"Le troisième jour, il est ressuscité des morts"

Par Alexandre Sarranle 8 août 2010

« Le troisième jour, il est ressuscité des morts ; il est monté au ciel ; il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant ; il viendra de là pour juger les vivants et les morts. »

Vous savez ce qui se passe, souvent, dans une pièce de théâtre, entre deux actes ? On tire le rideau (ou on éteint les lumières), et on change le décor. En changeant le décor, on change le contexte de l’action, et en fonction du décor qui est en place, on s’attend à voir les personnages se comporter d’une façon ou d’une autre. Si, au lever du rideau, on découvre le décor d’une chambre à coucher confortable et luxueuse, on ne s’attend pas à y voir se dérouler la même chose que si le décor représentait l’orée d’un bois, ou une ruelle étroite à la tombée de la nuit. Pensez-y un instant, à l’effet que le décor peut avoir sur la signification de ce qui se passe sur la scène, et posez-vous cette question : est-ce que vous savez quel est le décor de l’action qui se déroule aujourd’hui sous vos yeux ? Est-ce que vous savez quel est le décor de l’histoire dont vous êtes un personnage ? L’histoire des hommes n’est pas soumise au hasard, et elle ne s’inscrit pas dans l’inconnu. Beaucoup de gens l’ignorent, mais il y a un décor autour de la scène. Et c’est ce décor qui est censé conditionner la façon dont nous menons notre vie. Quel genre de folie serait-ce pour un acteur que de se précipiter sur la scène d’un théâtre, le soir d’une représentation, sans savoir quel est le scénario ? Beaucoup de gens affrontent leur existence exactement comme ça, y compris beaucoup de croyants. Nous vivons dans le flou, sans avoir conscience du cadre dans lequel s’inscrit notre vie, c’est-à-dire le décor qui est censé conditionner la façon dont nous menons notre vie aujourd’hui. Ce matin, justement, nous allons étudier un texte biblique où l’auteur plante le décor pour le dernier acte de l’histoire de l’humanité. Et l’idée qu’il faudra retenir est très subversive, mais la voici : c’est que notre vie se déroule en terrain conquis. Que les gens le sachent ou non, qu’ils soient d’accord ou non, cela n’y change rien : la vérité, c’est que le monde a un maître, et que nous lui sommes tous redevables.

1. La résurrection passée du Seigneur (v. 1-3)

Dans ce texte, l’auteur plante donc le décor du dernier acte de l’histoire de l’humanité, et ce décor est formidablement bien résumé par la section du Symbole des Apôtres qui nous intéresse particulièrement aujourd’hui, à savoir : « Le troisième jour, [Jésus-Christ] est ressuscité des morts ; il est monté au ciel ; il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant ; il viendra de là pour juger les vivants et les morts ». Vous avez remarqué que dans cette phrase, il y a trois temps qui sont employés : le passé, le présent et le futur. C’est parce que depuis la venue de Jésus, il y a trois choses qui définissent le décor de notre histoire. Trois réalités historiques qui établissent le cadre de notre vie, qui montrent que notre vie se déroule en terrain conquis, qui sont censées conditionner la façon dont nous menons notre vie aujourd’hui, et ces trois réalités historiques sont la résurrection passée du Seigneur, son règne présent, et son retour futur.

Tout d’abord, donc, voici ce qu’on peut dire au sujet de la résurrection passée du Seigneur : la résurrection de Jésus est l’événement le plus important de l’histoire. C’est pour cette raison qu’elle marque le passage du premier tome de Luc au second, c’est-à-dire de son Évangile au livre des Actes des Apôtres. C’est aussi pour cette raison que Luc insiste sur le fait que Jésus est apparu vivant à ses disciples avec plusieurs preuves (v. 3). Parce que si Jésus n’est pas vraiment ressuscité, ça remettrait tout en question. Il paraît qu’un jour, un journaliste a posé la question suivante à un évêque australien plutôt libéral : « Si on découvrait aujourd’hui la tombe de Jésus, avec ses ossements à l’intérieur, est-ce que ça remettrait votre foi en question ? » La réponse de l’évêque : « Mais pas du tout, car Jésus est ressuscité dans mon cœur ! ». Permettez-moi de vous dire deux choses : d’abord, que cet évêque apparemment ne croyait pas à la Bible (ni au Symbole des Apôtres) ; deuxièmement, que cette réponse est absolument insensée.

