La sortie du tunnel

Par Alexandre Sarranle 11 octobre 2009

Introduction

Vous vous sentez au fond du trou. Déçu, perplexe et désorienté. Vous ne comprenez pas ce que Dieu est en train de faire dans votre vie, pourquoi il permet de telles épreuves. Il y a deux semaines, lorsque nous avions étudié la première partie de ce chapitre, nous avions retenu une idée toute simple : notre vie est précaire ici-bas, et rien au monde ne peut nous prémunir contre le plan parfois incompréhensible de Dieu. Et bien vous voilà au cœur de la tourmente. En pleine incompréhension devant le plan souverain de Dieu, dans le cadre de votre vie familiale, de votre vie professionnelle, de votre vie d’église… Et vous n’attendez qu’une seule chose : la sortie du tunnel. Rappelez-vous que Paul et ses compagnons ont connu le même désespoir au milieu de cette terrible tempête ; malgré la promesse de Dieu (Ac 23.11), ils avaient « perdu finalement toute espérance d’être sauvés » (v. 20). Au creux de la vague, si j’ose dire, Paul est en train de réviser sa théologie ! « Et si, en fin de compte, Dieu n’était pas tout-à-fait souverain ? Et s’il avait, en fait, perdu le contrôle de la situation ? Et si ses plans avaient, finalement, été contrecarrés ? » Mais la suite de l’histoire est là pour nous montrer que Dieu reste tout-à-fait maître de la situation. L’auteur va nous raconter de quelle façon Paul, ses compagnons et tous les passagers du navire vont échapper à cette tempête, exactement selon le plan de Dieu. L’auteur raconte cette heureuse issue de manière à nous faire retenir une leçon toute simple, une véritable bonne nouvelle pour tous ceux qui sont découragés et désorientés : c’est que Dieu ne nous abandonne pas dans le noir, mais il nous donne tout ce dont nous avons besoin pour pouvoir avancer dans la bonne direction et pour tenir bon en attendant la sortie du tunnel. Et tout ce dont nous avons besoin se trouve tout près de nous : dans la Bible, révélation objective de la part de Dieu, contenant ses promesses sur lesquelles nous pouvons nous appuyer avec certitude, et qui peuvent, au milieu de l’épreuve et du doute, nourrir notre courage, notre sagesse, notre fidélité et notre patience.

Dieu fait connaître à Paul la fin de l’histoire (v. 21-26)

L’histoire nous raconte que Dieu va s’approcher de Paul, par le moyen d’un ange, pour l’encourager. Et pour encourager Paul, Dieu lui rappelle son plan qui n’a pas changé (v. 24), et il lui annonce une bonne nouvelle, c’est que personne sur le bateau ne va périr. Cela va tellement encourager Paul qu’il va prendre la parole devant tout le monde et lui-même, va tenter de les encourager en leur annonçant cette bonne nouvelle (v. 22, 25). Pourquoi pense-t-il que tout le monde devrait prendre courage ? Parce qu’il se fie à ce que Dieu lui a dit (v. 25).

C’est comme si Paul, ses compagnons, et tous les passagers du bateau étaient dans un film à suspense ; leur vie ne tient qu’à un fil, personne ne sait comment ça va se finir, mais voilà qu’on leur apprend que l’histoire va bien se terminer. Je n’ai pas besoin de vous décrire la différence que cela fait, quand on lit un roman qui est censé vous prendre par les tripes, vous faire ronger vos ongles, vous faire trembler d’inquiétude pour les personnages, alors que vous connaissez déjà la fin de l’histoire et que vous savez que tout se terminera bien !

Ca change tout de savoir comment l’histoire va se terminer. Et quand on sait, pour sûr, que ça va bien se terminer, évidemment que ça donne du courage ! Aujourd’hui, vous aimeriez peut-être savoir si ça va bien se terminer pour vous. Est-ce que vous saviez que vous pouvez connaître votre avenir ? Je vais vous faire une prédiction : si vous placez votre confiance en Jésus-Christ pour le pardon de vos fautes, à cause de son œuvre unique et suffisante à la croix, je vous annonce que vous êtes destiné à vivre éternellement en présence de Dieu et que rien ne pourra jamais vous séparer de son amour ou vous arracher de sa main. Je vous fais une autre prédiction : si vous ne vous confiez pas en Jésus, mais préférez retenir votre autonomie, votre orgueil ou votre indifférence à Dieu, vous êtes destiné à être séparé éternellement de Dieu et à subir, à cause de votre péché, des tourments indescriptibles mais parfaitement justes.

Dans cette histoire, Paul fonde son courage sur une révélation objective de la part de Dieu. Dieu lui a rappelé son plan ; Dieu lui annonce la fin de l’histoire. L’auteur veut nous inciter à faire de même, à fonder notre courage, lorsque nous sommes au beau milieu de la nuit et de la tempête, sur les promesses de Dieu concernant notre vie. Mais Dieu ne nous parle pas ordinairement par des anges aujourd’hui : Dieu nous donne mieux que ça ! Dieu nous a donné « tout ce qui est nécessaire à [sa] gloire ainsi qu’au salut, à la foi et à la vie de l’homme » (Confession de foi de Westminster 1, 6), et tout cela se trouve dans la Bible.

