Le christianisme est-il néfaste ?

Par Alexandre Sarranle 21 août 2016

Vous avez sûrement remarqué que ces temps-ci, on parle beaucoup de la place de la religion dans la société. Il y a trois semaines, une petite polémique a éclaté entre le premier ministre Manuel Valls et le député Éric Ciotti, le premier ayant donné l’impression, dans une déclaration, d’ouvrir la porte au financement public des mosquées, et le deuxième étant totalement opposé à cette infraction flagrante au principe de la laïcité, mais qui, comme la loi lui autorise, utilise quant à lui de l’argent public pour subventionner la restauration d’édifices religieux chrétiens.

Une autre polémique a éclaté récemment autour de la décision de plusieurs maires d’interdire sur les plages de leur commune le port du maillot de bain qu’on appelle le « burkini » qui couvre l’intégralité du corps et des cheveux, sous prétexte que cette tenue n’est pas « correcte » et « ne respecte pas les bonnes mœurs et la laïcité » (comme si les strings et les seins nus, ça c’était une tenue correcte et parfaitement conforme aux bonnes mœurs).

Bref, de plus en plus, on entend parler de ce type de polémique à caractère, semble-t-il, religieux, et de plus en plus, on entend les gens dire qu’il y en a marre de la religion, qui s’affiche dans l’espace public, qui s’ingère dans les lois, qui menace la cohésion de la société, qui incite à l’obscurantisme, et qui conduit à toutes sortes de violences et d’injustices. Et si vous pensez que ce n’est que l’islam qui est visé, détrompez-vous : ce sont toutes les religions (au sens traditionnel du terme) qui sont visées, au premier plan desquelles se trouve le christianisme, accusé de bien des maux dans notre histoire et dans notre société, que ce soit les croisades, l’obscurantisme scientifique, l’hégémonisme politique, l’opposition à l’égalité des droits, etc.

Alors la question que je vous pose, c’est : qu’est-ce que vous en pensez ? Et comment cela se traduit-il dans votre rapport avec la religion et le christianisme en particulier ? Peut-être que vous vous dites chrétien, et à cause de cette mauvaise presse dont le christianisme fait l’objet, vous êtes un chrétien timide et gêné, et vous êtes tenté de vivre votre foi de manière confidentielle pour ne pas déranger. À l’inverse, vous n’êtes peut-être pas chrétien (mais si vous êtes ici aujourd’hui, c’est que le christianisme vous intéresse au moins un petit peu), et pour l’instant vous préférez garder vos distances avec cette religion qui, si l’on en croit certains discours politico-médiatiques, est plutôt néfaste !

Eh bien… qu’en pense Jésus ? C’est précisément la question à laquelle répond le texte qu’on est sur le point de lire et d’étudier. Vous allez voir que Jésus va répondre à trois groupes de personnes qui lui posent des questions dans le but de l’éprouver (ce sont donc des accusations à l’encontre de sa personne, de son message et de son œuvre) ; et Jésus, par ses réponses, va réduire au silence ses détracteurs. Et si l’auteur nous rapporte ces différents échanges ici, c’est pour nous faire comprendre une idée simple, et c’est tout le message de cette prédication : le christianisme authentique est irréprochable. C’est un peu provocateur, mais (j’espère vous en convaincre), c’est la leçon de ce texte.

1. Le christianisme et l’autorité civile (v. 15-22)

Premièrement, ce passage nous dit que le christianisme authentique n’est pas en concurrence avec l’autorité civile. Alors le premier groupe de personnes qui s’approche de Jésus pour l’éprouver, ce sont les Hérodiens (entraînés par les Pharisiens). Les Hérodiens, c’est une partie de la population juive de l’époque, qui est favorable à la collaboration avec le pouvoir romain, parce qu’ils pensent pouvoir en tirer profit. Et donc ils posent une question à Jésus concernant l’impôt que les Juifs devaient payer à César, mais c’est une question piège, car il n’y a pas de bonne réponse possible. Si Jésus dit « oui il faut payer le tribut », il fâchera les Juifs pieux ; s’il dit « non », il fâchera les Hérodiens et les autorités romaines.

