La condition humaine

Par Jonah Haddadle 27 juin 2010

Si on étudie l’anthropologie, on va découvrir que les civilisations du monde présentent une grande diversité.  Les cultures humaines sont très variées.  Les coutumes sont différentes, les unes des autres ; la cuisine est différente ; les façons de s’habiller sont différentes, etc.  Mais il y a quelque chose qui reste le même partout : c’est la condition humaine.  Et qu’est-ce que ça veut dire « la condition humaine » ? Ça veut dire que toute personne vivante vit avec une opposition dans son cœur.  C'est-à- dire que tout le monde vit dans la grandeur et dans l’atrocité en même temps.

Aujourd’hui, je voudrais étudier deux textes bibliques qui sont tout à fait différents l’un de l’autre.  Les deux sont des Psaumes de David, et les deux parlent de la condition humaine, mais l’un nous parle de la grandeur de l’homme, et l’autre, de la vilenie de l’homme.  En étudiant les 2 Psaumes, nous verrons que nous vivons dans un véritable paradoxe.

En fait, en réponse à la position biblique concernant la condition humaine, le philosophe français, Blaise Pascal, a fait remarquer (je cite) :

« Quelle chimère est-ce donc que homme ?  Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ?  Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers. »

Comment faire sens de ce paradoxe ?  Comment comprendre la condition humaine ?  Comment comprendre l’idée de la création, de la chute, et de la rédemption dans nos vies ?  Nous commençons par regarder le Psaume 8 :

Psaume 8

Le Psaume 8 est un beau cantique qui fait monter une louange vers Dieu le créateur.  Le texte parle de la création au-dessus de laquelle Dieu a établi sa souveraine autorité.  Le Psaume dit que Dieu règne au-dessus des 3 niveaux de la création : le ciel, la terre, et la mer.  Ça signifie que l’autorité de Dieu s’étend sur tout l’univers.  David, le psalmiste, prétend que Dieu a fondé sa force.  En fait, Dieu a ordonné qu’on le loue.  Dans les premiers versets, David dit que personne ne peut vaincre Dieu.  La gloire de Dieu est définitive dans l’univers.  Il dit aussi que Dieu est magnifique.  La magnificence est un attribut royal.  C’est une caractéristique qui évoque la puissance dans la victoire et dans le jugement.  Le Psaume entier est donc un cantique de louange.

Mais, ce qui est intéressant c’est que le Psaume continue avec un discours qui concerne l’homme.  Les versets 4 et 5 disent que la faible et minuscule humanité est l’objet de l’affection de Dieu.  Bien que l’homme soit insignifiant comparé à l’immensité de l’univers, Dieu l’aime.  L’idée n’est pas que Dieu se souvient de l’homme tel qu’il était seulement avant la chute, mais il se souvient aussi de l’homme maintenant.  Nous demeurons l’objet de l’amour de Dieu.  Au verset 5, David demande, « qu’est-ce que l’homme ? »  Il y a deux sens évidents à cette question.  D’une part, c’est une question rhétorique, parce que David a déjà répondu à cette question, et en plus il va continuer à répondre à cette question dans les versets qui suivent.  Mais, d’un autre côté, c’est une exclamation.   L’homme bénéficie d’une considération spéciale, et vit une relation avec Dieu qui n’existe pas parmi les animaux.

Donc, qu’est-ce que l’homme ?

David a employé quelques expressions importantes pour expliquer ce que nous sommes.  D’abord, le verset 6 dit que l’humanité a été faite un peu inférieure à Dieu.  Mais, qu’est-ce que ça veux dire, « un peu inférieur à Dieu » ?  L’idée n’est pas que l’homme est divin.  Par contre, ça signifie que Dieu nous a créés dans une position spéciale.  C’est une position prestigieuse.  Selon Genèse 1 :26-27 nous avons été créés à l’image de Dieu.  En commentant les paroles de l’apôtre Paul dans Eph. 4 :24 et Col. 3 :10 au sujet de l’image de Dieu, Jean Calvin dit que cette image contient un jugement juste, une intelligence parfaite, une volonté libre, des affections correctes, et des émotions convenables.  Par ailleurs, les Textes de Westminster résument ces deux versets en disant… (Je veux lire une partie de l’article IV.2)

Il est évident, donc, que l’homme est quelque chose d’extraordinaire.

