Des paroles de bon sens

Par Alexandre Sarranle 6 septembre 2009

Introduction

Sérieusement, vous croyez vraiment à la Bible ? Vous croyez vraiment que Marie a eu un bébé alors qu’elle était vierge ? Vous croyez vraiment que Jésus est redevenu vivant alors qu’il était mort ? Vous croyez vraiment qu’il y a un Dieu et qu’il y a une vie dans l’au-delà ? Vous êtes bizarre, vous. Il doit vous manquer une case, pour que vous puissiez croire à de telles sornettes… N’est-ce pas là le regard que notre société, globalement, porte sur le message de l’Évangile ? Lorsqu’il m’arrive de distribuer dans la rue des brochures qui présentent le message de la Bible, les gens me regardent de travers à un tel point que parfois j’ai l’impression de porter une grande pancarte sur moi, où il est écrit : « Je suis un obscurantiste » ! La marginalisation du message de la Bible, et de l’Évangile, n’est pas un phénomène nouveau. Si vous êtes chrétien, et complexé de l’être parce que vous avez l’impression d’être en décalage avec ce qui est censé être normal aujourd’hui, ou si vous n’êtes pas croyant, et que vous trouvez que les chrétiens devraient sortir un peu plus le dimanche, sachez que ce type d’impression existait déjà au premier siècle ! Mais sachez aussi que le texte que nous avons lu prend cette idée à contre-pied. On va voir que Luc nous raconte cette histoire pour nous rappeler quelque chose de très simple, c’est que le message de l’Évangile, en réalité, consiste en des paroles de bon sens. Si toutefois vous avez le courage de vous y intéresser, de vous pencher sur la question, de vous informer en mettant de côté les préjugés, vous découvrirez que le message de l’Évangile est raisonnable et cohérent, et que l’on peut croire sans complexe tout ce qui est écrit dans la Bible.

Pourquoi l’Évangile est légitime (v. 21-23)

Pour étayer cette idée, la première chose que fait l’auteur dans ce texte, c’est de rappeler quelle est la légitimité du message de l’Évangile. Ici, Paul explique que la persécution qu’il a subie de la part de certains Juifs est totalement injustifiée, car son ministère ne consistait qu’à dire des choses qui étaient totalement alignées avec les Écritures de l’Ancien Testament (v. 22). Pourquoi le message de l’Évangile est-il légitime d’après Paul ? Parce qu’il s’aligne avec, s’appuie sur, et s’ancre dans le document le plus précieux de tout le patrimoine de l’humanité : les Écritures saintes, dont les premiers textes écrits remontent à plus de 13 siècles avant la venue de Jésus et avant cet épisode du livre des Actes.

L’auteur veut juste nous rappeler, dans un premier temps, que le message de l’Évangile n’est pas tombé comme un cheveu sur la soupe. Vous connaissez ces revues scientifiques où les chercheurs publient leurs théories, leurs travaux et leurs découvertes. Tous les trimestres, une nouvelle trouvaille, une nouvelle hypothèse, une nouvelle avancée. Le message de l’Évangile n’est pas arrivé comme ça ; l’Évangile n’est pas une découverte du 1er siècle, ni une invention, ni un accident, ni une lubie, ni un « buzz » qui se serait propagé par accident. L’espérance chrétienne n’est pas basée sur un article original dans une revue trimestrielle, mais elle est profondément ancrée dans une révélation que Dieu a pris soin de livrer aux hommes, depuis les temps les plus reculés de l’humanité.

À travers ces paroles de Paul, l’auteur veut donc dans un premier temps asseoir la légitimité du message qu’il annonce. Jésus est l’envoyé de Dieu pour le salut de l’humanité qui est séparée de Dieu à cause du péché. Ce salut, Jésus l’a rendu possible en vivant une vie parfaite, sans péché, et en mourant sur la croix à notre place pour payer la dette de tous ceux qui veulent se confier en lui. Ayant payé pour nos péchés, Jésus est ressuscité pour manifester sa victoire complète sur le mal et pour garantir notre future résurrection. Maintenant, le pardon des péchés par la foi en lui, et la promesse de la vie éternelle sont annoncés à tous les êtres humains, comme Paul vient de l’expliquer (v. 20, 23).