Mais la réponse de Jésus (v. 21) est très habile. Plutôt que de répondre oui ou non, Jésus refuse de se plier au jeu de ses adversaires, et il amène la discussion sur un terrain différent, qui est celui de l’autorité. En substance, Jésus dit qu’il n’y a pas de problème à donner à César cet argent qu’il revendique, à condition de donner à Dieu ce que Dieu revendique. Les deux ne sont pas nécessairement contradictoires, car l’autorité de l’un et de l’autre ne s’exerce pas sur le même plan. Leurs revendications respectives n’existent pas dans la même « dimension », ou pour le dire autrement, l’autorité de César et de Dieu n’ont pas la même juridiction, comme si César et Dieu étaient des concurrents qu’on pouvait confronter sur un même ring. Le piège était destiné à montrer que Jésus, soit n’était pas un Juif fidèle, soit n’était pas un citoyen fidèle ; mais la réponse de Jésus montre qu’en fait, c’est un faux dilemme.

Jésus dit qu’il faut donc se soumettre à l’autorité civile, non sans ajouter qu’il faut aussi et surtout se soumettre à Dieu. Il y a un sous-entendu évident dans ce que dit Jésus : c’est que Dieu, par définition, est infiniment plus grand et puissant que César, et donc, par conséquent, même notre obéissance à César doit être subordonnée à notre obéissance à Dieu. Il n’y a pas de concurrence entre les deux autorités, mais il y a une subordination de l’une à l’autre.

C’est comme si mes enfants étaient invités chez un ami et que je leur dise, avant de les laisser : « Il y a trois règles : règle n°1, vous me devez votre obéissance parce que vous êtes mes enfants ; règle n°2, vous devez votre obéissance aux parents de votre ami car vous êtes invités dans sa maison ; règle n°3, la règle n°2 est subordonnée à la règle n°1 ».

Ou encore, c’est comme si on disait à Renaud Lavillenie (médaille d’argent de saut à la perche aux jeux de Rio) : « Écoute Renaud, dans l’exercice de ta discipline, tu réponds à deux autorités, et tu dois rendre à chacune ce qui lui appartient : d’une part la fédération française d’athlétisme et d’autre part la loi de la gravité ». Deux autorités qui ont deux juridictions différentes, qui ne sont pas en concurrence l’une avec l’autre, mais l’une étant quand même manifestement subordonnée à l’autre !

Et donc de la même façon que l’autorité des parents de l’ami de mes enfants ne doit pas se sentir menacée par mon autorité, et de la même façon que la fédération française d’athlétisme ne doit pas se sentir menacée par la loi de la gravité, de même l’autorité civile ne doit pas se sentir menacée par l’autorité de Dieu, comme s’il fallait choisir entre les deux. Le christianisme authentique, qui implique l’allégeance des croyants à Dieu, n’est pas en concurrence avec l’autorité civile, et c’est pourquoi les chrétiens n’ont aucun problème avec le principe de la séparation de l’Église et de l’État. C’est le sens originel de la laïcité, qui fonde la fameuse loi de 1905 dans notre pays.

Mais attention, séparer l’Église et l’État, ça ne veut pas dire séparer Dieu et la vie publique. Supposer que les chrétiens puissent écarter Dieu de leur vie de citoyen, c’est justement rabaisser Dieu et ne pas lui rendre ce qui lui appartient, c’est-à-dire notre vie tout entière (il y a vraisemblablement dans les paroles de Jésus une allusion à l’image de Dieu que porte tout être humain, tout comme les pièces de monnaie portent « l’image » de César).

