Un peu d'optimisme

Par Alexandre Sarranle 18 janvier 2009

Introduction

Pour être sûr d’avoir votre attention ce matin, je vais parler d’un sujet qui fâche : la guerre à Gaza. Et pour être sûr que vous écouterez jusqu’au bout, je vais même vous dire tout de suite qu’avant la fin de ma prédication, je vous dirai comment je me positionne par rapport à ce conflit. Et tenez-vous bien, je vous dirai même ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui pour contribuer à la résolution de ce conflit. Mais d’abord, quelques questions. Est-ce que vous ne vous sentez pas un peu découragés quand vous voyez ces images à la télé et que vous constatez que l’humanité est vraiment, et bien… déchue ? Est-ce que ça ne vous donne pas envie, en tant que chrétien, de vivre votre vie et votre foi dans votre petit coin sans rien demander à personne en attendant patiemment de rejoindre Jésus au ciel ? Il y a beaucoup de chrétiens qui vivent comme ça : face à la violence du monde, une violence qui ne semble pas diminuer avec le temps, ils sortent de leur poche leur ticket pour le ciel et ils le regardent en se disant : « heureusement qu’un jour, Jésus va mettre un terme à tout cela ; mais rien ne va changer jusqu’au jour où Jésus reviendra ». De l’autre côté, il y a des activistes, des gens qui participent aux manifestations pro-palestiniennes ou pro-israéliennes, voire même qui vont sur place pour essayer de contribuer leur pierre à la résolution du conflit. Mais avec le recul, ça ne semble pas très bien marcher. Alors elles sont où, les raisons d’être optimistes ? Elles sont dans notre texte. Le prophète va nous montrer que nous avons déjà tout ce qu’il nous faut pour faire une différence notable dans le monde ; il va nous inspirer un véritable optimisme face aux conflits dans le monde, mais pas un optimisme basé sur un événement futur à attendre, plutôt un optimisme basé sur quelque chose à faire dès aujourd’hui.

Nous sommes équipés

Le prophète vient de parler au peuple de terribles conflits entre le peuple de Dieu et ses ennemis. Il a placé ses lecteurs devant la violence du monde, devant le péché de l’humanité, devant nos besoins les plus profonds, et il va introduire un nouveau personnage, le Messie. Et par la façon dont il le présente, il veut montrer que ce Messie sera le Chef parfait ; il y aura en lui exactement tout ce dont nous avons besoin. Nous avons besoin d’un prophète digne de confiance, qui peut discerner parfaitement la vérité de l’erreur ; nous avons besoin d’un Roi conquérant, d’un fin stratège capable d’étendre son règne de paix ; nous avons besoin d’un prêtre entièrement consacré à Dieu, capable d’être le médiateur parfait pour nous réconcilier avec Dieu et maintenir cette relation pour toujours.

Imaginez que vous venez d’hériter d’un terrain vague, et que vous comptez y construire votre maison. Vous ne pouvez pas le faire tout seul ; vous avez besoin d’un terrassier, d’un maçon, d’un plaquiste, d’un plombier, d’un électricien, d’un charpentier, d’un menuisier, d’un couvreur, d’un carreleur, d’un façadier, voire même d’un peintre, d’un paysagiste, d’un installateur de cheminée, et des déménageurs ! Imaginez maintenant que vous rencontriez quelqu’un qui vous dise : je suis le spécialiste dans tous ces domaines !

Nous sommes devant ce terrain vague, en tant qu’êtres humains. Nous regardons les informations à la télé, et la guerre à Gaza, et nous mesurons tout ce dont nous avons besoin. Nous avons besoin qu’on nous dise ce qui est vrai et ce qui est faux ; nous avons besoin de quelqu’un qui soit plus puissant que l’injustice, capable de vaincre le mal ; et nous avons besoin de quelqu’un qui puisse nous faire connaître Dieu et rétablir avec lui la relation pour laquelle nous avons été créés. Et dans ce texte Jésus se présente à nous et nous dit : voilà, c’est moi, je suis le spécialiste dans tous ces domaines ; je suis la réponse à tous ces besoins.

La première chose qu’affirme ce texte, c’est la parfaite suffisance du Messie : il est le Prophète dont nous avons besoin, le Roi idéal et le Prêtre parfait (v. 2). Alors la première question qu’on peut se poser, c’est : est-ce que c’est lui que vous avez embauché pour la construction de votre maison ou est-ce que vous en êtes encore à essayer de faire ça tout seul ou éventuellement à l’aide d’ouvriers incompétents ? S’il y a autre chose que Jésus au centre de votre vie, vous allez découvrir que vous êtes encore dans le besoin. Si vous essayez de résoudre les conflits dans votre existence indépendamment de Jésus, vous découvrirez que cela est insuffisant. Et plus généralement encore, tout remède qu’on essaye d’apporter au conflit de Gaza indépendamment de Jésus se révélera insuffisant. Vous dites OK, mais Jésus est au ciel, non ? Qu’est-ce qu’il peut faire pour nous aujourd’hui ?