Au milieu de la nuit, ne cherchez pas à communiquer avec des anges, mais prenez la Parole de Dieu, et relisez ses promesses. Relisez son plan pour votre vie : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus […]. Toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils […]. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Que dirons-nous donc à ce sujet ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8.1, 28-31). La première chose que nous pouvons tirer de ce texte, c’est donc un appel à fonder notre courage sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, et à répondre avec Paul : « J’ai cette foi en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit » (v. 25). Une telle posture va entraîner trois conséquences que nous observons dans le texte.

Paul résiste aux obstacles, à cause de la promesse (v. 27-32)

Paul connaît donc la fin de l’histoire. Il sait que tout va bien se terminer, puisque Dieu lui a promis. Pourtant, il va y avoir un obstacle. Les matelots se rendent compte qu’ils approchent d’une terre, mais qu’il n’y a pas assez de place dans la chaloupe pour tout le monde. Ils vont donc élaborer un stratagème pour sauver leur propre peau. Mais Paul ne se laisse pas berner, et il fait capoter le projet. Paul a conscience que le plan égoïste des matelots s’oppose au plan et à la promesse de Dieu. Il aurait pu les laisser faire et se dire que Dieu interviendrait bien d’une façon ou d’une autre. Est-ce que c’est cela, une attitude de foi ?

Je crois que le texte nous montre tout le contraire. Parce qu’il se fie totalement à la promesse de Dieu, Paul est bien plutôt poussé à intervenir en fonction des intentions que Dieu a révélées. Imaginez que vous devez aller en voiture récupérer vos enfants à 16h30 à la sortie de l’école, mais que sur le chemin, vous êtes confronté à une déviation importante, ensuite vous vous perdez, et enfin vous tombez en panne d’essence. Est-ce que vous allez, du coup, laisser tomber le projet d’aller récupérer vos enfants à l’école ? Bien sûr que non. Vous allez surmonter ces contretemps, d’une façon ou d’une autre, à cause d’une intention qui est claire et qui n’est pas négociable ni optionnelle, celle de ne pas laisser vos enfants livrés à eux-mêmes à la sortie de l’école.

De la même façon, Dieu a révélé ses intentions à Paul, et Paul en tire les conséquences pour sa situation. Dieu a révélé ses intentions pour notre vie dans la Bible, et aucune épreuve, aucune tentation, aucune tempête ne peut les remettre en question. Dieu a révélé ses intentions pour notre vie dans la Bible, et nous devons en tirer les conséquences pour telle ou telle situation où nous nous trouvons. Dieu a révélé sa volonté, et c’est en fonction de cette révélation objective, non négociable, non optionnelle, que nous devons parfois prendre des mesures face à des situations qui font obstacle à cette volonté.

Par exemple : votre couple bat de l’aile, et vous vous éloignez de plus en plus de votre conjoint, la situation semble vous échapper et vous ne comprenez pas pourquoi Dieu permet cette épreuve. Ce serait tellement logique de laisser faire, d’attendre que Dieu fasse quelque chose pour vous. Mais l’intention de Dieu pour votre couple est claire dans la Bible, et vous devez bien plutôt en tirer les conséquences pour votre situation, en fonction des responsabilités que Dieu vous a données. Vous humilier. Demander pardon à votre conjoint. Travailler à votre amour. La première conséquence d’un courage fondé sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, c’est donc, lorsque nous sommes en pleine tempête et que s’accumulent les obstacles à la volonté de Dieu, d’être prêt à prendre des mesures pour surmonter ces obstacles, des mesures fondées sur la volonté objective de Dieu et non sur nos impressions subjectives.

Paul incite à la constance, à cause de la promesse (v. 33-38)

La deuxième conséquence d’un courage fondé sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, nous la voyons chez Paul qui encourage tous les passagers du bateau à ne pas se laisser dépérir mais à manger et à prendre des forces. Pourquoi les gens n’avaient-ils pas mangé ? Ce n’est pas parce qu’ils manquaient de nourriture, mais c’est parce qu’ils étaient trop préoccupés par la tempête. Lorsque l’on est assailli par les épreuves et le doute, il facile et normal de perdre le sens des priorités. Mais Paul, fort de la révélation que Dieu lui a donnée, est capable, à cause de la promesse de Dieu, de persévérer dans les choses essentielles, et d’inciter les autres à cette même constance.

Tous ceux qui ont déjà pris l’avion savent ce qu’il se passe lorsque l’appareil traverse une zone de turbulences. « Ding ! » Le voyant s’allume pour indiquer à tout le monde qu’il faut mettre la ceinture de sécurité. Et parfois, la voix rassurante du commandant. Vous êtes dans l’avion, et franchement, il n’y a rien que vous puissiez faire pour sortir de cette zone de turbulences, ni pour éviter l’accident s’il doit y avoir un accident. Par contre, il y a quelque chose que vous pouvez, et que vous devez faire. Mettre votre ceinture.

