"Je crois en Jésus-Christ"

Par Alexandre Sarranle 25 juillet 2010

« Je crois en Jésus-Christ son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la Vierge Marie. »

Introduction

Qu’est-ce que ça veut dire, de se dire « chrétien », c’est-à-dire d’adhérer à Jésus-Christ ? Pratiquement un tiers de la population du monde se reconnaît dans ce qualificatif, mais être un partisan de Jésus-Christ, ça ne veut pas dire la même chose pour tous ceux qui disent en être un. Je lisais récemment une prédication donnée par le pasteur d’une église réformée dans le 17ème arrondissement de Paris, membre de la Fédération Protestante de France, et quel ne fut pas mon effroi quand j’ai lu ces mots : « Aujourd’hui, certains pensent qu’il est indispensable pour être chrétien de croire que Jésus soit Dieu, cela découlant de la doctrine de la Trinité. Or tout cela est très discutable. […] Je crois qu’on devrait donc sortir de cette fausse obligation qui imposerait aux chrétiens d’affirmer que Jésus est Dieu. On peut le croire, certes, mais on peut aussi ne pas le croire. […] Personnellement, je ne peux pas dire que Jésus soit Dieu… » Vous voyez qu’on peut même être un pasteur au sein de la FPF et avoir une compréhension très ambigüe de ce que ça veut dire de croire en Jésus-Christ. Aujourd’hui, nous allons poursuivre avec le deuxième volet de notre série de prédications inspirée du Symbole des Apôtres, et nous allons nous intéresser au début de la section consacrée à Jésus-Christ, avec cette phrase prononcée par des millions de chrétiens depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne : « Je crois en Jésus-Christ son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la Vierge Marie ». Afin de comprendre ce que cela veut dire que de croire à cela et de l’affirmer comme un élément fondamental de la foi chrétienne, nous allons étudier un texte que nous lisons traditionnellement à l’approche de Noël : Luc 1.26-35. Ce passage est le premier, dans l’Évangile de Luc, où il est question de Jésus. Et nous allons voir que le Jésus de la foi chrétienne est une personne précise. Ce n’est pas un nom derrière lequel on peut mettre n’importe quoi. La question que je vous pose, c’est donc : votre Jésus est-il le Jésus ?

1. Croire au vrai Jésus (v. 26-27)

La première chose qu’il faut voir dans ce texte, c’est que le Jésus de la foi chrétienne est un personnage historique. Jonah nous disait la semaine dernière que la foi chrétienne ce n’est pas une conjecture. Ce n’est pas croire en quelque chose que nous ne connaissons pas, ni en n’importe quoi qui pourrait nous rendre heureux. La foi chrétienne est intelligente, raisonnable, informée, factuelle. Avez-vous déjà lu les paroles introductives de Luc au début de son Évangile (v. 1-4) ? Avez-vous remarqué la manière dont Luc introduit son récit avec des informations relatives au moment et à l’endroit où ces faits se sont déroulés, et à l’identité précise des personnes concernées (v. 5) ? Ayant raconté l’apparition de l’ange Gabriel à Zacharie pour lui annoncer la grossesse de sa femme Élisabeth et la naissance à venir de Jean-Baptiste, Luc poursuit en racontant ce qu’il s’est passé « au sixième mois » de la grossesse d’Élisabeth, « dans une ville de Galilée du nom de Nazareth », avec une jeune femme nommée Marie, « fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David » (v. 26-27). Le Jésus de la foi chrétienne est un personnage historique, et si vous voulez savoir comment il est, lisez la Bible.

