Vous y croyez, vous, à la résurrection de Jésus ? Il faut être un peu demeuré pour croire qu’un mort puisse ressusciter, non ? Pourtant, c’est bien de ça qu’il s’agit tous les ans, à Pâques. Même les médias nous le rappellent, à la télé et dans les journaux. Pâques pour les chrétiens, c’est la commémoration, au moins en théorie, de la résurrection de Jésus. Je dis « en théorie », parce que cette semaine, en entendant Françoise Laborde ou Claire Chazal parler sans sourciller de la résurrection du Christ, je me suis dit, c’est quand même bizarre. Ces gens parlent de la résurrection d’un mort, et ça semble leur faire ni chaud ni froid. J’ai entendu un présentateur à la télé parler d’un grand pas en avant dans la recherche contre le cancer, en expliquant que des scientifiques américains avaient réussi, de façon expérimentale, à inverser le processus de multiplication d’une cellule cancéreuse ; visiblement, le présentateur était enthousiaste par rapport à cette nouvelle. Mais la résurrection de Jésus ? Bof. Visiblement, les présentateurs sont habitués à en parler tous les ans à la même période, et ça se voit que pour eux, ce n’est guère plus qu’une tradition sympa. La problème, c’est que je constate que chez les chrétiens aussi, en dépit de tout le tralala que l’on fait tous les ans à Pâques, la résurrection de Jésus n’est souvent guère plus qu’une tradition sympa. Et ce texte va nous montrer que l’on peut, en effet, en tant que chrétiens, avoir une consécration religieuse mal orientée, à cause du fait que la résurrection du Seigneur n’est pas pour nous, au fond, une réalité. Mais la Bible présente la résurrection de Jésus comme quelque chose d’incroyable certes, mais vrai, et qui ne peut pas nous laisser indifférents.
Ces femmes sont présentées comme étant très consacrées. Elles ont accompagné Jésus pendant son ministère (23 : 49), elles ont assisté à sa crucifixion, puis à son ensevelissement (23 : 55), et maintenant elles vont s’occuper d’embaumer le corps. Elles ont préparé avec amour des aromates et des parfums (coûteux), et dans leur consécration, elles se lèvent très tôt, dès le premier jour de la semaine, pour se rendre à la tombe (v. 1). On peut dire que ces femmes sont très dévouées au Seigneur Jésus (une dévotion et un zèle exemplaires).
Toutes prêtes qu’elles sont pour accomplir leur service, elle arrivent à la tombe et ne trouvent pas leur Seigneur Jésus (v. 3). Elles ne comprennent pas. Elles sont perplexes (v. 4), mais plus que ça, elles sont frustrées : à quoi vont servir ces aromates et ces parfums coûteux qu’elles ont préparés avec soin ? Leur dévotion au Seigneur Jésus ne leur apporte rien sinon de la perplexité et de l’insatisfaction. Pourtant, elles sont zélées pour le Seigneur !
Comment ça se fait ? La réponse leur est donnée par les messagers en habits resplendissants : pourquoi cherchez-vous parmi les morts quelqu’un qui est vivant (v. 5) ? Ils ne reprochent pas aux femmes leur consécration, ni l’objet de leur consécration, mais l’orientation de leur consécration : elles cherchent Jésus au mauvais endroit (dans une tombe). Elles cherchent à servir Jésus, mais de la mauvaise manière (avec des aromates et des parfums pour l’embaumer). Leur consécration ne risque pas de porter des fruits en étant mal orientée.
Vous savez, la relation des chrétiens à Jésus n’est parfois pas très différente de la relation des fans d’Elvis Presley à Elvis Presley. On peut avoir beaucoup d’estime et d’admiration pour le personnage d’Elvis, aimer le message de ses textes, tout faire pour promouvoir la diffusion de ses disques, apprendre par cœur ses chansons, être fascinés par sa biographie, apprendre beaucoup de détails concernant sa vie, et même célébrer tous les ans l’anniversaire de sa naissance et l’anniversaire de sa mort. Remplacez Elvis par Jésus, et vous avez une description de ce qu’est la religion chrétienne pour beaucoup de gens. Souvent, une grande consécration religieuse. Mais souvent aussi, une grande perplexité, parce que cette consécration ne semble pas très utile. On va à l’église, on lit la Bible, on dit des prières, mais on a l’impression que c’est dans le vent. Ce texte nous fait poser la question : est-il possible que nous cherchions à servir le Seigneur au mauvais endroit et de la mauvaise manière ?
Les anges disent aux femmes ce qui aurait dû leur paraître comme une évidence : il n’est pas ici (v. 6). Ça ne sert à rien de chercher un peu plus fort, il n’est pas ici. Non seulement vous cherchez au mauvais endroit, mais vous cherchez de la mauvaise manière, parce que non seulement il n’est pas ici, mais il est ressuscité (v. 6). Tant que vous chercherez dans la tombe, vous ne le trouverez pas, et tant que vous chercherez un cadavre, vous ne le trouverez pas.
Ces femmes ont vite oublié quel était le plan de Dieu : que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié (jusqu’ici on est d’accord) et qu’il ressuscite le troisième jour (v. 7). Elles étaient au courant ! Comment ça se fait qu’elles n’y ont pas pensé ? Sans doute qu’elles trouvaient ça tellement incroyable qu’elles se sont dit que c’était juste une façon de parler. Elles en avaient entendu parler, et bien sûr elles croyaient que Dieu en était capable, mais elles n’y croyaient pas vraiment au fond.
