La détermination du pélerin

Par Alexandre Sarranle 17 août 2008

Introduction

« L’homme est un pèlerin dans ce monde » (St Augustin), mais quelle est sa destination ? Le psalmiste nous a parlé, dans la première strophe, de l’objet de son désir : il veut habiter la maison du Seigneur, reposer dans la compagnie du Dieu vivant. C’est là le désir profond, et le besoin, de tous les hommes : retrouver la communion de notre Créateur, ce que Dieu a rendu possible pour nous en Jésus-Christ. Mais maintenant, dans la deuxième strophe, le psalmiste s’est mis en route. Il a reconnu l’objet de son désir, et il a engagé toute sa personne dans cette direction. Le voyage a commencé. Vous aussi, que vous le sachiez ou non, vous êtes en voyage : votre vie est une pérégrination. Il y a eu un départ ; il y aura une arrivée. Et peut-être que vous êtes comme le psalmiste, motivé par le désir conscient et irrésistible de vivre en compagnie perpétuelle du Seigneur, d’être compté parmi les membres de la maisonnée de Dieu. Mais voilà que le chemin est difficile : le voyage est éprouvant, et parsemé d’obstacles. Combien de fois déjà êtes-vous tombé dans le doute, avez-vous hésité ou fait marche arrière dans votre pèlerinage ? Combien de fois déjà avez-vous eu l’impression de vous éloigner de Dieu plutôt que de vous rapprocher de lui ? Combien de fois déjà vous êtes-vous demandé s’il pouvait vraiment y avoir du progrès dans votre marche avec le Seigneur, et une vraie croissance dans votre vie spirituelle ? Le psalmiste, quant à lui, semble à l’inverse très confiant dans son pèlerinage. Comment peut-il être sûr d’arriver à destination ? Comment peut-il être sûr qu’il avance dans le bon sens ? D’où lui vient cette détermination qui nous manque, à nous ? La réponse se résume à une phrase : heureux les hommes dont la force est en Dieu (v. 6) ! Ceux-là savent ce qui compte dans la vie, ils considèrent les obstacles comme des opportunités, et ils avancent avec une grande assurance vers leur destination finale.

Savoir ce qui compte dans la vie (v. 6)

La première chose que le texte nous dit au sujet de ceux dont la force est en Dieu, c’est qu’ils ont dans leur cœur des chemins tout tracés (v. 6). Ils ont mis les bons mots sur leur besoin (v. 2 – 5). Ils savent que le trou dans leur cœur a la forme de Dieu, et que leur besoin fondamental c’est un besoin de Dieu. Par-dessus tout, ils savent quelle doit être la destination de leur pèlerinage. Pour eux, les choses sont claires ; ils savent ce qui compte dans la vie.

Du coup, toute leur vie est orientée par cette priorité. Dans le jeu télévisé Pékin Express, les candidats ont un but précis : se rendre de Paris à Pékin. Mais pour ce faire, ils n’ont droit qu’à 1 euro par jour. Tout ce qu’ils ont en argent, en temps, en ressources diverses, ils vont l’investir dans la réalisation de leur objectif. Quand vient le moment d’un choix, ils le font en fonction de cet objectif. Pour eux, les chemins sont tout tracés.

De la même façon, si nous avons reconnu quel est le besoin fondamental de notre vie, et si nous avons compris que Dieu a rendu possible notre satisfaction en Jésus-Christ, alors notre objectif devient clair. C’est le même objectif que celui de Paul quand il dit, Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection (Ph 3 : 10). Dans ce même texte, Paul explique ce que c’est que d’avoir sa force en Dieu : Je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus (Ph 3 : 8).