Ce que ça veut dire, c’est que les chrétiens qui sont fidèles à Jésus sont respectueux de l’autorité civile, ils se soumettent aux lois du pays et à l’impôt, bref ils rendent à César ce qui est à César, mais sans jamais oublier le reste de la phrase de Jésus : c’est-à-dire qu’ils rendent aussi à Dieu ce qui est à Dieu, et ce faisant, par définition (puisque Dieu est Dieu, et César n’est pas Dieu), leur obéissance à l’autorité civile est subordonnée à leur obéissance à Dieu. L’obéissance des chrétiens à Dieu implique qu’ils obéissent à l’autorité civile, puisque c’est ce que Dieu leur demande (cf. Rm 13.1-7), mais elle implique aussi que si jamais l’autorité civile leur demandait de désobéir à Dieu (c’est-à-dire si jamais César outrepassait son rôle et s’érigeait en rival de Dieu), les chrétiens devraient quand même rendre au vrai Dieu ce qui lui appartient, et par conséquent ils désobéiraient à César par obéissance à Dieu. Règle n°3 : la règle n°2 et subordonnée à la règle n°1.

2. Le christianisme et la raison humaine (v. 23-33)

Donc le christianisme authentique est irréprochable, déjà sur le plan de son rapport avec l’autorité civile authentique (c’est-à-dire celle qui ne franchit pas les limites de sa fonction), comme on le voit dans ce premier échange entre Jésus et les Hérodiens. Mais deuxièmement, ce passage nous dit aussi que le christianisme authentique ne porte aucunement atteinte à la raison humaine.

Il y a un deuxième groupe de personnes qui s’approche de Jésus pour l’éprouver ; cette fois, ce sont les Sadducéens. Comme les Hérodiens, les Sadducéens c’est aussi une partie de la population juive de l’époque. Beaucoup d’entre eux sont des notables qui ont une haute opinion d’eux-mêmes, des snobs plutôt suffisants, si vous voulez, et leur spécificité, c’est qu’ils ont tendance à être « rationalistes » (si j’ose l’anachronisme) : ils ne croient pas aux miracles, ni aux anges et aux démons, ni, surtout, à la résurrection des morts. Et c’est sur ce point qu’ils veulent piéger Jésus. Ils lui présentent un scénario complètement alambiqué et improbable concernant une femme sept fois veuve, où leur but est de forcer Jésus à choisir entre la doctrine de la résurrection des morts et la loi de Moïse.

Encore une fois, il n’y a pas de bonne réponse. Si Jésus répond qu’après la résurrection, la femme ne sera mariée qu’à l’un des frères, ce serait comme dire que les autres mariages n’étaient pas des vrais mariages, ce qui porterait atteinte à l’intégrité de la loi de Moïse ; mais l’alternative serait de dire qu’en fait, il n’y a pas de problème puisqu’il n’y a pas de résurrection des morts, mais dans ce cas, c’est Jésus qui perdrait toute crédibilité, surtout auprès des autres Juifs. (La troisième option, qui consisterait à dire que la femme serait mariée avec les sept frères est tout simplement absurde.)

Or Jésus, encore une fois, refuse de se plier au jeu de ses adversaires, et il amène la discussion sur un autre terrain, celui des présupposés. Il dit à ses interlocuteurs qu’ils ne comprennent « ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ». Littéralement, « vous vous trompez, ne connaissant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ». Jésus pointe ici la mauvaise méthodologie (ou la mauvaise approche) des Sadducéens. Ils ont déjà déterminé qu’il n’y avait pas de résurrection des morts, parce qu’ils ne tiennent pas compte de la puissance de Dieu, ce qui les conduit à ne pas comprendre les Écritures.

Pour Jésus, pourtant, la solution est simple : bien sûr qu’il y a une résurrection des morts, puisque ça n’intéresse pas Dieu d’être Dieu pour des morts ; il a dit lui-même qu’il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et non qu’il était le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; et bien sûr que Dieu est assez puissant pour ressusciter les morts ! De plus, si on étudiait les Écritures comme il faut, on saurait que le mariage est une institution dont la portée est limitée à la vocation présente des hommes, et donc qui ne perdure pas dans l’éternité.

Ce qu’il faut retenir surtout ici, c’est la question des présupposés, qui est soulevée par Jésus. Les Sadducéens se trompent sur la question de la résurrection des morts parce qu’ils n’ont pas abordé la question avec les bons présupposés. Et aujourd’hui encore, beaucoup de choses dans le christianisme paraissent invraisemblables aux gens parce qu’ils n’abordent pas ces questions avec les bons présupposés.

