Dieu est-il injuste ?

Par Alexandre Sarranle 2 janvier 2005

Introduction

Comme moi, vous avez regardé pendant la semaine les bilans s’alourdir jour après jour suite au terrible cataclysme qui a frappé le sud-est de l’Asie dimanche dernier. 10 000, 20 000, 40 000, 80 000, 120 000, 150 000 morts… 50 fois le bilan des attentats du 11 septembre. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, de toutes races, de toutes langues, de toutes religions, qui ont perdu la vie en quelques instants. Autochtones et touristes, hindous, bouddhistes, musulmans, juifs et chrétiens, la catastrophe n’a pas fait de discrimination. Et aujourd’hui, le monde entier est rassemblé et il observe.
Je ne sais pas quel genre de questions un bouddhiste ou un musulman se pose face à un tel événement. Mais je sais qu’il y a une question qui sonne dans l’esprit de beaucoup de gens : comment Dieu a-t-il pu permettre une chose pareille ? La terre a tremblé, quelque part dans l’océan indien, et avec la terre, c’est notre foi, peut-être, qui a tremblé. Si Dieu existe, et qu’il est bien Dieu, c’est-à-dire tout-puissant, comment ne pas croire qu’il est injuste ou cruel, en permettant que des dizaines de milliers de personnes périssent à cause d’une catastrophe naturelle plus meurtrière que l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima en 1945 ?
La terre a tremblé dans l’océan indien, mais c’est chaque personne qui suit un peu les informations qui a été secouée. Mais que penser en tant que chrétien ? Qu’est-ce que la Bible a à nous dire au sujet de cette catastrophe sans précédent ? Comment tenir ferme dans la foi face à un tel drame ? Job est un homme qui a souffert terriblement et de manière semble-t-il injuste. Mais en réponse à son questionnement, le jeune Élihou nous montre que la Bible prend à contre-pied le raisonnement des hommes. Non seulement Dieu n’est pas injuste en permettant de telles catastrophes, mais il connaît parfaitement la souffrance des hommes, et il a pourvu à leur délivrance.

Les hommes méritent de souffrir

Revenons au b-a, ba de la foi chrétienne. Les hommes sont tous pécheurs, c’est-à-dire coupables de désobéissance à Dieu.
L’Éternel, du haut des cieux, se penche sur les êtres humains, pour voir s’il y a quelqu’un qui ait du bon sens, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, ensemble ils sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul (Ps. 14 : 2, 3).
Il n’y a sur la terre point d’homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche pas (Éc. 7 : 20).
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rm 3 : 23).

La réalité biblique est assez brutale : l’homme n’a pas le « droit » de vivre, 1. parce qu’il est une créature, 2. parce qu’il est une créature ingrate et désobéissante sous un Dieu trois fois saint, pur et JUSTE, qui ne tiendra pas le coupable pour innocent.
Qui es-tu pour discuter avec Dieu ? Le vase modelé dira-t-il au modeleur : pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile (Rm 9 : 20, 21) ?

La question qu’il faut se poser, ce n’est pas Comment Dieu a-t-il permis que des dizaines de milliers de gens meurent dans cette catastrophe, mais plutôt, comment Dieu permet-il que nous soyons en vie aujourd’hui ?
Si Dieu ne pensait qu’à lui-même, s’il ramenait à lui son Esprit et son souffle, toute chair périrait en même temps, et l’homme retournerait dans la poussière (Jb 34 : 14).

La Bible dit que l’homme est déchu, c’est-à-dire qu’il vit dans le péché et la culpabilité envers Dieu, et dans un monde imparfait, une création infectée par la souffrance et par la mort. La souffrance, c’est le lot normal de l’homme, et la mort, c’est ce que nous méritons tous. Il n’y a aucune injustice là-dedans. Au contraire, il y a la grâce qui est faite à nous autres qui ne souffrons pas au quotidien, qui ne périssons pas dans un raz-de-marée, et qui, peut-être, n’avons jamais perdu de proche, mais qui pourtant, sommes tout autant coupables envers Dieu. La catastrophe qui a frappé l’Asie doit nous rappeler, non à une prétendue injustice de Dieu, mais bien plutôt à sa grâce. Et pas seulement à sa grâce, mais aussi à sa compassion.

Dieu connaît la souffrance des hommes

Car Dieu sait ce que c’est que d’être un homme.
C’est l’incarnation, que nous fêtons à Noël. Jésus a vécu en tout comme un homme, à l’exception du péché. Il connaît les contraintes de notre humanité. Il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière (Ps. 103 : 14).