Ensuite, et deuxièmement, nous avons été couronnés de gloire et de splendeur.  Nous vivons dans une situation de royauté.  Contrairement aux idées du matérialisme métaphysique qui dit que nous sommes des animaux, la Bible dit clairement que nous sommes la création spéciale de Dieu.  Nous avons une raison, un sens moral, et une capacité cognitive extraordinaire.  Enfin, nous avons la domination sur les œuvres de Dieu.  Nous avons la capacité de découvrir et de comprendre la création de Dieu.  Selon le Psaume 8, l’homme est fabuleux.

Si nous regardons le monde aujourd’hui, il est évident que nous sommes capables de choses extraordinaires.  Et la grandeur de l’homme est évidente autour de nous.  Ici à Lyon, on peut voir l’architecture exceptionnelle des ruines Romaines, ou de la basilique néo-byzantine à Fourvière.  On peut découvrir les créations gastronomiques de Paul Bocuse, et les innovations scientifiques des frères Lumières, et des autres aussi.  En fait, on voit que les peuples sont capables de faire beaucoup de grandes choses ; tous les peuples possèdent la raison, ils ont une capacité artistique, une conscience morale, etc.  Nous sommes grands, nous sommes glorieux, nous sommes merveilleux !  Mais, et il y a toujours un « mais » : avant d’avoir une opinion trop élevée de nous-mêmes, il nous faut étudier le Psaume 14, et découvrir le revers de la médaille, l’autre dimension de notre condition.  On a vu la création, et maintenant on va voir la chute.

Psaume 14

Le personnage principal dans ces versets, c’est quelqu’un qui s’appelle l’insensé, ou le fou ou l’imbécile, si vous voulez.   Ce fou s’est corrompu, il a commis des actions horribles, il est perverti.  Le texte est clair.  C’est facile de voir ce qu’est le fou, mais la question la plus importante est : qui est le fou ?  Qui est cette personne qui dit dans son cœur : il n’y a point de Dieu ?

Premièrement, il est important de comprendre que le fou n’est pas un athée.  Je pense qu’à l’époque où les Psaumes ont été écrits, le véritable athéisme n’existait pas.  Le contexte de ce passage montre que le fou, c’est quelqu’un qui vit contre Dieu.  C’est quelqu’un qui vit comme si Dieu ne pouvait pas le voir.  Ce n’est donc pas quelqu’un qui croit que Dieu n’existe pas.

Deuxièmement, la stupidité morale qui définit le fou, c’est quelque chose qui parcourt toute l’humanité.  On trouve cette idée dans l’épitre aux Romains 3 :9-10 où Paul dit… (Je lis le texte)  De même, on trouve dans le livre de Jérémie 17 :9 que « le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est incurable ! »

Nous voyons clairement que l’homme est tombé de la position merveilleuse qu’il avait ; nous voyons clairement les effets de la chute ; et en fait, nous voyons que franchement, c’est nous les fous.  C’est nous, vous et moi, qui sommes les insensés.  Nous vivons dans le paradoxe de la condition humaine : les effets de la création et de la chute.  Si on y réfléchit un peu, c’est facile de penser à des expériences qui prouvent cette réalité dans notre propre vie.

Moi, j’ai beaucoup d’exemples de moments dans ma vie où j’ai vécu contre Dieu, dans des défis flagrants.  Par exemple, quand j’étais adolescent, j’ai fréquenté une église où le pasteur avait toujours des bouteilles de Coca dans le frigo, qu’il buvait lui-même pendant la semaine.  Il y avait donc 20 ou 30 bouteilles qu’il gardait dans la cuisine de l’église.  Mais un jour, après une réunion du groupe de jeunes, moi et un gang de crapules nous nous sommes glissés dans la cuisine de l’église et nous avons volé tout le Coca.  On a bu quelques bouteilles et le reste, on l’a jeté dans la rue.  C’était un comportement horrible.  J’imagine que si je l’avais demandé au pasteur, il m’aurait laissé avoir du coca, mais à ce moment-là, mon désir était de faire le mal.