C’est comme si vous viviez dans l’Antiquité et qu’un ami vous dise : « Voilà, je vais monter dans ce navire, et je vais partir vers l’horizon et je ne vais pas m’arrêter jusqu’à ce que je réapparaisse derrière toi, parce que j’aurais fait le tour du monde ». Et vous seriez tenté de lui répondre : « Mais ça ne va pas la tête ? Si tu pars vers l’horizon sans t’arrêter, tu vas atteindre le bord du monde et tu vas tomber et disparaître dans le vide ! » Et si votre ami partait en effet vers l’Est malgré vos protestations, et revenait quelques mois plus tard par l’Ouest, vous seriez persuadé qu’il avait triché. Pourquoi ? Parce que votre représentation de la réalité est conditionnée par vos présupposés, et vous présupposez, comme beaucoup de gens dans l’Antiquité, que la terre est plate.

Et si aujourd’hui vous dites à vos collègues au travail que vous croyez que Jésus est ressuscité des morts, et que d’ailleurs tous les humains vont un jour ressusciter, et que nous serons tous jugés par Dieu, non seulement nous mais aussi les anges, les démons et le diable (qui, au fait, existent bel et bien), vos collègues vont vous regarder avec des yeux tout ronds. Pourtant, s’il y a un Dieu, par définition il est capable de ressusciter les morts, il est capable d’avoir créé un monde physique et spirituel, il est capable d’avoir créé des anges dont certains sont déchus, et il est capable d’inspirer des prophètes pour nous en parler de manière infaillible dans les saintes Écritures. C’est une question de présupposés, vous voyez ?

De même, si vous enseignez à vos enfants que l’univers, et tout ce qui le remplit, a été créé par Dieu, par la puissance de sa parole, et que ce cosmos est suspendu à sa volonté souveraine, vous risquez d’être accusé d’obscurantisme. Et si vous essayez de transmettre à vos enfants les valeurs morales de la Bible, notamment par rapport à la famille, le mariage, la sexualité, le respect dû aux parents, et surtout si vous leur parlez de la nécessité de placer sa confiance en Jésus pour être sauvé, oulà là, il y a déjà des voix qui s’élèvent pour dire que vous êtes coupables de maltraitance sur enfants !

Alors qu’en réalité, le christianisme authentique n’a rien d’irrationnel. Le christianisme authentique est parfaitement cohérent et vraisemblable quand on le considère avec les bons présupposés. Ce que cet échange entre Jésus et les Sadducéens nous invite à faire, donc, c’est au moins examiner nos présupposés, mais aussi examiner les présupposés de tous ces prétendus spécialistes de la Bible de nos jours qui veulent nous faire croire que le christianisme confessionnel de nos aînés dans la foi, qui croyaient à la naissance virginale de Jésus, ainsi qu’à sa résurrection corporelle d’entre les morts, à l’existence des anges et des démons, à la réalité des miracles, et qui croyaient aussi à l’exclusivité du salut en Jésus-Christ, ou encore au mariage homme-femme, ou encore à la dignité de la vie humaine de la conception à la mort naturelle—ces prétendus spécialistes de la Bible qui veulent nous faire croire donc que ce christianisme confessionnel de nos aînés est complètement dépassé et même contraire au progrès de la science et du savoir. Or la réalité, comme on vient de le voir, c’est que le christianisme authentique ne porte aucunement atteinte à la raison humaine.

3. Le christianisme et le bien moral (v. 34-40)

Mais troisièmement, ce passage nous dit aussi que le christianisme authentique est bénéfique à l’homme et à la société. Je vais essayer d’aller un peu plus vite sur cette troisième partie, avant de conclure avec la vraie question, qui est la plus importante. On a donc un troisième échange qui a lieu cette fois avec un Pharisien (semble-t-il envoyé par les autres). Les Pharisiens, tout comme les Hérodiens et les Sadducéens, c’est aussi une partie de la population juive de l’époque, mais eux, leur particularité, c’est qu’ils sont très attachés à la pratique de la religion. Ils sont pour une obéissance archi-scrupuleuse à toutes les règles et les cérémonies du judaïsme ; mais ils y trouvent un tel plaisir et une telle satisfaction, qu’ils ont même ajouté plein de règles qui ne sont pas dans la Torah (l’Ancien Testament) mais qu’ils ont tirées de la tradition. Toutes ces règles, disent-ils, c’est la loi de Dieu, et il faut la respecter et la tenir en très haute estime.