L’apôtre Paul dit que si Jésus n’est pas ressuscité, alors notre foi est vaine (1 Co 15.17). Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire que la résurrection de Jésus est un événement historique tellement important que si cet événement n’avait pas réellement eu lieu, tout le christianisme s’effondrerait comme un vulgaire château de cartes, et il ne nous servirait strictement à rien, aujourd’hui, ni d’aller à l’église, ni de lire la Bible, ni de prier, ni même de croire en Dieu. Imaginez que vous soyez un résistant sous l’occupation allemande, à Lyon en 1944. Le matin du 6 juin, le bruit commence à courir qu’environ 150,000 soldats alliés ont débarqué sur les plages de Normandie. Vraiment ? « Non, pas vraiment, mais ils ont débarqué dans mon cœur ! » Absurde ! Le débarquement du 6 juin 1944 est un événement historique qui a changé le cours des choses en Europe. De la même façon, la résurrection de Jésus est un événement historique qui a changé le cours des choses dans le monde ; c’est même l’événement le plus important de toute l’histoire.

Tout le Nouveau Testament repose sur la résurrection de Jésus. C’est après sa résurrection que Jésus a donné ses ordres de mission à l’Église (cf. v. 8, et Mt 28.18-20, Mc 16.15) et qu’il a envoyé l’Esprit-Saint (cf. v. 5, Lc 24.49, Jn 20.22). Sans la résurrection de Jésus, il n’y aurait pas eu d’Évangile à proclamer, ni de puissance par laquelle le proclamer, les nations seraient encore sous la domination du diable (Ph 2.15, Ap 20.3), et comme le dit Paul, si l’objet de notre foi est en réalité mort, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes (1 Co 15.19). En revanche, si nous reconnaissons que Jésus est bel et bien ressuscité, cela veut dire que nous devons vivre par conséquent comme si rien ne comptait plus dans la vie que Jésus. Pourquoi ? Parce que l’argent, ce n’est pas plus fort que la mort, ni la réputation, ni le look, ni l’amour de son petit ami, ni la santé, ni le sexe, ni l’écologie, ni le pouvoir politique, ni les œuvres caritatives… En ressuscitant, en vainquant la mort, Jésus a triomphé de toutes nos idoles, et si nous le croyons, nous devons vivre en conséquence.

2. Le règne présent du Seigneur (v. 4-9)

Deuxièmement, « Jésus est ressuscité le troisième jour, il est monté au ciel », et où est-il et que fait-il aujourd’hui ? « Il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant. » Voici donc ce qu’on peut dire au sujet du règne présent du Seigneur : le règne de Jésus exige que le monde abdique devant lui. Je crois qu’il faut corriger une fausse idée que nous nous faisons parfois. Lorsque la Bible parle de l’ascension de Jésus, et lorsque nous disons croire que Jésus est « monté au ciel », cela ne veut pas dire que Jésus s’est retiré en-dehors de la création, dans un univers lointain, séparé du nôtre, et qu’il nous a envoyé le Saint-Esprit pour compenser son absence (nous « consoler ») et pour faire l’intérim, en quelque sorte. Affirmer que Jésus est monté au ciel, cela ne veut pas dire qu’il a quitté la création, mais qu’il a été élevé au plus haut point de la création pour pouvoir régner sur toute la création, ciel et terre compris (Mt 28.18, Ép 1.20-22, Ph 2.9-10, Hé 2.7-8). Et le Saint-Esprit ne remplace pas Jésus ; le Saint-Esprit c’est la puissance de Jésus à l’œuvre dans le monde aujourd’hui.