Les hommes dont la force est en Dieu, ce sont d’abord des hommes qui savent ce qui compte dans la vie. À cause de cela, les chemins sont tout tracés pour eux. Quand vient le moment d’un choix, par exemple entre aller à l’église le dimanche ou aller à un barbecue avec des amis, le bon choix s’impose. Celui qui a sa force en Dieu, c’est celui qui investit sa force en Dieu, parce que son but, par-dessus tout le reste, est de le connaître. En parlant de gens dont la force en Dieu, ce texte nous parle de gens qui acceptent d’être dépendants de Dieu, c’est-à-dire « théonomes » plutôt qu’autonomes ; et ce texte nous montre aussi que cette dépendance volontaire peut changer radicalement notre perspective sur les difficultés de la vie.

Les obstacles deviennent des opportunités (v. 7)

Le psalmiste parle de ces gens qui traversent la vallée du Baka (des larmes), et qui en font une oasis (v. 7). Comment est-ce possible ? Rappelez-vous, ces gens sont motivés par un but précis ; leur voyage n’est pas sans destination. Ils ont compris leur besoin, et la source possible de leur satisfaction qui est en Dieu, et ils savent ce qui compte dans la vie, et ils s’acheminent dans cette direction, en étant orientés par ces priorités. Alors la vallée des larmes devient pour eux une oasis parce qu’ils savent pourquoi ils y sont, et que c’est une étape en direction de la compagnie de Dieu.

Quand Suzanne est partie en vacances avec sa famille en Suisse et qu’ils m’ont invité à les rejoindre pendant quelques jours, j’ai sauté dans ma voiture et je suis parti vers la Suisse. Seulement, à mi-chemin, il s’est mis à tomber des pluies torrentielles, on n’y voyait plus rien, les voitures roulaient très doucement, et je me souviens d’avoir vu plusieurs accidents. Moi je conduisais une vieille voiture, dans des conditions horribles, et pourtant je chantais à tue-tête dans la voiture, parce que je savais pourquoi j’étais là.

Le pèlerin qui connaît sa destination n’a pas la même perspective que les autres sur sa vie, et sur les épreuves qu’il traverse. Quand celui dont la force est en Dieu traverse la difficulté, il sait pourquoi il est là ; il sait qu’il est en chemin vers la destination idéale, et que cette épreuve est une étape en direction de cette destination.

Les hommes dont la force est en Dieu, ce sont des hommes qui avancent en étant motivé par ce désir irrésistible de connaître Dieu ; et pour cette raison, lorsqu’ils traversent la vallée de l’épreuve, ils peuvent se réjouir et en faire une oasis car ils savent que c’est une étape en direction de leur destination. Mieux encore, ils reconnaissent dans les épreuves elles-mêmes des opportunités uniques de progression vers leur destination, car ils savent que Dieu va utiliser ces épreuves de façon particulière pour les rapprocher de lui. C’est pour cette raison que la pluie de cette vallée devient pour eux une bénédiction (v. 7). Mais comment peut-on en être sûr ? Comment peut-on avoir une telle assurance au milieu de l’épreuve ? Parce que les gens dont la force est en Dieu sont des gens qui s’appuient sur ses promesses.

Avancer avec assurance vers le but (v. 8)

Dieu a promis de nous faire arriver à destination, si nous nous reposons sur lui. Ils se présenteront devant Dieu à Sion (v. 8) ; c’est une affirmation pleine d’assurance de la part du psalmiste. Il connaît les promesses de Dieu : L’Éternel gardera ton âme ; l’Éternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à toujours (Ps 121 : 7, 8). Dieu a garanti notre arrivée à destination, et cette garantie, il l’a signée avec le sang de son Fils Jésus, et il l’a fait valoir à travers sa résurrection : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui, par grâce ? (Rm 8 : 31, 32).

Quand on voyage en stop, parfois on se met sur le bord de la route avec un panneau en carton qui indique notre destination, et on espère tomber sur quelqu’un de bonne volonté qui va bien vouloir nous rapprocher de cette destination, mais on n’est jamais sûr d’où cette personne va bien vouloir nous déposer. En revanche, quand on achète un billet de train, il y a écrit dessus la gare de départ et la gare d’arrivée. Quand on monte dans le train, on sait qu’on pourra descendre à notre destination précise.