Et donc la question que pose ce Pharisien à Jésus est aussi destinée à lui tendre un piège, car en demandant à Jésus quel est le grand commandement de la loi (il sous-entend peut-être le plus grand commandement parmi les Dix Commandements), il veut forcer Jésus à discriminer entre les lois de Dieu, et donc le forcer à sous-entendre que certaines lois ne sont pas si importantes. Les Pharisiens veulent pouvoir reprocher à Jésus d’être un antinomien, en quelque sorte, c’est-à-dire quelqu’un qui n’est pas pleinement attaché au respect de la loi morale de Dieu, quelqu’un qui mettrait donc en péril l’intégrité morale de la société juive, dont les Pharisiens pensent être les garants.

Mais la réponse de Jésus lui cloue le bec, à ce Pharisien. Parce qu’il parvient à citer le commandement (et même les deux commandements) qui résume toute la loi. D’une part, l’amour complet et inconditionnel pour Dieu (le premier et le grand commandement), d’autre part l’amour désintéressé, altruiste, pour le prochain. Ce que le texte veut nous montrer, ici, c’est qu’on ne peut pas reprocher au christianisme authentique d’être moralement néfaste. Au contraire !

Vous connaissez les paroles du chant « Imagine » de John Lennon. « Imagine qu’il n’y a pas de paradis, qu’il n’y a pas d’enfer, imagine tous les gens qui vivraient pour aujourd’hui ; imagine s’il n’y avait pas de religion, imagine tous les gens qui vivraient en paix… ». Mais moi je vous invite plutôt à imaginer que tous les hommes aiment le Seigneur, leur Dieu, de tout leur cœur, de toute leur âme, et de toute leur pensée, et à imaginer qu’ils aiment leur prochain comme eux-mêmes ! Contrairement à ce que pensait John Lennon, c’est plutôt dans ces conditions que les gens vivraient en paix et qu’il y aurait une véritable « fraternité entre les hommes ».

Le christianisme authentique est irréprochable sur la question du bien moral, parce que le christianisme détourne les hommes de leurs propres intérêts, de leurs propres passions, de leurs propres désirs (auxquels ils seraient asservis si, comme le souhaitait John Lennon, ils étaient livrés à eux-mêmes en l’absence de Dieu, ce qui conduirait au chaos plutôt qu’à la paix et au vivre-ensemble !), et les tourne vers Dieu et vers les autres dans un mouvement d’amour dont l’objet est extérieur à eux-mêmes. Bref, le christianisme authentique est bénéfique à l’homme et à la société, parce qu’il offre à l’homme le remède à sa condition déchue. Et c’est justement ce qui nous conduit tout droit à la conclusion de ce passage et de cette prédication.

Conclusion : le christianisme et le vrai problème (v. 41-46)

Il y a donc eu ces trois échanges avec trois groupes de personnes qui cherchaient à piéger Jésus pour pouvoir l’accuser et décrédibiliser sa personne, son message et son œuvre. Et à travers ces trois incidents, l’auteur a voulu nous montrer que le christianisme authentique, en fait, était irréprochable, autant sur le plan de son rapport avec l’autorité civile que par rapport à la raison humaine ou par rapport à la question du bien moral.

Mais maintenant, en conclusion de cet épisode, c’est Jésus qui prend la parole cette fois, et qui pose une question à ses détracteurs (ici les Pharisiens, les principaux instigateurs de l’opposition à Jésus, voir v. 15). Cette question a pour but de révéler le vrai problème qui existe entre Jésus et ses ennemis. Par sa question, Jésus montre aux Pharisiens que le messie est censé être à la fois le descendant du roi David et le Seigneur du roi David, et de cette façon, Jésus pointe vers la suprématie exceptionnelle du messie, si grand, si puissant, si prééminent dans son autorité que même le roi David l’appelle son Seigneur.