Notre Chef est en activité

Nous imaginons parfois que Jésus n’est pas vraiment impliqué dans les affaires du monde aujourd’hui. Il a accompli son œuvre à la croix, et il est monté au ciel et il va revenir un jour. En attendant, on doit essayer de sauver un maximum d’âmes. Ce n’est pas faux, mais l’œuvre du Messie est décrite en des termes un peu différents dans ce texte. Le Messie doit venir, et en tant que Roi, il doit occuper le rôle d’un Juge parfaitement juste. Il doit arbitrer la terre (v. 4). C’est ainsi qu’un roi exerce son règne. Les Évangiles racontent que Jésus est venu inaugurer ce royaume (le royaume des cieux, dans Matthieu). Il a vaincu tous ses ennemis et il s’est assis sur le trône de l’univers (voir Philippiens 2.8, 9).

Depuis son ascension, Jésus est en campagne, il est en activité. Dans l’introduction au livre des Actes, Luc écrit : je vous ai parlé de tout ce que Jésus a commencé de faire… (Ac 1.1). Comment Jésus exerce-t-il son règne aujourd’hui ? Ésaïe nous dit qu’il frappe la terre du sceptre de sa parole, et que du souffle de ses lèvres il fait mourir le méchant (v. 4). Je vous présente le sceptre de Jésus : la Bible. Le souffle de ses lèvres : la Bible. Jésus exerce son rôle de Roi et de Juge, depuis son ascension, par le moyen de sa Parole. Hé 4.12 : la parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle est juge des sentiments et des pensées du cœur. Voir aussi Ép 6.17, « l’épée de l’Esprit ».

Vous voyez que Jésus est impliqué dans le monde aujourd’hui, en tout cas il compte l’être, par le moyen de sa parole. C’est le sécateur du vigneron (Jn 15.3). Et Ésaïe nous certifie que tout ce que Jésus accomplit par le moyen de sa parole est parfaitement juste (v. 5). Vous reconnaissez peut-être en Jésus l’ouvrier polyvalent, spécialiste de tous les domaines dans lesquels vous avez des besoins, mais pour accueillir son œuvre, il faut placer votre confiance en lui, et placer votre confiance en lui, c’est aussi recevoir avec confiance tout ce qu’il dit. C’est pour cela qu’étudier la Bible, écouter les prédications, aller à l’étude biblique, mais aussi diffuser le message biblique, est très important ; c’est comme ça que Jésus agit ici-bas. Mais est-ce que vous êtes prêts, à l’écoute de cette Parole, à modifier votre perspective sur le monde afin de la conformer à la perspective de Jésus ? C’est lui l’Arbitre de tous les domaines de la vie, du plus petit détail de votre vie jusqu’aux enjeux planétaires d’un conflit comme celui à Gaza, et il a quelque chose à dire ! Mais il reste encore une question : on a dit que Jésus était le Messie idéal, capable d’apporter la réponse à tous nos besoins, et qu’il a déjà inauguré son royaume et qu’il est déjà en train d’exercer son règne par le moyen de sa parole. Mais concrètement, qu’est-ce qu’il compte faire et comment cela se passe-t-il ?

La mission du Chef commence ici

Ayant établi ces principes, Ésaïe se met à décrire le royaume : tous ces êtres ennemis seront ensemble, en parfaite harmonie. Cette communion des animaux se réalisera sans doute pleinement sur la nouvelle terre, mais dès aujourd’hui, cette description s’applique au royaume que Jésus a inauguré, et dont l’Église est l’expression ici-bas. Vous savez combien les animaux sont des images, dans la Bible, de différents types de personnes. Ce qu’Ésaïe est en train de dire, c’est que dans l’Église (la montagne sainte, v. 9), Jésus compte instaurer ce genre d’harmonie. Le Roi Jésus va réunir dans son royaume des gens qui étaient ennemis en-dehors. L’exemple récurrent dans le NT c’est celui des Juifs et des païens, mais aujourd’hui on pourrait citer toutes ces situations de conflits qui opposent des gens les uns aux autres, et dont la seule résolution durable se trouve en Jésus : socialistes et capitalistes, écologistes et industriels, riches et pauvres, jeunes et vieux, hommes et femmes, supporters de l’OL et supporters de St Etienne, et bien sûr, Palestiniens et Israéliens.