Mais le pire, c’est que le dimanche d’après, il m’a demandé qui a volé le coca et j’ai menti.  Moi et mes copains étions assis à l’arrière de l’église quand on a entendu le pasteur s’approcher de nous, et d’une voix profonde et rauque, il a dit : Où est mon Coca ?  Personne n’a bougé.  Mais de nouveau, on a entendu la voix, qui a dit : Où est mon Coca ?  Et c’est à ce moment là que je me suis retourné et que j’ai dit : quel Coca ?  Je n’étais pas juste un voleur, mais aussi un menteur.  J’ai agi contre Dieu, et en fait, j’ai agi comme si Dieu n’existait pas, ou comme s’il n’avait pas vu ce que j’avais fait.

Ça c’est le paradoxe de la condition humaine.  Nous nous sommes enlisés dans les effets de la chute.   C’est encore Blaise Pascal qui a dit « Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même.  Humiliez-vous, raison impuissante !  Taisez-vous, nature imbécile, apprenez que l’homme dépasse infiniment l’homme et entendez de votre maître votre condition véritable que vous ignorez.  Ecoutez Dieu. »

Il y a beaucoup de sagesse dans cet invitation  à écoutez Dieu.  Après tout, comment réconcilions-nous la création avec la chute ?  Comment réconcilions-nous notre grandeur avec notre misère et notre atrocité ? Y-a-t-il un espoir d’échapper à notre condition humaine ?

Réconciliation en Christ

La réponse au paradoxe de la condition humaine se trouve en Jésus Christ.  C’est Christ, lui-même, qui réconcilie la condition humaine ; c’est Christ, lui-même, qui donne la seule réponse possible à ce problème ; et c’est Christ, lui-même, qui donne la rédemption en réponse à la chute.  Notre condition est un témoignage de la vérité des Psaumes 8 et 14, et les Psaumes 8 et 14 révèlent la réalité de la condition dans laquelle nous vivons à chaque instant.

Il n’y a aucune autre religion ou supposition philosophique qui peut répondre à cette question.  Par exemple, l’Islam nie la réalité de la dépravation de l’humanité.  Cette idée nie le besoin de rédemption, parce qu’elle nie la réalité de la gravité de nos péchés.  De la même façon, le Bouddhisme nie que la condition humaine existe.  La philosophie orientale prétend que le bien et le mal sont une illusion et que nous devons fuir la réalité dans laquelle nous vivons.  Enfin, pour les athées, la condition morale de l’homme est un problème génétique.  Pour eux, il n’y a pas de vrai problème, et l’évolution est la seule solution pour changer notre comportement.

Mais le problème est évident et ce problème exige une réponse.  Il ne faut pas chercher très longtemps pour découvrir que le problème est réel.  Regardez les merveilles architecturales ici en France : le Louvre, Versailles, le tour Eiffel.  Regardez les peintures de Claude Monet ou de Jaques-Louis David.  Ecoutez la musique de Jean-Philippe Rameau.  Mais n’oubliez pas les horreurs du Nazisme en France pendant la deuxième guerre mondiale.  N’oubliez pas la violence, le racisme, et l’immoralité qui existent aujourd’hui.  Nous sommes, à la fois, merveilleux et atroces.

Il n’y a que le Christianisme qui soit assez honnête pour reconnaître le problème et la solution.  Il n’y a que Dieu qui puisse défaire ce que l’homme a fait.  Il n’y a que Dieu en Christ-Jésus qui puisse restaurer notre esprit.  (Ep. 2.1, 4-5 ; 2 Pi 1.3-4)

L’histoire de l’humanité c’est l’histoire de la création et de la chute, mais en Christ, c’est aussi l’histoire de la rédemption.

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