Parfois nous adoptons l’attitude d’un auto-stoppeur avec le Seigneur, alors que ce qu’il nous offre, c’est un billet de train. Dieu n’est pas là pour nous proposer un coup de main quand les choses vont mal, ou pour venir à notre secours quand on s’est perdu en route. Dieu nous invite à monter dans son train, et il garantit à tous ceux qui se confient en lui d’arriver à destination.

Les gens dont la force est en Dieu, ce sont des gens qui sont montés dans le train de Dieu, et qui peuvent dire qu’ils sont chaque jour plus près du but, même lorsqu’ils traversent le mauvais temps. Le psalmiste dit qu’au fur et à mesure du voyage, leur force augmente (v. 8). Parce que se confier en Dieu, et recevoir sa grâce en Jésus-Christ, ce n’est pas juste recevoir le pardon des péchés et un ami pour nous accompagner sur un chemin difficile, c’est aussi recevoir une vie nouvelle et une croissance spirituelle qui ira jusqu’à son terme (en dépit, parfois, des apparences) parce que Dieu l’a promis et l’a garanti. Ésaïe l’a exprimé ainsi : Ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent leur envol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent pas. Ils marchent et ne se fatiguent pas (És 40 : 31).

Conclusion

Cette strophe nous a parlé des hommes dont la force est en Dieu. Ce sont des gens qui renoncent à tout, au profit de ce qui compte vraiment dans la vie : la connaissance du Dieu vivant. Ce sont des gens qui savent vers quelle destination ils s’acheminent, et qui considèrent par conséquent les obstacles comme des opportunités de progression ; ils savent que Dieu veut utiliser ces épreuves pour les rapprocher de lui. Enfin ils s’appuient sur les promesses de Dieu en reconnaissant que Dieu a garanti la bonne fin du voyage ; chaque jour, même lorsqu’ils traversent la vallée des larmes, ils peuvent dire qu’ils n’ont jamais été aussi près du but. La promesse de ce texte pour nous, c’est que si nous nous confions en Dieu, si nous plaçons toute notre confiance en Jésus-Christ qui a rendu accessible pour nous la compagnie du Dieu vivant, et si nous investissons nos forces dans ce qui compte vraiment dans la vie, alors nous pouvons être certains, même lorsque nous doutons, même lorsque nous avons l’impression de nous éloigner de Dieu, même lorsque nous pensons qu’il n’y aura jamais de vraie croissance spirituelle dans notre vie, que Dieu est quand même, en fait, en train d’opérer cette progression dans notre vie, parce que c’est son intention et sa promesse. Et la réalité, c’est que dans la vallée du doute et des larmes, nous sommes plus près de Dieu que nous ne l’étions avant. Alors est-ce que vous reconnaissez ce qui compte vraiment dans la vie, et cela vous donne-t-il un sens clair des priorités ? Est-ce que vous allez garder les yeux fixés sur votre destination afin de maintenir sur votre vie, et sur les épreuves en particulier, la perspective qui vous permettra d’avancer dans la joie ? Enfin est-ce que vous allez renoncer à toutes vos ressources personnelles et tout investir en Dieu afin de recevoir votre force de lui, une force qui ne cessera d’augmenter de jour en jour parce que c’est cela qu’il vous offre en Jésus-Christ ? Vivre dans la dépendance de Dieu, c’est vivre dans la dépendance d’un Dieu tout-puissant et proche à la fois. Lorsque vous vous adressez à lui dans la prière, qui est la manifestation par excellence de notre dépendance de lui, vous pourrez l’appeler à la fois, comme le psalmiste, Dieu des armées et Dieu de Jacob (v. 9). Le Dieu des armées a vaincu tous les obstacles pour nous, et le Dieu de Jacob nous accompagne maintenant sur le chemin. Mes brebis entendent ma voix. Moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais, et personne ne les arrachera de ma main (Jn 10 : 27, 28).

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