Et le cœur du problème il est là ; c’est un problème d’insoumission. Les ennemis de Jésus, en fait, s’opposent à Jésus parce qu’ils n’acceptent pas l’idée d’un messie qui soit plus qu’un grand homme (Jésus fait assez clairement allusion ici à la nature divine du messie). Or, nous avons beaucoup parlé du christianisme authentique, mais qu’est-ce qui fait l’authenticité du christianisme sinon son rapport au Christ ? Par conséquent et a fortiori, l’authenticité de notre foi si nous nous disons chrétiens dépend premièrement de notre relation à Jésus.

Et voici quelle est l’unicité du christianisme et ce qui le démarque radicalement de toute autre religion. La Bible enseigne que Jésus, c’est Dieu fait homme, qui s’est approché des hommes pour les délivrer de leurs péchés et de la mort. Nous étions perdus, séparés de Dieu parce que c’est ce que nous voulions, et destinés à subir éternellement le juste châtiment de nos fautes. Mais Dieu s’est approché en Jésus le messie, et Jésus a vécu la vie d’un homme parfait, sans faute ; et il s’est volontairement substitué à nous sur la croix, où il a pris sur lui notre péché pour nous en délivrer, et pour que nous puissions recevoir en échange sa justice. Jésus le messie a réglé la dette de nos péchés en mourant sur la croix, et il est ressuscité le troisième jour en vainqueur, de façon à ce que tous ceux qui lui font confiance non seulement reçoivent le pardon de leurs péchés mais entrent aussi pleinement au bénéfice de la victoire de Jésus sur le mal et sur la mort.

Tous les croyants reçoivent, par la foi en Jésus, l’assurance de la vie éternelle ; mais la vraie foi chrétienne, ça consiste aussi, humblement, dans une confiance totale et dans un renoncement total à soi-même (ce qui dérangeait tant les Pharisiens), à plier le genou devant ce Seigneur suprême et bienveillant, le Roi des rois Jésus-Christ qui s’est donné lui-même pour nous, et qui ensuite s’est assis à la droite du Père pour régner jusqu’à ce que ses ennemis deviennent son marchepied.

Alors on parlait, au début, de la place de la religion dans la société, et de la façon dont les religions en général étaient décriées de plus en plus, et accusées de tous les maux. Il y a beaucoup de reproches faits à l’encontre du christianisme en particulier, et il faut le dire, beaucoup de reproches qui sont faits, souvent avec raison, à l’encontre des chrétiens ! Les chrétiens ne sont pas irréprochables, c’est vrai, mais le christianisme authentique est irréprochable, dans la mesure où le christianisme authentique est représenté par Jésus-Christ, son message et son œuvre. Le christianisme n’est pas néfaste ! Si le christianisme nous pose problème, il y a de fortes chances que ce soit à cause du vrai problème qui est celui de notre cœur insoumis.

Donc si vous êtes chrétien aujourd’hui mais que vous vivez votre foi dans un coin, discrètement, en toute confidentialité, de peur de déranger, rappelez-vous que dans cette espérance que vous avez reçue, il n’y a rien qui menace l’autorité civile, ou qui s’oppose à la raison humaine, et tout pour faire du bien à l’homme et à la société. Vivez votre foi ouvertement et courageusement dans la soumission à Jésus-Christ !

Et si vous n’êtes pas chrétien, la question qui se pose à vous, c’est : est-ce que vous êtes assujettis à des présupposés qui reposent eux-mêmes sur du sable ? Est-ce que vous vous êtes laissé convaincre par une certaine pensée unique qui vous empêche de considérer objectivement le message du christianisme ? Et si vous découvrez aujourd’hui pour la première fois le message central de ce christianisme authentique, qui concerne la personne et l’œuvre de Jésus, qu’est-ce que vous attendez pour céder votre vie à ce Rédempteur admirable ?

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