Imaginez que vous ayez un collègue de travail, dans votre service, avec lequel vous ne vous entendez vraiment pas bien. Qu’est-ce que vous aimeriez le voir disparaître, celui-là ! Et bien un beau matin, vous vous rendez au travail, et voilà que son bureau a été totalement vidé. Aucune trace du collègue. Vous sautez de joie intérieurement, et mine de rien, vous demandez à un autre collègue : « Alors comme ça, Bernard ne travaille plus chez nous ? ». Et la réponse : « Ah non, c’est pas ça ; en fait, il a été promu à la direction du service. C’est lui notre patron, maintenant ! » Gloups. C’est drôle, mais c’est exactement la conclusion de la première prédication chrétienne, le jour de la Pentecôte (Ac 2.30-36). L’apôtre Pierre se présente devant les Juifs qui sont responsables de la mort de Jésus (et qui se réjouissent de la disparition de ce « collègue » qui les gênait), il leur parle de la promesse que Dieu avait faite au roi David de faire asseoir un de ses descendants sur son trône et de le faire régner éternellement, et il dit que cette promesse s’est réalisée avec Jésus-Christ, par sa résurrection d’entre les morts, son ascension dans les cieux, et son intronisation à la droite du Père. « C’est lui votre patron, maintenant ! » (cf. Ac 2.36).

Le « saint patron » de la France, ce n’est pas Notre Dame de l’Assomption, ni Jeanne d’Arc, ni Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, mais le Saint Patron de la France, comme du monde entier, comme d’ailleurs de tout l’univers, c’est Jésus-Christ le Seigneur. Jésus ne peut pas monter plus haut qu’au ciel ; depuis la droite de Dieu, il compte maintenant déployer son règne dans nos vies et dans le monde, par la puissance de l’Esprit-Saint qu’il a déversé sur l’Église. Cette réalité, les disciples ne l’avaient pas comprise tout de suite, et c’est pourquoi, avant l’ascension de Jésus et le déversement de l’Esprit, ils en sont encore à lui demander la date du rétablissement d’un royaume terrestre pour Israël. Mais en substance, la réponse de Jésus consiste à leur dire qu’ils sont eux-mêmes le nouvel Israël, et que la puissance du Saint-Esprit va leur servir précisément à proclamer le nom du Roi des rois, et son règne éternel, jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1.8 avec És 43.10-12).

S’il est vrai que Dieu a couronné Jésus de gloire et d’honneur, qu’il l’a établi sur les œuvres de ses mains, et qu’il a mis toutes choses sous ses pieds (Hé 2.7-8), qu’est-ce que cela veut dire pour nous, concrètement ? Cela veut dire qu’il n’y a pas un seul domaine de notre vie, ni du monde qui nous entoure, qui ne concerne pas Jésus. Comme le dit Luc au début de ce passage, Jésus n’a pas arrêté d’agir ni d’enseigner lorsqu’il est monté au ciel (Ac 1.1-2). Il continue d’agir par la puissance de son Saint-Esprit, et il continue d’enseigner par le moyen de sa Parole, la Bible. C’est comme ça qu’il déploie son autorité dans tous les domaines de notre vie. Voici comment Paul voit les choses :

« Nous renversons les raisonnements, et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ. » (2 Co 10.4-5)

Est-ce que c’est dans cette perspective que vous priez, que vous lisez la Bible, que vous participez au culte, que vous élevez vos enfants, et que vous envisagez toute votre vie ?

