule fois par an, un jour précis de l’année (Yom Kippour, le grand jour des expiations), et il entrait avec le sang d’un taureau et d’un bouc, et il présentait symboliquement ce sang à Dieu pour expier les fautes du peuple (y compris les siennes, Hé 9.7). De cette façon, ce grand-prêtre rendait Dieu propice au peuple (Lv 16).

En même temps, la présence de cette pièce, de ce voile, et de ce rite annuel, montrait aux gens qu’il y avait toujours une sorte d’abîme infranchissable entre Dieu et les hommes ; Dieu étant trop pur pour autoriser le mal en sa présence, et les hommes trop pécheurs pour s’approcher de Dieu. Il fallait donc ce grand sacrifice annuel, et plein d’autres sacrifices quotidiens dans le temple pour représenter aux gens le prix qui devait être payé pour qu’il puisse y avoir une relation entre les hommes et Dieu.

Et là, au moment où les souffrances de Jésus ont atteint leur terme, au moment où « le calice est bu jusqu’à la lie », au moment où Jésus en avale la dernière goutte, l’auteur nous dit que ce fameux voile dans le temple est déchiré de haut en bas. Ce qui vient de se passer, c’est que les souffrances de Jésus ont atteint leur paroxysme, lorsqu’au verset 46, Jésus a l’impression d’être abandonné de Dieu lui-même. Ce qui se passe ici, c’est que Jésus fait l’expérience de l’enfer. Il a pris sur lui les péchés de tous les croyants de toute l’histoire, et il reçoit en lui-même, dans sa nature humaine, le jugement de Dieu à l’encontre de ces péchés, pour nous en délivrer. Par son sang qui a coulé sur la croix, Jésus vient d’offrir un sacrifice infiniment meilleur que celui des taureaux et des boucs ; un sacrifice d’expiation d’une valeur telle que le rideau qui sépare les hommes de la présence spéciale et glorieuse de Dieu n’a plus lieu d’être ! Maintenant, par Jésus, nous pouvons nous approcher de Dieu librement. Si nous nous appuyons sur Jésus, et sur ce qu’il a accompli, nous pouvons être certains que sa souffrance a expié nos péchés, et que Dieu nous autorise en sa présence.

Ce que l’auteur nous montre ici, après nous avoir montré que la souffrance de Jésus était complète, c’est que la souffrance de Jésus est aussi suffisante. C’est-à-dire qu’elle a accompli ce que Jésus était venu accomplir, à savoir… le déchirement du voile. Cette séparation millénaire entre les hommes et Dieu, qui remonte au péché d’Adam et Ève lorsque cette relation personnelle que l’homme avait avec Dieu a été brisée par la faute de l’homme, cette rupture est réparée. Cette intervention de Dieu dans l’histoire des hommes, pour accomplir une fois pour toutes tout ce qui était nécessaire pour que la relation entre les hommes et Dieu puisse être rétablie, cette intervention est arrivée ! Enfin ! Et l’auteur veut qu’on fasse l’expérience de ce soulagement et de cette joie indescriptible, à l’idée que ce dont nous avions tant besoin est enfin venu !

C’est comme si vous étiez gravement malade et que vous attendiez, depuis des années, une greffe d’organe. Mais comme souvent, l’organe qui sera précisément compatible avec votre groupe sanguin ou votre ADN, ce n’est pas quelque chose que vous pouvez aller acheter, vite fait, à Carrefour. Vous attendez, donc, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois et année après année, que votre médecin vous appelle pour vous annoncer cette bonne nouvelle. On va enfin pouvoir vous opérer et vous guérir de votre maladie !

Et le peuple d’Israël dans tout l’Ancien Testament attend aussi cette bonne nouvelle, et à travers le peuple d’Israël, c’est toute l’humanité qui attend. Et enfin, au premier chapitre du Nouveau Testament, l’ange apparaît à Joseph dans un songe, et lui dit : « Ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit, elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1.20-21). Et au chapitre 27 du même récit, après que ce Jésus a parachevé ses souffrances sur la croix, et que toutes ces prophéties se réalisent (cf. Ps 22) : « Voici, le voile du temple se déchira en deux du haut en bas » (v. 51).

3. Une souffrance efficace (v. 51b-56)

Dans ce passage, l’auteur veut donc nous faire prendre conscience de la portée extraordinaire de la crucifixion de Jésus, en nous rappelant, premièrement, que la souffrance de Jésus a été complète, c’est-à-dire qu’il n’en fallait pas moins pour accomplir ce qu’il était venu accomplir ; et en nous rappelant, deuxièmement, que la souffrance de Jésus a été suffisante, c’est-à-dire qu’il n’en faut pas plus pour accomplir ce qu’il était venu accomplir. Le voile est déchiré. C’est fait, une fois pour toutes.

Mais il y a encore un élément sur lequel je voudrais attirer votre attention rapidement avant de conclure. C’est le fait qu’immédiatement après la mort de Jésus, il y a des choses remarquables qui se passent, et que l’auteur prend soin de nous rapporter. Un tremblement de terre (v. 51b), des tombeaux qui s’ouvrent avec des gens qui reviennent à la vie (v. 52-53), la garde romaine qui fait volte-face et qui prononce une sorte de profession de foi (v. 54) ; et puis l’auteur mentionne la présence de plusieurs femmes qui observaient tout ça, dont les femmes qui, au chapitre suivant, seront les premiers témoins de la résurrection de Jésus. Je crois que l’auteur est en train de nous montrer qu’immédiatement après l’achèvement des souffrances de Jésus, il y a comme un retournement de situation « cosmique » qui s’est enclenché !