Il y a vingt-cinq ans, un groupe de chercheurs s’est formé aux États-Unis pour entreprendre une quête du Jésus historique. À travers ses publications, ce groupe (appelé « Jesus Seminar ») a eu une influence importante, jusque dans le tournage et la diffusion par la chaîne Arte d’une série de documentaires qui a été très suivie dans les années 90, appelée Corpus Christi. Ces chercheurs, persuadés que la Bible était composée de documents qui avaient été romancés par leurs rédacteurs ou par l’Église au fil de l’histoire, ont développé une méthode incroyablement efficace pour découvrir qui était le Jésus de l’histoire, le vrai Jésus : ils ont pris les Évangiles, et pour chaque élément concernant la vie de Jésus, ils ont procédé à un vote, par lequel chaque participant devait choisir entre quatre possibilités : 1. « J’inclurais sans aucune hésitation cette information dans la base de données servant à déterminer qui était Jésus », 2. « J’inclurais cette information avec certaines réserves (ou certaines modifications) dans la base de données servant à déterminer qui était Jésus », 3. « Je n’inclurais pas cette information dans la base de données principale, mais j’en utiliserais certains éléments pour déterminer qui était Jésus », ou 4. « Je n’inclurais pas cette information dans la base de données servant à déterminer qui était Jésus ». À votre avis, qu’est-ce que ces chercheurs ont fait de la naissance virginale de Jésus, de ses miracles ou de sa résurrection ?

Mais le vote d’une centaine de chercheurs ou plus ne change rien à qui est vraiment Jésus, ni au témoignage fiable que lui rend l’Écriture sainte, dont l’authenticité et l’autorité sont mille fois mieux attestées que les opinions d’un groupe de bonhommes vouant un culte à leur propre intelligence. Luc n’introduit pas son récit de la vie de Jésus en disant : « Un jour j’ai eu une étrange expérience spirituelle, avec des drôles de visions, et je vais essayer d’en parler en utilisant des images et en faisant de la poésie, et je vous laisserai faire le tri », mais plutôt : « Il m’a semblé bon à moi aussi, après avoir tout recherché exactement depuis les origines, de te l’exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus » (v. 3-4). Luc était quelqu’un d’intelligent et de méthodique, un médecin ; et quoi de mieux qu’un médecin pour témoigner d’une naissance virginale ou de la résurrection d’un mort ? Premier point, donc : le Jésus de la foi chrétienne n’est ni le fruit de l’imagination débordante de quelques illuminés des premiers siècles, ni le résultat du dépouillement des votes d’un groupe de chercheurs rationalistes du xxème siècle, mais Jésus est un personnage historique que l’on peut connaître à travers la Bible. Le Jésus de la Bible, c’est le Jésus de l’histoire. C’est le vrai Jésus et le seul Jésus qui soit vrai. Est-ce que c’est votre Jésus ?

2. Croire au Seigneur et Christ (v. 28-33)

La deuxième chose qu’il faut voir dans ce texte, c’est que le Jésus de la foi chrétienne est un Maître suprême. L’ange Gabriel apparaît à Marie, lui annonce qu’elle va devenir enceinte, que le bébé sera un garçon, et… roulement de tambour… qu’elle devra l’appeler Jésus. Et ensuite, voyez de quelle façon Jésus est présenté, pour la première fois, dans l’Évangile (v. 32-33). C’est incroyable : ce fils qui doit naître va accomplir l’espérance millénaire du peuple de Dieu. Dieu lui-même l’a d’avance désigné pour être l’héritier du trône du grand Roi David et pour régner sur son peuple pour toujours ! C’est le Messie tant attendu, c’est-à-dire le « Christ ». Mais avez-vous remarqué qu’il n’y a aucune mention de la croix ? Jésus apparaît sur la scène pour la première fois dans l’Évangile (c’est sans doute même la première fois que son nom est mentionné dans l’histoire), et il n’est question que de son règne suprême et éternel. Aucune mention de ses souffrances. Pourquoi ? Parce que le but de la venue de Jésus ce n’est pas la croix, mais le trône. La croix a été le chemin du trône. Le Jésus que nous adorons aujourd’hui, ce n’est pas un serviteur souffrant, mais c’est un Seigneur exalté. Le Jésus de la foi chrétienne est un Maître suprême, et il a autorité dans nos vies.