Ce message, le message de l’Évangile, n’est pas comme une théorie scientifique farfelue publiée dans une revue trimestrielle, qu’on pourrait soit ignorer, soit tourner en dérision. Le message de l’Évangile est une information absolument incontournable, parce qu’elle provient des saintes Écritures, dans la continuité de textes précieux et uniques dont les plus anciens remontent pour nous à plus de trois millénaires. Comparez ça avec les écrits de Joseph Smith, fondateur de la secte des mormons. Ou avec les articles dans les journaux gratuits distribués à la sortie du métro. Ou même avec le Coran ou avec Wikipédia. Le message de l’Évangile peut se targuer d’une ancienneté, d’une universalité et d’une assise historique et littéraire absolument hors du commun. L’Évangile n’est pas une lubie, mais un message légitime ; c’est ce que dit ce texte dans un premier temps, pour nous décomplexer, ou peut-être pour susciter une attention que nous n’avons jamais sérieusement prêtée à ce message. Mais une deuxième question se pose : si l’Évangile est un message dont la légitimité est tellement bien fondée, pourquoi ce message nous paraît-il tellement invraisemblable ?

Pourquoi l’Évangile paraît invraisemblable (v. 24-26)

C’est le texte lui-même qui soulève cette question, à travers la réaction de Festus, qui est représentative d’une attitude normale vis-à-vis du témoignage chrétien, depuis des siècles (v. 24). Festus pense que le message de l’Évangile est irrationnel. Paul s’en défend (v. 25), et avec beaucoup de tact, il explique pourquoi Festus réagit ainsi, en lui opposant la situation du roi qui, quant à lui, « est instruit de ces faits » (v. 26). Ce que le texte est en train de nous montrer ici, c’est qu’il est normal de trouver invraisemblable, voire absurde, le message de l’Évangile, si l’on ne prend pas le temps de vraiment s’y intéresser. Pourquoi ? Parce que notre mentalité, que nous le voulions ou non, est conditionnée.

Vous avez peut-être déjà vu cette publicité à la télé, où un homme tout enthousiaste raconte à une collègue le film qu’il a vu la veille. « J’ai vu un super film, hier soir, ça s’appelle La Marche de l’empereur ! » (un genre de film-documentaire sur les pingouins). Alors la femme s’imagine un Napoléon en train de marcher dans la campagne. « En fait, ça se passe sur la banquise, et il y a des centaines d’empereurs qui se déplacent, parfois en glissant sur leur ventre ». Et la femme d’imaginer des centaines de Napoléons allongés sur le ventre dans la neige… « Y’a un moment super émouvant, c’est quand ils s’échangent les œufs… » Et bien sûr, la femme regarde son collègue de plus en plus bizarrement.

Quand on parle de péché, de justice de Dieu, de la naissance virginale de Jésus, de la résurrection… les gens nous regardent de la même façon. « Qu’est-ce que c’est que ces absurdités ! » Pourquoi ? Parce que leur mentalité est conditionnée. Parce qu’ils ont des présupposés, pour ne pas dire des préjugés, hérités de la télé, des copains, et du prof de philo. En fait, notre mentalité à tous est conditionnée en contradiction avec le message de l’Évangile, parce que nous sommes animés d’un profond désir d’autonomie, et nous voulons bien des références pour notre vie à condition que ce soit celles qui nous conviennent.

Le message de l’Évangile nous paraît invraisemblable, et c’est normal, parce que notre instruction (v. 26) vient davantage de notre expérience personnelle et subjective, de la télé, de l’école, d’internet, de nos cercles d’amis et globalement, d’une culture et d’une société profondément séculière, plutôt que d’une révélation objective de Dieu, une révélation universelle, unique, ancienne, qui nous parle de la relation de Dieu avec l’humanité depuis que l’humanité existe. On entend parler de Jésus et ça ne rentre pas dans nos catégories, parce que notre mentalité est conditionnée par le péché. « Dieu a frappé de folie la sagesse du monde… Nous prêchons Christ crucifié, … folie pour les païens » (1 Co 1.20, 23). On comprend donc pourquoi Festus réagit comme il le fait, et pourquoi le message de l’Évangile nous paraît naturellement invraisemblable. Mais regardons la suite.

Comment découvrir la cohérence de l’Évangile (v. 27-32)

À la réaction de Festus, le texte oppose la réaction du roi, justement. Paul a répondu à Festus en lui disant que le roi, lui, était au courant de ce dont il parlait (v. 26) et donc, qu’il en parlait ouvertement. Il interpelle ensuite Agrippa au sujet des prophètes (v. 27) : c’est une question rhétorique pour rappeler à la mémoire du roi les choses qu’il connaît concernant les Écritures. Tout cela a un effet remarquable ; plutôt que d’accuser Paul d’être malveillant ou d’être fou, le roi va exprimer sa sympathie à Paul, et même son intérêt pour l’Évangile (v. 28), et tout le monde va quitter les lieux en se disant que Paul est quelqu’un de bien (v. 28-32). Pourquoi une telle réaction de la part du roi ? Tout bonnement parce qu’il s’est intéressé à la question. Le texte veut simplement nous montrer que la cohérence de l’Évangile apparaît à ceux qui, sincèrement, veulent se pencher sur son message.