Mais où cette réconciliation doit-elle commencer ? Elle doit commencer ici, à l’endroit même du royaume où Dieu m’a placé. Le premier conflit que Jésus veut résoudre, c’est celui qui m’oppose à Dieu ; il m’offre le pardon grâce à son œuvre à la croix. Puis Jésus veut résoudre les conflits dans ma propre maison ; il veut que là déjà, la vache et l’ourse aient un même pâturage (v. 7, etc.) ! Puis il veut que l’Église devienne l’expression de l’harmonie du royaume, où il ne se fait ni tort ni dommage sur sa montagne sainte (v. 9).

Le problème, c’est que parfois nous nous préoccupons de l’état du monde aux dépens de l’état du royaume. Quand on prend l’avion, je suis toujours frappé par les instructions de sécurité : dans l’éventualité d’une dépressurisation de la cabine, des masques à oxygène doivent tomber du plafond, et il nous est dit qu’il faut impérativement mettre le sien avant d’aider les autres à mettre le leur, même les enfants. C’est parce que sinon, on risque de s’évanouir et de ne pouvoir aider personne !

Il y a en général deux types de personnes dans le monde. Il y a les chrétiens très convaincus de leur salut, qui sont confrontés aux conflits dans le monde et qui voient le masque à oxygène tomber et qui se disent, plutôt que de mettre le masque à oxygène je vais témoigner à mon voisin pour qu’il y ait une chance au moins que son âme soit sauvée. Malheureusement, vous risquez de vous évanouir avant d’avoir pu témoigner, et vous n’aurez aidé personne, d’autant que le pilote de l’avion c’est Jésus lui-même et que c’était sa voix dans le haut parleur qui disait aux passagers de mettre leur masque à oxygène. Le deuxième type de personnes c’est celui qui est confronté aux conflits dans le monde et qui voit les masques à oxygène tomber, et qui se lève de son siège avec beaucoup d’abnégation pour aider tous les autres passagers à mettre leur masque. Malheureusement, il va s’évanouir aussi avant d’avoir pu aider quiconque, notamment son voisin qui a les bras trop courts pour attraper le masque à oxygène tout seul. Quelle est la meilleure façon de venir en aide aux autres gens dans l’avion ? Mets ton masque d’abord !

Conclusion

Ce texte nous a parlé du Messie que Dieu nous a envoyé pour résoudre nos problèmes et satisfaire nos besoins les plus profonds. Ce Messie incarne exactement tout ce dont nous avions besoin. Il est venu, il a vu, et il a vaincu et il a inauguré son royaume et il s’est assis sur un trône, et toutes choses lui ont été soumises, et il est en train d’exercer son règne par le moyen de son sceptre et du souffle de ses lèvres qui est sa Parole. Il compte instaurer dans son royaume une pleine harmonie, une paix durable, tout cela dans le cadre de sa justice parfaite. Petit à petit Jésus accomplit son plan pour le monde, il déploie progressivement son règne et son autorité, jusqu’au jour où la connaissance de l’Éternel remplira la terre, comme les eaux recouvrent le fond de la mer (v. 9). Alors je vous avais promis que je vous dirais comment je me positionne par rapport au conflit à Gaza. Et bien j’affirme qu’il n’y aura jamais de paix durable entre Israéliens et Palestiniens tant qu’ils ne recevront pas, les uns comme les autres, Jésus comme le Prophète infaillible, comme le Roi de justice et de paix, et comme l’unique Prêtre et médiateur entre les hommes et Dieu. Je vous avais aussi promis de vous dire ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui pour contribuer à la résolution de ce conflit. Et bien mettez votre masque à oxygène. Ne vous préoccupez pas de Gaza si vous n’êtes pas réconcilié déjà vous-même avec Dieu, si vous n’avez pas reçu vous-même le Messie Jésus-Christ comme votre prophète, votre Roi et votre médiateur. Et si vous avez reçu Jésus dans votre vie, alors accueillez aussi son autorité, exercée par le moyen de sa Parole, et recevez l’harmonie du royaume dans votre propre vie, dans votre famille, et dans l’Église. Vivez ici cette harmonie décrite par Ésaïe, incarnez-la là où Dieu vous a placés dans ce monde, et ce sera la meilleure contribution que vous pourrez apporter à la résolution du conflit à Gaza. Face à la violence du journal télévisé, ou celle du coin de la rue, la Bible veut remplacer notre découragement par un véritable optimisme, une espérance robuste et concrète. Cet optimisme n’est pas seulement basé sur le retour futur de Jésus-Christ, qui abolira toute souffrance et toute injustice, mais cet optimisme est déjà basé sur l’accueil que nous réservons dès aujourd’hui à Jésus-Christ et à l’œuvre qu’il compte accomplir, dès aujourd’hui, et dès ici-bas, en commençant dans ma propre vie.

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