Dieu sait aussi ce que c’est que de souffrir, et de toutes les manières : à Gethsémané, on voit un Jésus pris d’angoisse, de tristesse, de solitude, de détresse spirituelle. Sur le chemin de la croix, on voit un Jésus humilié, battu, ridiculisé. Sur la croix on voit un Jésus qui agonise, qui meurt et qui est transpercé d’un coup de lance. On voit aussi le Père céleste qui assiste à la mort de son enfant.

Il n’y a pas un genre de souffrance que Dieu n’ait pas connu ; il est ainsi capable de compatir parfaitement à nos souffrances. Il est le seul qui puisse réellement comprendre notre souffrance : celle des parents qui ont perdu leurs enfants dans le raz-de-marée ; celle des familles qui ont perdu leur maison et tous leurs biens ; celle du jeune homme qui souffre de multiples fractures ; celle des enfants qui n’ont plus à boire ou à manger.

La Bible dit que Dieu s’est fait homme et qu’il a pris la condition d’esclave (Phil. 2 : 7). Jésus a connu toutes nos tentations, sans jamais pécher, mais il a aussi connu toutes nos souffrances. Il est correct de dire que personne n’a jamais autant souffert que Jésus-Christ. Ainsi, Dieu est capable de compatir aux souffrances des hommes comme nul autre. Dieu ne se désintéresse pas de ce qui s’est passé en Asie ; au contraire, s’il y a quelqu’un qui comprend ce que traversent toutes ces victimes et leurs familles, c’est lui ! Si quelqu’un dans le malheur demande : où est Dieu ? La réponse est : Il est là, au cœur de la tourmente. Il est suspendu à une croix sanglante. Il est l’homme de douleur, habitué à la souffrance (És. 53 : 3). Mais si Dieu s’est rendu semblable à nous, ce n’est pas seulement pour pouvoir compatir à nos souffrances ; c’est aussi pour pouvoir nous en délivrer.

Dieu a vaincu le mal – et propose une issue

Jésus n’est pas resté sur la croix ou dans le tombeau ; il est ressuscité, manifestant ainsi sa victoire sur la mort et sur le péché et pour proposer une solution à notre problème.
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus (Rm 3 : 23).
Il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus. En effet, la loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort (Rm 8 : 1, 2).

Si nous continuons à souffrir ici-bas, puisque nous continuons à pécher, et nous continuons à vivre dans un monde imparfait, nous vivons néanmoins dans l’espérance d’un monde meilleur, où il n’y aura plus du tout de souffrance.
En décrivant le nouveau ciel et la nouvelle terre, Jean écrit : Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort de sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu (Ap. 21 : 4).
Face à la souffrance, le chrétien a cette assurance : Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous (Rm 8 : 18).

Face à la souffrance, le monde propose le désespoir, la colère, la résignation, la diversion, mais les chrétiens proposent des promesses de délivrance. Aux hommes maintenant de recevoir ces promesses avant qu’il ne soit trop tard.

La Bible dit que Dieu a vaincu le mal, par le moyen de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, et que tous ceux qui placent leur foi en lui sont libérés du poids de leur culpabilité envers Dieu, sont réconciliés avec Dieu, et peuvent vivre dans l’espérance d’un monde meilleur où toute souffrance aura disparu. Non seulement les chrétiens sont les mieux équipés pour faire face à la souffrance ici-bas, mais en plus, ils proposent au monde le seul message porteur d’une vraie délivrance.

Conclusion

Alors Dieu est-il injuste en permettant que se produisent de telles catastrophes ? La Bible nous montre exactement le contraire. Dieu n’est pas injuste de permettre à certains hommes de souffrir, mais il est gracieux de permettre aux autres de ne pas souffrir. Dieu est aussi infiniment compatissant à notre égard, car il sait ce que c’est que d’être un homme et de souffrir nos souffrances. Dieu enfin ne nous abandonne pas à nos souffrances mais il a pourvu une issue en vainquant pour nous le mal et en promettant à ceux qui veulent bien l’entendre, un monde à venir où la souffrance ne sera plus.
La catastrophe en Asie doit nous rappeler à la grâce de Dieu, à sa compassion et à son salut, mais aussi à notre fragilité. Du jour au lendemain, notre vie sur terre peut s’achever. Là-bas, c’est un raz-de-marée, ici cela peut être une tornade, ou bien un attentat dans le métro, ou bien un été exceptionnellement chaud, ou bien un accident de la route. Voici maintenant le temps vraiment favorable, voici maintenant le jour du salut (2 Co 6 : 2). Ce serait de la folie que de se dire que l’on va prendre le temps de réfléchir à si l’on veut recevoir ou non le don de Dieu. C’est aujourd’hui le moment de céder sa vie à Dieu, par la foi en Jésus-Christ, et de commencer à se conformer à sa volonté. Demain il sera peut-être trop tard.

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