Il a fallu que Dieu leur certifie que c’était vrai, jusqu’à leur envoyer des anges pour le leur dire ! « Vous pouvez être bien certaines que Jésus est vraiment ressuscité ! » Mais les anges ne leur disent pas, « on a un scoop pour vous », ils leur disent plutôt, souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé (v. 6). Le culte de ces femmes aurait été orienté bien différemment si elles s’étaient souvenu de la Parole du Seigneur. Et en effet, elles se souviennent (v. 8).
Au moment où ces femmes se souviennent que la résurrection de Jésus était prévue par Dieu, et maintenant véritablement accomplie par Dieu, elles oublient leurs aromates et leurs parfums et elles s’en vont du tombeau. Elles arrêtent de chercher Jésus au mauvais endroit et de la mauvaise manière. Leur dévotion au Seigneur est orientée différemment maintenant. Pourquoi ? Parce qu’elles se souviennent des paroles de Jésus. Elles se souviennent que dans les Écritures, la résurrection de Jésus n’est pas juste une figure de style, une façon de parler, un symbole. Ce n’est pas juste une tradition sympa. C’est une réalité. Il faut s’en souvenir, pour que notre consécration et notre culte ne deviennent pas mal orientés et stériles.
Bien sûr, avec une telle nouvelle, les femmes s’empressent d’aller tout raconter aux autres disciples (v. 9). Mais on ne les croit pas. Et il y a deux termes qui expliquent cette réaction : niaiserie et femmes (v. 11). C’est une illustration du danger des préjugés : non seulement ces apôtres ne sont pas très disposés à croire qu’un mort soit ressuscité et que des anges soient apparus miraculeusement, mais en plus, cette histoire leur est racontée par des femmes. Fantaisies et affabulations ! Mais attention de ne pas se laisser piéger par ses préjugés.
Personne n’est très disposé à croire qu’un mort ait pu ressusciter. L’incrédulité des apôtres, comme l’incrédulité des femmes au début, est normale. L’incrédulité de Françoise Laborde et de Claire Chazal est normale. L’incrédulité des mes voisins, de mes collègues et des membres de ma famille est normale. C’est vrai : un mort, normalement, ne ressuscite pas. Dans la vie courante, des anges n’apparaissent pas. Mais ce n’est pas suffisant pour croire que ça ne s’est jamais produit. Si Dieu existe, il est largement capable d’accomplir des choses qui nous apparaîtraient comme des miracles. Pourtant on n’y croit pas trop au fond.
Mais il y a une personne qui a une réaction complètement différente : Pierre. Il se dit, mince, si ça se trouve, c’est vrai. Il comprend tout de suite les implications. Si Jésus est ressuscité, s’il est vivant aujourd’hui, ça va donner à son culte une orientation complètement différente ! Il va pouvoir continuer à avoir avec son Seigneur une relation vivante et personnelle ! S’il y a la moindre possibilité que ce soit vrai, il veut en avoir le cœur net, alors il se lève et court au tombeau sans s’arrêter. Il n’y a rien de plus important pour lui. Malgré le poids de ses préjugés, il y a une petite voix qui souffle à Pierre, du plus profond de son cœur : et si c’était vrai ? Si c’était vrai, sa vie tout entière prendrait un autre sens.
Vous voyez que la résurrection de Jésus, dans la Bible, est présentée comme un événement historique réel, concret, véritable, qui ne peut pas nous laisser indifférents. On ne peut pas juste se dire, « peut-être que ça s’est passé, et peut-être pas ». On est obligé de se positionner par rapport à la résurrection de Jésus, parce que les implications sont trop grandes. Soit on y croit, soit on n’y croit pas. Mais si, en dépit de nos préjugés, on se rend compte qu’il y a même une toute petite possibilité que ce soit vrai, on a intérêt à se renseigner bien vite, parce que si c’est vrai, ça va bouleverser toute notre vie. On est souvent comme ces femmes, pleins de consécration religieuse et de bonnes intentions pour Dieu. Pourtant on reste insatisfaits, perplexes, nos mains pleines d’aromates et de parfums inutiles, parce que la résurrection de Jésus n’est pas vraiment, au fond, une réalité dans notre vie. Parfois, dans notre culte, on pourrait remplacer Jésus par Elvis ou par Napoléon et ça ne changerait pas grand’ chose. Pourquoi ? Parce qu’on ne se souvient pas de ce qui est unique à Jésus : sa résurrection. Mais si on se souvient que la résurrection de Jésus est une réalité concrète, prévue par Dieu et accomplie par lui, on comprendra qu’on ne peut pas trouver Jésus en le cherchant parmi les morts, en l’évoquant comme un bon souvenir, en le représentant sur une croix, en empruntant chaque année le chemin de la passion pieds nus et en se flagellant, mais qu’on le trouvera seulement à travers une relation personnelle et vivante avec lui. C’est uniquement à partir de cette relation personnelle et vivante avec le Sauveur ressuscité que notre consécration religieuse va être bien orientée et fructueuse.