C’est ce que nous affirmons avec le Symbole des Apôtres : « Je crois en Jésus-Christ, […] notre Seigneur ». Il n’est pas dit : « notre sacrifice expiatoire », ni « notre substitution », ni même « notre Sauveur », mais : « notre Seigneur ». Imaginez qu’un jour, vos petits-enfants vous demandent : « C’était qui, Nicolas Sarkozy ? ». Est-ce que vous leur répondrez : « Nicolas Sarkozy, c’était un maire ; le maire de Neuilly-sur-Seine pour être exact. » ? Bien sûr que non. Le Nicolas Sarkozy de l’histoire, c’est avant tout le président de la France. De la même façon, le Jésus de la foi chrétienne, c’est avant tout le Seigneur et le Christ. En naissant parmi nous, Jésus a entamé un chemin et une mission qui ne se sont pas arrêtés à la croix, ni au tombeau, ni même au tombeau vide, mais au trône de David. Jésus a été intronisé, et il règne éternellement, sur tout l’univers ! C’est ce que Jésus a dit à ses disciples avant de les quitter, au moment de son ascension :

« Voici, tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Mt 28.18)

C’était le but depuis le départ, et la mission a été accomplie, par le moyen de la croix et de la résurrection. C’est aussi ce que Pierre a proclamé très publiquement le jour de la Pentecôte :

« Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. » (Ac 2.36)

Et c’est pour cette raison que nous disons croire en Jésus, le « Christ », notre « Seigneur ».

Je crains que parfois, le Jésus de notre foi ressemble davantage au petit bébé vulnérable dans les bras de Marie, ou à l’humble prophète itinérant et pacifiste qui parcourt la Galilée en sandales, ou à l’homme meurtri et ensanglanté sur la croix, comme nous le voyons si souvent représenté dans les tableaux, plutôt qu’au Roi des rois qui gère l’univers depuis son trône suprême et auquel toutes les nations sont promises en héritage. À une époque où nous sommes complexés vis-à-vis des notions d’autorité et de soumission, où il est de bon ton de parler de l’amour de Dieu mais pas trop de sa justice, et où il est plus agréable de penser à Jésus comme à l’ami des pauvres et des affligés plutôt qu’à celui qui va un jour séparer les brebis des boucs et jeter ces derniers dans un feu éternel (Mt 25.31-46), combien il est important que nous affirmions, avec le Symbole des Apôtres, que Jésus est Christ et Seigneur ! Le Jésus de la foi chrétienne est un Maître suprême, et il compte déployer son autorité bienveillante dans nos vies, par le moyen de sa Parole. Est-ce que c’est votre Jésus ?

3. Croire au Fils de Dieu (v. 34-35)

La troisième chose qu’il faut voir dans ce texte, c’est que le Jésus de la foi chrétienne est un Sauveur parfait. Le Catéchisme de Heidelberg l’explique de la manière suivante : « Quel profit te revient-il de la sainte conception et de la naissance du Christ ? – Qu’il est notre médiateur et que, par son innocence et sa parfaite sainteté, il couvre devant la face de Dieu mon péché dans lequel j’ai été conçu » (Q36). La naissance virginale de Jésus est un miracle exceptionnel, inexplicable par définition, mais c’est un fait historique. Comment est-ce possible ? L’ange Gabriel répond à cette question (qui est celle de Marie avant tout) au verset 37 : « Rien n’est impossible à Dieu ». Ceux qui nient la naissance virginale de Jésus sont des révisionnistes qui fondent leur méthodologie sur des présupposés rationalistes. Mais si vous croyez en Dieu, ce verset 37 devient pour vous un présupposé. Jésus est donc né d’une vierge, par une action spéciale du Saint-Esprit agissant par la puissance de Dieu (v. 35). C’est un événement extraordinaire et unique, certes, mais ce n’est pas irrationnel. Et la naissance virginale de Jésus est significative pour trois raisons. D’abord, parce que d’après la prophétie d’Ésaïe, le Messie devait naître d’une vierge (És 7.14). Ensuite, parce que le fait que Jésus n’ait pas de père biologique humain montre qu’il a été conçu et qu’il est né sans péché, contrairement à tous les autres êtres humains qui ont jamais existé depuis les enfants d’Adam et Ève. Enfin, parce que cela montre que Jésus est le Fils unique de Dieu.