Dans ces quelques versets, l’auteur nous décrit le caractère efficace des souffrances de Jésus, c’est-à-dire que ces souffrances produisent un effet puissant (souligné par le tremblement de terre), qui est décrit ici sous forme de prémices, de façon emblématique en quelque sorte, un peu comme des signes annonciateurs. Il y a ces croyants décédés qui reviennent à la vie : il s’agit vraisemblablement de gens qui étaient morts depuis peu, et qui reviennent de la mort, un peu comme Lazare que Jésus avait ressuscité. C’est un peu mystérieux, mais il ne s’agit sûrement pas d’une résurrection définitive, mais plutôt de ce qu’on pourrait appeler une « ressuscitation ». Ces gens-là vont sûrement mourir de nouveau, mais néanmoins, leur retour à la vie est un témoignage de la puissance vivifiante de l’œuvre de Jésus accomplie par ses souffrances. C’est comme un signe spectaculaire qui pointe vers la résurrection finale et glorieuse promise à tous les croyants, en vertu de la mort et de la résurrection de Jésus lui-même.

Et puis il y a ces romains qui reconnaissent que Jésus est vraiment le messie, et il y a là aussi un signe qui pointe vers l’évangélisation des nations et vers le déploiement du règne de Jésus dans le monde entier. Enfin la présence de ces femmes anticipe leur présence au tombeau de Jésus deux jours plus tard, qu’elles trouveront vide, parce que Jésus sera ressuscité, le premier jour de la semaine, pour inaugurer le rétablissement de toutes choses (c’est-à-dire la réparation du monde, sous l’autorité de Jésus, cf. Ép 1.10).

L’auteur nous a donc montré que la souffrance de Jésus était complète, qu’elle était suffisante, et maintenant, qu’elle est efficace. Il n’en fallait pas moins, il n’en fallait pas plus, et ce que Jésus a accompli par sa souffrance, ça produit un effet puissant. C’est un peu comme quand j’ai préparé le vin chaud pour ce soir, et que j’ai mis dans le mélange un bâton de cannelle. Il n’en fallait pas moins pour réaliser la recette ; il n’en fallait pas plus non plus (un bâton, c’était suffisant) ; mais ce bâton de cannelle a aussi produit un effet puissant sur tout le vin chaud, puisque ce bâton complet et suffisant a répandu son arôme dans tout le mélange. C’est un peu ce que Jésus lui-même a dit concernant le royaume de Dieu qu’il était venu établir sur la terre par son œuvre à la croix :

« Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et introduit dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée. » (Mt 13.33)

Ce que Jésus a accompli est efficace. Sa souffrance a produit, et continue de produire, un effet puissant. Sa souffrance expie les péchés des croyants. Sa souffrance réconcilie les croyants avec Dieu pour toujours. Sa souffrance a fait trembler la terre. Sa souffrance a bouleversé la garde romaine, comme elle a transformé la vie de millions de personnes au cours des deux derniers millénaires.

Quel est l’effet de la souffrance de Jésus dans votre vie aujourd’hui ? Elle ne peut pas vous laisser indifférent. Elle nous oblige, d’abord, à nous positionner : celui-ci est-il vraiment le Fils de Dieu ? A-t-il vraiment offert le sacrifice ultime et définitif pour expier mes péchés et me réconcilier avec Dieu ? Est-ce que je me repose entièrement sur lui pour le pardon de mes fautes, est-ce que je compte sur lui pour pouvoir entrer dans la présence de Dieu ? Est-ce que j’ai une relation personnelle avec Dieu, fondée sur ce que Jésus a accompli ? Est-ce que cette relation avec Dieu conditionne ma vie, au point de me transformer, de changer mes priorités, de changer ma vision du monde, de changer mes aspirations et mes désirs ? Est-ce que la réalité des souffrances de Jésus en ma faveur se traduit en actes dans ma vie ? Est-ce que je participe à la diffusion irrépressible de cette bonne nouvelle dans le monde entier, à commencer par ma propre famille, mes propres amis, mes collègues et mes voisins ?

Alors vous voyez : je crains que la mort de Jésus ait été quelque peu banalisée. On sait que Jésus a été crucifié : dans nos églises évangéliques, on en parle beaucoup, et dans d’autres églises, la crucifixion de Jésus est d’une telle évidence… qu’on n’en parle plus ! Il n’y a plus besoin d’apprendre aux gens que Jésus est mort sur la croix. Du coup, que ce soit chez les croyants, chez les chrétiens de nom seulement ou chez les athées convaincus, on a perdu un peu le sens de l’extrême importance des souffrances de Jésus lors de sa crucifixion. Voilà, la mort de Jésus a été banalisée, et peut-être qu’elle a été banalisée chez vous comme chez moi, malgré nous. Nous nous y sommes quelque peu habitués !

Mais ça ne veut pas dire qu’il faut en parler moins ; ça veut dire qu’il faut en parler mieux. Il faut qu’on se rappelle, comme ce texte nous y a invités, que les souffrances et la mort de Jésus accomplissent précisément ce qu’il est venu accomplir. La souffrance de Jésus, symbolisée par la croix, commémorée par la sainte-cène, est une souffrance complète, suffisante, et efficace. Nous pouvons dire pour sûr, que la mort de Jésus coïncide avec le plus grand tournant dans l’histoire de l’humanité. Jésus est venu tourner cette page par sa souffrance, et c’est, fondamentalement, la raison de nos réjouissances à Noël. Il nous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur !

 

Copyright ©2024 Église Lyon Gerland.