Mon fils aime bien jouer avec les Légos. Quand quelqu’un lui offre une boîte de Légos, il pourrait sortir le sac avec tous les petits morceaux de formes et de couleurs différentes, le regarder et se dire : « c’est nul, ce jouet, ça ne ressemble à rien ! » et le jeter à la poubelle. Ou sinon, il pourrait s’y intéresser, y passer un peu de temps, se pencher sur les instructions, demander de l’aide à papa, et au bout du compte, il découvrira l’incroyable cohérence de ce sachet de morceaux de plastique. Aucun morceau ne s’y trouve par hasard.

Il y a tellement de gens qui entendent parler de l’Évangile, et qui ne voient rien d’autre qu’un sachet de morceaux de plastique totalement incohérent et inutile. Festus par exemple. Mais le roi Agrippa s’est penché sur la question, il y a passé du temps, il a voulu interroger Paul, et le résultat, c’est qu’il voit très bien la cohérence du message de l’Évangile. Agrippa ne se convertit pas ; Paul invoque Dieu lui-même pour qu’il touche le cœur d’Agrippa et de toutes les personnes présentes dans l’auditoire (v. 29), « pour un peu ou pour beaucoup », car il sait que ce n’est pas par la persuasion intellectuelle que les gens se convertissent mais seulement par l’intervention souveraine de Dieu, par le Saint-Esprit, dans la vie de ces gens. Malgré tout, Paul est totalement innocenté (v. 31-32), et tout le monde est parti avec l’impression que le message de l’Évangile n’est pas si invraisemblable qu’on le croit.

Peut-être que des gens dans l’auditoire ont été poussés à une recherche plus approfondie. Peut-être que certains préjugés sont tombés. Peut-être que quelques-uns ont voulu en avoir le cœur net, et ont passé du temps, ensuite, à sonder les Écritures, à demander de l’aide à des gens mieux instruits qu’eux, et qui sait, peut-être aussi à prier Dieu de les éclairer. Penchez-vous sur le message de l’Évangile, étudiez-le, passez-y du temps, ayez le courage de poser des questions sincères, soyez lucides concernant vos préjugés, et les préjugés des gens qui vous entourent, sondez les Écritures, et si vous le voulez, priez Dieu qu’il vous instruise… et je vous assure que vous découvrirez la cohérence incroyable du message de l’Évangile.

Conclusion

Alors est-ce que les chrétiens évangéliques sont vraiment des obscurantistes ? Ce texte a argumenté pour une idée simple, c’est que le message de l’Évangile, le témoignage chrétien fidèle aux Écritures, ne consiste qu’en des paroles de bon sens. Le problème, c’est que même les chrétiens n’en sont pas si sûrs. Nous sommes souvent complexés, et on le comprend bien quand on considère le regard que notre société, globalement, porte sur ceux qui croient à tout ce qui est écrit dans la Bible ! Mais ce texte nous a rappelé combien la légitimité du message de l’Évangile dépasse de loin tout autre message : l’Évangile est de toute façon un message incontournable. Le texte nous a aussi rappelé qu’il est normal de trouver invraisemblable ce message, puisque notre mentalité, touchée par le péché, est conditionnée par toutes sortes d’autres choses qui sont en contradiction avec la révélation objective de Dieu, rapportée dans les saintes Écritures. Enfin, nous avons vu que ce texte nous encourageait à plonger sincèrement notre regard et notre attention dans ces Écritures, justement, pour découvrir que l’Évangile est un message absolument cohérent, pas du tout irrationnel mais très vraisemblable, et qu’on peut croire sans complexe que Jésus est vraiment né d’une vierge, qu’il est vraiment ressuscité après avoir vraiment été mort, que tous ceux qui se confient en lui reçoivent vraiment le pardon des péchés et la promesse véritable d’une vraie vie éternelle. Cela peut encore vous sembler bizarre. S’il vous plaît, quel que soit votre rapport à l’Évangile, n’hésitez pas à poser vos questions et à chercher les réponses. Soyez courageux : mettez vos préjugés de côté, n’anticipez pas les réponses mais prenez le temps de vraiment vous informer. Ne vous sentez pas gênés de poser des questions qui, d’après vous, pourraient mettre en difficulté la Parole de Dieu ! Dieu ne recule pas devant la difficulté. Je prie que Dieu nous donne à tous cet esprit de sagesse et de révélation qui, pour un peu ou pour beaucoup, nous le fasse connaître, et nous fasse voir la cohérence et la beauté de l’Évangile, de mieux en mieux, et de jour en jour (Ép 1.17).

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