3. Le retour futur du Seigneur (v. 10-11)

Troisièmement, le retour futur du Seigneur. Et voici ce qu’on peut dire à ce sujet : le retour de Jésus motive les hommes à lui être fidèles. Qu’est-ce qui se passe dans le texte ? Jésus vient juste de confier une mission à ses disciples : ils doivent retourner à Jérusalem, et attendre que le Saint-Esprit leur soit donné. Mais que font-ils, une fois que Jésus les a quittés ? Ils restent sur place, les regards fixés vers le ciel. Jésus doit leur envoyer deux anges pour mettre les points sur les i (v. 10-11) ! Très explicitement, les anges leur expliquent que Jésus reviendra de la même manière dont il est parti. Le retour futur du Seigneur n’est pas un concept philosophique mais c’est un événement à venir. C’est une réalité historique inéluctable, qui sera également indéniable (Ap 1.7).

Pour les disciples, le fait de prendre conscience de cette réalité les a poussés à obéir à l’ordre de Jésus : ils retournent à Jérusalem, se réunissent en église, et persévèrent dans la prière en attendant la puissance que le Seigneur leur avait promise et qui leur permettrait ensuite d’accomplir leur grande mission. Les disciples avaient entendu Jésus parler de son retour, pendant les trois années où ils l’ont côtoyé, et ils savaient, en gros, ce qui allait se passer ce jour-là. « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire », avait-il dit, « il séparera les uns d’avec les autres, et aux uns, il dira : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Mais aux autres : Retirez-vous de moi, maudits, allez dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges. » (Mt 25.31-46). Les disciples savaient que Jésus reviendrait pour juger les vivants et les morts, et pour mettre un terme à l’histoire. Et cela leur a donné une perspective pour le présent.

Comment devons-nous réagir si nous croyons à cette réalité inéluctable ? Et bien que feriez-vous si vous étiez un voyou pris en chasse par les forces bienveillantes de la police, et que vous vous retrouviez au fond d’une impasse, dos au mur, et que vous entendiez une voix au loin, une voix autoritaire mais paternelle, qui vous lance : « Mon garçon, si tu entends ma voix, ne résiste pas, mais rends-toi maintenant pendant qu’il en est encore temps ! » Que feriez-vous ? Au sujet de l’appel que le Seigneur nous adresse, la Bible dit : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Hé 4.7). Le jour vient où il sera trop tard pour décider d’être fidèle à Jésus. C’est maintenant qu’il faut déposer les armes à ses pieds, et recevoir le pardon de nos péchés qu’il a acquis au prix de son propre sang. C’est maintenant qu’il faut accueillir son règne bienfaisant dans tous les domaines de notre vie. Le jour vient où il sera trop tard pour le faire, et l’apôtre Pierre dit que « le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de sa promesse », mais qu’il « use de patience envers vous, il ne veut pas qu’aucun périsse, mais il veut que tous arrivent à la repentance » (2 Pi 3.9).

Pour conclure : nous appartenons aujourd’hui à l’épisode de l’histoire de l’humanité qui a commencé au début du livre des Actes. Le décor qui est planté dans le texte que nous avons étudié est le même aujourd’hui. « Le troisième jour, [Jésus] est ressuscité des morts ; il est monté au ciel ; il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant ; il viendra de là pour juger les vivants et les morts. » Vous voyez que notre vie, aujourd’hui, se déroule en terrain conquis. Le monde a un maître, et nous lui sommes tous redevables. Ce dernier chapitre de l’histoire est encadré par la résurrection passée du Seigneur, son règne présent, et son retour futur. Nous avons vu que la résurrection de Jésus était l’événement le plus important de l’histoire ; que le règne de Jésus exigeait que le monde abdique devant lui ; et que le retour de Jésus devait motiver les hommes à lui être fidèles. Maintenant que le décor est planté, comment ce décor va-t-il conditionner votre vie à partir d’aujourd’hui ? Voici ce que je vous propose : je vous invite à identifier une idole dans votre vie, une chose dans votre vie qui concurrence le Seigneur, et à la déposer dès aujourd’hui, dans la repentance, aux pieds du Roi des rois, le Fils unique qui s’est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant. Et voici ce que dit Jésus :

« Le Père a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5.22-24)

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