Admirez la présence de la Trinité dans la parole de l’ange Gabriel au verset 35 ! C’est très mystérieux, comme d’ailleurs la conception de n’importe quel être humain, mais la naissance virginale de Jésus atteste sa double nature : pleinement homme et pleinement Dieu en même temps. Cette doctrine est fondamentale, parce que de trois choses, l’une : si Jésus n’était pas un homme, il n’aurait pas pu s’offrir en sacrifice de substitution pour des hommes, et la Bible dit que Jésus est mort sur la croix à la place de tous les êtres humains qui se confient en lui, pour payer la dette de leurs péchés. Deuxièmement, si Jésus était un homme, mais pas un homme parfait, c’est-à-dire sans péché, il n’aurait pu absolument rien faire pour nous, puisqu’il aurait eu exactement le même besoin que nous. Enfin, si Jésus n’était pas Dieu, son sacrifice en tant que simple homme, même parfaitement innocent, n’aurait pas été à la hauteur des exigences de la justice divine. Notre dette vis-à-vis de la parfaite justice de Dieu est infinie, à cause de notre péché ; il fallait donc qu’un prix infini soit payé pour nous en libérer. Et Jésus, le Fils unique de Dieu, a payé ce prix, en faveur de tous ceux qui se confient en lui.

Imaginez un jeune enfant dont le père est un artiste-peintre très doué. Un jour, son père lui montre sa plus belle œuvre, un magnifique tableau qu’il vient de terminer. Quelques jours plus tard, l’enfant se fait disputer pour une bêtise quelconque. L’enfant le prend très mal, et dans sa colère, il va dans l’atelier de son père, saisit le chef-d’œuvre que son père vient de terminer, et le déchire en mille morceaux. Catastrophe ! Maintenant, l’enfant a une dette envers son père. Mais qu’est-ce qui pourrait remplacer un tel tableau ? Qu’est-ce que l’enfant peut trouver à offrir qui soit à la hauteur du talent de son père ? Rien du tout. Rien d’autre n’est digne du talent de son père que le talent de son père. C’est pourquoi il n’y a que son père lui-même qui peut remplacer le tableau qui a été déchiré, et régler la dette de son enfant. De la même façon, Dieu seul pouvait régler la dette que nous lui devions à cause de nos péchés, et c’est la raison pour laquelle Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ. Parce que rien d’autre n’est à la hauteur de la justice de Dieu le Père que la justice de Dieu le Fils. C’est pourquoi « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3.16). Voici en tout cas ce qu’il faut retenir : croire que Jésus est le Fils unique de Dieu, qu’il a été conçu du Saint-Esprit et qu’il est né de la vierge Marie, c’est croire que Jésus est capable de sauver parfaitement tous ceux qui placent leur confiance en lui. Est-ce que c’est votre Jésus ?

Conclusion

Vous voyez donc que le Jésus de la foi chrétienne est une personne précise. On ne peut pas croire n’importe quoi au sujet de Jésus. Avec le Symbole des Apôtres, nous disons croire au vrai Jésus, au Jésus de l’histoire, que nous pouvons connaître à travers la Bible. Nous disons croire au Seigneur et Christ, qui est venu accomplir l’espérance millénaire de l’humanité et s’asseoir sur le trône de l’univers pour déployer son règne bienveillant dans le monde et a fortiori dans nos vies. Nous disons croire au parfait Sauveur, le seul capable, en vertu de sa nature pleinement humaine et pleinement divine à la fois, et en vertu de son sacrifice à la croix et de sa résurrection, de garantir pleinement le pardon de nos péchés et notre vie éternelle. Jésus est une personne précise. Mais est-il l’objet de votre foi ? Si oui, voici l’exhortation de l’Apôtre Paul :

« Comme vous avez reçu le Christ-Jésus, le Seigneur, marchez en lui ; soyez enracinés et fondés en lui, affermis dans la foi d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâce. » (Col 2.6-7)

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