De la même façon, Paul sait que Dieu est souverain, et il fonde son courage sur le fait que le plan de Dieu est bon. Paul sait bien qu’il n’a pas de pouvoir pour réaliser lui-même l’issue heureuse que Dieu a promise. Et il n’est pas sûr de ce que Dieu va faire exactement pour les sortir de là. Mais il est ramené à ses priorités et à ses responsabilités. Nous ne savons pas toujours ce que Dieu est en train de faire, mais sur la base de ce qu’il a révélé, et qui est objectif et certain, nous savons un minimum de ce que Dieu nous demande.

Par exemple : votre situation professionnelle est compromise pour des raisons de restructuration de l’entreprise, et vous n’avez aucun pouvoir là-dessus. Vous ne savez pas pourquoi Dieu permet cette épreuve, et vous ne savez pas comment Dieu va vous sortir de cette situation précaire. Mais vous savez quand même que Dieu vous demande de vous fortifier en lui, de rester fidèle à ses exigences de paix, d’amour et de foi, d’user avec constance des moyens de grâce qu’il a mis à votre disposition : la prière, le culte, la communion fraternelle, la lecture de sa Parole… La deuxième conséquence d’un courage fondé sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, c’est donc, lorsque nous sommes dans la tempête et dans le noir, de demeurer fidèles dans les priorités que Dieu a placées explicitement devant nous.

Dieu accomplit son plan selon sa promesse (v. 39-44)

Il reste un dernier élément à l’histoire. Le bateau échoue sur un banc de sable, et les soldats prennent une décision qui pourrait faire littéralement tomber à l’eau tout le plan de Dieu. Ils décident de tuer tous les prisonniers, car le risque est trop grand que certains s’échappent. Paul ne peut rien faire. C’est un obstacle sur lequel il ne peut tout simplement pas intervenir. Mais l’auteur montre que Dieu a orchestré l’issue de cette histoire de manière absolument providentielle : le centenier voulait sauver Paul alors il empêche les soldats de massacrer les prisonnier (v. 43).

L’auteur nous montre ici que la troisième et dernière conséquence d’un courage fondé sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, c’est par moment, de pouvoir attendre patiemment les solutions providentielles que Dieu a orchestrées d’avance pour nous. Dieu a un planqui est bon et parfait. Il en a décrété la fin et les moyens. Et ces moyens sont parfois ordinaires, parfois providentiels, parfois miraculeux. Si nous sommes convaincus de cela, comme l’était Paul, et si nous fondons notre courage sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, et contenues dans la sainte Bible, nous pourrons, par la grâce de Dieu et avec l’aide de son Esprit, patienter. Patienter sur la base de ses promesses. Patienter sur la base de sa souveraineté, de sa sagesse et de sa bonté.

Conclusion

Essayons de récapituler pour finir. Ce texte annonce une bonne nouvelle à tous ceux qui sont découragés et désorientés : c’est que Dieu ne nous abandonne pas dans le noir, mais il nous donne tout ce dont nous avons besoin pour pouvoir avancer dans la bonne direction et pour tenir bon en attendant la sortie du tunnel. Ce texte nous a appelés à fonder notre courage sur les promesses objectives de Dieu concernant notre vie, qui sont contenues dans la Bible, et à répondre avec Paul : « J’ai cette foi en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit » (v. 25). Trois conséquences découlent de cette posture-là : d’abord, Dieu a révélé sa volonté, et c’est en fonction de cette révélation objective, non négociable, non optionnelle, que nous devons parfois prendre des mesures face à des situations qui font obstacle à la volonté de Dieu. Ensuite, nous ne savons pas toujours ce que Dieu est en train de faire, mais sur la base de ce qu’il a révélé, et qui est objectif et certain, nous savons un minimum de ce que Dieu nous demande. Enfin, Dieu a un plan qui est bon et parfait, dont il a décrété la fin et les moyens, et par moments, nous sommes appelés à attendre patiemment les solutions providentielles que Dieu a orchestrées d’avance pour nous. Nous lisons dans les Psaumes : "Ma vie est continuellement exposée, mais je n'oublie pas ta loi. Des méchants me tendent un piège, mais je ne m'égare pas loin de tes statuts. Tes préceptes sont pour toujours mon héritage, car ils sont la joie de mon coeur. J'incline mon coeur à pratiquer tes prescriptions, toujours, jusqu'à la fin" (Ps 119.109-112). Mais je veux quand même terminer en vous posant la question que j’ai posée au début : est-ce que vous saviez que la Bible prédisait votre avenir ? Et est-ce que vous savez quel avenir la Bible vous prédit ? La promesse est certaine, et c’est une promesse de sécurité éternelle ; Jésus dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle » (Jn 6.47).

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